Adieu dépendance !

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Adieu dépendance !

«Allô, Hervé ? » C'était mercredi matin, et je prenais contact avec l'un de mes clients. « Hervé à l'appareil ! »

« Comment ça va ? ». « Bien ! J'ai un boulot qui paye assez bien ! ».

« Lors de notre dernier entretien, vous m'aviez dit que vous n'aviez pas pris de drogue pendant plusieurs jours. Avez-vous pu continuer à vous en passer ? »

« Je suis en train de savourer une petite bière [il était à peine 9 h]. Cela m'aide à me détendre. Mais je ne fais pas, vraiment pas d'abus. Je prends toujours quelques joints [de marijuana] pour affronter la journée, mais rien de sérieux ! »

Hervé est un drogué dans la cinquantaine. Il a commencé à fumer et à boire un peu avant ses 20 ans. Peu après, il s'est mis à la marijuana. Quelques années plus tard, au crack (cocaïne), puis du crack au speed (amphétamine). Il m'a avoué avoir essayé plusieurs autres drogues, mais il prétend ne pas avoir développé de dépendance !

Le problème du déni

La dépendance est une épidémie grave, croissante affectant toutes les tranches d'âges, toutes les races, toutes les couches de la société. Les statistiques sont choquantes. Et le pire, c'est que la plupart de ceux qui en sont victimes n'en sont même pas conscients.

Le déni est un mécanisme défensif courant. Le Dr Patrick Carnes le décrit comme une réaction courante : « Quand le thérapeute expliqua à Daniel qu'il souffrait d'une dépendance sexuelle, il fut outré. Il trouva outrancière l'évaluation du spécialiste. À son avis, son problème, c'était la dépression. N'était-il pas déprimé la plupart du temps ? Il cherchait seulement à être plus heureux! Certes, il laissait derrière lui un sillon de relations brisées et il avait quelques problèmes sexuels, mais c'était dû à ses incessantes dépressions » (Out of the Shadows : Understanding Sexual Addiction, 2001, p. 177-178).

Si l'on peut avoir toutes sortes de drogues, il existe une mentalité commune à tous les types de dépendances. Certains ne peuvent se passer de sexe, d'alcool, de tabac, d'amphétamines, de cocaïne, d'héroïne, de marijuana, de sédatifs, de tranquillisants, d'hallucinogènes, ou toute autre substance ou comportement. Quelle que soit l'intoxication, le drogué ou la droguée devient expert(e) dans l'art du déni.

La dépendance est un maître cruel. Le drogué se sent souvent submergé par la honte, l'humiliation et un profond sentiment d'échec total. Cela peut paraître désespéré, mais il n'est jamais trop tard pour chercher à se faire aider.

Une définition

Les définitions de la dépendance (ou de l'addiction – mot qui revient à la mode) varient entre médecins et psychologues. Bien qu'aucune d'elles ne fasse l'unanimité, le Dr Howard Shaffer, professeur adjoint à la faculté de médecine de Harvard et éditeur du journal Psychology of Addictive Behaviors identifie trois comportements distincts apparemment présents dans tous les types de dépendance :
• Un comportement motivé par des émotions allant de la simple envie à la compulsion.
• La poursuite de l'activité, quelles que soient les conséquences néfastes s'y rattachant.
• Le manque de maîtrise du comportement.

Les divers types de dépendances correspondent a deux catégories : la toxicomanie et la conduite compulsive. Il va sans dire que quiconque éprouve de la difficulté à maîtriser sa consommation d'une substance particulière ou a du mal à maîtriser ses gestes ne souffre pas automatiquement de dépendance. Par contre, puisque de nombreux types de dépendances sont progressifs, ce qui – au départ – peut n'être qu'une simple habitude négative, peut s'exacerber et devenir une dépendance.

La cigarette

La cigarette est l'une des dépendances les plus courantes. Et c'est aussi elle qui, chaque année, tue quatre fois plus de gens que les autres drogues, les suicides, les meurtres, les accidents et le sida réunis.

Toutes les six secondes, quelqu'un meurt à la suite d'une maladie liée au tabagisme. Cinq millions de fumeurs meurent prématurément chaque année dans le monde. En France ce sont quelque 66 000 personnes qui meurent chaque année des conséquences du tabac (soit plus de 10% des décès) dont 27 000 par un cancer du poumon (85% sont dus au tabac) selon la ligue nationale contre le cancer..

La dépendance pour le tabac conduit souvent à d'autres dépendances. Les fumeurs sont 14 fois plus enclins à devenir alcooliques, 100 fois plus à fumer de la marijuana, et 32 fois plus enclins à prendre de la cocaïne.

Le coût exorbitant de l'alcoolisme et de la toxicomanie

L'alcoolisme fait plus de 1,8 million de morts chaque année de par le monde, dont 23 000 en France (2005). C'est le 3e tueur dans les pays développés et la cause principale des maladies dans certains pays. Un tiers, environ, des décès liés à l'alcoolisme provient de blessures involontaires.

La moitié des décès dans les accidents routiers en Amérique sont liés à l'alcoolisme.

En France, 1 million de personnes sont dépendantes de l'alcool ; 5 millions de personnes ont des difficultés médicales et psychosociales liées à leur consommation d'alcool, et 8 millions de personnes vivent avec un malade alcoolique ou un buveur excessif. www.quid.fr/2007/Agriculture/Alcoolisme/1)

Les autres types de dépendances

Dans son livre Out of the Shadows : Understanding Sexual Addiction, le Dr. Patrick Carnes fournit des remarques fort utiles sur la manière d'identifier plusieurs des symptômes courants indicatifs de la compulsion sexuelle en les comparant aux autres types de dépendance.

« Pour comprendre les obsédés sexuels… il convient, entre autres, de comparer leur compulsion aux autres types de compulsions. On dit souvent que dans l'alcoolisme ou la toxicomanie, la personne a une relation pathologique avec une substance qui modifie son humeur.

« Pour un alcoolique, sa relation avec l'alcool devient plus importante que la famille, les amis et le travail. Celle-ci se développe pour atteindre le stade où la personne a besoin d'alcool pour se sentir “normale”. Pour cela, il a aussi besoin de se sentir isolé, car le rapport principal dont il dépend pour se sentir bien dans sa peau est un rapport avec une substance, et non une autre personne.

« La dépendance sexuelle est similaire. Le drogué substitue une relation bancale à un événement ou à un processus pour une relation saine avec autrui. La relation du drogué avec une expérience le mettant dans une autre ambiance devient le point central de sa vie…

« Les drogués traversent plusieurs stades au cours desquels ils se distancent de plus en

plus avec la réalité des amis, de la famille et du travail. Leur vie secrète devient plus réelle que leur vie publique. Ce que l'on sait d'eux ne correspond pas à la réalité. Seul le drogué connaît la honte de vivre une double vie, le monde tel qu'il est, et son monde à lui » (p. 14-15).

L'anatomie de la dépendance

Comment la dépendance prend-elle naissance ? Sans doute débute-t-elle quand on accepte de se faire des illusions sur soi-même, et en laissant son monde imaginaire façonner ses valeurs morales. De ce fait, la dépendance est issue des valeurs morales de base tronquées de la personne, qui influencent sa perception de la réalité.

Tout individu se façonne ses propres critères moraux à partir des suppositions, des jugements et des idées qu'il adopte comme justes. Ce système de valeurs contient de puissants messages familiaux sur l'idée qu'il se fait de luimême, de ses relations, de ses besoins et de sa sexualité. Quand ces valeurs de base deviennent inexactes ou faussées, elles risquent de favoriser la naissance d'une dépendance.

Quelles sont quelques-unes de ces idées irrationnelles ? Sans doute la plus courante est-elle l'impression d'être un raté. Les personnes souffrant d'une dépendance croient qu’on les mépriserait si l'on savait tout d'elles, y compris leur dépendance. Elles pensent aussi que ce dont elles ne peuvent se passer est effectivement leur besoin le plus pressant. Se procurer ledit plaisir ou ladite satisfaction, ou être soulagé de sa souffrance, devient une continuelle obsession. Leur drogue [nous utilisons le terme « drogue » dans son sens le plus large, pour tous les types de dépendances] se met à passer, à leurs yeux, pour le seul élément rendant leur isolement tolérable. Leurs idées personnelles défectueuses deviennent donc des points d'ancrage pour leurs degrés croissants de dépendance.

Un raisonnement défectueux

Quand des idées fausses se mêlent, cela produit une fausse conception de la réalité. Le déni est en tête de liste. On ignore le problème, on rejette le blâme sur quelqu'un d'autre et l'on prend l'habitude de minimiser celui-ci.

Quand on raisonne ainsi faussement, les arguments, les justifications et toutes sortes d'excuses sont avancés. Et ce qui est aberrant, c'est que les conséquences comme la perte d'un emploi, une arrestation ou les relations brisées sont soit laissées de côté et ignorées, soit attribuées à des facteurs n'ayant rien à voir avec la dépendance.

Se frayer un chemin dans ce brouillard mental pour affronter la réalité, reconnaître le déni et l'auto séduction est capital, si l'on veut guérir et se libérer de la puissante emprise de la dépendance.

Se frayer un chemin dans ce brouillard mental pour affronter la réalité, reconnaître le déni et l'auto séduction est capital, si l'on veut guérir et se libérer de la puissante emprise de la dépendance.

La sagesse biblique révèle à quel point comprendre le processus mental graduel peut aider la personne à reconnaître et à rejeter ses raisonnements trompeurs. « Chacun est tenté quand il est attiré et amorcé par sa propre convoitise. Puis la convoitise, lorsqu'elle a conçu, enfante le péché; et le péché, étant consommé, produit la mort. Ne vous y trompez pas, mes frères bien-aimés » (Jacques 1:14-16).

L'aide est disponible

La dépendance est un maître cruel. Le drogué se sent souvent submergé par la honte, l'humiliation et un profond sentiment d'échec total.

Si nous essayons de lutter seul, la lutte risque d'être bien plus dure. La famille et les amis peuvent souvent fournir un soutien et des évaluations honnêtes, ce qui est fort utile. « Et si quelqu'un est plus fort qu'un seul, les deux peuvent lui résister ; et la corde à trois fils ne se rompt pas facilement » (Ecclésiaste 4:12).

Nous avons souvent du mal à demander l'aide de quelqu'un ; à ravaler notre fierté, à sortir de notre coquille et à accepter de nous faire aider.

En tant que conseiller cherchant à aider, j'ai souvent constaté le cycle dévastateur de la dépendance. Un jour, un homme m'a décrit sa lutte déchirante avec l'alcoolisme en ces quelques mots : « Quand je me suis mis à boire, je n'ai pas pu m'empêcher de continuer. Il y a 20 ans que cela dure. Ma femme a obtenu le divorce, et j'ai perdu ma famille. Après de nombreux avertissements dont je n'ai pas tenu compte, j'ai fini par perdre mon emploi. Je ne pouvais pas tomber plus bas. Je n'ai vraiment plus rien à perdre ! » Cela peut paraître désespéré, mais il n'est jamais trop tard pour chercher à se faire aider.

Le combat contre la dépendance pornographique

Le sexe se vend. La pornographie, l'un des pires fléaux sexuels affligeant notre société, est une industrie de €45 milliards. Les bénéfices qu'elle engendre égalent les chiffres d'affaires de France Telecom et de Fiat. Ses bénéfices dépassent largement ceux de Suez et de Renault.

Se débarrasser d'une dépendance sexuelle comme l'intoxication pornographique par l'Internet peut nécessiter l'installation, sur l'ordinateur utilisé, de logiciels protecteurs spécialisés filtrant le contenu informatique tout en autorisant la visite de sites normaux et inoffensifs. Ces programmes peuvent aussi bloquer les autres sites offensifs.

La personne ne pouvant s'empêcher de visiter les sites pornographiques ne devrait pas être celle qui installe ces programmes de filtrage, car elle pourrait aisément contourner la difficulté. Il est préférable que le conjoint ou la conjointe, ou un autre adulte digne de confiance, installe ce genre de logiciels. Il existe des programmes comme CyberPatrol (www.cyberpatrol.com), CyberSitter (www.cybersitter.com), ou NetNanny (www.netnanny.com), qui ne sont pas très chers. On peut généralement les essayer avant de les acheter.

Libérés

Se libérer d'une dépendance est très difficile. Toutes les formes d'intoxication sont vicieuses, car elles entretiennent la méfiance envers autrui. Or, sans aide extérieure, l'intoxiqué ne parvient généralement pas à redevenir maître de lui-même car la dépendance se perpétue.

De plus, beaucoup d'intoxications sont très sévèrement jugées et ridiculisées par la société. Ce qui provoque la crainte chez ceux qui ont besoin d'aide et les dissuade souvent de faire le nécessaire. Il est souvent avisé de rechercher l'aide d'un professionnel, mais le client devrait choisir un thérapeute ayant des valeurs morales, une optique et une méthodologie convenables.

Lutter contre une dépendance tenace peut nous donner le sentiment que nous sommes isolés, vulnérables, faibles et très las. Ceux qui cherchent l'aide du Christ pour se libérer d'une dépendance peuvent puiser à une source de force spirituelle capable de les aider à s'en sortir.

L'un des meilleurs moyens de s'en sortir, pour un certain nombre de dépendances, est de suivre les douze principes des A.A. (alcooliques anonymes) et de les adapter au type de dépendance à traiter.

Ce programme en douze étapes aide ses membres à rétablir leur réseau de relations, notamment dans leurs familles. On leur apprend à vivre celui-ci, à abandonner leur double vie avec ses désillusions et ses souffrances. Lors des réunions, les conjoints et la famille apprennent aussi ce qu'il faut faire.

Des numéros de téléphone gratuits sont en place pour donner des conseils pour toutes sortes de dépendances affligeant notre société. Des programmes de traitement et des groupes de soutien sont en place pour aider les drogués à se libérer du joug vicieux de la dépendance. Il est possible d'obtenir de l'aide ; il suffit de faire le premier pas et de la rechercher.

Un soutien spirituel

En tant que conseiller, je suis fort conscient d'une source supplémentaire disponible pour ceux qui croient en une puissance supérieure. Lutter contre une dépendance tenace peut nous donner le sentiment que nous sommes isolés, vulnérables, faibles et très las. Ceux qui cherchent l'aide du Christ pour se libérer d'une dépendance peuvent puiser à une source de force spirituelle capable de les aider à s'en sortir.

Jésus a dit : « Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués et chargés, et je vous donnerai du repos » (Matthieu 11:28). L'apôtre Paul a évoqué l'énorme différence que l'aide divine lui apporta dans sa vie : « Je puis tout par celui qui me fortifie » (Philippiens 4:13).

Ne laissez pas une intoxication quelconque ruiner votre vie. Prenez dès à présent la décision de chercher de l'aide. Vous pouvez vous libérer de votre dépendance !