Cet Exode tant débattu
Chaque année, au printemps, au moment de la Pâque - lorsque juifs et chrétiens commémorent la délivrance d'Israël d'Égypte -- de nombreux journaux et revues publient des articles contestant la véracité du récit biblique de l'Exode.
Le Los Angeles Times, l'an dernier, a publié un article, en première page, évoquant l'affirmation choquante d'un rabbin libéral de la région de Los Angeles, qui doute fort que l'Exode ait eu lieu.
David Wolpe - c'est de lui qu'il s'agit -- avait en effet déclaré : « À vrai dire, quasiment tous les archéologues modernes ayant étudié le récit de l'Exode, à quelques exceptions près, s'accordent sur le fait que la description faite, par la Bible, de l'Exode - si toutefois il a eu lieu -- n'est pas réaliste » (13 avril 2001).
Peut-être avez-vous lu des articles analogues, et vous êtes-vous demandé si la Bible est crédible. Près de 200 ans de fouilles archéologiques, en Égypte et en Israël, auraient du suffire. Et pourtant, on s'oppose toujours avec acharnement au récit de l'Exode. L'enjeu, assurément, est de taille, et les détracteurs en sont conscients. Si le récit de l'Exode n'est pas factuel, la crédibilité de la Bible est à réviser. Il importe donc que notre évaluation des faits soit juste et objective.
« L'Exode est l'événement historique et théologique le plus significatif de l'Ancien Testament, car il marque l'acte le plus puissant de Dieu pour son peuple » -Eugene Merrill
Christ a confirmé l'Exode
Pour commencer, il importe que nous sachions ce que la Bible déclare. Selon cette dernière, Jésus a confirmé le récit biblique dudit événement, et y a fondé certains de ses enseignements. Rappelant à ses concitoyens que Dieu avait miraculeusement nourri son peuple pendant 40 ans, dans le désert, Jésus déclara : « Vos pères ont mangé la manne dans le désert, et ils sont morts. C'est ici le pain qui descend du ciel, afin que celui qui en mange ne meure point. Je suis le pain vivant qui est descendu du ciel » (Jean 6:49-51).
Notre Seigneur mit sa réputation, son autorité et sa crédibilité en jeu lorsqu'Il fit allusion au récit de l'Exode, confirmant que les Israélites avaient, effectivement, mangé de la manne dans le désert, comme le déclarent les Ecritures. Si ce récit n'était pas véridique, Jésus aurait tort, et certains de Ses enseignements seraient faux.
Les détracteurs accordent beaucoup d'importance à cet événement clef de la Bible, Cela ne devrait pas nous étonner. Ils s'efforcent de discréditer le récit de l'Exode parce qu'ils nient qu'il ait eu lieu.
L'historien biblique Eugene Merrill décrit l'importance de l'événement, par rapport au restant de la Bible : « L'Exode est l'événement historique et théologique le plus significatif de l'Ancien Testament, car il marque l'acte le plus puissant de Dieu pour Son peuple… Le livre de la Genèse lui fournit une introduction et une justification, et, de cet événement, découle toute la révélation de l'Ancien Testament… Tout compte fait, l'Exode sert de prototype à l'exode effectué par Jésus-Christ pour les croyants, en sorte que c'est un événement significatif pour l'Église comme pour Israël » (Kingdom of Priests, 1996, p 57-58).
Les limitations de l'archéologie
De nombreux détracteurs, doutant de l'authenticité de l'Exode, affichent le même défaut : ils se fient trop aux « preuves » de l'archéologie. Cette dernière, en fait, est une discipline limitée et imparfaite dans laquelle l'interprétation des découvertes s'apparente davantage à un art qu'à une science pure - ce qu'elle reconnaît d'ailleurs volontiers.
L'archéologue Edwin Yamauchi évoque les limitations de cette science lorsqu'il déclare : 1) Une quantité infime des artefacts ou des manuscrits anciens a survécu jusqu'à nos jours ; 2) Peu d'anciens sites ont été examinés, et un certain nombre d'entre eux n'ont pas encore été découverts ; 3) Moins de 2% des sites connus semblent avoir fait l'objet de fouilles approfondies ; 4) Pour ce qui est des sites connus, on s'est seulement contenté de gratter un peu la surface des sols à un faible nombre de ces endroits ; et 5) Une fraction des sites étudiés a fait l'objet de fouilles, et a fourni des informations aux érudits (The Stones and the Scriptures, 1981, chapitre 4).
Quand on est conscient non seulement des limitations de l'archéologie mais aussi de son caractère positif, ce qui est remarquable, c'est le nombre de récits bibliques illuminant et confirmant le nombre relativement limité de sites fouillés et de découvertes faites jusqu'à présent. Même si certains professionnels font tout ce qu'ils peuvent pour brosser un tableau inexact de ce que cette science révèle, celle-ci fournit malgré tout plusieurs des meilleures preuves de la véracité de la Bible et de son exactitude historique.
Des preuves détruites
Un défi majeur lancé par la reconstitution exacte de l'histoire tient à ce que - au fil des siècles - la plupart des preuves négatives ou embarrassantes n'ont jamais été écrites ou ont été intentionnellement détruites par des dirigeants postérieurs. Pour sa part, la Bible se distingue considérablement de la plupart des écrits anciens en ce qu'elle décrit objectivement les faits relatifs aux personnages bibliques, qu'ils soient négatifs ou positifs.
Quand des rois accédaient au trône, ils voulaient, naturellement, qu'on dise du bien d'eux. Aussi effacèrent-ils ou détruisirent-ils, dans bien des cas, les faits et gestes des dirigeants précédents. L'habitude d'effacer les faits historiques antérieurs se constate à plusieurs reprises dans les documents et sur les monuments égyptiens. C'est ainsi qu'après l'expulsion d'Égypte des dirigeants hyksos, les Égyptiens effacèrent si bien certains récits de cette période humiliante que plusieurs noms, et l'ordre dans lequel ils régnèrent, demeurent incertains.
Par la suite, le pharaon Thutmose III détruisit pratiquement tous les documents faisant allusion à la reine Hatshepsut - le dirigeant précédent - qu'il méprisait. Les visiteurs de son fameux temple peuvent encore constater que les artisans de Thutmose ont minutieusement effacé au ciseau les portraits de cette femme des murs de l'édifice. Quelques décennies plus tard, les prêtres en poste éliminèrent pratiquement toute trace des enseignements du pharaon Akhenaten qui, selon eux, avait effectué des réformes religieuses hérétiques en Égypte.
Il ne faut donc pas s'étonner si les anciens égyptiens n'ont pas cherché à enregistrer, ni même à se souvenir de, ce qui représentait leur pire humiliation, en l'occurrence, la dévastation nationale provoquée par les esclaves israélites lorsqu'ils obtinrent leur libération, sans que l'Égypte puisse s'y opposer le moins du monde. Ce genre d'attitude ne se limite pas au passé. De nos jours encore, une partie des événements qui se sont produits au cours des deux Guerres mondiales sont toujours débattus avec fougue par les historiens des deux partis adverses.
Il semble donc peu raisonnable de s'attendre à ce qu'une nation fière et puissante comme l'Égypte, dont les dirigeants passaient pour des dieux, ait enregistré l'écrasement ignominieux de sa puissante armée par un groupe d'esclaves désarmés ayant, pour les soutenir, une divinité plus puissante que la sienne. L'Égypte en aurait eu honte devant le monde connu. Il est plus logique de croire que l'Égypte se contenta de panser ses plaies et de faire disparaître toute trace de cet épisode humiliant, d'autant plus qu'elle avait la réputation de procéder de cette manière à plusieurs reprises dans l'histoire.
Des préjugés contre la Bible
En plus de ces limitations de l'archéologie, un problème - rarement évoqué -- se pose : celui des préjugés si répandus chez les intellectuels. Il suffit souvent de lire quelques lignes, seulement, dans les publications des archéologues, pour se rendre compte à quel point ces érudits sont opiniâtres. Des opinions différentes engendrent souvent des accusations publiques envieuses, arrogantes, méprisantes, voire même haineuses.
Le présentateur de radio Dennis Prager fit une remarque perspicace sur le scepticisme (évoqué en début d'article) du rabbin Wolpe à propos du récit biblique de l'Exode : « D'après l'article [du Los Angeles Times], la plupart des archéologues… ne croient pas que l'Exode de la Bible ait eu lieu. Le fait que la plupart des archéologues concluent, du fait du manque de preuves archéologiques, que les Juifs n'ont jamais été esclaves en Égypte et que l'Exode vers Canaan n'a jamais eu lieu, nous révèle quelque chose au sujet de ces individus, mais ne nous révèle rien à propos de la Bible ou de l'Exode.
« Que pouvons-nous en conclure ? Que la plupart de ces archéologues ont les mêmes préjugés contre les croyances religieuses traditionnelles que la plupart de leurs collègues académiciens ! Il y a dix ans, le Dr Robert Jastrow … fondateur de l'Institut Goddard de la NASA… en parla dans son livre, God and the Astronomers. Jastrow décrit une réaction inquiétante chez ses collègues, face à la théorie du big-bang - leur irritation et leur colère. Comment se fait-il que des savants, qui sont supposés rechercher la vérité et ne pas s'impliquer émotionnellement dans les faits, puissent se mettre en colère à la seule mention de la théorie du big-bang ?
« La réponse, en conclut-il, est très inquiétante : Beaucoup de savants ne veulent pas reconnaître quoi que ce soit qui puisse suggérer l'existence de Dieu. La théorie du big-bang, en avançant l'idée d'un commencement de l'univers, suggère un créateur et, de ce fait, rend beaucoup d'astronomes mal à l'aise. Ces préjugés anti-religieux sont loin de se limiter aux astronomes. Les universités - dont sont issus la plupart des archéologues -- en sont imprégnées » (The Jewish Journal, 20 avril 2001, c'est nous qui soulignons).
Une lutte à contre-courant pour les croyants
À propos de la Bible, les archéologues et les experts bibliques se divisent en deux camps : les minimalistes et les maximalistes. Les minimalistes (les détracteurs de la Bible) partent généralement du principe que la Bible est pleine de mythes et, par conséquent, ne peut être prise au sérieux. Ils s'efforcent donc de réfuter vigoureusement toutes les preuves étayant le récit biblique.
Le professeur et archéologue Anson Rainey déclare, à propos des minimalistes : « Leur opinion, selon laquelle rien - dans la tradition biblique - ne date d'avant la période perse [538- 332 avant notre ère], notamment leur refus d'admettre l'existence d'une monarchie unifiée [sous Saül, David et Salomon], est un produit de leur vaine imagination…Les experts et les enseignants de la Bible devraient ignorer totalement cette école de pensée, qui n'a rien à nous apprendre » (Biblical Archeology Review, novembre/ décembre 1994, p 47).
Les maximalistes, en revanche, sont d'avis que les récits bibliques sont sérieusement confirmés par l'histoire et l'archéologie. Ayant, pendant longtemps, représenté une minorité parmi les archéologues, leur nombre s'accroît à présent, de nouvelles découvertes étant faites pratiquement tous les ans, confirmant plutôt que ne réfutant, le texte biblique.
L'archéologue Bryant Wood est un maximaliste biblique typique qui est en train d'inverser la tendance en faveur des preuves confirmant la Bible. Selon lui, les données archéologiques relatives à l'Exode s'accordent avec la Bible quand on date l'événement à 1450 avant notre ère - date approximative indiquée par les Écritures pour celui-ci. Il déclare que les preuves documentées de la présence d'esclaves en Égypte à ce moment-là pourraient fort bien inclure les Israélites. Il ajoute en outre que les indications archéologiques de la destruction de villes cananéennes, quelque 40 ans plus tard, confirment le récit des conquêtes de Josué (voir notre entrevue avec le Dr Wood dans la présente édition).
Néanmoins, le Dr Wood, va à contre-courant. Et bien qu'il soit à la pointe de plusieurs fouilles archéologiques et qu'il fouille ce qu'il croit être la cité biblique d'Aï, il mentionne qu'il ne parvient pas à faire publier ses recherches dans les journaux archéologiques sérieux, du fait de préjugés anti-bibliques enracinés.
Le sens de l'opinion des experts à propos de la Bible s'est modifié à plusieurs reprises ces derniers siècles. Vers la fin du XIXe siècle, on était fort sceptique à l'égard de la Bible, mais, au XXe siècle - grâce à d'étonnantes découvertes archéologiques confirmant les Écritures - le courant a été inversé en faveur de ces dernières.
L'éditorialiste religieux Jeffery Sheler du U.S. News & World Report fait remarquer : « L'esprit de scepticisme ayant succédé au Siècle des lumières continue, à n'en pas douter, à dominer les experts bibliques, mais c'est un scepticisme apparemment moins rigide et moins dogmatique qu'à certains moments de par le passé… Beaucoup d'érudits d'une nature nettement “séculière” apprécient malgré tout la possibilité des réalités qui, dans certains cas, sont représentées dans la Bible et dépassent le domaine du naturel et de ses explications » (Is the Bible True ?, 1999, p 14).
Les preuves bibliques de l'Exode
Dans quelle mesure ces facteurs affectent-ils le débat sur l'Exode ? Bien qu'il n'y paraisse pas de prime abord, le récit biblique de l'Exode contient de nombreux petits détails qui situent ce dernier dans un contexte historique et chronologique distinct. Ceux qui ne tiennent pas compte de ces preuves refusent de considérer objectivement les faits.
Par exemple, dans les événements menant à l'Exode, le livre de la Genèse indique que Joseph fut vendu par ses frères pour 20 sicles d'argent à des marchands d'esclaves qui l'emmenèrent de Canaan en Égypte (Genèse 37:28). L'égyptologue Kenneth Kitchen évoque plusieurs des carences dans la logique de ceux qui rejettent l'Exode de la Bible ou qui l'attribuent à des écrivains inconnus, des siècles plus tard. Il fait remarquer que le prix de 20 sicles était « le prix d'un esclave, au Proche Orient, vers le XVIIIe siècle avant notre ère… Si ces chiffres avaient été inventés pendant l'exil (VIe siècle avant notre ère) ou pendant la période perse, par quelque auteur de roman, pourquoi le prix pour lequel Joseph fut vendu n'aurait-il pas été de 90 ou de 100 sicles, prix d'un esclave à l'époque où le récit fut supposément rédigé ? … Il est plus raisonnable de supposer que les données bibliques, dans ces cas, reflètent la réalité » (Biblical Archeology Review, mars/ avril 1995, p 52).
La date de l'Exode peut être calculée avec précision, car la Bible mentionne, dans 1 Rois 6:1, que la 4e année du règne de Salomon marquait « la 480e année après la sortie des enfants d'Israël d'Egypte ».
Fait étonnant : les experts s'accordent sur les dates du règne de Salomon, qui situent sa 4e année vers les années 960 avant notre ère. Si l'on soustrait 480, cela nous donne une date, pour l'Exode, dans les années 1440 avant notre ère.
Le livre des Juges, dans lequel Jephthé dit aux Ammonites qu'Israël habite dans le pays depuis 300 ans (Juges 11:26) est un autre passage permettant de dater l'Exode. Dans ce cas également, les experts s'accordent sur la date de la victoire de Jephthé sur les Ammonites, vers 1100 avant notre ère. Ce qui situerait la date d'arrivée des enfants d'Israël en Canaan vers 1400 avant notre ère, 40 ans exactement après l'Exode. Ces deux dates bibliques pour l'Exode s'accordent.
En dépit des ces preuves bibliques les érudits minimalistes pensent que l'Exode eut lieu vers 1260 avant notre ère - date qui contredit la chronologie biblique de près de deux siècles. Les minimalistes avancent généralement trois raisons principales pour cette date plus tardive de l'Exode : 1) la mention des Israélites bâtissant la cité de Ramsès (Exode 1:11) ; 2) les preuves archéologiques qu'aucune population sédentaire ne vivait en Transjordanie et dans le Néguev entre 1900 et 1300 avant notre ère ; 3) la dévastation d'une grande partie des villes du centre de Canaan pendant les années 1260 avant notre ère,
Examinons ces raisons pour savoir si elles sont valables.
La cité de Ramsès
Bon nombre d'archéologues supposent que la cité de Ramsès tirait son nom de Ramsès II, un pharaon connu, qui fut un grand bâtisseur. Or, le terme Ramsès signifie simplement né du dieu Ra (ou Re) et avait été utilisé, sur des monuments, plusieurs siècles avant Ramsès II. La Bible elle-même mentionne ce nom lorsqu'elle fait allusion au séjour de Joseph en Egypte, des siècles avant Ramsès II : « Joseph établit son père et ses frères et leur donna une propriété dans le pays d'Egypte, dans la meilleure partie du pays, dans la contrée de Ramsès, comme Pharaon l'avait ordonné » (Genèse 47:11). Par conséquent, l'argument que Moïse vécut dans les années 1200 avant notre ère, vu que les Israélites participèrent à la construction d'une cité appelée Ramsès, n'est guère convaincant.
En fait, d'après Manfred Bietak, le responsable des fouilles de Ramsès (Tell el-Daba), le nom du site à l'époque où les Israélites s'y trouvaient fut d'abord Rowaty, puis Avaris. Le nom Ramsès ne fut utilisé que lorsque la cité fut rebâtie par Ramsès II, au XIIIe siècle avant notre ère. En conséquence, l'utilisation du terme Ramsès dans Exode 1:11 et dans Genèse 47 : 11 dénote qu'un rédacteur biblique mit plus tard le texte à jour, y mettant le nouveau nom de la cité, comme on le constate dans d'autres passages bibliques. Nous avons un cas analogue avec Pithom, l'autre ville entrepôt mentionnée dans Exode 1:11. Ce nom ne fut utilisé qu'à partir de la période Saïte, vers 600 avant notre ère.
Des preuves pour les colonies
Le second argument contre la date traditionnelle de l'Exode s'appuie essentiellement sur la tâche de l'archéologue Nelson Glueck dans les années 1930, lequel ne fut pas en mesure de confirmer la présence de colonies permanentes en Transjordanie et dans le Néguev entre 1900 et 1300 avant notre ère. Cette région devrait avoir indiqué une forte présence d'Edomites, d'Ammonites et de Moabites en ce temps-là, puisque la Bible mentionne leur farouche opposition aux Israélites.
Néanmoins, des fouilles plus récentes ont démontré la présence de nombreuses colonies dans la région, colonies que Glueck n'avait pas trouvées. L'archéologue John Bimson a déclaré que « les conclusions initiales de Glueck étaient fausses [ce que ce dernier admit d'ailleurs par la suite], et il est navrant de constater que certains érudits s'en servent encore, comme si elles étaient toujours valables. Dans bien des cas, la date du XIIIe siècle pour l'Exode a été perpétuée par une vile répétition de points de vues périmés » (Biblical Archeological Review, septembre/ octobre 1987, p 44).
Une destruction à grande échelle
Le troisième argument avancé pour dater l'Exode à 1200 avant notre ère s'appuie sur des données archéologiques sur la destruction de plusieurs villes cananéennes pendant cette période. On croit que cette destruction eut lieu quand Josué envahit et conquit Canaan.
Pourtant, si la date traditionnelle des années 1400 avant notre ère, comme date de l'Exode, est maintenue, les découvertes archéologiques semblent plus logiques, quand on étudie les niveaux de destruction de villes cananéennes telles que Hazor et Jéricho, datés également aux environs de 1400 avant notre ère.
Si Josué conquit Canaan après 1400 avant notre ère, cela donna aux Israélites le temps de s'emparer, éventuellement, d'une grande partie du pays pendant la période de 300 ans des juges. Il est clair, d'après la Bible, que les Israélites ne furent pas en mesure de conquérir un grand nombre de villes, du temps de Josué, et même du temps des juges (Josué 13:1 ; Juges 3:1-6). Les découvertes archéologiques approuvent ce processus graduel.
À la lumière des récentes découvertes, l'archéologue Randall Price a conclu : « Les signes de destruction à grande échelle présents sur certains sites ne devraient pas être interprétés comme des preuves contre la chronologie biblique et pour étayer une date tardive de la conquête [par Josué]. Cette destruction s'accorde mieux avec la période des juges, pendant laquelle les conflits armés étaient monnaie courante » (The Stones Cry Out, 1997, p 147).
Le Dr Merrill ajoute : « Des signes de dévastation majeure entre 1400 et 1375 feraient fortement obstacle à l'optique traditionnelle, car le témoignage biblique sans équivoque est qu'Israël avait reçu l'ordre d'annihiler les populations cananéennes, mais d'épargner les cités et les villes dans lesquelles elles vivaient. Le récit indique clairement que l'ordre fut fidèlement exécuté. Les seules exceptions furent Jéricho, Aï, et Hazor » (Kingdom of Priests, p 73).
Nous constatons donc que les découvertes archéologiques s'accordent mieux avec la date traditionnelle de l'Exode étayée par la Bible.
Des découvertes récentes
Un autre argument avancé pour prouver que l'Exode n'a jamais eu lieu est qu'aucun signe ne prouve que les Israélites avaient erré pendant 40 ans dans le désert du Sinaï. Or, il ne faut pas oublier que, pendant l'Exode, les Israélites furent obligés de vivre en nomades. Ils ne vivaient plus dans des villages aux maisons en dur, ni avec des artefacts de nature à survivre et à servir de preuves. Dans le désert, chaque article devait être utilisé au maximum, puis, éventuellement, être recyclé. De plus, les camps de tentes, pendant ces 40 ans, laissèrent sans doute peu ou pas de traces de nature à être découverts 3400 ans plus tard, surtout dans les sables mouvants du désert.
Il est intéressant de noter que des techniques récentes de photographie à l'infrarouge, par satellite, ont révélé d'anciennes routes de caravanes dans le Sinaï. George Stephen, un analyste d'images par satellite, a découvert - dans les clichés pris par satellite - les traces laissées par « un nombre incroyable de gens “allant” du delta du Nil directement vers le sud, longeant la rive orientale du golfe de Suez, et autour de la péninsule du Sinaï ». Il a en outre remarqué les traces d'énormes campements le long de cet itinéraire, traces qui s'accordent avec la description faite dans le livre de l'Exode (Randall Price, The Stones Cry Out, p 137).
Nous n'avons traité que quelques-unes des preuves relatives à la date de l'Exode, d'après la Bible. Il semble que chaque année d'autres découvertes soient faites, qui confirment l'existence ou l'emplacement de personnages ou de sites bibliques. Toutefois, les sceptiques savent quel est l'enjeu de telles découvertes. Dans notre monde de plus en plus incrédule, ils n'hésitent pas à s'attaquer aux fondements du christianisme et du judaïsme.
Une déclaration vieille de près de 200 ans, faite par l'auteur du XIXe siècle H. Hastings - - au sujet des attaques menées par les sceptiques contre la Bible - est toujours valable : « Depuis 1800 ans, les sceptiques réfutent et rejettent ce livre, et pourtant, il est toujours là, tel un roc… Les sceptiques, avec tous leurs assauts, font autant d'effet sur lui qu'un coup de marteau asséné par un homme sur les pyramides de l'Egypte.
« Quand un roi français proposa de persécuter des chrétiens, un vieux conseiller lui répondit : “Sire, l'Église de Dieu est une enclume qui a usé bien des marteaux”. Voilà des siècles que les marteaux des sceptiques ébrèchent ce livre, mais les marteaux s'usent, et l'enclume résiste. Si ce livre n'avait pas été celui de Dieu, il y a longtemps que les hommes l'auraient détruit. Empereurs et papes, rois et prêtres, princes et dirigeants s'y sont tous attaqués ; ils sont tous morts, tandis que ce livre, lui, subsiste ».
À l'instar du restant de la Bible, le récit de l'Exode se dresse tel un témoin puissant d'un Dieu qui Se soucie de Son peuple et intervient dans les affaires humaines pour accomplir Ses desseins.