L'arche de Noé - une impossibilité ?
On croit souvent que l'arche de Noé n'aurait pas pu transporter sa cargaison. On estime qu'elle aurait dû afficher des proportions colossales, excédant - et de loin - les dimensions mentionnées dans la Genèse, ou bien qu'il était impossible de construire un tel vaisseau, vu la technologie primitive de l'ancien monde.
Ceux qui ridiculisent le récit de la Genèse se représentent souvent l'arche comme un petit vaisseau, plein à craquer, le cou des girafes dépassant sur le devant, et la queue des éléphants à l'arrière, croulant sous le poids d'une charge excessive de millions d'animaux. Or cette idée est basée sur plusieurs fausses conceptions.
Une lecture rapide du sixième chapitre de la Genèse, à elle seule, révèle plusieurs détails souvent ignorés bien que très importants. Il est nullement écrit que le patriarche ait dû faire monter à bord dudit vaisseau chaque sorte de créature vivante. Seuls les animaux suivants devaient être acceptés. Ils devaient : • Avoir un souffle • Vivre sur la terre ferme • Appartenir à la même espèce biblique.
Notez bien : « Je vais faire venir le déluge d'eaux sur la terre, pour détruire toute chair ayant souffle de vie sous le ciel : tout ce qui est sur la terre périra… De tout ce qui vit, de toute chair, tu feras entrer dans l'arche deux de chaque espèce, pour les conserver en vie avec toi : il y aura un mâle et une femelle. Des oiseaux selon leur espèce, du bétail selon son espèce… » (Genèse 6:17-20).
La différence entre « espèce » et « variété »
Il convient de distinguer entre espèce et variété. Ces deux mots ne sont pas synonymes. L'usage du terme espèce, dans la Bible, s'applique à un organisme qui, en se reproduisant, engendre une créature identique. Par contre, chaque espèce contient plusieurs variétés. Sans doute le terme espèce s'apparente- t-il davantage, au niveau taxinomique, au terme genre, voire, dans certains cas de famille.
La famille des canidés inclut 14 genres d'animaux ressemblant au chien. Elle compte le chien, le coyote, le loup, le chacal, etc. L'arche n'avait pas à abriter les centaines de variétés de canidés formant ce groupe d'animaux. En fait, tous ceux-ci furent représentés par quelques espèces bibliques. Ces espèces allaient, à leur tour, être en mesure de produire tous les animaux constituant la famille des canidés. Les centaines de variétés de pigeons domestiques connus tirent leur origine d'une espèce de pigeon (Columbia livia).
Il n'était pas nécessaire que l'arche abrite toutes les variétés (qui se seraient chiffrées par millions). Elle fut conçue pour ne transporter que chaque espèce biblique (quelques milliers) de créatures terrestres ayant un souffle.
Chaque spécimen ne fut pas préservé
En fait, la majorité de toutes les espèces d'animaux ne fut pas admise dans l'arche. En plus de ce que nous venons de dire, il est clair que suffisamment de spécimens pouvaient survivre au Déluge sans l'arche. Songez à toutes les créatures aquatiques comme les crustacés (homards, crabes etc.), les poissons de mer et les poissons d'eau douce, échinodermes (étoiles de mer, oursins), les mollusques, vers, coraux, éponges et une myriade d'autres animaux ne vivant pas sur la terre ferme.
Songez en outre aux mammifères aquatiques comme les baleines, les marsouins, les phoques, les morses, et bien d'autres, vivant en milieu aquatique, même s'ils respirent de l'air. Certains reptiles, et la plupart des amphibies auraient aussi été du nombre. Beaucoup d'autres animaux, bien que terrestres, pouvaient aussi avoir survécu hors de l'arche. Songez aux insectes et aux protozoaires. Beaucoup d'insectes auraient pu survivre, sur des épaves flottantes (arbres, végétation).
Dieu le précise lorsqu'Il décrit le genre d'animaux qui périt lors du Déluge. Particulièrement le genre d'animaux que Noé reçut l'ordre d'abriter dans l'arche : « Tout ce qui se mouvait sur la terre périt, tant les oiseaux que le bétail et les animaux, tout ce qui rampait sur la terre, et tous les hommes. Tout ce qui avait respiration, souffle de vie dans ses narines, et qui était sur la terre sèche, mourut » (Genèse 7:21-22, c'est nous qui soulignons).
Quand on étudie les données, il s'avère que l'arche aurait pu aisément transporter le chargement prévu. D'après John Woodmorappe (Noah's Ark : A Feasibility Study, 1996, p 7), la somme des animaux que Noé aurait eu à abriter dans l'arche pour satisfaire les exigences bibliques se situerait entre 2000 et 16 000 - et non dans les centaines de milliers comme on pourrait le supposer.
Les dimensions de l'arche
On se méprend en outre souvent sur la taille de l'arche. Il s'agissait d'un vaisseau gigantesque. Examinons le récit biblique afin d'acquérir une meilleure compréhension de ses dimensions. Notez les instructions fournies par l'Éternel à Noé : « Fais-toi une arche de bois de gopher ; tu disposeras cette arche en cellules, et tu l'enduiras de poix en dedans et en dehors. Voici comment tu la feras : l'arche aura trois cent coudées de longueur, cinquante coudées de largeur et trente coudées de hauteur. Tu feras à l'arche une fenêtre… tu construiras un étage inférieur, un second et un troisième » (Genèse 6:14-16).
La coudée mesure approximativement 46 cm. La plupart des érudits en hébreu sont d'avis que la coudée mesurait entre 43 cm et 53 cm. On va même jusqu'à lui donner une longueur de 63 cm. Si la coudée mesurait 46 cm, l'arche aurait mesuré 137 m de long, 23 m de large, et 14 m de haut. Avec une coudée plus grande, l'arche aurait même été plus grande, toutes proportions gardées.
Avec la plus petite coudée, le tonnage d'eau déplacé par l'arche, avec un tirant d'eau de 15 coudées équivaudrait à près de 20 000 tonnes.
Le tonnage brut de l'arche aurait avoisiné les 15 000 tonnes. Son volume aurait été de près de 300 000 m3, soit l'équivalent de la capacité de 569 wagons, soit un train de plus de 8 km.
L'espace disponible sur les trois étages de l'arche aurait été approximativement de 9 383 m2, soit plus de 21 salles de gymnase. L'arche aurait donc eu la taille de l'un de nos transatlantiques modernes. Sans doute fut-ce le plus grand vaisseau jamais construit, jusqu'à la fin du XIXe siècle, époque du début de la construction des paquebots (John Whitcomb et Henry Morris, The Genesis Flood, 1998, p 10).
L'arche fut construite avec des proportions de 1 sur 6 (50 coudées pour 300 coudées). La science de l'architecture navale révèle qu'il s'agit d'un rapport longueur/ largeur extrêmement stable. La plupart des paquebots affichent les mêmes proportions. On a calculé que l'arche aurait aisément été en mesure d'affronter les plus hautes vagues. Il aurait été quasiment impossible de la faire chavirer.
Apparemment, l'arche ressemblait à une énorme péniche. Le mot hébreu pour arche est synonyme de boîte. Elle n'avait pas besoin de proue ou de gouvernail, de voiles, de rames ou autre moyen de locomotion ; il suffisait qu'elle flotte. Étant construite comme une énorme boîte, l'espace, à l'intérieur, pouvait être utilisé au maximum.
Le soin des animaux
Les détracteurs du déluge déclarent souvent qu'il aurait été impossible, pour l'équipage de huit personnes, de s'occuper convenablement des animaux. Cette supposition s'appuie sur la conception erronée courante - issue de la théorie de l'évolution humaine et sociale -- selon laquelle les peuples de l'antiquité n'étaient pas suffisamment développés pour s'acquitter d'une responsabilité aussi énorme.
S'il est indéniable que nous disposons à présent d'un nombre accru de certains types d'outils, les peuples du passé étaient souvent, sous bien des aspects, fort ingénieux. Songez aux sept merveilles de l'antiquité - les pyramides d'Égypte, les jardins suspendus de Babylone et plusieurs autres réalisations humaines.
Beaucoup de ces édifices n'ont jamais été égalés. Beaucoup de temps aurait été économisé, eu égard au soin des animaux, si des dispositifs ingénieux avaient été incorporés à la construction de l'arche. En fait, la plupart des animaux n'auraient exigé que peu ou pas de soins une fois à bord. Avec ses propres outils, Noé aurait pu construire des cages ou des enclos se suffisant à euxmêmes et n'exigeant qu'une faible participation humaine. Et en l'absence d'outils convenables, Noé avait Dieu pour le guider.
Sans doute l'immense vaisseau était-il équipé de dispositifs permettant l'alimentation en nourriture et en eau, et l'élimination des déchets. Ces types de dispositifs étaient relativement connus dans l'ancien monde.
Les cages auraient été équipées d'une sorte de plancher lamé et de dispositifs inclinés permettant l'élimination des déchets débouchant sur des rigoles. Une fois dans les rigoles, les excréments auraient séché (devenant inertes et sans odeur) ou se seraient biologiquement décomposés avec l'aide de divers organismes, ou auraient pu être expulsés au dehors au moyen d'une rampe inclinée. Pour les animaux volumineux, les étables auraient été équipées de planchers lamés. Ces enclos auraient été suffisamment spacieux pour permettre aux déchets de s'accumuler et de sécher et de se transformer en matières inertes. Les humains n'auraient pas eu besoin de s'en occuper.
La nourriture aurait pu être stockée dans des trémies débouchant sur les mangeoires, les animaux n'ayant qu'à se servir. Suffisamment de nourriture aurait été stockée dans les trémies pour que les animaux aient de quoi manger pendant longtemps. Des réserves auraient été entreposées dans des casiers ou à proximité. Ce genre de technique est utilisé de nos jours dans l'élevage pour réduire le travail. Ces mesures auraient considérablement réduit le temps nécessaire à nourrir les animaux.
L'eau aurait été acheminée vers des abreuvoirs à remplissage automatique. Elle aurait pu être recueillie par un système de citernes entreposées avant le Déluge. Les peuples anciens avaient coutume de confectionner des tuyaux à partir de roseaux, de terre cuite et de bambous.
L'arche n'était pas un zoo flottant. Les animaux des zoos exigent beaucoup d'espace, divers types de nourriture, et des soins individuels. L'arche était un vaisseau de sauvetage construit par Noé sous les directives précises et particulières de l'Éternel. Elle s'apparentait davantage aux conditions observées dans les laboratoires modernes d'animaux ou dans les élevages actuels, généralement surpeuplés mais relativement propres.
La nature des animaux
Il est possible que beaucoup d'animaux, qui n'hivernent généralement pas, soient néanmoins capables de réduire considérablement leur métabolisme (Terry Vaughanm, Mammalogy, 1986, p 421, 469-471). Ces rythmes métaboliques peuvent être réduits par plusieurs facteurs, y compris les fluctuations de températures, le manque de nourriture ou d'eau, les variations de la lumière, et plusieurs autres stimuli ambiants.
Beaucoup de rongeurs et de petits mammifères se plongent chaque jour dans une torpeur. Pendant cette dernière, ils ne mangent, ni ne boivent, ni n'éliminent. Bien que l'équipe à l'intérieur de l'arche aurait pu s'occuper de tous les animaux, leurs besoins auraient été considérablement réduits si plusieurs des animaux s'étaient mis à hiverner ou s'étaient plongés dans une torpeur.
Quand on rassemble tous les faits, on constate que l'équipe à bord aurait pu s'occuper de milliers d'animaux. Des données provenant d'enquêtes agricoles ont démontré que quelques personnes peuvent s'occuper de plusieurs dizaines de milliers d'animaux (John Owen, Cattle Feeding, 1983, p 101 ; E.C. Miller & E.F. Hodges, One Man Feeds 5000 Cattle or 60 000 Broilers, 1970 Yearbook of Agriculture -USA--, p 57).
Comment l'arche a-t-elle pu exister ?
Dieu ordonna à Noé de construire une arche. Il lui donna amplement le temps de s'acquitter de la tâche, lui fournit les dimensions et les instructions nécessaires.
N'oubliez pas cet important principe biblique : Dieu a toujours fait le nécessaire pour que ses serviteurs puissent accomplir la tâche qu'Il leur avait confiée. L'objectif de notre Créateur était de sauver l'humanité ; le patriarche Noé était son instrument humain.
Noé suivit les instructions divines à la lettre (Genèse 6:22). Comme son ancêtre Enoc, Noé avait appris à marcher avec son Créateur (Genèse 5:22-24 ; Genèse 6:9). En disant qu'il était juste, Dieu lui rend témoignage. (Genèse 7:1). C'est pourquoi l'Éternel se souvint de lui et le sauva, lui et sa famille, du déluge universel (Genèse 8:1).
Noé accorda plus de prix à l'obéissance envers Dieu que la popularité ou n'importe quoi d'autre. C'est l'héritage spirituel qu'il nous a laissé. Cette leçon fondamentale, nous devons tous l'apprendre.