Le fossé entre l'Europe et les Etats-Unis s'élargit

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Le fossé entre l'Europe et les Etats-Unis s'élargit

Après l'Empire : Essai sur la décomposition du système américain (2003) est un bestseller en France et en Allemagne, bien qu'ayant peu de succès aux Etats-Unis, ce qui n'est pas étonnant, vu le portrait très négatif qu'il trace de ceux-ci.

L'auteur, Emmanuel Todd, fait des recherches à l'Institut National d'Études Démographiques de Paris. Celui-ci explique que le vrai combat de l'Amérique est une affaire d'économie et non de terrorisme. Selon lui, les États-Unis se battent pour maintenir leur statut de centre financier mondial en déployant symboliquement leur puissance militaire au coeur de l'Eurasie, essayant d'oublier entre-temps - et d'inciter les autres à ignorer - la faiblesse industrielle américaine, ses besoins financiers, et son caractère de prédateur.

Expliquant l'optique que lui et beaucoup d'autres ont de l'impact du combat antiterroriste, Todd pense qu’au lieu de renforcer l'image de leadership global que l'administration présente à Washington souhaitait projeter, sa marche forcée dans la guerre a provoqué un déclin rapide de son statut international.

Un pays militariste, nerveux, incertain et anxieux?

Comme c'est étrange ! Après les premières élections vraiment démocratiques réussies en Afghanistan et en Irak dans les temps modernes, et l'indication de changements significatifs possibles en Egypte, au Liban et dans l'Autorité palestinienne, on reconnaît sans conviction qu'il se peut que la stratégie de Washington au Moyen-Orient ait été la bonne.

Néanmoins, l'intelligentsia européenne, dans l'ensemble, ne partage pas cette opinion. Emmanuel Todd pense que les efforts militaires américains sont, en fait, un signe de faiblesse et non de force.

Selon lui, en attaquant certains pays, les Etats- Unis fournissent au monde une indication de leur puissance actuelle. Attaquer les faibles est une preuve peu convaincante de leur prétendue force. Ils prétendent demeurer la superpuissance mondiale dont le monde ne peut se passer, en attaquant des adversaires insignifiants.

Et ce pays militariste, agité, hésitant et inquiet, qui répand le trouble de par le monde, ne saurait être, toujours selon cet auteur, la nation indispensable qu'elle prétend être et n'est assurément pas ce dont le restant du monde a besoin en ce moment.

Pour ce qui est des motivations américaines, Todd ne tient pas compte de faits historiques importants qui indiquent plutôt le contraire. Les États-Unis ont combattu dans deux guerres mondiales pour libérer l'Europe (et une grande partie du monde) de l'agression militaire allemande et japonaise. Ils ont mené des conflits plus réduits en Corée et au Vietnam, et ont lutté contre des dictatures brutales dans la Guerre du Golfe, en Afghanistan et en Irak. À présent, plusieurs centaines de millions de personnes dans divers pays jouissent de liberté et de prospérité, du fait d'interventions militaires américaines.

En dépit des déclarations dures et erronées qui s'y trouvent, ce livre donne à réfléchir. Ce qu'il importe de comprendre, c'est qu'il décrit les idées que des millions de gens, pas seulement en Europe mais aussi ailleurs dans le monde, se font sur l'Amérique.

Des États-Unis d'Europe

Les sentiments anti-américains jouent pour beaucoup dans les efforts en faveur de l'unification de l'Europe pour faire de cette dernière une superpuissance rivalisant avec les États-Unis.

« À l'aube du XXIe siècle, une révolution géopolitique aux répercussions historiques s'amorce de l'autre côté de l'Atlantique : l'unification de l'Europe. Vingt-cinq pays se sont unis - et une douzaine d'autres sont sur la liste d'attente - pour bâtir une économie, une culture et un gouvernement communs. L'Europe d'aujourd'hui est beaucoup plus intégrée qu'à n'importe quelle autre époque depuis l'Empire Romain »

C'est ainsi que débute le prologue de l'ouvrage The United States of Europe, un livre paru récemment et ayant pour auteur le journaliste du Washington Post, T.R. Reid, ancien directeur du bureau londonien.

Lors d'une interview radiodiffusée, Reid a qualifié l'Union Européenne de pire menace pour les intérêts américains dans le monde. Il a précisé que l'Europe dépasse à présent l'Amérique dans tous les domaines, excepté le domaine militaire.

L'Union Européenne « a une plus forte population, de plus grandes richesses, et plus d'échanges commerciaux que les Etats-Unis. Elle a plus de suffrages que ces derniers dans tous les organismes internationaux, et elle verse de plus grosses sommes d'entraide qu'eux pour le développement. Résultat : elle exerce une influence économique et politique globale qui remplit la fonction que ses dirigeants souhaitent qu'elle remplisse ; ils veulent qu'elle devienne une deuxième superpuissance aussi influente que les Etats-Unis. »

Le titre de son livre tire son inspiration du défunt homme d'État britannique Winston Churchill qui, après la IIe Guerre mondiale, avait déclaré que le meilleur moyen d'éviter un autre conflit européen majeur était de créer des États-Unis d'Europe. Soixante ans plus tard, les Européens sont sur le point d'atteindre cet objectif. Une Constitution européenne, une fois acceptée, cimentera l'Union totale envisagée par ses fondateurs.

L'euro, une arme contre le dollar

Le lancement de l'euro était un tournant décisif dans l'officialisation de l'Union Européenne. Cette devise rivalise aujourd'hui avec le dollar américain en matière de suprématie financière globale.

« Dès son introduction, l'euro a eu plus d'utilisateurs que le dollar américain. Comme monnaie d'échange pour une zone monétaire comprenant deux des cinq pays les plus riches du monde (la France et l'Allemagne), et quatre des douze pays les plus influents (l'Allemagne, la France, l'Italie et l'Espagne), l'euro est devenu la devise la plus importante du monde dès son lancement.

«Néanmoins, les Européens ont bien d'autres ambitions. L'euro a été conçu spécialement pour contrecarrer l'hégémonie globale du dollar américain comme devise de réserves préférée et comme unité standard d'échange dans les transactions financières internationales. » Reid termine ce paragraphe en citant l'analyste britannique Will Hutton : « Avec l'euro, l'UE dispose à présent de l'arme dont elle a besoin pour se défendre » (p 64).

Les États-Unis favorisent l'implantation de l'euro par leurs dépenses excessives et leurs emprunts énormes. Ces facteurs incitent les gens à se méfier de l'Amérique et réduisent la valeur de la devise américaine. Si cela pousse les États-Unis à exporter davantage, cela incite aussi le monde à moins leur faire confiance et à se tourner vers l'Union Européenne.

Le lancement de l'euro était un tournant décisif dans l'officialisation de l'Union Européenne. Cette devise rivalise aujourd'hui avec le dollar américain.

Le rêve européen plutôt qu'américain

The European Dream (2004) est un autre livre sur l'Europe, écrit par l'Auteur américain Jeremy Rifkin. Ce dernier est président de Foundation on Economic Trends à Washington, et est un commentateur très populaire. Son livre a pour sous-titre : « La vision européenne de l'avenir est en train d'éclipser discrètement le rêve américain ».

L'Union Européenne, qui a débuté avec six pays, il y a moins de 50 ans, en compte à présent 25. D'autres cherchent à se joindre à eux. Les révolutions en Ukraine, en Géorgie et au Kirghizistan soulignent cette tendance. Un jeune homme, célébrant la chute de l'ancien régime corrompu de Bichkek, au Kirghizistan, déclara à un journaliste : « À présent, nous voulons tous être comme l'Europe ».

Alors que le rêve américain s'appuyait sur l'accumulation individuelle de richesses, le rêve européen est ce que l'on a souvent appelé la Troisième Voie, ou démocratie sociale, se situant entre les modes de vies américains et soviétiques. De plus en plus, les Européens sentent que le modèle américain a échoué, tout comme le communisme soviétique il y a 15 ans ou plus.

Les Européens s'accommodent bien plus facilement à des impôts élevés et de l'intrusion du gouvernement que la plupart des Américains, et ils trouvent leurs systèmes quasi socialistes plus humains et plus sûrs tout compte fait, même si des enquêtes sociales ont prouvé qu'ils ne sont plus possibles après un certain temps.

Ce qui est ironique, c'est que la prospérité européenne, sous son système socialiste, a été rendue possible en grande partie du fait que les gouvernements n'ont pas eu besoin de dépenser des sommes folles à des fins militaires, l'Amérique s'en étant chargée. Avec la chute du communisme soviétique, les pays européens n'ont plus besoin de la protection américaine, et n'ont pas besoin non plus de se lancer dans des dépenses militaires non négligeables pour se protéger. Cette situation finira par changer. L'avenir dira comment ces circonstances se développeront.

Une menace européenne pour l'Amérique

L'Union Européenne est déjà le plus grand marché unique et compte une population supérieure à celle des États-Unis. C'est aussi le plus grand bloc commercial du monde, et son impact défie ces derniers.

Elle exerce aussi une pression politique accrue. La France s'est opposée aux États-Unis dans la guerre contre l'Irak, et elle a montré qu'elle n'hésiterait pas à faire valoir son droit de veto au Conseil de Sécurité des Nations Unies pour contrecarrer l'Amérique. Il faut s'attendre à ce que cela se reproduise dans les années à venir.

L'Union Européenne s'écarte de plus en plus de la position américaine sur la manière de résoudre les problèmes avec la Corée du Nord, la Chine et l'Iran. Elle a aussi adopté depuis longtemps une politique différente dans ses rapports avec le Moyen-Orient.

Il a fallu à l'Union Européenne 50 ans pour parvenir à sa situation actuelle. Pendant ce temps-là, l'Amérique a été à la tête du monde libre. Militairement poussée à ses limites, et affligée d'un déficit national croissant, l'Amérique emprunte à d'autres pays à un rythme inégalé dans l'histoire - $2,5 milliards par jour ! La prééminence américaine n'est dorénavant plus un fait acquis. À l'instar de la Grande Bretagne, dont la domination appartient maintenant au passé, la prééminence américaine finira, elle aussi par toucher à sa fin.

Les États-Unis ont remplacé la Grande Bretagne. L'Europe est-elle prête, à son tour, à se hisser sur la scène mondiale et à remplacer l'Amérique comme première superpuissance mondiale ? La réponse à cette question se trouve dans un autre livre -- la Bible.

Dieu décide

La Bible nous rappelle que Dieu accomplit Sa volonté. « C'est lui qui change les temps et les circonstances, qui renverse et qui établit les rois » (Daniel 2:21).

L'Éternel révéla à Daniel que divers empires allaient dominer le monde à tour de rôle. Le prophète lui-même serait vivant lors de la chute de Babylone, empire qui fut remplacé par l'Empire Médo-Perse, lequel a joui, pendant un certain temps, de la prééminence.

Daniel prononça les paroles citées ci-dessus pour le roi babylonien Nebucadnetsar. Ce dernier avait eu un songe effrayant. « Le roi fit appeler les magiciens, les astrologues, les enchanteurs et les Chaldéens [les plus instruits à Babylone], pour qu'ils lui révèlent ses songes » (Daniel 2:2). Ils en furent incapables. Furieux, Nebucadnetsar menaça de faire exécuter tous les sages du pays.

C'est alors que Daniel entra en scène. Il le « pria de lui accorder du temps pour donner au roi l'explication » (Daniel 2:16). Un survol prophétique étonnant s'ensuit, qui décrit le Second Avènement de Jésus-Christ et l'établissement du Royaume de Dieu. Le verset 44 (Daniel 2:44) précise en effet : « Dans le temps de ces rois [les derniers dirigeants de la dernière superpuissance mondiale], le Dieu des cieux suscitera un royaume qui ne sera jamais détruit… » Nebucadnetsar avait vu en songe une statue énorme symbolisant quatre royaumes, le premier étant Babylone. « Après toi, il s'élèvera un autre royaume, moindre que le tien ; puis un troisième royaume, qui sera d'airain, et qui dominera sur toute la terre. Il y aura un quatrième royaume, fort comme du fer… » (Daniel 2:39-40). Comme l'indique le verset 44, ce 4e royaume doit exister au temps de l'intervention divine dans les affaires humaines, à l'époque de l'instauration du Royaume de Dieu ici-bas.

Une prophétie parallèle révélatrice

Le chapitre 7 de Daniel -- une prophétie parallèle de ces empires -- se sert d'autres symboles pour nous aider à mieux comprendre. « La première année de Belschatsar, roi de Babylone, Daniel eut un songe et des visions se présentèrent à son esprit, pendant qu'il était sur sa couche. Ensuite il écrivit le songe, et raconta les principales choses » (Daniel 7:1). Daniel décrit ensuite « quatre grands animaux » (Daniel 7:3), des empires, des grandes puissances militaristes devant avoir un impact énorme sur le monde, y compris les descendants physiques d'Israël.

L'histoire révèle que les quatre grandes puissances de la vision de Daniel étaient les Empires : Babylonien, Médo-Perse, Gréco-Macédonien et Romain. Daniel eut cette vision dans « la première année de Belschatsar », le dernier roi de Babylone (Daniel 5:30-31). Il eut été humainement impossible à Daniel de savoir que la superpuissance de l'époque tomberait aux mains de l'Empire Médo-Perse, lequel, à son tour, serait supplanté plus de 200 ans plus tard par la Grèce. L'Empire Romain n'allait apparaître que des siècles plus tard. Dieu lui avait révélé ces secrets (Daniel 2:28).

Le récit de Daniel 7, comme celui du chapitre 2, décrit l'instauration du Royaume de Dieu (Daniel 7:14). Ce Royaume n'ayant pas encore été établi, il s'ensuit que le monde présent est inclus dans ladite chronologie.

Par contre, les Etats-Unis, la plus grande puissance mondiale, et l'Empire britannique, superpuissance avant la IIe Guerre mondiale, ne sont pas mentionnés dans le plan prophétique de Daniel. Les empires dont il est question sont païens (non israélites) et affichent des traits bien différents de ceux des deux puissances anglosaxonnes.

L'Apocalypse décrit le dernier Empire

Le livre de l'Apocalypse nous aide à mieux comprendre les événements passés, présents et à venir.

Dans Apocalypse 17, on dénote que la prophétie culmine par l'instauration du Royaume de Dieu. Aux Apocalypse 17:12-14, il est écrit que « les dix cornes que tu as vues sont dix rois, qui n'ont pas encore reçu de royaume, mais qui reçoivent autorité comme rois pendant une heure avec la bête… Ils combattront contre l'Agneau [Jésus-Christ], et l'Agneau les vaincra… ». Il s'agit sans aucun doute d'événements à venir.

Dans Apocalypse 13, se trouve un amalgame des quatre animaux (empires) de Daniel, suivi de paroles prophétiques : « Et je vis l'une de ses têtes comme blessée à mort ; mais sa blessure mortelle fut guérie. Remplie d'admiration, la terre entière suivit la bête » (Apocalypse 13:3).

Plus loin, il est écrit que cette « bête » sera alliée à un faux système religieux et à un personnage ecclésiastique puissant qui influencera les masses et leurs dirigeants (Apocalypse 17:11-18 ). Tous ces passages révèlent que le monde va assister à la renaissance de cette « bête », de cette superpuissance, ce dernier empire dont a parlé Daniel, l'Empire Romain.

Cela peut paraître tiré par les cheveux alors que nous savons que l'Empire Romain cessa officiellement d'exister en 476 de notre ère, il y a plus de 15 siècles. Néanmoins, plusieurs tentatives ont été faites au fil des siècles pour essayer de « ressusciter » cet Empire : Avec l'empereur Justinien, au VIe siècle ; Charlemagne plus de 200 ans plus tard ; le « Saint Empire Romain » qui dura mille ans ; Puis Napoléon et, plus récemment, les puissances européennes de l'Axe qui provoquèrent la IIe Guerre mondiale. Mussolini proclama la restauration de l'Empire Romain en 1922. Les diverses tentatives, dans l'histoire, de ressusciter l'Empire Romain ont suivi le même thème.

À présent, on note une autre tentative d'unifier l'Europe, paisiblement cette fois, plutôt que par les armes. Fondée par le Traité de Rome en 1957, l'Union Européenne s'est réunie à Rome à la fin de 2004 pour discuter d'une nouvelle constitution européenne qui créerait un superÉtat européen.

Surveillez ces mouvements !

Se pourrait-il qu'il s'agisse là de la résurrection de l'Empire Romain dont parlent les prophéties, et qui mènera au retour de Jésus- Christ et à l'établissement du Royaume de Dieu ?

Même si l'UE actuelle de 25 nations n'est pas la superpuissance finale prophétisée avec ses 10 dirigeants qui « donnent leur puissance et leur autorité à la bête », le descendant moderne de l'ancien Empire Romain sortira probablement de ce système.

À la lumière de ces prophéties, cette revue encourage ses lecteurs à surveiller ce qui se passe en Europe. On dénote à présent une hostilité croissante et sans précédent de la part de l'Europe et de bien d'autres pays à l'égard des Etats-Unis. Ces derniers, de surcroît, éprouvent de plus en plus de difficultés économiques. Et le pouvoir économique débouche souvent sur un pouvoir politique et militaire.

Surveillez l'élargissement du fossé entre l'Europe et l'Amérique ; il modifie peu à peu, sous vos yeux, l'avenir du monde.