Le Livre qui a change le monde
La Bible demeure le livre le plus fondamental de notre civilisation occidentale. Comme ce fut aussi le cas des oeuvres de William Shakespeare, la Bible du roi Jacques (ci-après appelée KJV par souci de concision) a joué un rôle des plus importants dans l’évolution de la langue anglaise proprement dite. Comme le faisait remarquer l’auteur Alan Thomas, « Aucun livre n’a eu une plus grande influence sur la langue anglaise » (Great Books and Book Collectors, 1988, p. 110). La KJV a été désignée à maintes reprises comme étant « le monument le plus noble de la prose anglaise ».
Encore de nos jours, la KJV fait partie intégrante de la pensée culturelle collective anglophone. Rédigée avec élégance, elle demeure la traduction biblique la plus poétique et la plus rythmique de toutes, et elle occupe une place exclusive dans l’histoire de la littérature anglaise.
Selon Michael Nazir-Ali, théologien britannique modéré, « Sans cette tradition [biblique], il est impossible de comprendre la langue, les arts, voire les sciences de notre civilisation. Elle véhicule les grands thèmes des arts et de la littérature : les vertus et les vices, l’expiation et le repentir, la résurrection et l’immortalité. Elle inspire la meilleure et la plus accessible des architectures. Elle soutient et protège nos traditions juridiques et constitutionnelles. » (A Cure for Our National Amnesia, Standpoint, novembre 2010)
Toujours aussi monumentale dans le monde anglophone, la KJV se situe au coeur même de notre patrimoine culturel, voire gouvernemental. Après tout, la common law anglaise a été fondée sur les principes bibliques, principalement grâce aux efforts de certains des premiers hommes d’État, tel le souverain anglais du premier millénaire, Alfred le Grand (849-899). En 2009, le président des États-Unis, M. Barack Obama, a prêté son serment d’office sur le même exemplaire de la KJV que celui utilisé par Abraham Lincoln près de 150 ans plus tôt, en 1861.
Des célébrations aux États-Unis et en Grande-Bretagne
Officiellement, le monde anglophone a célébré l’anniversaire de la parution de la KJV le 2 mai 2011. En Grande-Bretagne, les festivités prévues pour cette année ont été décrites comme étant « de proportions bibliques ». En effet, environ 70 événements ont été planifiés pour souligner cet anniversaire.
Entre autres, on a organisé une exposition au collège St. John de Cambridge. D’autres événements auront lieu depuis Aberdeen, en Écosse, jusqu’à Plymouth dans le sud-ouest de l’Angleterre — mentionnons notamment des marathons de lecture, des exposés, des conférences et même des concerts. Déjà la BBC Radio 4, dont les auditeurs se trouvent partout au R.-U., présente régulièrement des lectures de divers livres de la KJV.
L’imprimerie de l’Université d’Oxford (Oxford University Press) — l’éditeur de la KJV depuis le XVIIe siècle — parrainera l’impression d’une édition spéciale de 1520 pages à l’occasion du quadricentenaire. Ne voulant pas être en reste, les Américains tiendront des célébrations au Dunham Bible Museum de Houston, au Texas. D’autres événements sont prévus au Kentucky, en Louisiane et dans d’autres États du bastion du fondamentalisme (Bible Belt).
On a également organisé une conférence spéciale à l’Université d’État de l’Ohio, à Columbus, pour souligner l’importance de l’héritage littéraire et de l’influence de la KJV sur des écrivains célèbres, comme William Faulkner, romancier du sud des É.-U. ayant vécu au début du XXe siècle.
Mais pourquoi organiser de telles fêtes nationales dans l’anglophonie ? Examinons brièvement le contexte de l’époque pour découvrir comment et pourquoi ce livre a joué un rôle monumental dans l’Histoire.
Le combat mené pour traduire la Bible en anglais
Au cours des siècles qui ont précédé le développement et l’implantation de la langue anglaise en Grande-Bretagne, la Bible ne pouvait être lue par la plupart des gens ordinaires, nulle part dans le monde. Jusqu’à environ 400 apr. J.-C., seuls ceux qui connaissaient bien l’hébreu ou le grec pouvaient lire les Saintes Écritures. Lorsque la première traduction en latin a été terminée en 405, elle est devenue la version officielle du prochain millénaire.
Mais au fil du temps, après la chute de l’Empire romain, de moins en moins de personnes pouvaient lire ou comprendre le latin. Et les autorités catholiques, à la tête de la religion dominante, contrôlaient de près l’accès du commun des mortels à la Bible, ce qui empêchait les gens de lire cette dernière. Cet état de choses déplorable demeura le statu quo pendant de nombreux siècles.
Le monde moderne doit beaucoup aux premiers traducteurs de la Bible, tel John Wycliffe, le philosophe et théologien qui a traduit la Parole de Dieu vers l’anglais au cours des années 1380. Traduite du latin, la Bible de Wycliffe a vite gagné en popularité. Toutefois, les autorités religieuses, désireuses d’éliminer toute possibilité d’hérésie, ont fini par bannir cette traduction.
Plusieurs hommes courageux ont dû affronter de rudes épreuves — souvent au péril de leur vie — pour porter aux Anglais le message des Saintes Écritures. Pour ce faire, certains ont dû fuir leur propre pays. D’autres ont dû faire le sacrifice suprême, en mourant comme martyr pour avoir traduit et propagé les Saintes Écritures.
L’importante contribution de Tyndale à la KJV
Un traducteur en particulier se distingue des autres. En effet, William Tyndale, qui a vécu au début des années 1500, fut le premier à traduire la Bible vers l’anglais directement de l’hébreu et du grec, langues dans lesquelles la version originale de la Bible avait été écrite.
David Daniell, le principal érudit de notre ère spécialisé dans la traduction de Tyndale, a écrit ceci : « William Tyndale nous a donné la Bible anglaise. Les sages rassemblés par le roi Jacques pour préparer la version autorisée de 1611, souvent louangés pour avoir fait preuve d’une inspiration commune inattendue, ont pris la relève après Tyndale. [Près des] neuf dixièmes du Nouveau Testament de la version autorisée sont l’oeuvre de Tyndale. » (William Tyndale : A Biography, 1994, p. 1) Dans son autobiographie, feu l’acteur de cinéma Charlton Heston (vedette des films Ben Hur, Les Dix Commandements et Le Cid), se dit émerveillé du fait qu’un « comité » ait pu produire une oeuvre classique aussi monumentale que la KJV.
Même s’il convient de reconnaître le mérite de l’équipe de traducteurs doués qui a procédé à la traduction de la KJV pour sa propre contribution monumentale, Brian Moynahan, le plus récent des biographes de William Tyndale, a écrit : « Une analyse approfondie de la version autorisée [KJV]… a été réalisée en 1998. Elle montre que les travaux de traduction de Tyndale représentent 84 pour cent du Nouveau Testament et 75,8 pour cent des livres de l’Ancien Testament. » (William Tyndale: If God Spare My Life, 2003, p. 1)
Mais bien avant que toute étude analytique minutieuse soit réalisée, F.F. Bruce, expert britannique reconnu en grec et érudit biblique, avait commenté l’oeuvre des traducteurs de la KJV : « Toutes les versions anglaises existantes sont l’oeuvre de traducteurs… Mais l’influence durable d’un homme en particulier ressort dans de nombreuses portions de cette oeuvre, et cet homme est nul autre que William Tyndale. » (The Books and the Parchments, 1984, p. 221)
La version anglaise de la Bible de Tyndale a vu le jour pendant son exil en Europe [continentale]. Persécuté par les évêques catholiques d’Angleterre, il a dû traverser la Manche en 1524 pour accomplir cette tâche d’une durée de douze ans. Une interdiction du clergé britannique rédigée en 1408 « défendait à quiconque de traduire, voire de lire, quelque partie que ce soit de la Bible en langues vernaculaires, sans une permission épiscopale expresse », — laquelle a été catégoriquement refusée à Tyndale par Cuthbert Tunstall, évêque de Londres, au cours de l’été de 1523. (Daniell, Tyndale’s New Testament, 1995, p. xxix)
Des hommes sont morts pour vous apporter le message de la Bible
En mai 1535, les autorités ont finalement coincé et arrêté l’insaisissable Tyndale, mettant ainsi fin à son but de traduire toute la Bible vers l’anglais à partir des langues bibliques d’origine. Alors même que Tyndale subissait les conditions de détention les plus atroces dans une horrible prison située près de Bruxelles, en Belgique, il a demandé qu’on lui apporte une grammaire hébraïque afin de pouvoir continuer de traduire l’Ancien Testament.
Aujourd’hui, la Parole de Dieu est disponible dans une multitude de formats et la connaissance des Saintes Écritures dépasse l’entendement. Toutefois, la précieuse compréhension de la Bible est chose rare.
Le 6 octobre 1536, il a été ligoté à un pieu, étranglé et brûlé. Sa dernière prière fut que Dieu ouvre les yeux du roi d’Angleterre.
L’establishment religieux avait cruellement martyrisé l’homme qui, selon certains érudits, compte tenu de sa maîtrise du rythme, de la formulation et du style anglais, n’a jamais été égalé en tant que traducteur biblique. F.F. Bruce saisit bien l’esprit de son génie : « Tyndale, travaillant sous la menace incessante du bûcher, rehausse parfois son texte d’un éclat poétique, transcendant le style de l’original grec. » (The Books and the Parchments, édition de 1950, p. 13)
M. Bruce a résumé ainsi ces circonstances démoralisantes : « Tyndale est mort en martyr, vilipendé par les autorités religieuses et gouvernementales anglaises. Rien de trop méchant ne pouvait être dit au sujet de sa traduction. Des milliers d’exemplaires ont été saisis à leur entrée au pays et ont été brûlés publiquement. » (The Books and the Parchments, 1984, p. 216)
Paradoxalement, la dernière prière de Tyndale a été exaucée à peine quelques mois plus tard, lorsque sa traduction anglaise a finalement été acceptée par la Couronne. « Quelques mois après le martyre de Tyndale, une version biblique anglaise complète, dont les deux tiers pouvaient être attribués à ce dernier, et laquelle avait été autorisée par Henri XIII, était en circulation en Grande-Bretagne. » (Daniell, The English Bible, p. 157)
Nous devons énormément à ceux qui ont sacrifié leur vie pour nous transmettre la Parole de Dieu !
La valeur contemporaine de la Bible
Les souffrances et les sacrifices d’hommes tels que Tyndale, Wycliffe et les traducteurs de la KJV nous obligent à nous poser une question fondamentale : honorerons-nous leurs efforts ou laisserons-nous les enseignements moraux des Saintes Écritures nous filer en vain entre les doigts ?
Ce que nous voyons à la télévision ou au cinéma, ce que nous entendons à la radio et ce que nous trouvons sur Internet font souvent fi des valeurs bibliques traditionnelles. Le comportement des anglophones qui prisaient jadis la Bible laisse beaucoup à désirer.
Michael Nazir-Ali faisait observer ceci dans l’article cité plus haut : « Un grand nombre des précieuses libertés que nous valorisons aujourd’hui, le traitement équitable des travailleurs et les soins prodigués aux gens défavorisés proviennent des valeurs associées à la tradition judéo-chrétienne. Toutefois, ces valeurs sont ancrées dans la vision morale et spirituelle de cette tradition. On ne peut absolument pas tenir pour acquis que ces valeurs seront préservées encore longtemps si la tradition elle-même est jetée par-dessus bord.
« Confirmé par les enseignements de Jésus Lui-même, l’objectif des prophéties bibliques est de nous amener à l’autocritique en faisant inlassablement ressortir les faiblesses de la société, celles des dirigeants et des dirigés, et en plaçant devant eux les exigences divines de justice et de compassion... La tradition en elle-même est nécessaire pour faire en sorte que les moeurs culturelles contemporaines puissent faire l’objet d’une critique, au lieu de nous voir baisser les bras tout simplement. » (C’est nous qui mettons l’accent ici.)
Que comptez-vous faire ?
Le problème fondamental auquel nous devons faire face de nos jours diffère de celui que William Tyndale a dû surmonter au début du XVIe siècle. Si vous aviez vécu à son époque, à moins de pouvoir lire et comprendre le latin, vous n’auriez pu avoiraccès aux Saintes Écritures. La lecture et l’étude de la Bible demeuraient la prérogative des prêtres et de la classe des érudits. Aujourd’hui, la Parole de Dieu est de plus en plus disponible dans une multitude de langues. Les commentaires, concordances, dictionnaires, atlas et autres outils bibliques abondent sur le marché. Disponibles sous formats papier et électronique, les connaissances sur les Saintes Écritures ont essaimé au-delà de toute espérance. Inimaginable il y a 500 ans, cette vaste disponibilité de tous les types de connaissances bibliques dépasse l’entendement. Malgré tout, la précieuse compréhension de la Parole divine est chose rare à notre époque. Un prédicateur radiophonique bien connu avait l’habitude d’exhorter ses auditeurs à maintes et maintes reprises à « dépoussiérer leur Bible ! » Même si la Bible est un best-seller permanent, bon nombre de gens négligent de l’ouvrir et de la lire !
Êtes-vous disposé à dépoussiérer votre propre Bible ? À l’étudier et à vivre selon ses enseignements ? Les éditeurs de Bonnes Nouvelles fournissent un large éventail d’enseignements bibliques gratuits. Nous offrons diverses brochures, d’anciens numéros de nos diverses publications et plus encore. Ces outils sont tous offerts gratuitement sur notre site Web.
Comme l’a dit un jour un chancelier universitaire à de nouveaux étudiants : « Vous faites votre entrée dans une véritable mine d’or de précieuses connaissances ; il n’en tient qu’à vous de l’exploiter. » Nous espérons que vous vous joindrez à nous pour découvrir les précieuses vérités éternelles de la Parole de Dieu !