Les parents uniques peuvent réussir. Voici comment
Vous qui lisez ces lignes, vous êtes nombreux, à éduquer seul (e) votre enfant. Et si vous n'êtes pas de ce nombre, les parents célibataires sont si nombreux qu'il y a de fortes chances pour qu'un membre de votre famille, ou un ami, corresponde à cette description.
En 2001, la Fondation Roi Baudoin estimait que le nombre des familles monoparentales en Belgique se situait entre 12% et 14% des familles ayant des enfants. Les trois quarts étaient alors dirigées par les mères.
Un cinquième de tous les enfants canadiens et sud-africains vivent avec un seul parent. La France, l'Angleterre, l'Allemagne et l'Australie suivent de près. A la Jamaïque, à Ste Luce et à Haïti, plus de 4 foyers sur 10 ne compte qu'un parent. Au Danemark et en Norvège, c'est près de la moitié.
Il est fort probable que bon nombre de nos lecteurs n'aient pas choisi d'être parents uniques. Le présent article n'a pas pour objet de critiquer leur situation. Certains ont perdu leur conjoint, d'autres ont eu leurs enfants sans être mariés, d'autres sont divorcés ou séparés. Ce qui nous intéresse ici, c'est de savoir quoi faire dans de telles circonstances.
Commençons par définir ce que nous entendons par « parent unique ». Si vous vous acquittez seul(e) de la responsabilité quotidienne de l'éducation de votre (ou de vos) enfant, sans l'aide d'un partenaire, vous êtes un parent unique.
Une personne mariée peut aussi être parent unique partiel si son conjoint est handicapé(e) ou incapable (si, par exemple, il ou elle se drogue). C'est aussi le cas quand l'autre parent est accaparé par son travail et absent pendant longtemps.
La fréquence des divorces joue pour beaucoup dans l'acceptation des foyers à parents uniques dans notre culture. Une enquête choquante a conclu que la plupart des enfants nés ces dernières années auront plus de partenaires dans leur vie qu'ils n'auront d'enfants.
Si vous êtes parent unique, pouvez-vous malgré tout vous en sortir ? Vos enfants peuvent-ils réussir, ou sontils condamnés à une existence malheureuse ?
Songez à ce que cela signifie pour nos enfants et petits-enfants. Cela annonce bien des souffrances pour eux (et pour nous). Puisqu'il y a de fortes chances pour qu'ils aient au moins un enfant, cela signifie qu'ils seront, et éduqueront, de futurs parents uniques.
En majorité des mères
La plupart des foyers monoparentaux sont dirigés par la mère, et cela, pour plusieurs raisons. Sans doute est-ce surtout dû au fait que, dans l'esprit des gens, la mère se consacre davantage aux enfants.
S'adressant au sous-comité sur le personnel, à la Chambre des Représentants, en 1992, Ronald Henry, un avocat de Washington évoqua les « sables mouvants » de la culture américaine. Il fit remarquer que la plupart du temps, dans l'histoire du pays, les tribunaux confiaient la garde des enfants aux pères, passant pour jouer un rôle clef dans l'éducation des enfants, se chargeant des frais et les préparant à la vie adulte.
Par contre, après la IIe Guerre mondiale, les juges pour enfants adoptèrent le point de vue que la mère est la première à prendre soin des enfants dans leur plus tendre enfance et, de ce fait, on se mit à lui confier la garde des petits.
Depuis les années 70, les tribunaux effectuent un léger retour en arrière, plus équilibré, étant depuis lors davantage disposés à confier la garde des enfants aux pères comme aux mères.
En réalité, même si cela se produit aujourd'hui plus fréquemment, les pères sont moins nombreux à avoir la garde exclusive de leurs enfants. Quoiqu'il en soit, l'approche agressive selon laquelle pour les juges, il y a toujours un gagnant et un perdant, ne résout pas la situation des enfants, qui ont besoin de leurs deux parents.
On a de plus en plus tendance à confier, à tour de rôle, la garde des enfants aux deux parents. On espère ainsi « résoudre le problème ».
On établit souvent une distinction entre la mère, qui s'occupe soigneusement de l'enfant, et le père qui, après sa contribution pour donner l'étincelle de la vie, est chargé de fournir un soutien financier à l'enfant. On croit donc de plus en plus que le rôle du père peut être rempli à distance aussi bien qu'au foyer.
L'Occident en mal de paternité
« L'Amérique devient une société sans pères », a écrit David Blankenhorn, président fondateur de l'Institute for American Values, dans l'introduction de son livre Fatherless America (1995). « Il y a une génération, un enfant américain pouvait grandir avec son père au foyer. A présent, il peut s'attendre à grandir sans père ».
Les statistiques de 2003, issues par le Bureau de Recensement américain, indique que pratiquement un enfant sur quatre (de moins de 18 ans) ne vit qu'avec sa mère.
« Jadis, quand un père mourait, c'était un drame pour l'enfant et notre société affirmait l'importance de la paternité en consolant et en aidant sa famille. Maintenant, quand un père s'en va, notre société minimise l'importance de la paternité en acceptant son départ avec une impartialité raisonnée, comme faisant partie d'un événement auquel il faut savoir s'habituer ».
Cela sous-entend qu'un foyer monoparental passe pour ordinaire. Or, vos enfants, vos émotions et vos finances indiquent que c'est loin d'être le cas (les foyers à parent unique dirigés par la mère sont, d'après les statistiques, des foyers à faibles revenus).
Une affaire de colère
Les parents uniques, du fait de la situation dans laquelle ils se trouvent, sont nombreux à porter le lourd fardeau de la culpabilité. Sans doute ceux qui cherchent à suivre le Christ le ressentent-ils encore davantage.
Même lorsqu'il s'avère qu'ils ont peu ou pas contribué au démantèlement de leur famille, leur sens des responsabilités les pousse à se sentir coupables. Ils attachent beaucoup d'importance au mariage « jusqu'à ce que la mort nous sépare », pas seulement par loyauté pour leur partenaire, mais surtout envers Dieu. Ces personnes dévouées veulent avant tout Lui plaire, et l'échec de leur mariage leur donne l'impression de ne pas avoir été à la hauteur.
Les parents uniques doivent aussi parfois affronter l'amertume, issue d'une colère refoulée. Ils sont irrités contre l'autre, qui les a forcé à élever seul (e) les enfants. Ils s'irritent parfois d'avoir été rejetés comme femme ou comme mari. Il n'est guère facile d'appliquer le premier conseil pour maîtriser la colère « Si vous vous mettez en colère, ne péchez point ; que le soleil ne se couche point sur votre colère » (Éphésiens 4:26). Et pourtant, nous devons traiter notre colère de manière à ce qu'elle ne produise « aucune racine d'amertume » (Hébreux 12:15), ce qui risquerait de nous détruire spirituellement et de nuire sérieusement à nos enfants.
Lorsqu'un parent, même involontairement, nourrit du ressentiment pour l'autre, l'enfant se met à éprouver la même chose. Ce ressentiment se révèle par le ton de la voix, par un regard particulier, et même dans des silences gênés. Il est nettement préférable de renoncer à la colère, avec l'aide de Dieu.
Le fait de comprendre la raison de votre colère peut aider. Le divorce est porteur de chagrin. Quand l'autre s'en va, c'est une perte, on a souvent le sentiment qu'il ou elle a trahi notre confiance, et la colère fait souvent partie de ce processus.
Le mariage est une alliance qui devrait durer toute une vie. Quand on accepte de se marier, c'est un engagement. En substance, cela signifie : « Je te connais bien, je te confie mes pensées intimes, mes espoirs, mes rêves et mon avenir. Je te confie le soin de devenir le père [ou la mère] de mes enfants. Je suis toujours heureux (se) d'être avec toi ».
Par contre, en disant : « Je veux le divorce », c'est une déclaration d'annulation, une révocation des déclarations ci-dessus. Quand on a toutes ses facultés, on est loin de se dire que le mariage est uniquement pour faire un essai, pendant un an, comme quand on loue une auto au lieu d'en acheter une. Le mariage est un « achat du coeur ». Quand deux êtres qui ont formé « une seule chair » se séparent à nouveau, il est inévitable que l'épreuve déchire au moins l'un des deux coeurs impliqués.
Quant à la foi …
Le choc éprouvé quand on devient soudain parent unique peut en outre ébranler la foi du croyant qui se demande parfois pourquoi Dieu a permis que tel soit son sort et celui de son enfant. Dieu n'est pas responsable de la situation ! S'il faut être deux pour se marier, un seul partenaire suffit à briser une union.
Comme le précise Genèse 2:24, Dieu bénit abondamment ceux qui s'engagent dans un mariage selon Ses termes : « C'est pourquoi l'homme quittera son père et sa mère, et s'attachera à sa femme, et ils deviendront une seule chair ».
Le plan divin en matière d'éducation des enfants mise sur le plein engagement conjugal des parents biologiques. Deux parents dévoués s'entraident, se soutiennent, se perfectionnent et s'équilibrent mutuellement et, de temps à autre, laissent l'autre se reposer. Mais Dieu n'oblige pas les gens à prendre un engagement qu'ils décident d'annuler ensuite.
Le croyant sait pertinemment que la Bible dit vrai : « Il n'est pas bon que l'homme soit seul » (Genèse 2:18). Il sait que Dieu l'a prévu pour tous les êtres humains, au niveau émotionnel, mental et spirituel.
En revanche, si vous êtes parent unique, pouvez-vous malgré tout vous en sortir ? Vos enfants peuvent-ils réussir, ou sont-ils condamnés à une existence malheureuse ?
Les enfants sont assez malléables. Vous pouvez donc être rassuré ; vous pouvez réussir. Ils pourront avoir un mariage heureux et réussir dans la vie. Nous ne saurions sousestimer la tâche qui vous attend, mais nous pouvons vous aider à comprendre ce qui va participer à la réussite.
Au niveau académique, vos enfants peuvent réussir aussi bien que les autres élèves, sinon mieux. Tout dépend de vous, en tant que parent ; du fait que vous soyez ou ne soyez pas éduqué et capable ; que vous disposiez ou non de revenus suffisants ; et que vous soyez, ou non, en mesure de leur fournir un environnement positif.
Labeur et soutien
Que se passe-t-il dans l'esprit et dans le coeur d'un enfant quand ses parents se séparent ? Il traverse les étapes typiques du chagrin : dénégation, colère, marchandage, dépression et, éventuellement, acceptation. La perte ou l'absence de l'un des parents, équivaut, dans une certaine mesure, au décès d'un être cher, et l'enfant réagit en fonction d'une telle séparation.
Son chagrin peut se traduire par la stupéfaction, la tristesse, une certaine honte, et le sentiment d'être abandonné. Il peut aussi prendre la forme de douleurs physiques n'ayant aucun rapport avec une maladie ou une blessure physique quelconque. Les devoirs scolaires peuvent en pâtir, et il n'est pas rare que les enfants fassent preuve d'agressivité à l'égard de leurs copains. Cela ne veut pas dire que vous pouvez excuser tout comportement inapproprié. Avec fermeté et parce que vous les aimez, il importe pour vos jeunes que vous fixiez des limites qu'ils doivent respecter en faisant preuve de maîtrise de soi.
Sans doute se sentiront-ils coupables, pensant que la séparation de leurs parents est la conséquence de quelque chose qu'ils ont fait, ou négligé de faire.
Il est possible de sécuriser les enfants en faisant en sorte qu'ils sachent où vous êtes et comment vous contacter, en étant ponctuel quand vous devez les retrouver, et en faisant en sorte qu'ils puissent compter sur vous. Ne faites pas de promesses que vous ne pourriez tenir.
Structurez la vie de vos jeunes en leur fixant une routine et en établissant pour eux un emploi du temps. Avec toutes les pressions dont vous faites l'objet en tant que parent unique, une routine est essentielle pour que vous soyez moins assailli(e). Prévoyez aussi de passer, chaque jour, du temps avec vos enfants. Certes, maintenir la maison propre est important, mais le contact avec eux l'est plus encore. Efforcez-vous d'être conséquent avec la discipline et dans vos interactions.
Insistez sur la lecture. Lisez-leur des livres quand ils sont jeunes, et faites-les lire également. Cela leur donnera un net avantage émotionnellement et au niveau académique.
Comprenez aussi que vos enfants ont besoin d'avoir des contacts avec leur autre parent. Facilitez ces derniers autant que possible ; n'y faites pas obstacle en critiquant l'autre ou en exprimant votre irritation à son encontre. Cela rendrait les enfants confus car ils aiment votre ancien conjoint, même si vous ne l'aimez plus comme avant.
Résistez à la tendance, souvent subconsciente, de rejeter votre enfant quand il vous rappelle ce dernier.
Rendez les visites, avec leur autre parent, agréables. Peut-être votre plus jeune veut emporter avec lui un jouet favori, une peluche ou un livre. Ne sautez pas sur ces occasions pour provoquer une confrontation ou pour ressasser vos désaccords. Résolvez les conflits qu'il pourrait y avoir avec les horaires des visites. N'empêchez jamais les visites sans une raison légale valable.
S'il est impossible que l'enfant voit son père, faites en sorte qu'il puisse passer du temps avec un homme stable, responsable et bienveillant comme un oncle, un grandpère ou un ami en qui vous avez une entière confiance. Soyez extrêmement prudente dans le choix, notamment, d'un ami (Ne manquez pas de lire, dans la présente édition, l'article intitulé « Le crépuscule de la paternité » à la p.3 )
Impliquez vos enfants lorsqu'il s'agit de prendre des décisions touchant leur univers, mais résistez à la tentation de les traiter en égaux comme s'ils étaient vos copains ou vos camarades. Il importe que, pour eux, vous soyez un parent. Les parents célibataires tombent souvent dans ce piège, du fait de leur solitude.
La plupart des jeunes parents d'aujourd'hui ont grandi en entendant dire qu'il n'est pas bon de fixer des limites fermes et claires ; ils sont donc peu enclins à le faire. Les fruits de cette philosophie n'ont guère été positifs. De nombreux enquêteurs sociaux, de même que la Bible, déclarent qu'il est dangereux de ne pas fixer de limites motivées par l'amour. Ces parents finissent toujours par récolter les résultats désastreux d'une telle philosophie quand leurs enfants deviennent frustrés, exigeants et indisciplinés.
Le parent unique se rendra peut-être seulement compte du mal causé quand, à un moment donné, il devra insister sur son autorité parentale – comme quand l'enfant est en danger – et découvrira qu'aux yeux de sa progéniture, il n'a aucune autorité. Traitez toujours votre enfant avec amour et respect, certes, mais non comme un copain ; vous êtes parent !
Maintenez-vous bien, et fiez-vous à Dieu
S'il importe que vous vous occupiez de vos enfants, il importe aussi que vous preniez soin de vous-même. Veillez sur votre santé physique, émotionnelle et spirituelle. Maintenez des rapports sains avec d'autres adultes. La cohabitation, par exemple, n'est pas saine ; elle met, entre autres, votre enfant en danger.
Fréquentez des personnes dont la compagnie vous donne le moral. Faites souvent de l'exercice et surveillez votre régime ; cela vous aidera à être en forme pour vous acquitter de vos responsabilités parentales. Ne vous livrez pas à des habitudes destructives comme la boulimie, l'alcoolisme ou la toxicomanie.
L'éducation des enfants comporte trop de facettes pour que vous remplissiez le rôle du père et de la mère. C'est impossible. Vous avez au moins le pouvoir d'être un bon parent. Vous pouvez prendre soin de votre enfant et lui apporter les structures et la discipline dont il a besoin.
D'après Hal Runkel, thérapeute conjugal et familial, les parents se méprennent en s'égarant dans le modèle stéréotypique dans lequel l'un apporte les soins tandis que l'autre s'occupe de la discipline « Gare à toi, quand ton père sera rentré ! ». Il conseille à tous les parents de faire ce que les parents célibataires doivent faire : Occupezvous en tous temps de vos enfants, et disciplinez-les quand c'est nécessaire (What We Can All Learn From Single Parents, à http://singleparents.about.com).
On peut bien éduquer ses enfants même si l'on est parent célibataire. Les défis sont de taille, mais Dieu est prêt à vous aider à les relever. Souvenez-vous de Sa promesse : « Je ne te délaisserai point, et je ne t'abandonnerai point » (Hébreux 13:5).
Si d'autres êtres humains nous déçoivent, Dieu, Lui, ne revient jamais sur Ses promesses.
Nous pouvons compter sur Lui, mais nous devons faire notre part. Il faut qu'Il puisse compter sur nous. Nous bénéficions de Son aide du fait de nos rapports avec Lui, si nous sommes impliqués et faisons notre part.
Veuillez noter le sage conseil du roi David à son fils Salomon : « Connais le Dieu de ton père, et sers-le d'un coeur dévoué et d'une âme bien disposée, car l'Éternel sonde tous les coeurs et pénètre tous les desseins et toutes les pensées. Si tu le cherches, il se laissera trouver par toi ; mais si tu l'abandonnes, il te rejettera pour toujours » (1 Chroniques 28:9).
Dieu a promis qu'Il nous entendra toujours, qu'Il nous exaucera et nous aidera, si nous Lui demeurons fidèles.