Perspectives géographiques de la Russie

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Perspectives géographiques de la Russie

La Russie n’a pas vraiment de sens pour l’Occident. En 1939, Le Premier ministre anglais à l’époque de la guerre, Winston Churchill, prononça ses célèbres paroles : « La Russie est un rébus enveloppé de mystère au sein d’une énigme. »

Mais considérant la puissance contenue dans les mains de cette nation, nous devrions chercher à comprendre un peu mieux ce que les Russes appellent laRodina ou la Mère Patrie.

La Russie est immense, elle couvre 11 fuseaux horaires et s’étire ainsi sur la moitié de la surface du globe. C’est une terre riche, non seulement par son agriculture, mais par ses minéraux, par ses énormes réserves de pétrole et de gaz en Sibérie. La décou- verte du pétrole sibérien alimenta l’économie russe, mais avec l’effondrement récent des prix du pétrole, la valeur de la devise russe, le rouble, s’est effondré.

En dépit de son immense territoire, la Russie a un accès très limi- té aux mers ouvertes et aux voies naturelles sur le reste du monde. Cela joua un rôle essentiel dans la formation de la mentalité russe. Dans son livre « Pierre le Grand, sa vie et son monde », l’auteur Robert Massie décrit le 17e siècle en Russie ainsi : « Comme un géant enfermé dans une grotte avec seulement un trou d’épingle de lumière et d’air, l’énorme territoire de l’empire moscovite ne possédait qu’un seul port : Arkhangelsk sur la mer Blanche. Ce port unique, loin du centre de la Russie, est à seulement 210 km au sud du cercle polaire arctique. Il est pris dans la glace pendant six mois de l’année. »

Pierre le Grand mena une guerre contre les Suédois pour gagner une autre ouverture sur le monde — conquérir leurs terres maréca- geuses avec accès à la mer Baltique et y fonder Saint-Pétersbourg en 1703. Cependant, même aujourd’hui, les navires venant de Saint-Pétersbourg doivent naviguer près des côtes de la Finlande, de l’Estonie et de la Pologne, puis sous un pont qui relie le Dane- mark à la Suède, longer les côtes de la Norvège et du Royaume- Uni pour atteindre l’océan

Dans le sud, les Turcs ottomans contrôlèrent pendant longtemps la mer Noire. Lorsque les Russes en obtinrent finalement l’accès, leurs navires devaient encore naviguer à travers le détroit étréci du Bosphore, sous deux ponts turcs, puis à travers les Dardanelles, longer la Méditerranée avant de traverser le détroit de Gibraltar pour atteindre les mers ouvertes.

Certains des plus grands fleuves de la Russie s’écoulent à l’infi- ni. La Volga se jette dans une mer fermée, la mer Caspienne. Les grands fleuves sibériens coulent vers le nord dans l’Arctique gelé. C’est une géographie très difficile qui contribua à la frustration et à l’agressivité des dirigeants russes qui avaient des ambitions de grandeur sur la scène mondiale. (La géographie des États-Unis et de la Grande-Bretagne, en revanche, est très différente, avec des rivières abondantes, des ports en eau chaude, des installations por- tuaires ayant le plein contrôle des passages névralgiques.)

Ces lacunes géographiques contribuèrent à façonner le psy- chisme national russe et favorisa une vision xénophobe — une crainte, une aversion, une peur extrême ou irrationnelle envers les populations d’autres pays.