Qu’est-ce qui nourrit l’amour conjugal ?
Gary Smalley, Ph. D., est un auteur et un orateur de renommée nationale pour ce qui touche les relations familiales et matrimoniales. Il a écrit ou coécrit plus de 60 ouvrages, dont les best-sellers primés Marriage for a Lifetime, Secrets to Lasting Love, The Blessing, The Two Sides of Love et The Language of Love. Il anime une émission de radio diffusée à l’échelle nationale et a produit plusieurs films et vidéos sur le mariage et les relations humaines, vendus à plus de huit millions d’exemplaires. Au cours de ses 30 années d’enseignement et en tant que conseiller, il a interrogé des milliers de personnes sur les facteurs qui contribuent à consolider ou à envenimer les relations humaines. Il est marié à sa femme Norma depuis 48 ans.
Bonnes Nouvelles : J’aimerais connaître brièvement votre expérience en tant que conseiller matrimonial. Pourriez-vous donner à nos lecteurs un aperçu de vos antécédents ? Je sais que vous avez écrit plusieurs livres. Vous avez également participé à plusieurs émissions télévisées bien connues et je me rappelle aussi vous avoir vu dans des info-publicités.
Gary Smalley : Je travaille dans ce domaine depuis plus de 40 ans. J’ai entrepris cette carrière parce que je viens d’une famille assez dysfonctionnelle. Au début, j’ai fréquenté un séminaire et je travaillais pour une église dans laquelle il y avait de nombreux couples qui étaient désorientés, tout comme moi, d’ailleurs. J’essayais de les aider et puis je rentrais à la maison et j’avais moi-même des problèmes matrimoniaux. Mon passé – dans ma propre famille, j’étais le dernier de six enfants — était très dysfonctionnel. Mon père était colérique et criait à tue-tête, tandis que ma mère était une femme aimable et sensible qui communiquait très peu avec lui.
Mon père ne m’a jamais dit qu’il m’aimait et je ne me rappelle pas qu’il m’ait pris dans ses bras non plus. Je ne me souviens pas l’avoir vu étreindre ma mère, mes frères et soeurs, de sorte que j’ai grandi en pensant que toutes les familles vivaient ainsi. Alors, une fois marié, j’ai reproduit tous les comportements que j’avais observés chez mes parents.
La plupart des mariages échouent au bout de cinq ans, de sorte qu’après cinq ans de mariage, ma femme et moi étions aussi insensibles l’un envers l’autre qu’il est possible de l’être. Je retournais tous les jours travailler à l’église, j’essayais de venir à l’aide de plusieurs couples, mais je me suis rendu compte que je ne pouvais aider personne, parce que je ne pouvais pas m’aider moi-même. En fait, j’encourageais les gens à divorcer parce que leur union semblait vouée à l’échec.
« Je leur ai demandé ce qui renforçait leur mariage, ce qui les décourageait au sujet de leur mari et ce qui détruisait leur union. Et j’ai appris un tas de choses. »
BN : Alors, qu’est-ce qui a changé ? GS : Ma formation. J’ai reçu la meilleure formation de ma vie lorsque j’ai commencé à interviewer des gens. J’ai assisté à de nombreux séminaires et ateliers, j’ai lu une foule de livres et c’est ainsi que je me suis renseigné sur le mariage et la famille. En réalité, j’ai interviewé plus de 60 000 femmes au cours des 20 premières années de ma carrière.
J’ai tout de suite commencé par interviewer ma femme qui me disait qu’après cinq ans de mariage, elle ne m’aimait plus. Notre union était dépourvue de sens, tant pour elle que pour moi. J’ai donc entrepris d’interviewer des femmes partout où j’allais.
Bien entendu, dans cette église, j’ai interviewé le plus de personnes possible, y compris toutes les femmes. Je leur ai demandé ce qui renforçait leur mariage, ce qui les décourageait au sujet de leur mari et ce qui détruisait leur union. Et j’ai appris un tas de choses. Lorsque je me mis à voyager un peu partout dans le monde, et à interviewer des personnes dans chaque pays que je visitais, je veux dire des femmes, j’ai alors découvert des choses fantastiques. Mais ce que j’ai découvert de plus extraordinaire, c’est le fait que toutes les femmes, quelle que soit leur origine, disent essentiellement la même chose.
Par curiosité, je me suis mis à interviewer des femmes célibataires, depuis l’âge adulte jusqu’à des fillettes à l’école élémentaire. J’allais dans les classes et je demandais aux enseignants si je pouvais interviewer leurs étudiantes ou leurs élèves. Je trouvais fascinant de constater que même les filles âgées d’une dizaine d’années savaient en quoi consiste une bonne relation. Je leur demandais quels éléments étaient requis pour entretenir de bonnes relations et elles me répondaient toujours qu’une très bonne communication est essentielle.
Je leur demandais ce qui constitue une bonne communication et elles me l’expliquaient. Puis, j’ai commencé à faire de la recherche sur ce sujet et à découvrir une foule de choses intéressantes. C’est ainsi que ma carrière a débuté.
Ensuite, chaque semaine j’enseignais à environ 450 étudiants de l’Université Baylor.Je leur enseignais les 10 facteurs qui aident un mari à aimer sa femme et les 10 autres qui aident une femme à aimer son mari. J’alternais ces deux concepts. Ces étudiants m’ont vraiment aidé à réunir cette information essentielle que j’utilise depuis lors dans ma vie.
BN : J’ai deux questions à vous poser et vous avez déjà abordé le sujet. En fin de compte, qu’est-ce qui nourrit une relation matrimoniale plus que toute autre chose ? Et qu’est-ce qui la mine ?
GS : Il y a deux principaux facteurs qui nourrissent l’amour conjugal et d’autres éléments qui viennent s’y rattacher. Il y en a d’autres, mais ces deux-là constituent les assises d’une excellente relation matrimoniale.
Tout d’abord, traitez votre partenaire et vos enfants avec le plus grand respect. Cela signifie qu’ils constituent des membres très précieux de votre famille. Ils en valent la peine. Vous devez les respecter sur une échelle de 0 (moins) à 10 (plus), et vous devez chercher à vous rapprocher le plus possible de 10.
Assurez-vous d’avoir des pensées positives à leur égard tous les jours, au point de les noter quotidiennement dans un journal intime, afin de pouvoir les revoir de temps à autre. Cela a un effet très bénéfique, car ce qu’une personne valorise ou chérit, c’est là où son coeur et son affection se trouvent également.
BN : Et bien entendu, ce concept est tiré directement des Saintes Écritures, de la Bible.
GS : Oui, tout à fait. Je ne l’avais pas vraiment compris au tout début, mais je dénigrais vraiment ma femme, en paroles et en pensées. J’avais des pensées négatives à son sujet et j’étais assez négatif moi-même. En la traitant avec mépris, j’étais en train de détruire mon mariage en utilisant quelquesuns des moyens les plus destructeurs qui soient pour une relation conjugale (j’en parlerai quand je répondrai à votre question sur les pires choses que l’on peut faire dans le cadre d’une relation matrimoniale).
En fait, il faut faire exactement le contraire : Ne nourrissez pas, jour après jour, la colère que vous éprouvez contre votre conjoint ou conjointe, comme Éphésiens 4:26 nous le dit si bien : Si vous êtes en colère avec votre partenaire, ne laissez pas le soleil se coucher sur cette colère. Et j’ai tout un éventail de techniques pour y parvenir.
Donc, les deux principaux facteurs qui contribuent à resserrer les liens conjugaux sont : a) le fait de traiter son partenaire avec respect et d’être sincère; b) le maintien du plus faible niveau de colère possible tous les jours, ce qui signifie pardonner ou avoir une attitude indulgente. Voilà les assises d’un mariage heureux.
BN : Au cours des dernières années, le taux de divorce aux États-Unis a atteint le deuxième rang en importance dans le monde, soit 54,8 %. À votre avis, pourquoi le taux total de divorce a-t-il atteint de telles proportions ? Je suis persuadé que vous allez nous reparler des facteurs qui minent la relation conjugale.
GS : MM. John Gottman, Ph. D., de l’Université de Washington, et Scott Stanley, Ph. D., de l’Université de Denver, sont deux chercheurs d’une grande renommée qui se sont penchés sur la question du mariage et qui ont tous deux découvert les quatre principales raisons pour lesquelles les couples divorcent, lesquelles sont liées au fait qu’ils ne savent pas comment concilier leurs divergences d’opinions et leurs différends.
« Traitez votre partenaire et vos enfants avec le plus grand respect. Cela signifie qu’ils constituent des membres très précieux de votre famille. Ils en valent la peine. »
Tous les couples ont des différends, ce qui est très sain. Mais si l’on communique de la façon dont ces chercheurs nous l’enseignent, cela élimine les quatre facteurs de divorce qu’ils ont identifiés et qui détruisent un mariage.
Le premier est l’intensification du différend. Disons que vous êtes en train de discuter des faits d’une dispute ou d’un conflit, ou de quelque chose du genre. Par exemple, votre femme vous dit qu’elle veut que sa cuisine soit jaune et vous lui répondez ceci : « Ça me rappelle ma mère et je déteste le jaune. Il faut la peindre orange ou n’importe quelle autre couleur, mais pas jaune. » Votre femme adore sa mère, dont la cuisine était jaune, et elle adore les cuisines jaunes.
Voilà la base d’une assez bonne dispute. Et il y a des milliers de problèmes de ce genre qui surgissent où les partenaires attendent leur tour pour intensifier leur désaccord sur la couleur de leur cuisine.
J’aborde ce sujet dans mon livre intitulé The DNA of Relationships.
Le premier chapitre traite des craintes fondamentales ou des points sensibles d’un couple. Nous éprouvons tous une ou plusieurs des 27 craintes qui ont été identifiées. Mes deux fils ont fait une recherche à cet égard. Par exemple, on peut commencer à se disputer au sujet de la couleur de la cuisine et cette dispute peut s’intensifier et devenir une querelle verbale qui n’a plus rien à voir avec la couleur jaune de la cuisine.
Ce que mes fils ont découvert avec leurs autres amis chercheurs est vraiment miraculeux — et c’est le fait que nous ressentons tous, une, deux ou trois craintes fondamentales.
Par exemple, je crains que quelqu’un cherche à diriger ma vie, à me rabaisser ou à se moquer de moi. Ainsi, lorsque ma femme semblait essayer de diriger ma vie, en disant par exemple « nous allons peindre cette pièce en jaune, que tu sois d’accord ou non », ou si elle laissait entendre que je n’y connaissais rien en décoration — lorsqu’elle me dépréciait ou avait l’air d’essayer de décider à ma place — j’explosais, chose que je ne fais plus aujourd’hui parce que je comprends ce qui se passe.
Je me mettais en colère contre elle et notre divergence d’opinions s’exacerbait, ce qui est la cause de 25 % des ruptures conjugales, tout cela en raison de cette crainte fondamentale — et non du refus d’accepter la couleur jaune. Et la plupart des couples ignorent que c’est là la nature de leur problème, et c’est ce qui fait l’objet du chapitre deux de mon livre The DNA of Relationships.
Le deuxième facteur important qui détruit un mariage, c’est le fait de se retirer de la situation en disant : « Je ne te parle plus — tu es tellement agressif ou agressive ;tu me fais penser à ta mère, à ton père, » etc. Alors on se retire, ce qui est une chose horrible à faire. Ce facteur, jumelé au premier problème, nous laisse dans un état de colère, de crainte en réalité. Nous avons peur parce que nous ne voulons pas vivre ainsi le reste de notre vie.
Le troisième facteur, c’est le dénigrement de son partenaire. Si notre partenaire nous dénigre ou se moque de nous, cela produit en nous beaucoup de stress et de colère. Et on craint qu’elle ou il continue de le faire en présence d’autres personnes. Alors on ne se sent plus en sécurité avec cette personne.
Il y a autre chose que l’on devrait faire, c’est créer chez notre partenaire un sentiment de sécurité. Sinon, notre union se détériorera. Si l’on craint que la personne avec qui on vit se moque constamment de nous, il devient impossible de vivre ainsi. On se sent alors blessé et en colère. On ne peut établir un rapport avec cette personne et on ne peut l’aimer. C’est pourquoi on doit apprendre à pardonner.
Le quatrième facteur, c’est le fait d’avoir une opinion négative de notre partenaire. On voit et on entend ce que l’on croit. Plus il y a de colère, plus les défauts que l’on attribue à l’autre s’amplifient et l’on en vient à le voir comme un monstre. Et on veut alors se défaire de cette relation. Puis, on se demande comment on a pu aimer cette personne, et notre colère nous dérobe toute l’affection que l’on avait pour elle, et la personne n’a aucune idée de ce qui se passe.
Lorsque mon fils et ma bru agissent à titre de conseillers dans le cadre d’un cours intensif, ils aident des couples à prendre conscience de cette réalité et les amènent à se pardonner l’un à l’autre. Ils leur enseignent à surmonter leurs craintes fondamentales, ce qui contribue à leur ouvrir les yeux et à leur faire prendre conscience du fait qu’ils se chamaillaient pour des raisons qui n’ont rien à voir avec un problème pouvant être résolu. Ils apprennent les différents éléments présentés dans mon livre The DNA of Relationships.
Ce livre offre six techniques que l’on peut utiliser pour améliorer une relation conjugale en quatre jours. Et c’est ce que ces couples apprennent dans ces cours intensifs sur le mariage. La plupart des cours durent quatre jours.
BN : Ne serait-il pas formidable de voir votre livre inclus dans les lectures obligatoires d’un cours universitaire ?
GS : Oui, en fait, mon fils aîné travaille pour une organisation internationale qui réfléchit sur la façon par laquelle elle pourrait avoir un énorme impact sur nos pays, en enseignant ces notions simples à l’école primaire et secondaire, ainsi qu’à l’université, parce qu’elles sont basées sur la science. C’est un sujet très populaire. Lorsque l’on parle des rendez-vous amoureux à des élèves du secondaire, ils adorent cela. Il en est de même dans les universités, de sorte que si l’on rend le sujet intéressant et qu’on y ajoute une pointe d’humour, on peut y arriver. J’ai produit 18 vidéos très humoristiques il y a 20 ans, mais pas dans le contexte que nous connaissons aujourd’hui. Alors, voilà — ce sont là les quatre facteurs qui détruisent l’amour conjugal et les deux facteurs qui le nourrissent.
BN : Merci de nous avoir accordé cette entrevue. Votre livre intitulé The DNA of Relationships sera sûrement utile à nos lecteurs également.