Une optique réaliste du panorama international
Au Moyen-Âge, un empereur qui n'était pas tellement futé, reçut un jour la visite d'un tailleur. Ce dernier parla à l'empereur d'un tissu miracle qui était le plus cher et de la meilleure qualité possible. Le miracle tenait à ce que seuls les sages pouvaient voir le tissu. Quand le tailleur sortit le rayon de son sac, il n'y avait, évidemment, rien. Mais l'empereur, qui ne voulait pas passer pour un ignorant, feignit son admiration pour ladite fibre et ordonna qu'on lui en fit un habit. Par la suite, le monarque arbora fièrement son nouvel habit lors d'une procession. Tous les sujets de l'empire avaient été mis au courant de ce tissu miracle, et les foules disséminées le long du chemin clamèrent leur approbation - à l'exception d'un jeune garçon. À la vue de l'empereur et de sa cour, il s'exclama : « L'empereur n'est pas vêtu ! ».
Quand l'évidence même fut proclamée, les foules prirent note de la véracité des remarques du garçon, et se mirent à ridiculiser l'empereur.
En cherchant à être politiquement corrects, nous agissons comme ce héros d'un vieux conte d'Andersen. Par leur refus de passer pour insensés, la majorité des gens feignent l'acquiescement ; rares sont ceux qui réfléchissent et osent mettre en doute l'opinion courante. Comme l'a dit l'apôtre Paul en parlant d'une certaine époque, ceux qui se vantent d'être sages « sont devenus fous » (Romains 1:22). C'est précisément ce qu'il advint dudit empereur. Pour les autres, parmi nous, le fait d'être politiquement corrects risque d'être dangereux pour ne pas dire fatal.
Un continuum historique
Les attaques terroristes du 11 septembre 2001 représentaient la pire action terroriste isolée perpétrée contre un pays, mais elles font partie d'un continuum. L'ancien Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu décrivit à propos l'objectif des forces du fondamentalisme islamique, le qualifiant de « guerre conçue pour inverser le triomphe de l'Occident ».
Et c'est là que se situe le paradoxe. Bien que les cultures et les systèmes économiques occidentaux se fraient un chemin dans les régions les plus reculées du monde, l'influence et la puissance de l'occident connaissent aussi un déclin depuis la Deuxième Guerre mondiale.
Les puissances dominantes occidentales des deux derniers siècles ont été le Royaume Uni et les États- Unis. En 1945, après leur triomphe des puissances de l'Axe, il semblait que ces deux pays allaient demeurer les puissances principales à jamais. Toutefois, peu après la fin de la Guerre, les Britanniques se mirent à démanteler leur empire qui, avait pratiquement disparu en l'espace de deux décennies.
D'autres empires touchaient aussi à leur fin ; les nations européennes confiant la domination politique de leurs anciennes colonies à des nouveaux dirigeants indigènes, dont bon nombre ne tardèrent pas à devenir des tyrans et des despotes. Dans certains cas, on eut recours au terrorisme contre les colonisateurs occidentaux pour les obliger à se retirer. La France, elle aussi, a connu ses propres déboires.
Ma femme et moi avons vécu la guerre terroriste de la Rhodésie, qui se solda par la défaite de ce pays et la naissance du Zimbabwe. Ceux qui pensaient selon la ligne du politiquement correct vit en ces changements un progrès, alors qu'en réalité il s'agissait d'une autre étape dans la guerre prévue pour inverser le triomphe de l'Occident.
Progrès et décadence
Les dernières décennies relèvent du paradoxe. Si l'Occident a, depuis 1945, essuyé une retraite politique et militaire évidente, la culture occidentale s'est répandue à mesure que le commerce international s'est développé et que les communications modernes ont étendu son influence à toutes les régions du globe.
Avec le climat de changement politique de l'après Guerre, on a souvent cru que cette période de décolonisation était un progrès. Le politiquement correct ridiculisa l'Empire et applaudit les nations indépendantes qui le remplacèrent.
Par contre, ce genre de raisonnement a obscurci une réalité significative liée aux événements du 11 septembre 2001. Il est un fait que, pendant près de 200 ans, les Britanniques et à un moindre degrès les Français ont contrôlé plusieurs des tensions majeures qui ont dominé dernièrement l'actualité.
Indous et musulmans vivaient dans une paix relative dans le continent indien à l'époque du gouvernement britannique en Inde. À présent, l'Inde indoue et le Pakistan musulman sont ennemis, ils détiennent tous les deux des armes nucléaires et pourraient s'entredétruire.
Parallèlement, le mandat britannique palestinien, entre les deux guerres, s'efforça de contrôler les tensions entre Arabes et Juifs après l'écroulement de l'Empire ottoman. Lorsque les Britanniques se retirèrent, la région fut immédiatement plongée dans l'un de nombreux conflits de l'après Guerre.
Le même modèle s'est répété dans d'autres points chauds comme au Sri Lanka et dans de vastes régions du Moyen-Orient et de l'Afrique.
Les vents sauvages de l'anarchie
L'historien américain John Truslow Adams écrivit, en 1940, un passage prophétique dans son livre intitulé The British Empire (1784-1939). Alors que l'Empire britannique et le Commonwealth étaient déjà en guerre contre l'Allemagne nazie, à une heure où l'Amérique conservait sa neutralité, il avertit ses lecteurs que « le renversement possible de l'Empire britannique serait une catastrophe quasiment impensable. Non seulement il laisserait un vide sur un quart du globe dans lequel les vents sauvages de l'anarchie, du despotisme et de l'oppression spirituelle s'empresseraient de s'engager, mais il détruirait le rempart le plus solide en dehors de nousmêmes, pour notre propre sécurité et notre liberté » (p 358).
Adams prédit exactement ce qu'il allait advenir non seulement de l'Angleterre mais aussi, plus tard, des États-Unis alors qu'ils abandonnaient leurs colonies. En effet, peu après, « les vents sauvages de l'anarchie » s'empressèrent de combler le vide.
Jésus, en guise de réponse à la question de ses disciples « Quand cela arrivera-t-il, et quel sera le signe de ton avènement et de la fin du monde ? » (Matthieu 24:3), avait prophétisé une fréquence accrue des guerres entre divers groupes ethniques : « une nation s'élèvera contre une nation » (Matthieu 24:7).
Le mot grec traduit ici par nation est ethnos - l'équivalent actuel de nos groupes ethniques. Les conflits ethniques ont toujours existé mais, de par le passé, d'importants empires multinationaux les avaient largement contenus. La fin de ces empires, au XXe siècle, quadrupla le nombre des pays et la prolifération des conflits ethniques.
Le chaos accru des 50 dernières années a grandement résulté de l'écroulement d'empires qui avaient dominé le globe jusque là. À mesure que l'occident se retira, les tensions ethniques et religieuses firent surface.
Au Rwanda, en 1994, des Hutus ont massacrés près d’un million de Tutsis. Dans l'ancienne Yougoslavie, les Bosniaques, les Serbes, les Croates, les Albanais et les Macédoniens ont mené plusieurs conflits successifs depuis le démantèlement de celleci en 1991.
En Espagne, il y a longtemps que les séparatistes basques mènent une campagne de terreur pour essayer d'obtenir leur indépendance. En Iraq, on a vu les forces iraqiennes utiliser des gaz de combat contre les Kurdes. Dans l'ancienne Union soviétique, les Tchétchènes ont combattu les Russes. Parmi ces conflits aucun n'était entre plusieurs pays. Il s'agissait de groupes ethniques luttant entre eux, comme Jésus l'a prophétisé.
Une guerre sainte
Ben Laden a qualifié le conflit actuel de « guerre entre l'islam et tout ce qui est le séculier ». Toutefois, il s'agit, en fait du prolongement d'un conflit qui dure depuis quatorze siècles et qui oppose l'islam au christianisme.
L'Occident, en se sécularisant, est devenu de plus en plus tolérant des autres religions. Des changements dans l'immigration ont encouragé la migration de millions de personnes, des pays musulmans aux démocraties libérales occidentales.
Ce qui est significatif, c'est qu'aucune des cinquante six nations de la Conférence Islamique n'autorise des occidentaux à immigrer chez elle tant qu'ils ne commencent pas par épouser un musulman converti dudit pays. Dans bien des pays musulmans, le prosélytisme chrétien est illégal, et ceux qui s'y livrent risquent d'être expulsés ou emprisonnés.
Aux yeux de beaucoup de chefs musulmans, le christianisme et le séculier occidental sont incompatibles avec les valeurs islamiques. Se pourrait-il que l'Occident ait commis l'erreur de croire qu'ils ne l'étaient pas ? Au nom du politiquement correct, on prétend que tous les peuples peuvent vivre ensemble dans le creuset américain. Et si c'était faux ?
L'éditorialiste américain Cal Thomas a demandé à l'évêque épiscopal soudanais Bullen Dolli ce qu'il pensait de l'islam contemporain. « “C'est une religion militante” m'a-t-il répondu, et il ridiculise ceux qui lui servent de témoins ». Il a ajouté : « L'évêque Dolli se trouvait à Washington récemment. Il s'est efforcé d'avertir le Congrès, des dangers que pose l'islam, notamment dans sa forme militante, à quiconque veut bien l'écouter. »
Le Soudan est à l'avant-garde dans le conflit actuel entre l'islam et le christianisme. Idem pour le Nigeria, les Balkans, le Tchétchénie, l'Indonésie et les Philippines. La petite minorité chrétienne au Pakistan a été attaquée ; il n’y a pas si longtemps des tireurs ont ouvert le feu sur un office religieux, tuant seize personnes.
Fait alarmant : l'ancien chef des services secrets pakistanais Hamid Gul a averti que si des chefs musulmans crédibles déclaraient la jihad - ou guerre sainte - contre les États-Unis, « les jeunes musulmans iraient se battre. Les Américains serviront de torches à un feu qui brûlera du Maroc à Mindanao… » -- en d'autres termes, du nord-ouest de l'Afrique aux Philippines (Julian Manyon, « Blood and Fundamentalism » The Spectator, 22 septembre, 2002).
La démographie présage des troubles
Nous devrions aussi nous rappeler que la plupart des pays islamiques connaissent une explosion démographique, leurs populations comptant 60% ou plus, de moins de 25 ans. En dehors des états prospères du Golfe Persique, « cela signifie qu'il existe une grande réserve de jeunes hommes sans carrières réelles, dont la vie n'a de sens que dans les rêves, la violence et la religion » (Bruce Anderson, « Damping Down the Haystack », The Spectator, 22 septembre, 2002).
Dans un éditorial du New York Times Magazine, en septembre, intitulé « This IS a Religious War », l'éditorialiste Andrew Sullivan a lancé l'avertissement suivant : « Le 11 septembre [2001], c'est la foi et le pluralisme individuels qui étaient visés, et ce n'était que le début d'un conflit herculéen ».
Daniel 11:40-44 nous prévient qu'un conflit éclatera peu avant le retour du Christ, entre le roi du midi, ou du sud (apparemment un calife islamique) et le roi du septentrion, ou du nord (le dirigeant d'une confédération de plusieurs puissances européennes). Il s'agit d'une lutte historique qui dure depuis plus de 2000 ans.
Un facteur clef dans la situation actuelle est le changement intervenu dans la démographie. L'apparition de l'islam en tant que force mondiale est essentiellement due à un taux élevé de croissance démographique.
« En fin de compte… Mahomet l'emporte », déclarait un auteur. « Le christianisme se répand essentiellement par des conversions ; l'islam, par des conversions et par la reproduction. Le pourcentage de chrétiens de par le monde a atteint son maximum de 30% dans les années 80, s'est stabilisé, diminue à présent, et représentera probablement 25% de la population mondiale en 2025.
« Du fait de cette croissance démographique énorme, la proportion de musulmans dans le monde va continuer à augmenter dramatiquement, étant de 20% de la population mondiale en début de siècle, dépassant le nombre de chrétiens quelques années plus tard, et représentant probablement 30% de la population mondiale en 2025 » (Samuel Huntington, The Clash of Civilizations and the Remaking of World Order, 1996, p 65). Des statistiques démographiques récentes confirment ses prédictions.
Un autre type d'islam
Rares sont les non musulmans ayant remarqué un changement qui a affecté une grande partie de l'islam ces dernières années. Beaucoup de mosquées sont maintenant « sous le contrôle d'imams wahhabistes qui prêchent l'extrémism » (Stephen Schwartz, « Ground Zero and the Saudi Connection », The Spectator, 22 septembre, 2002).
Cette tendance en a notamment affecté un grand nombre parmi la jeune génération musulmane - génération parmi laquelle ont été recrutés les terroristes du 11 septembre. « Ces wahhabistes … accusent leurs propres pères d'hérésie, de péché et d'incrédulité. Et les jeunes enfants des immigrants … ne sont exposés qu'à cette version tendancieuse de l'islam et on les incite à croire que c'est la seule valable» (ibid.).
Le même article, expliquant le wahhabisme, déclare qu'il s'agit d'une « autre veine d'islam qui a surgi… il y a moins de deux siècles. Il est violent, intolérant, et fanatique au-delà de toute mesure. Il est originaire d'Arabie, et c'est la théologie officielle des États du Golfe Persique. Le wahhabisme est la forme la plus extrême du fondamentalisme islamique, et ses adeptes sont appelés wahhabistes. Les musulmans ne sont pas tous des poseurs de bombes suicides, mais tous les poseurs de bombes suicides sont des wahhabistes ».
Cette secte a été fondée par Ibn Abdul Wahhab (1703-1792). « Dès le début… son culte fut apparenté aux meurtres en masses de tous ceux qui s'y opposaient. Par exemple, les wahhabistes attaquèrent la ville de Qarbala en 1801 et massacrèrent 2000 citoyens ordinaires dans les rues et les marchés.
« Ben Laden est un wahhabiste, et il en va de même pour tous les poseurs de bombes suicides en Israël, ainsi que ses alliés égyptiens qui exultèrent lorsqu'ils poignardèrent les touristes étrangers à Louxor, il y a quelques années…De ce nombre sont également les terroristes algériens dont la contribution à la purification du monde consistait à tuer des individus pour des péchés comme celui de faire fonctionner un projecteur de films ou de lire des journaux séculiers; Ainsi que les guerriers style taliban du Cachemire qui assassinent les indous ».
Les wahhabistes sont motivés par une conviction analogue à celle des communistes, qui menaçaient l'Occident pendant la Guerre Froide : « la croyance que l'occident était, ou est, décadent et condamné » (ibid.).
Ces descriptions ne s'appliquent pas à tous les musulmans. Pas plus qu'il ne faut juger tous les musulmans par les actions de quelques fanatiques extrémistes. Néanmoins, nous ne devons pas laisser le politiquement correct nous aveugler contre les dangers potentiels.
La part du libéralisme
Le raisonnement libéral a contribué à la crise de l'Occident. Non seulement l'après guerre ; des politiques supposées progressives en matière de décolonisation ; la religion et l'immigration ont joué un rôle en ce domaine, mais les lois libérales occidentales remontant à la révolution sexuelle des années soixante ont joué pour beaucoup.
L'idée que « l'occident était ou est, décadent et condamné » est un facteur significatif. En dépit des différences religieuses, il fut un temps où le reste du monde avait une haute opinion de l'Occident.
« La justice élève une nation » lisons-nous dans Proverbes 14:34, « mais le péché est la honte des peuples ». Le restant du monde se forge son opinion de l'Occident en regardant sa télévision, ses films, et en écoutant sa musique, qui sont saturés de violence et de sexe.
La société permissive et libérale occidentale a été prise pour une société de progrès par les forces du politiquement correct. Forts de ces libertés sans cesse accrues, les taux de promiscuité et de perversions sexuelles, la pornographie, les maladies sexuellement transmissibles, les divorces et les foyers brisés ont atteint des niveaux catastrophiques. C'est une société corrompue.
Le respect que le restant du monde pourrait avoir pour l'Occident ne provient pas de sa puissance militaire. La situation ne s'améliorera que si l'Occident se purifie moralement et si ses citoyens deviennent un peuple plus pieux.
Dieu a promis dans Sa Parole : « Si tu obéis à l'Éternel, ton Dieu, en observant et en mettant en pratique tous ces commandements que je te prescris aujourd'hui, l'Éternel, ton Dieu, te donneras la supériorité sur toutes les nations de la terre » (Deutéronome 28).