Ne t’arrête pas, continue à jouer

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Ne t’arrête pas, continue à jouer

On raconte l’histoire d’une mère qui, souhaitant encourager les progrès de son jeune fils au piano, l’emmena à un concert du célèbre pianiste polonais Jan Paderewski. Ils arrivèrent tôt et s’installèrent près de l’avant de la salle de concert. La mère, voyant des amis à proximité, alla leur parler, laissant son fils seul dans son siège. Au bout d’un moment, le garçon s’impatienta et partit explorer la salle de concert.

Peu de temps après, les lumières de la salle s’éteignirent et le public se tourna vers la scène dans une attente enthousiaste. La mère retourna à son siège, mais découvrit que son fils avait disparu et, à ce moment précis, les rideaux s’écartèrent. Les projecteurs se braquèrent sur la scène, mettant en valeur le magnifique piano Steinway, et à sa grande horreur, elle vit son fils assis au clavier. Il commença à jouer « Brille, brille, petit étoile » d’une manière plutôt élémentaire, avec deux doigts.

Le public raille et siffle le garçon pour qu’il quitte la scène, mais il continue à pianoter. Avant que sa mère ne puisse faire un geste, le grand maître du piano apparut de derrière le rideau et se dirigea d’un pas vif vers le clavier. La foule se tu, s’attendant à une sévère réprimande. Au lieu de cela, il se pencha sur la petite taille de l’enfant et on l’entendit murmurer : « Ne t’arrête pas, continue à jouer », tandis qu’il tend sa main gauche et commence à jouer une partie de basse. Il entoura ensuite le garçon de son bras droit et ajouta un obbligato. Ensemble, le grand maître et le jeune novice envoûtèrent le public avec leur musique.

Aussi élémentaire que nous puissions nous sentir parfois dans notre quête spirituelle, cette anecdote est un rappel poignant des bras de notre Grand Maître qui entourent chacun d’entre nous. Il n’appelle pas ceux qui sont déjà équipés, mais Il équipe ceux qui sont appelés ; Il ajoute ce qui est nécessaire et complète afin de transformer ceux qu’Il appelle les siens en un véritable chef-d’œuvre. L’Écriture peint des images très descriptives de la manière dont Il s’engage personnellement, travaillant activement dans la vie des individus qui lui ont consacré leur vie, pour les aider à développer et à atteindre cet objectif louable.

Avec le recul, j’ai identifié des chapitres de ma vie au cours desquels il me manquait cette perspective. De mon propre fait, je me suis privé de la bénédiction de reconnaître Sa présence à mes côtés alors qu’Il travaillait dans ma vie. Si seulement j’avais utilisé un télescope spirituel et concentré mon regard sur le Grand Maître lorsque des difficultés persistantes embrouillaient mon point d’observation. Au lieu de cela, j’ai souvent regardé vers le bas à travers la lentille d’un microscope physique, me tourmentant pour des nuances et des incertitudes sur lesquelles je n’avais aucun contrôle. Cela ne faisait qu’engendrer de l’anxiété et une perspective floue et trouble. En y réfléchissant, j’ai mis en évidence des principes de réorientation et j’espère qu’ils vous aideront à retrouver l’équilibre et la clarté lorsque vous vous sentez enlisé dans le bourbier que constituent souvent les difficultés substantielles.

Trouvez votre force en Dieu

Suivre Dieu ne se fait jamais « par hasard ». Il faut une intention délibérée d’être un disciple et de renoncer à notre volonté, de prendre notre croix et de Le suivre quel qu’en soit le prix. Soyons réalistes. Il peut y avoir des moments dans notre vie de disciple où la douleur émotionnelle ou physique nous consume avec un tel chagrin que nous avons l’impression que nos entrailles se déchirent, notre cœur se brise en mille morceaux. Ou comme Job l’a vécu : la solitude, les blessures et la déception s’approfondissent lorsqu’on a l’impression que les encouragements humains se dissipent. Pour certains, la douleur du passé peut persister dans le présent, ou parfois nos propres pensées peuvent nous retenir captifs. La vérité, c’est que notre ennemi a un grand pouvoir, mais il faut le considérer comme ce qu’il est en fin de compte : un ennemi vaincu. Alors pourquoi écoutons-nous les pensées qu’il nous met dans la tête ? Notre Grand Maître n’est pas seulement grand, mais Il est le plus grand, et il est essentiel de trouver en Lui force et encouragement, quel que soit l’obstacle qui se dresse devant nous.

Nous ne pouvons pas toujours contrôler ce qui nous arrive, mais nous pouvons être assurés que Dieu ne met pas au hasard des épreuves dans notre vie juste pour nous faire peur, et que notre vie n’est pas non plus un simple exercice d’anxiété futile. Il ne joue pas avec notre foi et ne la soumet pas à des expériences. Lorsque nous aimons Dieu et que Son Esprit habite en nous, Il travaille à nous préparer pour Son Royaume à venir. Tout ce que nous vivons a pour but de nous transformer afin que nous parvenions à la ressemblance de Jésus-Christ et rien n’est perdu. La foi nous dit que, où que nous allions, Il est déjà là. Nous trouvons donc la force et l’espoir en voyant ce qui est invisible. Au fur et à mesure que Son plan pour nous se déploie, nous pouvons avoir confiance qu’Il a le contrôle et qu’Il ne nous abandonnera jamais.

Prenez le temps de voir l’invisible. Dressez une liste des diverses façons dont Dieu a agi dans votre vie et prenez le temps de Le remercier. Lisez 2 Samuel 22 et le Psaume 18 et identifiez la relation profondément personnelle qu’Il entretient avec chacun d’entre nous. De ces passages, nous pouvons tirer cette espérance :

  • Quand je suis inquiet, Il est mon rocher.
  • Quand je suis sans défense, Il est ma forteresse.
  • Quand je suis dans la détresse, Il est mon libérateur.
  • Quand je suis fatigué, Il est ma force.
  • Lorsque je suis encerclé par le mal, Il est mon bouclier.
  • Lorsque je suis vulnérable, Il est mon refuge.
  • Lorsque je suis désespéré, Il est mon soutien.
  • Quand je suis perdu, Il est ma lampe.

Esaïe l’exprime ainsi : « Ne le sais-tu pas ? ne l’as-tu pas appris ? C’est le Dieu d’éternité, l’Éternel, qui a créé les extrémités de la terre ; Il ne se fatigue point, il ne se lasse point ; On ne peut sonder son intelligence. Il donne de la force à celui qui est fatigué, et il augmente la vigueur de celui qui tombe en défaillance. Les adolescents se fatiguent et se lassent, et les jeunes hommes chancellent ; Mais ceux qui se confient en l’Éternel renouvellent leur force.
Ils prennent leur vol comme les aigles ; Ils courent, et ne se lassent point, ils marchent, et ne se fatiguent point. » (Ésaïe 40:28-31)

Réflexion personnelle : Ai-je déjà été déçu par quelqu’un qui ne m’a pas soutenu autant que je l’aurais souhaité ou comme j’en avais besoin ? Si tel est le cas, est-ce que je me suis posé la question de savoir si Dieu ne voulait pas que je trouve ma force en Lui plutôt que de m’appuyer autant sur les autres ? Serais-je prêt à pardonner à la personne ou aux personnes qui, selon moi, m’ont déçu et à réfléchir à ce que Dieu attend vraiment de moi ?

Comprendre la perspective des priorités de Dieu

Des épreuves importantes peuvent nous laisser avec des questions importantes. Avant que tous ces problèmes n’envahissent notre vie, nous étions peut-être satisfaits de notre compréhension de la souveraineté de Dieu et de la manière par laquelle Il choisit de travailler avec nous. Cependant, lorsque les questions ne sont plus théoriques mais bien réelles, le réconfort ne se trouve pas dans les platitudes religieuses. Nous voulons des réponses lorsque nous essayons de donner un sens à nos difficultés et à nos incertitudes. Parfois, il n’y a pas de réponses faciles et s’interroger sur la présence de Dieu lorsque nous nous sentons abandonnés est une réaction très humaine qui montre à quel point nous avons désespérément besoin de Sa miséricorde et de Sa grâce.

Souvent, les raisons éternelles de notre souffrance sont masquées et la vérité ne peut être découverte que lorsque Son Esprit illumine notre compréhension et nous montre que Son plus grand désir est que nous grandissions à la ressemblance de Son Fils. Dieu a un plan unique pour chacun d’entre nous. Les épreuves font partie de la vie mais pour nous en tant qu’enfant de Dieu, elles font partie de notre préparation. Ce n’est que lorsque cette compréhension fera partie de ce que nous apprenons dans les épreuves, que nous trouverons la paix qui transcende et nous libère de la colère, de la déception ou de l’amertume envers Dieu.

Dans Matthieu 6:8-10, Jésus nous montre comment prier : « Ne leur ressemblez pas ; car votre Père sait de quoi vous avez besoin, avant que vous le lui demandiez.  Voici donc comment vous devez prier : Notre Père qui es aux cieux ! Que ton nom soit sanctifié ; que ton règne vienne ; que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel. »

Ici, on nous dit que le Père sait déjà exactement ce dont nous avons besoin avant même que nous le Lui demandions. La prière ne se limite donc pas à répondre à nos besoins, car s’Il les connaît déjà, pourquoi devrions-nous les Lui demander ? La prière commence par la reconnaissance que Dieu est pour nous un Père et que nous comme Ses enfants. Nous devons ensuite honorer qui Il est et ce qu’Il a fait, anticiper et accueillir le Royaume de Dieu sur Terre, désirer le jour où Il régnera et nous conformer et nous aligner sur Sa volonté dans l’accomplissement de ces choses. Pourquoi ? Parce que prier de cette manière nous place dans un état d’esprit qui transcende le physique.

Réflexion personnelle : En priant de cette manière, je change ma façon de penser. Cela m’aide à reconnaître les priorités de Dieu, à garder les yeux fixés sur l’objectif supérieur et à modifier mon point de vue pour qu’il s’aligne davantage sur le Sien.

L’irritation est un professeur

Prenons l’exemple de la seule pierre précieuse produite par le stress et l’irritation d’une intrusion indésirable : la perle lustrée. Lorsqu’un intrus s’introduit dans la maison d’une huître sensible et douce, sa réaction défensive consiste à sécréter un mélange de minéraux, créant ainsi la nacre, une substance qui enveloppe l’irritant et maintient l’huître en sécurité et à l’aise. Les chercheurs ont découvert que la nacre possède des qualités de résilience et de résistance extraordinaires. Elle est plus légère et plus résistante que le béton et aussi durable que le silicone. Couche après couche, la nacre se cimente jusqu’à ce que, lentement, au fil du temps, un joyau d’une grande beauté soit conçu grâce au stress de la blessure et à l’irritation, sans lesquels il n’y aurait pas de perle.

« Si nous aimons Dieu et sommes appelés selon Son dessein, tout ce que nous vivons, bon ou mauvais, contribue à nous transformer à la ressemblance de Jésus-Christ. Lorsque vous êtes un enfant de Dieu, rien n’est perdu, même les événements et les expériences douloureuses font partie d’un grand dessein » (Greg Thomas).

La méthode de Dieu pour la croissance spirituelle consiste à permettre à des irritants de s’immiscer dans notre vie. Il peut s’agir de l’agitation du monde, de blessures et de déceptions, de difficultés relationnelles, d’anxiété, de maladies ou de douleurs chroniques et souvent de nos propres imperfections. La façon dont nous réagissons à ces stimuli détermine si nos luttes nous rapprochent de Dieu et si nous développons une maturité spirituelle. La foi nous dit que Dieu est en train de faire quelque chose dans nos vies, et cette perspective est cruciale pour éviter le ressentiment et pour devenir des disciples ayant une maturité d’esprit et de caractère. Romains 5:3-4 et Jacques 1:2-4 nous donnent tous deux la même formule : lorsque nous répondons aux épreuves en ayant la foi, nous développons notre capacité d’endurer et d’avoir une certaine résilience.

La foi ne signifie pas que nous serons épargnés par les épreuves, mais que nous reconnaissons qu’elles servent un but spirituel et non physique. Honnêtement, il y a eu des moments où j’ai eu du mal à maintenir ce point de vue. Un exercice que j’ai trouvé utile consiste à me dire à haute voix : « Le plan de Dieu pour moi se déroule comme prévu ». Si jamais vous perdez cette perspective, lisez Jacques 1:5 qui nous dit que si, dans la foi, nous demandons à Dieu la sagesse, elle nous sera donnée. Demandez-lui d’accorder la sagesse et la perspective personnelle nécessaires pour aller de l’avant.

« Imaginez un instant que vous soyez une maison vivante et que Dieu ait l’intention de rebâtir cette maison. Au début, peut-être comprenez-vous ce qu’il est en train de faire.  Vous savez que les réparations sont indispensables  et vous n’êtes pas surpris de le voir remettre les gouttières en état ou colmater les fuites du toit. Mais il en vient bientôt à taper partout dans la maison et ça fait très mal et ça n’a pas de sens à vos yeux. "Que fait-il donc ?" pensez-vous. La réponse est qu’il érige  une demeure entièrement différente de ce que vous auriez cru, ajoutant une aile ici, surélevant un étage-là, élevant des tourelles, créant des cours. Vous pensiez qu’il allait  vous transformer en un petit pavillon coquet, mais Dieu est en train de faire de vous un palais pour venir lui-même l’habiter."  (C.S. Lewis, « Les fondements du Christianisme » p. 207).

Réflexion personnelle : Il y aura des chagrins d’amour, des frustrations, des regrets, des obstacles physiques et émotionnels qui peuvent réussir à saper notre détermination – mais une réponse désespérée à la souffrance peut devenir un obstacle à notre foi. Vais-je raconter mon histoire du point de vue d’une victime ou d’un héros, du point de vue du désespoir ou de l’espoir et de la survie. Est-ce que je ne vois que la perspective de la blessure et de la peur ou celle du courage, celle du ressentiment émotionnel ou bien celle du pardon, d’un état d’esprit penché sur ce qui est physique ou d’un état d’esprit penché sur ce qui est spirituel ?

L’acceptation et la soumission face à ce que Dieu choisi de ne pas ôter de notre chemin

Pendant des millénaires, un aspect difficile de la lutte humaine a été d’essayer de concilier la connaissance d’un Dieu aimant qui a la capacité d’éliminer les souffrances, les injustices et les atrocités, mais qui choisit de ne pas le faire. Comment pouvons-nous croire qu’Il partage nos peines, qu’Il se soucie de nous et qu’Il nous aime lorsqu’Il entend nos cris et nous permet toutefois d’endurer de telles épreuves ?

Dans ce contexte, Hébreux 5:7-8 a été un passage utile à méditer pour moi personnellement. Nous avons ici un aperçu de la lutte très personnelle que Jésus-Christ a vécue, en tant qu’être humain, alors qu’Il anticipait les souffrances intenses et l’exécution horrible qui l’attendaient. À trois reprises, Il a prié et adressé des requêtes, avec des cris d’angoisse et des larmes de sang coulant sur Son visage, à Celui qui pouvait le délivrer des événements qui allaient bientôt se dérouler. Il a supplié Dieu d’enlever ce qui allait arriver, et peut-être de trouver un autre moyen qui ne soit pas si terrible à anticiper. Il a lutté face à cela dans une terrible angoisse émotionnelle et mentale (Luc 22:42 et Matthieu 26:38). Mais ensuite, il a démontré son acceptation dans la foi, et sa soumission respectueuse au plan parfait lorsque Dieu n’a pas ôté cette épreuve de devant lui.

Il nous est dit qu’Il a tout enduré « en échange de la joie qui lui était réservée » (Hébreux 12:2), ce qui signifie qu’Il a gardé les yeux fixés sur l’objectif supérieur. Son épreuve était temporaire, mais Sa récompense était éternelle et le qualifiait de manière unique pour être notre avocat. Il est désormais notre avocat et Sa mort prouve que notre douleur, notre souffrance et nos larmes ne sont jamais ignorées. Il comprend ce que c’est que d’agoniser et de lutter contre les défis qui se présentent à nous. Il comprend l’aiguillon de l’injustice et la profondeur de la douleur que le travail émotionnel et physique peut engendrer. Il comprend quand il semble que notre souffrance humaine a atteint son paroxysme, et Il comprend quand nous luttons face au plan de Dieu pour notre vie – même quand nous cherchons à nous y soumettre. Méditer sur ce point est un baume pour mon âme lorsque je suis au milieu de quelque chose de très difficile.

Luc 22:43 nous dit qu’au milieu de la prière du Christ, un ange du ciel est apparu et L’a fortifié pour qu’Il puisse supporter ce qui devait encore arriver. Je suis rassuré de savoir que lorsque nous déposons nos espoirs, nos craintes et nos angoisses devant le trône de Dieu, il nous écoute. Nos requêtes ne Lui passent pas à côté des oreilles et Il nous donnera la force dont nous avons besoin pour supporter ce qui nous attend. 2 Samuel 22:7 : « Dans ma détresse, j’ai invoqué l’Éternel, j’ai invoqué mon Dieu ; de son palais, il a entendu ma voix, et mon cri est parvenu à ses oreilles. »

Réflexion personnelle : La crucifixion du Christ est à la fois le pire et le meilleur des événements historiques. Le tombeau vide a tout changé. Son épreuve la plus dure est devenue l’histoire d’amour la plus étonnante de tous les temps. Il nous a aimés suffisamment pour mourir pour nous, sachant que ce qui attendait l’humanité de l’autre côté de cette épreuve était une bonne raison pour endurer. Aujourd’hui, nous avons nous aussi une raison d’endurer, sachant ce qui nous attend. Il n’effacera peut-être pas nos détresses, mais Il sait qu’il faut s’occuper de notre douleur. Il est en communion avec nous dans nos souffrances avec l’espoir qu’elles nous transforment en un peuple saint dépendant de Lui, sachant qui nous sommes et à Qui nous appartenons.

Mes amis, souvenez-vous de l’histoire du grand maître et du jeune garçon et dites-vous : « N’abandonne pas, continue à jouer ». Ce que nous faisons dans cette vie se répercute dans toute l’éternité. Gardons les yeux fixés sur l’objectif supérieur et gardons notre foi en Dieu tout au long du chemin, sachant que notre Grand Maître est toujours avec nous.