Commentaire biblique
Nombres 10-11
Les deux trompettes d’argent
Il ne faut pas confondre les deux trompettes d’argent (en hébreu chatsotserah) avec la trompette plus traditionnelle (en hébreu shofar), une corne d’animal dont on soufflait également lors de la fête des Trompettes. Les deux trompettes d’argent étaient utilisées pour signaler à l’ensemble du campement. Nous pouvons imaginer que leur utilisation était similaire à celle des clairons de l’armée moderne qui sonnent le rassemblement ou la charge. Le son devait porter à des kilomètres au-dessus de la tête des Israélites. Le nouveau mois et les jours de fêtes étaient marqués, diverses assemblées pouvaient être convoquées, des alarmes sonnaient pour avancer, ou même pour partir en guerre, selon le signal donné, un peu comme le système encore utilisé sur les navires de guerre aujourd’hui. Une trompette sonnée (hébreu teru’ah) une sonnerie prolongée, appela les chefs d’Israël auprès de Moïse (verset 4).
Eléazar et Ithamar, fils d’Aaron, devaient sonner les deux trompettes d’argent comme une ordonnance pour toujours (verset 8). Bien sûr, il n’y a pas de sacerdoce lévitique qui fonctionne aujourd’hui pour exécuter cette ordonnance. Ces trompettes étaient un type ou une image des trompettes célestes qui sonneront au retour du Christ (1 Thessaloniciens 4:13-17). À l’époque de Salomon (dont le royaume paisible représentait le royaume de Dieu à venir), les Lévites ont créé un chœur et un orchestre magnifiques avec un nombre étonnant de 120 sacrificateurs jouant des trompettes ! (2 Chroniques 5:12).
Sépulcre de la convoitise
Dans la deuxième partie du chapitre 10, Israël quitte le mont Sinaï en grande pompe, un mois et demi seulement après avoir installé le tabernacle. Se préparant à partir, Moïse demande à son beau-frère Hobab de les accompagner. Hobab refuse parce qu’il veut retourner dans son pays natal et auprès de son peuple. Mais Moïse persiste, et il semble que Hobab ait continué avec les Israélites (voir Juges 1:16).
Le peuple se mettait en route pour la terre promise avec de grands espoirs et de grandes attentes. Il est intéressant de comparer cet épisode avec le départ des Israélites après leur grande délivrance d’Égypte à la mer Rouge. À seulement trois jours de voyage dans le désert à partir de ce point, le peuple s’est mis à murmurer contre Dieu à cause du manque d’eau (Exode 15:22-24). Et ici aussi, ce n’est que trois jours après avoir quitté le mont Sinaï (Nombres 10:33) que le peuple se met à nouveau à se plaindre (11:1-3).
Une fois de plus, nous voyons à quel point il est mauvais d’être ingrat. Après tout ce que Dieu a fait pour eux, ils se plaignent. Pour leur montrer à quel point il est mécontent, Dieu frappe les abords du camp avec du feu, peut-être des éclairs, afin de donner une leçon à ceux qui ne sont pas reconnaissants. Cette leçon s’adresse également à nous aujourd’hui, car Dieu n’a pas changé Sa façon de voir l’ingratitude et la rébellion. Mais malgré l’avertissement, l’ingratitude s’est accrue, au point que les gens ont pleuré pour ce qu’ils n’avaient pas (montrant ainsi qu’ils ne tenaient pas compte de la mesure dans laquelle Dieu les avait incroyablement bénis). Étonnamment, ils ont même dit qu’ils voulaient retourner en Égypte, où ils avaient été fouettés et battus en tant qu’esclaves !
Les gémissements et les pleurs inutiles et insensés font des ravages chez Moïse. Non seulement il est impuissant à faire face à la situation lui-même, mais le peuple le tient personnellement responsable de la situation difficile dans laquelle il se trouve. Moïse ne peut plus faire face à la situation et implore Dieu. Il n’a pas engendré tous ces gens ; il n’a pas de nourriture pour eux ; pourquoi a-t-il toute la responsabilité ? Pour avoir une idée du fardeau que Moïse pensait porter, considérez la taille de ce campement. Pour que Moïse donne à chaque Israélite un seul hamburger par personne, il aurait fallu 375 tonnes de viande fraîche hachée ! Moïse a demandé qu’on mette fin à ses souffrances.
En fait, Moïse était tellement bouleversé qu’il accusait Dieu d’avoir fait le mal. Nous en voyons une indication au verset 11, où Moïse demande à Dieu : « Pourquoi affliges-tu ton serviteur ? » et dans les premiers mots du verset 15 : « Plutôt que de me traiter ainsi, ... » Cela montre que Moïse considérait Dieu comme responsable de son sort, mais pas que Moïse pensait réellement que Dieu était moralement mauvais à cause de cela. Pourtant, les derniers mots de Moïse au verset 15 – « mon malheur » – sont d’un grand intérêt à cet égard. Il faut traduire littéralement « mon mal » (J.P. Green, The Interlinear Bible). Pourtant, Moïse n’est certainement pas en train de confesser ses propres fautes dans ce passage. Ce qu’il doit plutôt dire, c’est « le mal de ma situation » ou « le mal qui m’est arrivé », ce qui, dans un cas comme dans l’autre, par implication directe, signifie « le mal que Tu [Dieu] me fais. » Pour y voir plus clair, remarquez comment The New English Bible traduit le verset 15 (c’est nous qui traduisons) : « Mais si j’ai gagné ta faveur, que je ne souffre plus de ce trouble entre tes mains. » Et de façon encore plus poignante, remarquez le même verset dans la Good News Bible : « Si tu dois me traiter ainsi, aie pitié de moi et tue-moi, afin que je n’aie plus à supporter ta cruauté ». Moïse accusait donc en réalité Dieu de méchanceté – de cruauté délibérée.
Pourtant, Dieu, qui connaît les cœurs, a été miséricordieux envers Moïse. Rappelez-vous toujours que Dieu a promis qu’Il ne nous imposerait aucun fardeau que nous ne pourrions pas porter (comparez 1 Corinthiens 10:13). Dans Sa bonté, Dieu a répondu à l’appel de Moïse en demandant la nomination de 70 anciens pour aider à porter le fardeau du peuple – des hommes qui seraient aidés par le Saint-Esprit de Dieu.
Néanmoins, Dieu était très mécontent de l’attitude ingrate du peuple qui disait que c’était mieux en Égypte. Considéraient-ils que c’était peu de chose que Dieu leur donne de la manne en suffisance pour tous leurs besoins ? De toute évidence. Et plutôt que de se contenter de cela – ou au moins de prier Dieu de combler les désirs de leurs cœurs – les gens se sont contentés de gémir et de se plaindre de la viande qu’ils n’avaient pas. Moïse avait douté qu’il soit possible de trouver assez de viande pour toute la congrégation. Pour pousser l’analogie un peu plus loin, deux Big Macs par jour, pendant un mois, représenteraient plus de 30 000 tonnes de viande au total ! Nous ne pouvons pas imaginer une telle quantité de viande, et Moïse non plus. Y a-t-il autant de poissons dans la mer ? Pourtant, Dieu était capable d’y pourvoir et Il l’a fait. Mais, irrité par la voracité de ces ingrats rebelles, Dieu frappa le peuple d’un grand fléau qui fit de nombreuses victimes. L’endroit où cela s’est produit, aujourd’hui appelé Kibroth-Hattaava ou « Sépulcre de la convoitise », était un vaste cimetière de gens inutilement voraces et ingrats.