La confiance : base de la vie en société
La confiance est à la base de la vie en société. On ne peut vivre sans elle. Aucune relation humaine ne peut se développer en son absence. C’est le socle sur lequel s’appuient individus et sociétés pour leur développement. Sans elle, il n’est pas possible de s’ouvrir aux autres, de construire un espace de partage ou encore de bâtir des projets communs et d’aller de l’avant. Elle est fondamentale, indispensable à tout relationnel. Sans elle, les interactions au travail deviennent difficiles et l’amitié ou l’amour ne peuvent exister. Rien de grand ne peut se faire sans confiance.
Si elle est fondamentale, la confiance n’en est pas moins dangereuse. Se confier comporte des risques. Risques d’être trahi, trompé, voire abusé. Mais cet impératif n’implique toutefois pas que l’on soit naïf. Donner sa confiance, faire confiance, mettre sa confiance, tout cela ne signifie pas faire n’importe quoi et croire n’importe qui. Le roi David, se référant à sa propre expérience, déclara : « Mieux vaut chercher un refuge en l’Éternel que de se confier en l’homme » (Psaumes 118:8). Est-ce une raison pour autant de ne jamais se fier en quiconque ? Certainement pas. La confiance est absolument nécessaire. En son absence, tout devient difficile. Aujourd’hui nos sociétés s’écroulent, car cette vertu disparaît, l’individualité l’emporte, on se méfie de tout ou de tous. La déraison, la faillite, la guerre et la paranoïa effacent ce terme du langage à tel point que selon certains, nous sommes entrés dans des « sociétés de défiance » (Yann Algan et Pierre Cahuc, La Société de Défiance, Paris, Presses de l’École normale supérieure, 2007).
Confiance et foi
Étymologiquement, le terme « confiance » est formé de deux mots latins, soit « cum » qui signifie « avec » et « fidere » qui se traduit par « se fier, avoir confiance, ou encore se confier». Il s’agit donc de s’en remettre à quelqu’un d’autre, en s’abandonnant à sa bienveillance, de se fier avec foi à quelqu’un ou à quelque chose. « Fidere » s’apparente aux mots « foi » et « fidélité ». Le terme « confiance » comporte ainsi une dimension spirituelle et appartient au langage de la Bible.
La confiance découle de la foi. Elle représente l’un des effets bénéfiques de la foi sur notre être. Pour cette raison, entre autres, il peut sembler difficile de définir ce qu’elle est, car foi et confiance se nourrissent de la parole de Dieu. Cela sous-entend que la confiance n’est pas de l’optimisme, qui consiste à voir le bon côté des choses, à trouver que tout est pour le mieux, sans se soucier et sans en référer à l’Être suprême. Ce n’est pas non plus la « méthode Coué », pas plus qu’une forme de stoïcisme ou d’ataraxie, concepts qui ont leur propre valeur mais ne sont nullement bibliques.
L’importance de la foi dans l’étymologie du mot « confiance » doit nous faire comprendre qu’il ne s’agit pas seulement de mettre en relation de confiance des hommes et des femmes. C’est en fait placer Dieu au cœur des relations humaines. Entretenir de bonnes relations sociales est normal, mais ne peut pas garantir que l’on ne sera pas un jour ou l’autre déçu ou trahi. Salomon, fils de David, comprenait que l’on ne peut se fier qu’à Dieu. Pour l’avoir oublié, trop parmi nous se sont sentis un jour ou l’autre trompés, abandonnés ou trahis. David, un homme agressé plusieurs fois par des proches (Psaumes 41:9), a appris et enseigné qu’il nous faut toujours nous en remettre à Dieu. Nous serons déçus par ceux qui nous entourent, mais jamais par Dieu. Nous nous décevrons même nous-mêmes, mais avec Dieu, il n’y aura aucune désillusion.
La confiance, la véritable confiance, ne peut être donnée qu’à Dieu et ne venir que de Lui. Lorsqu’on s’abandonne en toute sécurité au Tout-Puissant, lorsqu’on met toute notre confiance en Lui, il n’y a point de déconvenue. « Confie-toi en l’Éternel de tout ton cœur, et ne t’appuie pas sur ta sagesse ; reconnais-le dans toutes tes voies, et il aplanira tes sentiers » (Proverbes 3:5-6). La véritable confiance, c’est s’en remettre continuellement en Dieu, c’est faire de Lui notre ami, notre allié et notre partenaire. Dès que l’on place quelqu’un d’autre au-dessus du Très-Haut, on prend le risque d’être déçu. En revanche, lorsqu’on s’abandonne en toute sécurité à Dieu, Maître de l’univers et Créateur de toutes choses, il n’y a aucun risque d’être trahi.
Est-ce à dire que l’on devrait se méfier de tout le monde ? Loin de là ! Bien au contraire, il nous faut travailler et interagir en confiance avec tous ceux et toutes celles qui nous entourent, en nous rappelant continuellement que Dieu est au centre du tableau et que la véritable confiance est d’ordre spirituel. Elle est indissociable de la présence divine en nous par Son Esprit Saint.
Confiance et trahison
Tous les jours, nous interagissons avec autrui. On fait confiance, d’une part par nécessité, et d’autre part, pour que l’on nous reconnaisse et nous accepte.
Il nous faut différencier les termes « confiance » et « fiabilité », « crédibilité », « certitude » ou encore « assurance ». À partir du moment où un professionnel semble maîtriser son métier, il peut être fiable. Un horloger sait réparer une montre, utiliser les bons outils. Un médecin sait répondre à ses patients, leur prescrire les examens et les médicaments appropriés. Mais nombre de spécialistes fort compétents ne deviennent pas pour autant des personnes de confiance. On peut remettre sa montre entre les mains d’un horloger ou sa vie entre celles d’un médecin, sans pour autant se fier totalement à eux. On comptera certes sur ces derniers, mais il ne s’agit pas de la confiance absolue et totale dont on devrait faire preuve face à Dieu.
Dans nos relations interpersonnelles, il nous est possible de développer un climat de confiance les uns envers les autres. Cette dimension ne se mesure pas objectivement. Elle ne se fonde pas sur des standards quantifiables. Elle peut être raisonnée ou pas, intuitive ou calculée. Si elle est réfléchie et intellectualisée, et quel que soit le niveau de raisonnement et de réflexion que l’on y aura consacré, elle comportera nonobstant en elle une part de subjectivité et d’erreur. Le monde moderne, et d’autant plus les réseaux sociaux, ne nous mettent à l’abri de rien.
Dans les faits, confiance et trahison sont intimement liées. On n’est pas trahi par ceux auxquels on ne s’était pas fié, mais par ceux sur lesquels on se reposait. Le Christ fut trahi par un homme qu’Il avait appelé à Son service, Judas. Un autre disciple du Christ, Pierre, renia par trois fois son maître. Celui-ci reconnut son erreur, celui-là, semble-t-il, ne manifesta aucun remords. Trahison et infidélité se manifestent au sein de relations censément basées sur la confiance. Par exemple, un proche trahit son ami, le patriote trahit sa patrie, et ce à cause de la nature humaine. L’être humain a besoin de confiance, mais n’échappe jamais durablement à ses faiblesses.
Se libérer de l’emprise des autres
Se fier en son prochain ne nous préserve donc pas de toute déception. Soyons conscients que s’en remettre à quelqu’un implique une forme de dépendance envers l’être concerné. Notre besoin inné de sociabilité conduit parfois à des abus et l’on peut tomber dans les griffes de prédateurs ayant développé de savantes stratégies pour abuser de nous.
C’est là qu’intervient la différence essentielle entre la confiance bâtie sur Dieu et celle qui se base sur des stratégies toutes humaines.
Aucun être humain n’est totalement fiable. N’est-il pas écrit qu’« il n’y a point de juste, pas même un seul ; nul n’est intelligent, nul ne cherche Dieu » (Romains 3:10-11) ?
Dans nos relations avec autrui, prenons garde de ne pas devenir dépendants de l’autre ; la vérité dans les relations humaines n’est pas garantie, la vérité est le propre de Dieu. Face à Thomas, qui demandait au Christ quel chemin prendre, « Jésus lui dit : Je suis le chemin, la vérité, et la vie. Nul ne vient au Père que par moi» (Jean 14 :6).
Confiance et réseaux sociaux
Dans son ouvrage Les Politiques, chapitre II, Livre I, Aristote soulignait au IVème siècle avant notre ère l’importance de la vie sociale pour l’épanouissement humain par sa citation : « l’homme est un animal social ». Ce besoin inné de sociabiliser a des conséquences qui ne sont pas toutes positives.
Les jeunes adultes admettent parfois que le sentiment de ne pouvoir s’appuyer sur personne, et certainement pas sur les institutions en général, représente une source de stress importante pour leur génération. Ils connaissent l’impact des médias sociaux, où il est devenu très risqué de partager, car la confiance n’existe pas. Sur ce point, ils ont raison. Il en découle pour beaucoup une augmentation de leur anxiété et une érosion de leur assurance face à tous les domaines de la vie. Ceci ne concerne pas que X (anciennement Twitter). Les neuf principales plateformes (Facebook, Instagram, LinkedIn, Pinterest, Reddit, Snapchat, Tiktok, X et YouTube) ont toutes connu ces dernières années une baisse significative du niveau de la confiance qu’on leur témoigne.
Le problème n’est pas tant du côté des réseaux (n’oublions pas qu’au cœur de leur modèle d’affaires se trouve la collecte d’informations dans le but de vendre ces dernières), mais au niveau des utilisateurs qui en ont développé des addictions ou des dépendances. Ces médias sont effectivement conçus pour nous pousser à y passer d’interminables heures, au détriment de notre santé mentale et physique. Trop d’utilisateurs perdent tout contrôle du temps passé ainsi et tombent peu à peu dans l’addiction, se fiant dans ces médias plutôt qu’en Dieu.
Bien que nous connaissions la vraie nature des réseaux sociaux, nous continuons à les utiliser. La raison en est à rechercher dans les informations que ces outils de communication en ligne peuvent nous fournir mais aussi dans des motivations psychosociales. Le besoin de popularité nous conduit parfois à nous y investir énormément, ces médias agissant alors comme des dispositifs de compensation sociale. Certains utilisateurs peu reconnus socialement dans leur vie quotidienne cherchent en contrepartie à maximiser en ligne le nombre d’interactions possibles (like, follow, pouce levé, commentaires, etc.). D’autres se retrouvent enfermés dans un monde virtuel illusoire qui ne répond pas à la réalité et agissent au détriment de leur bien-être. Des chercheurs de l’Institut Méditerranéen des Sciences de l’Information et de la Communication (Université de Toulon) ont établi un lien de causalité entre le développement de troubles anxieux et dépressifs et le temps passé derrière un écran. Prendre conscience du problème est une étape essentielle vers le sevrage et la guérison.
Passer du temps sur les réseaux n’est pas un péché en soi, mais peut s’avérer être un manque de maîtrise de soi entraînant dépendance et désordre. On se fait voler temps, argent, santé, relationnel… et finalement on se prive des bénédictions d’une vie véritable avec Dieu.
Notre salut n’est pas dans les médias sociaux, mais dans la tranquillité et le repos. « Car ainsi a parlé le Seigneur, l’Éternel, le Saint d’Israël : C’est dans la tranquillité et le repos que sera votre salut, c’est dans le calme et la confiance que sera votre force. Mais vous ne l’avez pas voulu ! » (Ésaïe 30:15).
Confiance et espérance
La véritable confiance ne peut se partager qu’avec ceux et celles qui possèdent la même espérance que nous. Nous attendons la résurrection des morts, l’accomplissement des promesses divines, la rédemption de nos corps et de toute la Création, la gloire et la vie éternelles, l’héritage des saints, le retour de Christ, notre transformation à Son image, le salut de Dieu et de Christ Lui-même. Aucun de ces espoirs n’est présent sur les plateformes. Sans espérance, la vie n’aurait pas de sens. Notre assurance repose sur la confiance que nous mettons dans la parole de Dieu. Il s’agit de s’en remettre au Tout-Puissant et de ne pas craindre d’avancer sous Son regard. C’est cela la vraie confiance. L’apôtre Paul trouvait son assurance en Christ. Il ne s’appuyait pas sur lui-même, mais sur Dieu, et sur Dieu seul : « Et nous regardions comme certain notre arrêt de mort, afin de ne pas placer notre confiance en nous-mêmes, mais de la placer en Dieu, qui ressuscite les morts » (2 Corinthiens 1:9).
Avant de pouvoir se confier en quelqu’un, il faut le connaître. Apprenons à connaître Dieu à travers la Bible et créons par le biais de la prière des liens avec le seul Être auquel l’on puisse totalement se fier. N’est-il pas écrit : « Ceux qui connaissent ton nom se confient en toi » (Psaumes 9:11) ? La confiance est trop précieuse pour être dilapidée à tout vent. La véritable confiance, c’est s’en remettre à Dieu, le seul Être digne d’une confiance absolue.
« Prenez confiance, c’est moi, ne craignez point » (Marc 6:50, Bible Crampon), dit Jésus pour apaiser Ses disciples, alors qu’Il montait dans la barque. Cette exhortation de notre Seigneur doit nous encourager à manifester notre foi en Lui avec patience au sein des épreuves et à persévérer dans la prière. « Prenez confiance, c’est moi, ne craignez point » est probablement le message le plus urgent et le plus essentiel de toute la Bible.
Répondons à cet appel du Christ en ayant la même attitude que le psalmiste énonce dans le Psaume 23 : « Cantique de David. L’Éternel est mon berger : je ne manquerai de rien. Il me fait reposer dans de verts pâturages, il me dirige près des eaux paisibles. Il restaure mon âme, il me conduit dans les sentiers de la justice, à cause de son nom. Quand je marche dans la vallée de l'ombre de la mort, je ne crains aucun mal, car tu es avec moi : ta houlette et ton bâton me rassurent. Tu dresses devant moi une table, en face de mes adversaires ; tu oins d’huile ma tête, et ma coupe déborde. Oui, le bonheur et la grâce m’accompagneront tous les jours de ma vie, et j’habiterai dans la maison de l’Éternel jusqu’à la fin de mes jours. »
Ayons cette confiance ! Ayons cette assurance ! Ayons cette conviction ! Ayons cette foi !