La Grande Décision
C’était la saison sacrée à Jérusalem et une multitude de pèlerins de la diaspora juive affluaient dans la ville pour observer la Pâque et la Fête des Pains sans levain. Tard dans la soirée, un petit groupe d’hommes se dirigèrent vers un jardin avoisinant, paisible et isolé situé dans la vallée en contrebas. C’est là, dans la quiétude et sous l’abri des oliveraies du jardin de Gethsémané, au pied du mont des Oliviers, que la Grande Décision allait être prise.
Onze hommes suivaient leur rabbin bien-aimé, qu’ils croyaient être le Messie annoncé par les prophéties qui viendrait rétablir le royaume physique d’Israël dans sa totalité. Plus tôt ce soir-là, ils avaient observé la Pâque différemment, car Jésus leur avait lavé les pieds et leur avait présenté les nouveaux symboles du pain et du vin (Jean 13-17). Ils réfléchissaient encore à Ses paroles comme s’il s’agissait de leur dernière rencontre avec Lui. Pour l’instant, toutefois, leur Maître souhaitait passer plus de temps seul avec Dieu pour envisager les exigences de la suite de Son ministère. C’est dans ce contexte que Jésus allait offrir à Ses disciples à travers les âges une dernière leçon sur ce qu’il fallait pour accepter véritablement Son invitation à Le suivre (Matthieu 4:19 ; Jean 21:22).
Une autre façon de faire ?
En arrivant dans ce lieu tranquille, Jésus demanda à la majorité de Ses disciples de L’attendre alors qu’Il allait prier, mais Il invita Jacques, Jean et Pierre à L’accompagner. Puis, Il « commença à éprouver de la tristesse et des angoisses » (Matthieu 26:37). Il leur dit alors : « Mon âme est triste jusqu’à la mort ; restez ici, et veillez avec moi. » (Verset 38) Ils avaient vu leur Maître afficher diverses émotions dans les moments difficiles, et Il avait toujours réussi à surmonter la situation à laquelle Il devait faire face. Mais cette fois-ci, les choses étaient différentes. Que se passait-il ?
Jésus avança de quelques pas, seul, et se jeta sur Sa face pour prier que, s’il était possible, cette heure s’éloigne de Lui (Marc 14:35). Il disait : « Abba, Père, toutes choses te sont possibles, éloigne de moi cette coupe ! Toutefois, non pas ce que je veux, mais ce que tu veux. » (Verset 36)
Encore une fois, que venait à l’esprit de ce Fils de l’homme, en chair et en os ? Il savait ce qui L’attendait ! Comme d’autres Juifs de Son époque, Il avait vu les horreurs de la crucifixion. Cette pra-tique visait à humilier la personne totalement et à en faire un exemple du traitement qui attendait quiconque s’opposait à Rome. Quoi d’autre venait à l’esprit de ce Fils de Dieu ? Lui seul était en un-ion parfaite avec Son Père alors qu’Il s’occupait de Ses affaires (voir Luc 2:49) ; or, Il envisageait alors que le Souverain divin L’abandonnerait pour permettre à la Création de torturer et d’assassiner son Créateur (voir Jean 1:1-3 ; Colossiens 1:15-17).
Existait-il un autre moyen de satisfaire aux exigences d’un sacrifice de rédemption d’une Création qui s’était écartée du droit chemin ? Après tout, la main du patriarche Abraham avait été immobili-sée à la dernière minute, alors qu’il s’apprêtait à sacrifier Isaac. Plus tôt, Jésus avait adressé la prière suivante à Son Père : « Père, je te rends grâces de ce que tu m’as exaucé. Pour moi, je sais que tu m’exauces toujours […] » (Jean 11:41-42). Il exprima ainsi Sa réalité dans l’instant.
Mesurer la gravité de la situation
L’auteur d’un des évangiles, Luc, nous informe qu’en plus de supplier Dieu instamment, Jésus transpira à tel point que Sa sueur devint comme des grumeaux teintés de Son sang qui tombaient à terre (Luc 22:44). Il s’agit ici d’une maladie rare, mais très réelle, appelée hématidrose et engendrée par un stress extrême, où les petits vaisseaux sanguins se trouvant sous la peau éclatent et provoquent la sécrétion de sang par les glandes sudoripares. Dieu le Père, qui comprit le besoin immédiat de Son Fils, Lui envoya un ange pour Le réconforter (verset 43). En effet, Son Père, notre Père céleste, fut pris de compassion en voyant l’angoisse de Son Fils.
Jésus prit le temps de retourner voir Ses compagnons et les trouva endormis. Il les réprimanda : « Veillez et priez, afin que vous ne tombiez pas dans la tentation ; l’esprit est bien disposé, mais la chair est faible. » (Matthieu 26:41) Et, en tant que Fils de l’homme, Il en était alors pleinement con-scient !
L’homme charpentier suivit la règle de Son métier en mesurant deux fois (ou plus) avant de couper le bois une seule fois (à comparer avec Matthieu 26:42, 44), en présence et sous la direction fort ap-préciée de Son Père céleste. La Grande Décision prise dans ce contexte de faire preuve de foi et d’engagement et de Se sacrifier différait énormément de celle que prit le « premier Adam » (voir 1 Corinthiens 15:45-47) à une autre époque et dans un autre jardin.
Jésus mit en pratique ce qu’Il prêchait lorsqu’Il enseigna à Ses disciples à prier : « Notre Père qui es aux cieux ! Que ton nom soit sanctifié ; que ton règne vienne ; que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel. » (Matthieu 6:9-10) Les genoux tremblants, mais le cœur ferme, Il se résolut à ac-cepter la volonté finale de Dieu et la réalité mentionnée plus tard dans Hébreux 2:10 : « Il convenait, en effet, que celui pour qui et par qui sont toutes choses, et qui voulait conduire à la gloire beaucoup de fils, ait élevé à la perfection par les souffrances le Prince de leur salut. »
Soudain, le bruit de la foule d’hommes déterminés qui approchaient rompit le silence du jardin. L’heure était venue. Dieu avait répondu à la prière de Son Fils. Mais maintenant, le cœur de Celui-ci s’était apaisé. Jésus Se releva et S’avança vers l’avenir au diapason du Psaume 23 : « Quand je marche dans la vallée de l’ombre de la mort, Je ne crains aucun mal, car tu es avec moi […] » (Ver-set 4)
Que pouvons-nous apprendre, nous les êtres vivants, d’un homme qui S’est sacrifié pour nous ? Il convient de noter qu’Il réprimanda Ses disciples plusieurs fois parce qu’ils ne pouvaient même pas rester éveillés pendant une heure. Lorsqu’Il les trouva endormis, ils ne surent pas quoi Lui dire. Ils étaient sans réponse ! Il les avertit de demeurer alertes (Matthieu 26:38 ; Luc 14:34). Jésus savait que cette nuit-là était non seulement Son moment de grande décision personelle, mais qu’un tel mo-ment viendrait plus tard dans la vie de ses disciples – tout comme dans la nôtre également.
Comment répondrons-nous à l’invitation de Jésus ?
Nous ne transporterons sans doute jamais une croix vers le Golgotha. Nous pouvons en être re-connaissants ! Et je dis cela en toute sincérité, car l’Agneau de Dieu sans défaut et sans tache (1 Pierre 1:19) nous a précédés et a fait ce que nous ne pourrions jamais faire. Toutefois, qu’en est-il des difficultés quotidiennes qui nous poussent à suivre la voie de la moindre résistance au lieu d’emprunter « la porte étroite » et « le chemin resserré » qui mènent à la vie et que peu de gens trou-vent ? (Voir Matthieu 7:14)
Examinons quatre étapes, une par une, que nous pouvons suivre pour accepter l’invitation de Jésus à Le suivre.
Rechercher la tranquillité et la solitude. Prenez le temps de vous éloigner des foules et du tourbillon de la vie. Après tout, les Saintes Écritures nous invitent comme suit : « Arrêtez, et sachez que je suis Dieu […] » (Psaumes 46:11). Vous et moi savons très bien que cela peut être la chose la plus difficile à faire pour un être humain en période de difficultés. Mais c’est le point de départ pour parvenir à prendre la Grande Décision. Faites-le !
Demeurer alerte sur le plan spirituel. Il ne suffit pas de connaître le Christ et d’être près de Lui pour devenir comme Lui. Songez à Ses compagnons qui le côtoyaient. Pourtant, Jésus leur avait dit de prier, de veiller et de demeurer alertes. Et nous ? Peut-être que le présent article sonnera l’alarme pour chacun de nous, comme le fait Éphésiens 5:14 : « Réveille-toi, toi qui dors, Relève-toi d’entre les morts, Et Christ t’éclairera. »
Continuer de se tourner vers Dieu. Alors que Jésus était agenouillé au sol, Il se tourna vers Dieu en quête de réconfort. Se tourner vers Dieu plutôt que vers les autres constitue une étape des plus im-portantes pour aller de l’avant en direction du Royaume de Dieu. Comme le psalmiste l’écrivit : « Je lève mes yeux vers les montagnes … D’où me viendra le secours ? Le secours me vient de l’Éternel, Qui a fait les cieux et la terre. » (Psaumes 121:1-2) C’est lorsque les yeux de notre cœur se fixent sur Dieu que nous réussirons à surmonter les difficultés de la vie pour prendre la Grande Décision.
Décider de suivre Jésus. Rappelez-vous que ce n’est pas au milieux des épreuves que nous décou-vrons nos valeurs : nous les emportons avec nous dans la mêlée. Devant les grands défis de la vie qui se présentent à nous, et ils se présenteront, nous disposons d’un intervalle entre le stimulus et la réaction pour affronter la situation. C’est au cours de cet intervalle que nous faisons un choix dont nous sommes seuls responsables, nous trouvant à nouveau confrontés à la Grande Décision. Suivons tous l’exemple du Christ en répondant : « Toutefois, non pas ce que je veux, mais ce que tu veux. »