Vous attendrez-vous ?
J’allais avoir 22 ans dans à peine six jours et ma femme avait 21 ans lorsque nous nous sommes mariés. Fraîchement sorti de l’université, je travaillais, mais j’avais peu d’expérience pour vivre seul au quotidien. Ce que nous savions sur le monde était limité, mais bientôt, cela allait changer.
C’était il y a plus de 40 ans.
Je ne savais pas vraiment qui nous étions. Nous nous connaissions à peine. Oh, nous étions amis depuis trois ans, et au cours de la troisième année, nos fréquentations sont devenues sérieuses, et nous nous sommes fiancés. Toutefois, nous avions passé ces années d’études au sein d’une résidence universitaire, prenant nos repas à la cafétéria, et pratiquement tous les besoins relatifs à la vie quotidienne nous étaient fournis. Ce n’était pas le monde réel dans lequel nous allions bientôt nous retrouver. Aucun de nous ne réalisait à quel point nous allions devoir mûrir. Mais nous étions amoureux et décidés à nous marier.
Avec le recul, je pense que je connaissais mieux ma femme que je ne me connaissais moi-même. Il en était probablement de même pour elle. La clé de notre mariage est que, à mesure que nous avons appris à découvrir notre propre personnalité, l’orientation fondamentale de nos vies ne changea pas — nous formions le même ensemble même si chaque élément avait gagné de l’expérience, de la maturité, et s’était amélioré avec l’âge. Dans notre cas, notre croissance individuelle nous a rapprochés au lieu de nous séparer.
Mais ce n’est pas le cas de toutes les unions. Les mariages d’aujourd’hui sont en danger, surtout ceux de la génération qui ont été élevés en utilisant des appareils électroniques comme leur principal mode de communication.
Dans cette revue, un autre article sur le mariage intitulé « Pourquoi les jeunes chrétiens divorcent-ils ? » m’a amené à réfléchir sur la raison de la longévité de notre mariage alors que d’autres se sont brisés. Tant d’amis, mariés à la même époque, sont maintenant divorcés, certains même plusieurs fois. Je ne connais pas tous les détails, mais il est clair que de simples bonnes intentions ne suffisent pas pour qu’un mariage soit solide.
Je ne souhaite pas minimiser les lois et les principes fondamentaux qui, de façon générale, régissent l’union conjugale. Toutefois, l’expérience m’a appris que, dans toutes les relations, quelque chose de plus est parfois nécessaire pour surmonter les défis. Je voudrais donc partager certaines expériences et leçons tirées d’une vie conjugale.
Les défis de notre première année de mariage
Permettez-moi de revenir à la perspective que nous avions concernant les orientations de la vie quotidienne. Debbie et moi étions chrétiens. Nous avions accepté l’appel de Dieu dans notre jeunesse et nous pensions que, dans la mesure où nous Lui soumettions nos vies, Il nous guiderait. Il s’agissait d’une foi simple qui serait testée et développée dans le creuset de la vie.
Lors de notre première année de mariage, nous avons vécu une expérience déchirante qui fut un test, non seulement pour notre foi, mais pour notre mariage.
J’étais un jeune ministre et l’organisation religieuse pour laquelle je travaillais dut affronter une division. Dans une telle situation, les gens réagissent avec émotion et nous ressentions le poids de ces troubles comme jamais auparavant. Notre foi et mon engagement en tant que ministre furent mis à l’épreuve.
Le temps et les circonstances jouent un rôle dans la vie de chacun de nous. Beaucoup de choses sont hors de notre contrôle dans la vie. Mais choisir est toujours de notre ressort.
En ce qui me concerne, je n’étais plus un débutant sans expérience. Auparavant, je voyais la vie avec des lunettes roses ; maintenant, je les avais remplacées par des lentilles de contact haute définition qui me montraient à quel point il était difficile de travailler avec les gens dans le domaine spirituel. Je peux dire que nous avons traversé cette période, continué le travail, mais nous n’étions plus les mêmes, tout en étant toujours ensemble en tant que couple.
Le prochain défi — il faut s’accrocher !
Le prochain grand événement de la vie arrive avec la venue des enfants. Notre premier fils est né deux ans après notre mariage, et quatre ans plus tard, notre deuxième. Maintenant, nous étions parents. Quelle aventure !
Votre monde change lorsque vous êtes responsable du développement, de l’éducation et de la formation des enfants. Cela va bien au-delà des besoins physiques que vous devez satisfaire. Ce qui est en jeu, c’est votre exemple, le caractère, ainsi que les divers épisodes de la vie quotidienne que vous gravez dans leurs jeunes esprits. Premièrement, les enfants développent leurs personnalités, puis leur propre façon de penser et de voir au fur et à mesure que les années passent et, finalement, ils deviennent des adultes responsables.
Pour nous, comme pour la plupart des parents, nous avons appris sur le tas. Je n’ai jamais rencontré de parent entièrement prêt pour ce rôle. C’est un métier que l’on apprend en le pratiquant. Il demande des ajustements constants; il faut pouvoir rester flexibles et prendre des décisions à la dernière minute. Comme un bon joueur de foot, il faut « déchiffrer la défense » et savoir changer de tactiques pour réussir.
Pour bien élever vos enfants, vous devez les « déchiffrer » et ajuster votre approche afin de les enseigner correctement. Nous avons réussi à transmettre un grand nombre de nos valeurs et à élever nos enfants pour qu’ils deviennent des adultes responsables et de bons parents à leur tour.
Il y a des années, un membre de l’une de mes congrégations me dit, très sagement, que le rôle d’un parent ne s’arrête jamais.
L’expérience m’a montré qu’il avait raison. Le travail n’est jamais terminé. Être parent vous change, potentiellement pour devenir meilleur. Debbie et moi avons été transformés tout au long de ce processus et, à nouveau, nous avons réajusté notre relation, notre mariage en fut renforcé.
Un de nos points forts était notre relation l’un avec l’autre. Après notre lien avec Dieu, celui de notre mariage était primordial et nous avons transmis cela aux enfants. Nos fils savaient que, bien que nous les aimions très fort tous les deux, nous nous aimions aussi l’un et l’autre profondément. Quand le temps de quitter le nid et de voler de leurs propres ailes est venu pour eux, notre mariage n’a pas faibli. Nous étions prêts à passer à la prochaine étape de la vie, ensemble. Nous devions continuer à grandir ensemble, au fil du temps.
Les leçons tirées du passé
Aujourd’hui, nous regardons ces 40 ans passés avec plus de distance. Nous apercevons davantage le paysage de la vie, et cela nous apporte une certaine compréhension des choses. En fait, ce que je voudrais transmettre — à tous ceux qui envisagent le mariage ou peut-être à ceux pour qui le mariage s’est révélé être moins que ce qu’ils avaient prévu — est ceci : Découvrez qui vous êtes véritablement.
Connaissez vos passions, vos rêves et vos objectifs. Soyez sûrs de vos croyances en ce qui a trait à Dieu et en matière de religion. Soyez sûr que vous avez au moins une compréhension de base du but de votre vie spirituelle, suffisamment pour commencer à la façonner de manière réfléchie et diligente. La vie vous fera passer par des expériences qui vous formeront et révéleront également certaines choses présentes en vous, mais dont vous n’étiez pas encore conscient.
Le célèbre sculpteur Michel-Ange explique que le processus de la sculpture consiste à enlever les excès de pierre afin que le personnage qui est à l’intérieur soit révélé. C’était sa façon d’expliquer comment il sculptait une oeuvre d’art. De la même manière, la vie frappe souvent autour de notre enveloppe extérieure des parties saillantes pour révéler ce qui se trouve à l’intérieur.
C’est ainsi que nous apprenons à nous connaître tout au long de la vie. Mais lors de cette croissance personnelle où vous en venez à comprendre la personne que vous êtes, il vous faut une autre clé pour que votre mariage dure : ne vous éloignez pas de votre conjoint.
Honorer l’engagement que vous avez fait. Honorez votre conjoint. N’adoptez pas cette idée fausse selon laquelle vous devez être vous-même en excluant les promesses faites à l’autre devant Dieu.
Le temps et les circonstances jouent un rôle dans la vie de chacun de nous. Beaucoup de choses sont hors de notre contrôle dans la vie. Mais choisir est toujours de notre ressort. Nous nous étions fait une promesse l’un à l’autre et nous l’avons respectée. En tant que personnes, nous avons grandi, mais nous n’avons laissé personne nous éloigner de l’attention, de l’engagement, de l’affection et de l’amour que nous portions à l’autre.
Une de mes chansons préférées illustre très bien ce que je veux dire. La chanson If I Should Fall Behind (« Si je devais prendre du retard » exprime le sentiment de deux personnes qui s’engagent à « marcher ensemble… advienne que pourra ». Si jamais l’obscurité de la vie devait les amener à « perdre leur chemin » et « si une main venait à s’échapper », ils se font une promesse l’un à l’autre, « Je t’attendrais, et si je devais prendre du retard, attendsmoi ».
En ce qui me concerne, j’ai appris à mieux me connaître au fil du temps, et il en fut de même pour Debbie. Toutefois, nous avons appris à nous attendre ! Si l’un de nous prenait du retard, l’autre attendait qu’il le rattrape. Je pense que cela explique assez bien une partie de notre succès. Si vous attendez l’autre, alors vous vous retrouverez « dans l’ombre des arbres du soir » de la vie, comme le dit la chanson — afin de poursuivre ce chemin ensemble.