L’attentat du marathon de Boston ouvre une fenêtre sur tous les temps
Aussi étrange que cela puisse paraître, le 15 avril 2013, la vie de centaines de Bostoniens a changé à jamais parce qu’un seigneur de guerre tchétchène décédé depuis bien longtemps était déterminé à résister aux incursions d’un tzar russe, également décédé il y a très longtemps, lequel avait fait déferler des vagues de massacres sur le territoire de ceux qui refusaient de se soumettre à quiconque.
Comme ce fut le cas dans les rues de Boston, les scènes de terreur gratuite sont souvent issues de peuples et de circonstances dépassant largement nos connaissances, notre imagination ou nos sphères d’intérêt. Les semences de la haine et du mal trouvent un terreau fertile et germent là où les entraînent d’amers vents de guerre et de terreur — et aujourd’hui, personne ne peut expliquer clairement pourquoi.
Lorsque deux bombes à clous et à billes ont explosé près de la ligne d’arrivée du marathon de Boston, trois personnes ont perdu la vie et plus d’une centaine de passants ont été mutilés, certains gravement. Quatre jours plus tard, après que les responsables de l’attentat eurent tué un autre homme, l’un d’eux fut tué et le second fut capturé alors qu’il se cachait dans un bateau entreposé dans la cour d’une résidence de banlieue.
« Une fenêtre sur tous les temps »
En analysant cette tragédie, nous commençons à comprendre que les attentats de Boston perpétrés en cette belle journée de printemps tirent leur origine, à plusieurs égards essentiels, d’événements survenus il y a des centaines d’années dans les plus sombres montagnes du Caucase.
En effet, le conflit sanglant qui survint jadis entre les dirigeants russes et leurs infatigables adversaires musulmans allait, au fil du temps, nourrir des hostilités séculaires aboutissant au complot mortel de deux jeunes frères tchétchènes, lesquels se sont cruellement vengés de leurs griefs sur d’innocents spectateurs par une radieuse journée de printemps à Boston.
Ce ne sont pas les premiers actes de terreur et ils ne seront sûrement pas les derniers. Chacun de ces moments horribles est le fruit de siècles de conflits. Et, comme l’auteur américain Thomas Wolfe l’a écrit avec beaucoup de perspicacité, « Chaque moment est une fenêtre sur tous les temps. »
Comparativement aux actes terroristes antérieurs, j’ai eu une réaction totalement différente à la suite de ce dernier acte terroriste. Ma paraphrase précédente des premières lignes du roman de Thomas Wolfe intitulé Look Homeward Angel résume bien mes sentiments et elle se rapproche un peu plus d’une compréhension biblique plus réconfortante que tout autre écrit que j’aie jamais lu — ou que je lirai dans ma vie.
Les journalistes, les experts et les observateurs sont loin du compte lorsqu’ils tentent d’analyser de façon cohérente la raison pour laquelle de tels actes insensés continuent d’être perpétrés dans le monde actuel. Les homicides commis au hasard au nom de la religion ou d’une idéologie politique existent depuis longtemps — et ce sera toujours le cas jusqu’au retour de Jésus-Christ. Et d’ici là, les gens continueront de demander : « Comment peut-il exister tant de méchanceté dans le monde ? » et « Pourquoi des personnes innocentes doivent-elles souffrir aux mains de gens si méchants ? »
Parmi les innocentes victimes du massacre de Boston se trouvaient une gérante de restaurant, une diplômée universitaire, un policier et un garçon de huit ans qui se tenait à la ligne d’arrivée pour encourager son père. Ces personnes furent toutes liées à jamais par un moment unique dominé par le mal.
Elles ne se connaissaient pas et leurs chemins ne se seraient probablement jamais croisés dans cette vie. Elles assistaient à un événement de renommée internationale, sans se douter que l’atmosphère qui les entourait allait être envahie par l’onde de souffled’une arme artisanale mais mortelle, confectionnée dans une cuisine — sans remords ni honte, en vue d’engendrer la souffrance, l’agonie et un chaos sanglant.
Donc, si ce moment constitue « une fenêtre sur tous les temps », quelle leçon sommesnous censés en tirer ? Que sommes-nous supposés comprendre ? Les « experts » peuvent alimenter la discussion, mais ils reconnaissent n’avoir aucune réponse véritable à offrir au coeur de cette nuit obscure et froide.
Des événements incontrôlables se produisent et nous nous retrouvons pris au filet, comme des poissons ou des oiseaux — la vie étant peutêtre éteinte ou apparemment dénuée de sens. Or, la vie a un sens !
J’ai lu un jour les conclusions d’un psychiatre spécialiste en criminalité qui, après avoir mené des centaines d’entrevues en prison auprès de tueurs sans scrupules de tout acabit, a avoué qu’il devait aller à l’encontre de toute la « sagesse » de sa profession et admettre que le mal existait dans ce monde et qu’il n’y a aucun autre moyen d’expliquer les atrocités infligées par un être humain à son prochain. Un autre auteur qui a personnellement été témoin de l’effet d’une telle violence sur les êtres humains semble reconnaître que les questions sont innombrables et insondables.
D’anciens préceptes de sagesse consignés pour nous
C’est pourquoi, à la suite de cet événement, je me suis tourné vers un autre auteur qui a dû faire face aux mêmes problèmes et aux mêmes questions dans l’Antiquité. Cet homme comprit la futilité de la vie lorsque sa tranquillité fut ébranlée par des actes perpétrés au hasard et motivés par la nature humaine, voire par la Nature elle-même. Il conclut que « nous sommes tous confrontés à un même phénomène » — que le mal et la folie se manifestent, puis s’éteignent. Les justes comme les méchants sont tous voués à la mort, et entre temps, la majeure partie des événements qui se produisent dans leur vie dépendent d’événements indépendants de leur contrôle.
Cet auteur, c’est le roi Salomon de l’ancien peuple d’Israël, et ses superbes textes sur le sujet se trouvent, dans la Bible, dans le livre de l’Ecclésiaste. Dans l’ensemble, ce livre est mal compris. Je préfère le considérer comme le journal intime d’un roi qui consacra sa vie entière à chercher les mêmes réponses aux questions que nous nous posons encore aujourd’hui.
Le roi Salomon regarda autour de lui et vit le mal et la souffrance, la droiture et le plaisir. Il goûta à tout cela dans l’espoir de déterminer ce qui lui convenait le mieux. Il possédait suffisamment de richesses pour acheter et construire tout ce qu’il désirait. Il rechercha les préceptes de sagesse de son époque, les compila et les étudia, et il fut considéré par ses pairs comme l’être humain le plus sage de la Terre.
Voici quelques-uns de ses propos : « Tout ce que mes yeux avaient désiré, je ne les en ai point privés ; je n’ai refusé à mon coeur aucune joie ; car mon coeur prenait plaisir à tout mon travail, et c’est la part qui m’en est revenue. Puis, j’ai considéré tous les ouvrages que mes mains avaient faits, et la peine que j’avais prise à les exécuter ; et voici, tout est vanité et poursuite du vent, et il n’y a aucun avantage à tirer de ce qu’on fait sous le soleil » (Ecclésiaste 2:10-11).
Cela peut sembler pessimiste, mais ne tirons pas de conclusions trop rapides. Il s’agit en fait de l’un des préceptes de sagesse les plus profonds que vous et moi puissions apprendre, et nous verrons comment il s’intègre dans une évaluation pratique, réaliste et optimiste de la nature du monde et de la vie humaine.
Les conclusions de cet homme sage
Salomon écrit au sujet d’une vie qui lui permit de connaître tour à tour presque tous les modes de vie, les religions et les philosophies de sa génération. Il dit avoir tout essayé : « Tout ce que mes yeux avaient désiré, je ne les en ai point privés. » Sa prose abonde d’observations sur la façon dont les autres vivaient et apprenaient. Son opinion de Dieu n’est ni athéiste ni agnostique ; c’est plutôt celle d’un homme qui connaissait le dessein divin, mais qui n’a pu s’empêcher de tout essayer pour « tirer ses propres conclusions ».
Je crois que Salomon, à son époque, a même été témoin d’actes de violence et de catastrophes naturelles inexplicables qui causèrent d’innombrables pertes de vie. Personne n’avait de réponse à fournir, pas même le roi. Pourquoi le mal existe-t-il ? Pourquoi la souffrance existe-t-elle ? Ce sont là des questions de tous les temps. Et Salomon de déclarer : « Jouis de la vie avec la femme que tu aimes… » (Ecclésiaste 9:9) « Va, mange avec joie ton pain, et bois gaiement ton vin... » (Ecclésiaste 9:7) « Les vivants, en effet, savent qu’ils mourront ; mais les morts ne savent rien… », affirma-til sans détour (Ecclésiaste 9:5).
Et en un seul aveu froid, mais clair, il conclut : « J’ai encore vu sous le soleil que la course n’est point aux agiles ni la guerre aux vaillants, ni le pain aux sages, ni la richesse aux intelligents, ni la faveur aux savants ; car tout dépend pour eux du temps et des circonstances. L’homme ne connaît pas non plus son heure, pareil aux poissons qui sont pris au filet fatal, et aux oiseaux qui sont pris au piège ; comme eux, les fils de l’homme sont enlacés au temps du malheur, lorsqu’il tombe sur eux tout à coup. » (Ecclésiaste 9:11-12)
Que vous l’acceptiez ou que vous le rejetiez, que vous le croyiez ou que vous vous en moquiez, cet énoncé est véridique et il favorise une compréhension au-delà des manchettes et des événements de la vie actuelle. Des événements incontrôlables se produisent et nous nous retrouvons pris au filet, comme des poissons ou des oiseaux — la vie étant peut-être éteinte ou apparemment dénuée de sens.
Or, la vie a un sens. Dieu en est le Maître ultime. Rien ne survient qui soit au-delà de Sa capacité de le permettre, ou pas. Comme le déclarait Salomon au verset 1, « Oui, j’ai appliqué mon coeur à tout cela, j’ai fait de tout cela l’objet de mon examen, et j’ai vu que les justes et les sages, et leurs travaux sont dans la main de Dieu… » Dieu est en voie de réaliser un plan grandiose que le temps et le hasard ne sauront contrecarrer.
Et il y a une lueur d’espoir dans les conclusions de Salomon au sujet de la vie dans ce royaume appelé Terre : « Écoutons la fin du discours : Crains Dieu et observe ses commandements. C’est là ce que doit faire tout homme. Car Dieu amènera toute oeuvre en jugement, au sujet de tout ce qui est caché, soit bien, soit mal. » (Ecclésiaste 12:13-14)
Oui, Dieu existe et Son jugement est un fait de la vie. Le jugement fait partie de l’espoir que nous offre la vie présente, car sans Lui, il n’existe aucun espoir de justice. C’est lorsque la vie atteint son point le plus sombre et que le désespoir atteint un point culminant que l’espoir de la justice divine — qui, en définitive, inclut le rétablissement de l’ordre dans ce monde — jette une lumière capable de transpercer les ténèbres. C’est ce qu’en conclut Salomon au bout de toute une vie de réflexion.