Une famine mondiale se prépare-t-elle ?
Les aliments. Quelque chose que bon nombre d’entre nous tiennent pour acquis depuis bien longtemps — étant donné que nous pouvons nous rendre à n’importe quelle épicerie ou à n’importe quel restaurant et acheter à peu près ce que le coeur nous en dit, et que le choix des aliments et les quantités semblent illimités.
Mais cet état de choses risque de changer. Il suffit de jeter un coup d’oeil à vos reçus de caisse d’épicerie. Bon nombre d’entre nous n’ont tout simplement pas les moyens d’acheter tout ce qu’ils désirent, dans les quantités voulues. Le coût des aliments monte en flèche ! Les prix des fruits et légumes, du lait, du café, du sucre et du boeuf ont tous atteint un record.
Selon le Wall Street Journal, « le prix des aliments augmente plus vite que le taux d’inflation global. L’index des prix à la consommation de tous les biens, sauf les aliments et l’énergie, a augmenté de 0,8 % au cours des douze mois précédant septembre 2010, ce qui représente la hausse la plus faible sur une période de douze mois depuis mars 1961, d’après le Bureau of Labor Statistics. Par contre, l’indice des prix des produits alimentaires a augmenté de 1,4 %. » (Julie Jargon et Ilan Brat, Food Sellers Grit Teeth, Raise Prices, 4 nov. 2010 ; c’est nous qui mettons l’accent sur certains passages du présent article)
L’inflation alimentaire frappe durement les familles
Plusieurs experts croient que le taux d’inflation des prix des aliments sera encore plus élevé au cours de l’année qui vient. En novembre, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a publié un rapport prédisant que le prix des aliments grimpera de 10 à 20 pour cent en 2011, et a prévenu le monde entier qu’il doit se préparer à faire face à des « temps plus difficiles », à moins que les récoltes des principaux produits de base n’augmentent de façon considérable.
Selon le rapport de la FAO, les réserves céréalières mondiales ont diminué de 7,2 % en 2010 (l’orge de 35 %, le maïs de 12 % et le blé de 10 %, respectivement). Cette baisse est attribuable aux récoltes automnales lamentables. Notamment, la récolte de blé de la Russie s’est avérée la plus décevante de toutes, soit un tiers plus faible que celle attendue, et elle a obligé ce pays — quatrième exportateur de blé à l’échelle mondiale — à imposer une interdiction d’exportation du blé. Ces déficits d’approvisionnement ont fait exploser le prix des céréales.
Face au coût croissant des céréales, plusieurs fabricants de produits alimentaires, dont Kraft Foods, Sara Lee et General Mills, ont récemment haussé le prix de leurs gammes de produits ou déjà fait l’annonce d’une hausse prochaine de celles-ci. Plusieurs chaînes américaines de supermarchés et de restauration rapide, y compris Safeway, Kroger et McDonald, ont annoncé qu’elles envisageaient répercuter leurs coûts accrus sur le consommateur.
Non seulement les aliments coûtentils plus cher, mais au cours des dernières années, de nombreux Américains ont également assisté à des pénuries de certains types d’aliments pour la première fois de leur vie. Ainsi, pendant la majeure partie de 2010, il était pratiquement impossible de trouver de la citrouille en conserve dans une épicerie américaine, en raison des pluies torrentielles et des inondations qui ont fait pourrir la récolte de citrouilles du principal fournisseur national.
L’approvisionnement en riz était limité en 2008, ce qui a poussé des détaillants majeurs comme Walmart et Costco à rationner le nombre de sacs de riz vendus au consommateur. Également en 2008, les principaux détaillants de New York ont limité les achats de farine, de sucre et d’huile de cuisson, car la demande dépassait l’offre. De nombreux experts en agriculture estiment que ces pénuries en annoncent d’autres beaucoup plus graves susceptibles de survenir au cours des années à venir.
La faim chronique touche des milliers de personnes
Bien entendu, dans la majeure partie des pays du monde, on n’a jamais tenu l’approvisionnement alimentaire pour acquis. En effet, selon la FAO, plus d’un milliard de personnes, soit 15 pour cent de la population mondiale, souffrent de la faim et de malnutrition de façon permanente — soit parce qu’elles n’ont pas les moyens de bien s’alimenter, soit parce que les aliments dont elles ont besoin ne sont pas disponibles là où elles habitent. Se chiffrant à 825 millions au milieu des années 1990, le nombre de personnes affamées dans le monde augmente constamment depuis plusieurs années.
Presque toutes les personnes sous-alimentées vivent dans des pays en voie de développement. La FAO et le Programme alimentaire mondial estiment que 642 millions d’habitants de la région de l’Asie-Pacifique souffrent chroniquement de la faim, 265 millions en Afrique subsaharienne, 53 millions en Amérique latine et dans les Antilles, 42 millions au Proche-Orient et en Afrique du Nord, et 15 millions dans les pays développés.
Le coût croissant des aliments dans le monde pose un défi aux pays industrialisés, mais il s’agit d’un problème particulièrement épineux pour les habitants de pays défavorisés.
« Lorsque le prix des aliments monte en flèche, les habitants à faible revenu des pays en voie de développement sont les plus vulnérables, car la proportion de leurs revenus qu’ils doivent consacrer à la nourriture est beaucoup plus importante que celle deshabitants de pays riches, a fait remarquer Dan Gustafson, Ph. D., directeur du bureau de liaison de la FAO à Washington, dans le District de Columbia.
D’après la FAO, la nourriture représente entre 10 et 20 pour cent des dépenses de consommation des pays industrialisés, mais 60 à 80 pour cent de celles des pays en voie de développement. Par exemple, lorsque le prix d’un sac de riz augmente de 20 pour cent, le coût supplémentaire représentera une plus grosse part du revenu d’une famille du Bangladesh que de celui d’une famille canadienne.
La situation ne semble pas être sur le point de s’améliorer, ce qui ne présage rien de bon. « Nous ne produisons pas assez de nourriture et un trop grand nombre de nos récoltes sont une perte totale ou donnent des résultats décevants, de sorte que nous ne parvenons pas à renflouer suffisamment nos réserves, nous met en garde M. Gustafson. Or, la demande de nourriture ne cesse d’augmenter. »
On ne peut que s’inquiéter davantage lorsqu’on examine le tableau à long terme. La population mondiale devant excéder les neuf milliards d’habitants d’ici 2050, la demande d’aliments augmentera de 110 pour cent, selon Julian Cribb, professeur à la University of Technology de Sydney, en Australie, et auteur de l’ouvrage intitulé The Coming Famine, publié en 2010.
Cet auteur estime que les pénuries alimentaires sont inévitables, en particulier dans les pays en voie de développement et dans les « mégapoles », là où la population connaît la croissance la plus importante. Les pays riches seront surtout touchés par des pénuries alimentaires et le coût plus élevé des aliments (lequel sera dû à l’inflation des prix entraînée par leur rareté). Cependant, dans les pays défavorisés, un plus grand nombre de gens mourront de faim.
Et même si certaines régions ne sont pas directement touchées par la famine, la faim demeurera un problème mondial, au dire de M. Cribb, en raison de l’apparition de problèmes secondaires. « Les pénuries d’aliments, de terres arables et d’eau occasionneront des guerres, des troubles politiques et des migrations massives, alors que les gens fuiront les zones les plus touchées, écrit-il.
« Même les régions géographiquement éloignées pourraient devoir faire face à des flux de millions, voire de dizaines de millions de réfugiés, menaçant celles-ci de profonds changements sociétaux. Les gouvernements de nombreux pays risquent de s’effondrer face à la ruée de personnes tentant d’échapper aux désastres régionaux les empêchant d’assurer leur subsistance. Tous les pays devront endosser des fardeaux plus lourds, tant sur le plan de l’aide humanitaire que sur le plan fiscal, et affronter une montée en flèche du prix des denrées alimentaires. » (The Coming Famine, p. 147)
La famine prophétisée par la Bible
Certes, le monde a été aux prises avec des pénuries alimentaires tout au long de l’Histoire. Mais la plupart d’entre elles étaient relativement éphémères et il était tout à fait possible d’en voir la fin. Toutefois, la crise alimentaire actuelle est différente. C’est la toute première fois que plus d’un milliard de personnes sont menacées de souffrir de la faim ou de malnutrition. C’est aussi la toute première fois que les pénuries alimentaires représentent une préoccupation mondiale.
Dans Sa principale prophétie portant sur la fin des temps, prononcée peu de temps avant Sa mort et Sa résurrection, Jésus a prévenu Ses disciples que les famines constitueraient l’un de plusieurs signes annonçant la fin des temps. (Matthieu 24:7) Les pénuries alimentaires ainsi que les guerres, les épidémies et les divers désastres naturels s’intensifieraient avant Son retour sur Terre. Cet avertissement est repris dans Marc 13:8 et Luc 21:11.
Il est possible que bon nombre des guerres qui surviendront à cette époque aient pour cause la pénurie de vivres et que les maladies se répandent en partie à cause de la malnutrition. Il est également probable que les désastres naturels annoncés par ces prophéties entraîneront des pénuries alimentaires.
Bien entendu, les famines ne découlent pas uniquement de causes naturelles ; elles résultent aussi de politiques gouvernementales répréhensibles. Au cours du dernier siècle, quelque quatre millions de paysans sont morts de faim par suite de la tentative du leader soviétique Joseph Staline de s’emparer de terres agricoles en Ukraine. (The Sunday Times, 13 nov. 2009) Et selon les Saintes Écritures, la situation empirera au cours des années à venir.
La famine se range parmi les terribles événements de la fin des temps personnifiés par les quatre infâmes cavaliers de l’Apocalypse, lesquels sont décrits dans le chapitre 6 de ce livre biblique. Le troisième cheval et son cavalier, décrits dans les versets 5 et 6, représentent la famine et une grave conjoncture économique : « Quand il ouvrit le troisième sceau, j’entendis le troisième être vivant qui disait : “ Viens. ” Je regardai, et voici, parut un cheval noir. Celui qui le montait tenait une balance dans sa main. Et j’entendis au milieu des quatre êtres vivants une voix qui disait : “ Une mesure de blé pour un denier, et trois mesures d’orge pour un denier ; mais ne fais point de mal à l’huile et au vin.” »
À l’époque où ces versets ont été écrits, un denier représentait le salaire quotidien d’un travailleur. L’ouvrage intitulé Expositor’s Bible Commentary écrit ceci au sujet de ce passage : « Ce montant [d’argent] laisse entendre que le prix des aliments se sera multiplié par douze environ… et implique une inflation et des conditions de famine… Une mesure de blé, en moyenne, suffisait à subvenir aux besoins quotidiens d’une personne. L’orge était utilisée par les plus pauvres en combinaison avec le blé. » La consigne visant à ne pas « faire de mal » à l’huile et au vin suppose que ces biens feraient aussi l’objet de pénuries.
Cette prophétie prédit la venue d’une époque où les gens n’auront les moyens de se payer que le strict nécessaire — simplement ce qu’il faut pour survivre. Ce sera une période de grande famine, sans précédent, qui aura des répercussions sur toute la planète. On ignore quand cette famine de la fin des temps surviendra. Il se peut que nous assistions dès maintenant au début d’une pénurie alimentaire croissante. Nous pouvons tout au moins constater la présence de pénuries alimentaires de plus en plus graves, comme Jésus l’a prophétisé il y a très longtemps.
Les principales menaces aux réserves alimentaires mondiales
Non seulement disposons-nous de prophéties bibliques liées à des pénuries alimentaires, mais nous pouvons aussi voir divers facteurs à l’oeuvre dans le monde qui nous entoure, chacun d’eux favorisant cette tendance vers la rareté alimentaire mondiale. Il convient de noter que certains de ces facteurs découlent de l’action de gouvernements ou de politiques qui entravent la production et la distribution, faussant le mouvement des marchés et privant ainsi les gens des libertés économiques susceptibles de prévenir ou d’atténuer certains de ces problèmes. Cela étant dit, voici certains des principaux facteurs menaçant les réserves alimentaires mondiales :
La surpopulation. Au cours des dernières années, la population mondiale a augmenté de 1,3 pour cent par année, ce qui représente un taux inférieur au taux maximal atteint il y a quelques décennies (2,1 pour cent par année entre 1965 et 1970). Toutefois, étant donné que ce taux de croissance s’applique à une population beaucoup plus importante, le nombre absolu des naissances annuelles (90 millions) est plus élevé que jamais,selon les statistiques de la Banque mondiale. La majeure partie de la croissance de la population mondiale — environ 90 % — se constate dans les pays les plus pauvres.
Dans The Coming Famine, M. Cribb cite un expert scientifique en agriculture, Derek Tribe : « Si cette croissance exponentielle se poursuit ainsi — même à un taux décroissant — elle aura ultimement des conséquences désastreuses pour la planète. Les ressources limitées telles que l’eau, le sol, les plantes, les forêts, les animaux, l’énergie et les minéraux, dont dépend toute vie humaine, seront inexorablement détruites, dégradées, exterminées ou épuisées. » (p. 154)
Bon nombre de scientifiques se font l’écho de cette même mise en garde — c.-à-d. que la Terre ne pourra soutenir une population infiniment croissante, surtout si celle-ci adopte un régime alimentaire occidental. Et ce, même si l’existence de marchés libres de toute ingérence gouvernementale permettait d’accueillir une population considérablement plus importante ; de toute façon, pour l’instant, le monde n’évolue pas dans cette direction.
La demande des consommateurs. La consommation de viande monte en flèche à l’échelle internationale, en particulier dans les économies émergentes de la Chine, de l’Inde et du Brésil. « Les revenus de ces habitants ont augmenté et ceux-ci peuvent maintenant se payer un « régime alimentaire occidental » , ce qui signifie une consommation de viande beaucoup plus importante », fait remarquer M. Gustafson.
Au cours des trente dernières années, la consommation annuelle de viande a quadruplé en Chine, s’élevant à 49 kg par personne, tandis qu’au Brésil, elle a doublé, atteignant maintenant les 89 kg par personne. Aux États- Unis, la consommation annuelle de viande par personne est passée de 106 kg en 1980 à 124 kg aujourd’hui, selon le Département de l’Agriculture des États-Unis (USDA).
« Ce changement des habitudes alimentaires exige la production de quantités de céréales beaucoup plus considérables pour nourrir le bétail et la volaille, comparativement à l’alimentation à base de céréales plus traditionnelle », explique M. Gustafson. Selon certaines estimations, il faut entre 3,6 et 4,5 kg de blé pour produire 500 g de boeuf et 1,3 kg de maïs pour produire 500 g de poulet, ce qui rehausse de beaucoup les exigences d’approvisionnement mondial en céréales.
La surpêche. Les stocks de poissons diminuent en raison des techniques de pêche avec navires-usines modernes utilisant des technologies de pointe pour cibler et récolter d’importantes populations de poissons. « La demande de poisson a tellement augmenté dans certaines régions du monde que celuici est pêché plus vite qu’il ne peut se reproduire », d’ajouter M. Gustafson.
À l’échelle mondiale, la consommation annuelle de poisson par habitant est passée de 10,4 kg à 16,3 kg au cours des trois dernières décennies, selon le rapport intitulé Évaluation des écosystèmes pour le millénaire. Pendant ce temps, les stocks de poisson ont diminué dans tous les océans, à tel point qu’ils « ont presque atteint, et dans certains cas ont même déjà dépassé, le niveau maximum d’exploitation durable », d’après ce rapport.
La FAO a publié un avertissement semblable en 2008, en affirmant que « le potentiel de pêche océanique » de la planète, ainsi que celui des lacs et rivières, auraient déjà atteint leur maximum.
Selon Oceana, organisation internationale de protection des océans, l’industrie de la pêche océanique pourrait s’effondrer d’ici les années 2040 en raison de la surpêche des stocks sauvages. Cela correspondrait à une époque où la production alimentaire devra représenter le double du volume actuel. Si les milliards de personnes qui ont l’habitude de tirer leur source de protéines du poisson en deviennent incapables, elles devront la tirer de la terre — ce qui rehaussera la demande dont font l’objet les secteurs du bétail et de la volaille.
Les pénuries d’eau. Dans de nombreuses régions agricoles, l’eau utilisable est rare et deviendra sans doute encore plus rare au cours des années à venir, au dire de David Molden, sous-directeur général de la recherche à l’Institut international de la gestion de l’eau (IWMI). Les régions de cultures céréalières du nord de la Chine, de l’Inde et du bassin Murray-Darling en Australie, ainsi que les régions agricoles de l’ouest des États-Unis, du Mexique et du Pakistan, font face à de « très graves » pénuries d’eau, d’ajouter M. Molden. À l’heure actuelle, les agriculteurs utilisent environ 70 pour cent de l’eau douce de la planète pour leurs cultures. Celles-ci sont irriguées avec l’eau de rivières, lacs, réservoirs ou aquifères, lesquels sont en train d’être asséchés dans certaines régions.
D’ici 2030, à mesure que les villes prendront de l’expansion et que leur population croîtra, en même temps que la demande d’eau, l’IWMI estime que les agriculteurs disposeront de la moitié de l’eau douce dont ils disposent actuellement pour leur exploitation agricole — et ce, paradoxalement, à une époque où les besoins alimentaires de la population mondiale auront augmenté de 50 %.
D’après M. Molden, « les méthodes d’agriculture et d’irrigation doivent changer pour que le monde puisse produire suffisamment de nourriture. » Un pourcentage aussi élevé que 70 % de l’eau utilisée par les agriculteurs ne parvient pas aux cultures, à cause de la présence de fuites dans les canaux d’irrigation. Le recours à des systèmes d’amenée d’eau plus précis rendrait l’irrigation plus efficace.
Bien entendu, la réalité est telle qu’on ne manque pas d’eau sur Terre. L’atmosphère et les océans sont remplis d’eau. Le problème, c’est le coût nécessaire pour rendre cette eau utilisable. Un marché véritablement libre fonctionnant selon une réelle primauté du droit ferait en sorte de diminuer ce coût, rendant ainsi disponibles de plus grandes quantités d’eau à ceux qui en ont besoin. Mais il n’en est pas ainsi dans notre monde actuel.
La perte de terres arables. De nombreux pays sont à court de terres arables, ce qui limite considérablement leur production agricole. Selon la FAO, près d’un quart des terres agricoles de la planète sont gravement dégradées, soit 15 pour cent de plus qu’il y a deux décennies.
Un article paru dans la revue The Futurist explique la gravité de la situation : « L’érosion des sols diminue actuellement la productivité inhérente d’environ 30 % des terres cultivables du monde. Dans certains pays, elle a réduit la production céréalière de moitié, et même davantage, par rapport aux trois dernières décennies.
« Les vastes tempêtes de poussière en provenance de l’Afrique subsaharienne, du nord de la Chine, de la Mongolie occidentale et de l’Asie centrale nous rappellent que la perte de la couche arable fait plus que se poursuivre, elle s’étend également. Les déserts qui avancent en Chine — en raison des surpâturages, de surlabourage et de la déforestation — ont forcé l’abandon partiel ou complet de quelque 24 000 villages et des terres qui les entouraient. » (Lester Brown, How to Feed 8 Billion People, janvierfévrier 2010) Pendant ce temps, les villes du monde entier deviennent tentaculaires et s’emparent d’une partie des meilleures terres arables de la planète. Dans The Coming Famine, M. Cribb fait remarquer ceci : « En tout, on estime qu’entre 20 000 et 40 000 km² de terres arables sont transformées en « jungle de béton » chaque année. » (p. 58)
Il en résulte une diminution de la superficie de terres cultivables, par personne. Cribb cite les conclusions d’une étude, menée par Rabobank, affirmant que « la superficie desterres agricoles est passée de 0,45 hectare (1,1 acre) par personne dans les années 1960 à 0,23 hectare (0,6 acre) à l’heure actuelle, et [qu’] elle continuera de diminuer à mesure que la population croît, pour atteindre environ 0,18 hectare (0,4 acre) en 2050. » (p. 48)
M. Cribb résume l’enjeu de la crise agricole en faisant une observation très astucieuse : « Les villes modernes, qui jadis produisaient une bonne partie des aliments pouvant combler leurs propres besoins, sous forme de volaille, de fruits et de légumes frais — en particulier en Asie —, ont dernièrement fait l’objet d’une planification et d’un développement qui excluent l’agriculture de leur périmètre. Il s’agit d’une décision faisant preuve d’un extraordinaire aveuglement de la part des planificateurs urbains d’aujourd’hui…, laquelle pourrait fort bien faire en sorte de transformer certaines de ces mégapoles en pièges mortels, advenant une grave interruption de l’approvisionnement en vivres. » (p. 59)
La crise des fertilisants. Depuis les années 1960, des fermes du monde entier comptent sur les fertilisants chimiques, auxquels bon nombre attribuent le fait que la production alimentaire a pu tripler au cours du dernier demi-siècle. Mais maintenant, les fertilisants sont moins disponibles qu’auparavant et leur coût est à la hausse, ce qui fait grimper encore davantage le prix des aliments.
Il y a bien longtemps, Dieu dit aux Israélites que s’ils obéissaient aux lois divines, ils seraient bénis et recevraient « la pluie en son temps » et d’abondantes récoltes. Toutefois, s’ils désobéissaient à Dieu, leurs récoltes en souffriraient.
Le problème, c’est que l’augmentation de la demande de produits agricoles a haussé le prix des fertilisants, à cause des réserves accumulées par divers pays. Et pour ajouter aux inquiétudes, le phosphore, l’un des ingrédients de base des fertilisants, se fait de plus en plus rare. Certains ont prédit que dès 2035, la demande de phosphore dépassera l’offre.
Toujours selon M. Cribb, « les principales cultures vivrières du monde nécessitent environ 12 millions de tonnes (13,2 millions de tonnes américaines) de phosphore par année, tandis que 4 millions de tonnes seulement sont produites par suite de la dégradation naturelle du roc ou de dépôts atmosphériques. Cela met en lumière la dépendance critique de la civilisation à l’égard des fertilisants artificiels et notre vulnérabilité accrue face à toute pénurie ou interruption de l’approvisionnement de ceux-ci... À l’échelle mondiale, les agriculteurs contemporains utilisent sept fois plus de fertilisants que leurs homologues ne le faisaient il y a un demi-siècle. » (p. 71-73)
M. Cribb et d’autres experts en agriculture craignent que l’on finisse par manquer de fertilisants.
La production de biocarburants. À la suite de la montée en flèche du prix de l’essence aux États-Unis en 2005, les céréales ont été de plus en plus utilisées pour produire des biocarburants au lieu d’aliments, vu la politique d’ingérence du gouvernement. Bon nombre de gens, dont David Pimentel, un scientifique agricole de la Cornell University, s’inquiètent du fait que l’engouement pour de tels carburants vienne diminuer la superficie des terres agricoles utiles à la production alimentaire aux États-Unis. « Le fait de consacrer des terres à la culture céréalière en vue de la production de biocarburants exacerbe le problème de malnutrition dans le monde entier, en transformant en biocarburants des céréales qui sont des plus essentielles à l’alimentation des populations », dit-il dans une mise en garde.
Cette pratique a non seulement diminué la quantité de céréales disponibles pour la consommation, elle a aussi fait monter le prix des aliments. « L’utilisation du maïs pour produire de l’éthanol a haussé le prix du boeuf, du poulet, des oeufs, du pain, des céréales et du lait de 20 à 30 pour cent », au dire de M. Pimentel.
Tout aliment contenant des céréales, voire du sirop de maïs, parmi ses ingrédients coûte maintenant plus cher. Cela inclut la viande, car on se sert de céréales pour nourrir le bétail et la volaille. Cette situation semble devenue un cercle vicieux — nous avons besoin de carburant pour nos véhicules, mais nous avons aussi besoin de nourriture pour vivre. Toutefois, aussi longtemps que le prix du pétrole demeurera élevé, il est fort improbable que la production de biocarburants cesse de sitôt.
Le sous-investissement en agronomie. Le taux de croissance des investissements dans la recherche agricole diminue continuellement depuis la fin des années 1970. Les gouvernements nationaux et les autorités régionales, les donateurs et les investisseurs, de même que les établissements d’enseignement, ont tous diminué considérablement les fonds consacrés à ce type de recherche.
D’après M. Cribb, « Les géants du savoir agricole — les États-Unis, l’Allemagne, la France, le Japon, le Canada et l’Australie — se sont tous détournés de l’agronomie, en quête d’autres eldorados technologiques. Selon un rapport d’Alex Evans, produit à l’intention du Royal Institute for International Affairs de la Grande-Bretagne, entre 1980 et 2006, la proportion du budget de l’aide internationale consacrée aux moyens visant à augmenter la production alimentaire est passée de 17 pour cent à à peine 3 pour cent. » (p. 104)
« Le délai entre la recherche et l’obtention de résultats permettant de hausser la production agricole peut aller jusqu’à 35 ans ; c’est pourquoi, dans certains cas, nous commençons à peine à ressentir cette baisse d’investissements en recherche et développement sous forme de chute de productivité », d’ajouter M. Gustafson. Cela signifie que les agriculteurs disposeront de beaucoup moins de technologie de pointe pour les aider d’ici 2030 — soit à un moment où nous en aurons vraiment besoin.
Les changements et tendances climatiques. Il est important de se rappeler que certains des facteurs dont dépendent les travaux des agriculteurs pour cultiver et pour élever du bétail échappent à tout contrôle de l’homme — notamment des quantités suffisantes de pluie et de temps d’ensoleillement, ainsi qu’une température modérée. De plus en plus, ces facteurs semblent moins fiables. « Les tendances météorologiques ont changé, et sont en train de devenir plus extrêmes et plus imprévisibles qu’avant », fait remarquer M. Gustafson.
L’année dernière, des épisodes de chaleur et de sécheresse records, ayant souvent entraîné des feux de friches, ont touché des zones agricoles partout aux États-Unis, en Russie, en Ukraine, au Kazakhstan, en Inde et au Brésil, détruisant ainsi les récoltes. L’été dernier, ce sont des pluies torrentielles, des moussons ou des ouragans qui ont inondé des terres agricoles du Pakistan, de la Chine, du Niger, du Royaume-Uni, del’Europe et d’une bonne partie des États- Unis, emportant littéralement les champs ou faisant pourrir les récoltes. D’autres pays ont également vu leurs récoltes détruites par un gel tardif, des températures froides hors saison, de la grêle ou des cyclones.
Selon la FAO, l’Afrique subsaharienne, la partie du monde la plus pauvre et fortement dépendante de l’agriculture de subsistance, est la région de la planète la plus menacée par les changements climatiques. Environ 95 pour cent de ses terres cultivées dépendent des pluies, ce qui les rend particulièrement vulnérables à la sécheresse, laquelle constitue un problème qui s’aggrave depuis plusieurs décennies.
Les maladies agricoles émergentes. Étant donné le nombre accru de déplacements internationaux, les changements qui se sont opérés dans les systèmes agricoles et les tendances météorologiques, ainsi que le défrichage de forêts jusqu’alors intactes, de nombreux organismes nuisibles et maladies agricoles ont fait leur apparition au cours des dernières décennies. La liste inclut la maladie de la vache folle, la fièvre aphteuse, la peste bovine, la peste porcine africaine, la grippe aviaire, la maladie de Newcastle et la fièvre de la vallée du Rift — celles-ci ayant toutes causé des ravages considérables parmi les élevages de bétail et de volaille, ainsi que d’énormes pertes en matière de production.
Pour ce qui touche les maladies agricoles, le champignon Ug99 constitue une préoccupation majeure en ce moment, du fait qu’il attaque le blé et d’autres céréales, et qu’il tue entre 90 et 100 pour cent des récoltes infectées. Ce champignon produit des pustules rouges sur la tige du blé, lesquelles peuvent ensuite éclater et répandre d’innombrables spores au gré du vent.
D’après la revue Southeast Farm Press, « le Ug99 a été détecté pour la première fois en 1999 en Ouganda — d’où il tire son nom — en Afrique de l’Est. Il s’est ensuite répandu dans d’autres pays d’Afrique, et on l’a récemment observé en Iraq, en Iran et en Afghanistan… Un spécialiste en phytopathologie de la Virginia Tech University, Erik Stromberg, fait remarquer que l’arrivée de l’Ug99 aux États-Unis est probablement une question de temps plutôt qu’une simple possibilité. “Vu tout le personnel militaire affecté au Moyen-Orient, il s’avérera difficile, voire impossible, d’empêcher l’importation de ces spores aux États-Unis sur l’équipement ou les vêtements des militaires”, a déclaré M. Stromberg. » (Roy Roberson, Ug99 a Future Threat to U.S. Wheat Growers, 7 juillet 2010)
On estime que 85 pour cent des variétés de blé du monde entier sont susceptibles d’être touchées par cette maladie, jusqu’ici incurable.
Les causes spirituelles. En définitive, la cause de notre crise alimentaire contemporaine est de nature spirituelle. L’humanité toute entière a rejeté Dieu et les nations se voient privées de Sa bénédiction sous forme des conditions nécessaires à l’obtention d’abondantes récoltes et de bétail sain. Cela n’est pas nouveau. Il y a des milliers d’années, lorsque Dieu a fait sortir les Israélites de l’Égypte, Moïse avait dit à son peuple que s’il obéissait aux lois divines, il serait béni et recevrait de « la pluie en son temps » et d’abondantes récoltes. Toutefois, s’il désobéissait à Dieu, leurs récoltes en souffriraient et leurs troupeaux seraient frappés par des épidémies (Lévitique 26:14-22 ; Deutéronome 28:18).
Dieu a aussi lancé les avertissements suivants, en cas de désobéissance : « vous sèmerez en vain vos semences : vos ennemis les dévoreront », et Il a ajouté : « je vous briserai le bâton du pain. » (Lévitique 26:16, Lévitique 26:26)
À mesure que la morale, les valeurs et le comportement de la société se détérioreront à la fin des temps, les pénuries alimentaires — en raison du mauvais temps, des désastres naturels, des maladies agricoles, etc. — redeviendront un outil que Dieu utilisera pour attirer l’attention de l’humanité.
Un monde d’abondance nous attend !
Le monde fait indéniablement face à d’énormes obstacles en matière d’alimentation. M. Cribb résume ce défi comme suit : la production alimentaire mondiale devra doubler au cours des quarante prochaines années, et ce, tout en utilisant beaucoup moins d’eau, de terre, d’énergie et de fertilisants, et avec moins de technologie de pointe disponible.
Au cours des vingt prochaines années, les experts prévoient une croissance de la population mondiale de 33 %. « Combiné au fait que la classe moyenne mondiale ne cesse de croître et consomme davantage de viande, [cela] signifie que la production alimentaire doit augmenter d’au moins 50 % au cours de cette même période », d’affirmer M. Cribb. Autrement dit, la population et la demande mondiales augmentent toutes deux à raison d’environ 2 % par année. Alors que la production alimentaire connaît une croissance qui n’est que de 1 % par année.
On mène actuellement des recherches en agriculture, mais « c’est loin d’être suffisant », selon M. Gustafson. Les chercheurs spécialisés en agronomie sont en train de sélectionner de nouvelles variétés de blé dans l’espoir que certaines d’entre elles soient résistantes au champignon Ug99. Les scientifiques qui étudient le bétail cherchent des moyens de produire de la viande en utilisant moins d’aliments. Ils tentent de créer des biocarburants nécessitant moins de maïs. Les spécialistes en génie génétique essaient de créer de nouveaux types de cultures à haut rendement et résistantes aux parasites et à la sécheresse. (Bien entendu, même s’ils réussissent, bon nombre de gens continueront de s’opposer aux cultures génétiquement modifiées dans la majeure partie du monde.)
Il se peut que les scientifiques puissent améliorer l’approvisionnement alimentaire mondial avant que s’accomplissent les prophéties du sixième chapitre de l’Apocalypse. Mais, ultimement, la science ne pourra nous sauver. Seul Dieu peut nous procurer la véritable solution aux crises alimentaires et au problème des famines. Et c’est ce qu’Il compte faire.
Un jour, Jésus-Christ reviendra sur Terre pour établir le gouvernement bienveillant de Dieu. Ce sera une mission visant à sauver l’humanité contre elle-même. (Matthieu 24:21-22) Le Christ régnera sur Terre pendant mille ans avec Ses saints transformés en esprits qui enseigneront la voie divine aux humains. (Apocalypse 20:4-6) Cela comprend les principes de la véritable liberté — y compris la liberté économique.
Les pays seront bénis et pourront jouir d’un temps radieux, d’abondantes récoltes et de fermes productives. Selon Amos 9:13 : « Voici, les jours viennent, dit l’Éternel, Où le laboureur suivra de près le moissonneur, Et celui qui foule le raisin, celui qui répand la semence, Où le moût ruissellera des montagnes Et coulera de toutes les collines. » Même les déserts deviendront fertiles et fleuriront comme la rose. (Ésaïe 35:1-2, Ésaïe 35:6-7) Ce sera une ère de paix, de prospérité et d’abondance. Faim et famine seront choses du passé.
Certes, les nouvelles d’aujourd’hui portant sur l’agriculture sont loin d’être agréables et peuvent même être effrayantes. Toutefois, nous n’avons pas à craindre les pénuries alimentaires ni tout autre problème grave auquel le monde devra faire face. Dieu a le dernier mot. Il connaît bien les problèmes qui existent sur Terre et Il interviendra au moment opportun.
Nous ne devons jamais l’oublier. Un nouveau monde viendra où Dieu transformera les malédictions en bénédictions. Quelle merveilleuse époque nous pouvons espérer de vivre !