CHAPITRE 7 : Les apôtres, l'ancien testament et la loi de Dieu

Vous êtes ici

CHAPITRE 7 : Les apôtres, l'ancien testament et la loi de Dieu

Comme nous l’avons vu à plusieurs reprises, l’un des concepts le plus erroné concernant la Nouvelle Alliance est que le Christ aurait, en l’établissant, supprimé l’obéissance aux lois contenues dans l’Ancien Testament. Cette mauvaise interprétation des Écritures est enseignée avec de nombreuses variations depuis près de 2 000 ans. Il est donc primordial de rétablir la vérité sur ce que les apôtres de Christ enseignèrent vraiment concernant les lois définissant la justice dans l’Ancien Testament.

Un répertoire dans la Bible juive complète (Complete Jewish Bible) recense 695 citations de l’Ancien Testament (David Stern, 1998, pp. 1610-1615) se trouvant dans le Nouveau Testament. Dans douze autres passages, l’Ancien Testament y est également référencé (dans le cas où, une figure de l’Ancien Testament est mentionnée), mais sans citation précise des Écritures.

Par rapport aux œuvres des érudits auxquels on se réfère, le nombre de citations et de références de l’Ancien Testament dans le Nouveau Testament peut atteindre 4105 références (Roger Nicole, The Expositor’s Bible Commentary, 1979, vol. 1, p. 617). Par contre, les auteurs du Nouveau Testament ne se citent mutuellement que quatre fois. Certains prétendent encore que ce qu’enseigne le Nouveau Testament sur l’Ancien Testament est obsolète en avançant que cela ne s’adressait qu’à un peuple spécifique, à un moment précis de l’Histoire.

The Expositor’s Bible Commentary (Commentaire Biblique Expositor) met en avant le fait que l’Ancien Testament a inspiré la pensée et l’écriture des auteurs du Nouveau Testament : « Le NT [Nouveau Testament] a une caractéristique marquante, il fait allusion ou cite l’AT [Ancien Testament]. Il fait appel à l’AT pour prouver des déclarations faites, confirmer des positions présentées, illustrer des principes fondés et répondre aux questions soulevées. Bien souvent, même lorsqu’aucune référence officielle n’est citée ou sous-entendue, nous pouvons remarquer que les auteurs du NT suivent la même façon de penser et les mêmes tournures de phrases calquées sur les passages de l’AT. Il est clair que les auteurs du NT et notre Seigneur Jésus-Christ étaient tellement imprégnés du langage et des vérités révélées dans l’AT, qu’ils se sont naturellement exprimés en des termes qui rappellent celui-ci. » (ibid.)

Ceux qui insiste sur le fait que le Nouveau Testament enseigne que l’Ancien Testament est aujourd’hui dépassé et non pertinent pour les chrétiens, ignorent l’abondance d’éléments contenus dans ce Nouveau Testament qui prouvent d’ailleurs tout le contraire !

La manière la plus simple de comprendre comment l’Ancien Testament s’applique aux chrétiens sous la Nouvelle Alliance consiste simplement à regarder ce que les apôtres ont enseigné à ce sujet. Après tout, ces hommes furent les personnes les plus proches de Jésus-Christ, ils passèrent beaucoup de temps avec Lui et furent personnellement enseignés par Lui.

Nous examinerons premièrement Jacques, Pierre, Jean et Jude, lesquels ont écrit des épîtres qui portent leurs noms. Leurs écrits sont appelés les « épîtres générales » parce qu’elles s’adressent à l’ensemble des premiers chrétiens. Elles comprennent des instructions générales les concernant. Ensuite, nous laisserons Paul nous expliquer son sentiment au sujet de l’obéissance aux écritures de l’Ancien Testament.

Le point de vue de Jacques au sujet de la loi

Jacques était apparemment le tout premier de ces quatre auteurs. Il écrivit son épître quelque temps avant avoir été martyrisé en 62 après J.-C. Demi-frère de Jésus-Christ (Matthieu 13:55), il était, sans aucun doute, la personne qui Lui était le plus intimement lié. Il connaissait l’attitude et l’approche de Jésus vis-à-vis de l’Ancien Testament et des lois de Dieu.

Jacques ne pouvait pas être plus clair quant à sa façon de comprendre comment les lois de Dieu s’appliquaient aux chrétiens. Il se réfère à cette loi comme étant « la loi royale » (Jacques 2:8) et « la loi de liberté » (Jacques 2:12), reconnaissant ainsi que l’obéissance à cette loi nous libère du péché et de ses conséquences néfastes. Dans Jacques 1:25, il écrivit : « Mais celui qui aura plongé les regards dans la loi parfaite, la loi de la liberté, et qui aura persévéré, n’étant pas un auditeur oublieux, mais se mettant à l’œuvre, celui-là sera heureux dans son activité. » Il confirme spécifiquement observer les commandements de Dieu lorsqu’il écrit : « Si vous accomplissez la loi royale, selon l’Écriture : Tu aimeras ton prochain comme toi-même, vous faites bien. » (Jacques 2:8 cite Lévitique 19:18). Il poursuit en expliquant que nous ne pouvons pas choisir à quel commandement de Dieu nous voulons obéir, il conclut en disant que nous devrions parler et agir « comme devant être jugés par une loi de liberté » (Jacques 2:12).

Jacques nous dit également que d’affirmer qu’il suffit d’avoir la foi et de croire en Dieu est inutile – parce que les démons en font autant (Jacques 2:19). Il utilise des exemples de l’Ancien Testament en citant Abraham et Rahab pour démontrer que notre foi doit être accompagnée d’actions – la foi sans les œuvres est morte (Jacques 2:17-26).

Il souligne également qu’éviter de pécher ne suffit pas – si nous savons ce qui est bien, mais que nous ne le faisons pas, c’est aussi un péché (Jacques 4:17). Comme Jésus-Christ le fit lors du Sermon sur la Montagne (Matthieu 5:17-48), Jacques exige de la part des chrétiens une conduite qui va au-delà de la lettre de la loi – Il attend une pleine intention spirituelle.

L’Ancien Testament, autorité sur laquelle Pierre se base

L’apôtre Pierre était un leader parmi les apôtres, il jouait un rôle majeur dans l’Église des premiers temps. Les seules lettres de Pierre qui ont été conservées sont ses deux épîtres, toutes deux apparemment écrites dans les années 60 après J.-C., avant d’avoir été martyrisé en 67 ou 68 après J.-C.

Que nous disent ces lettres sur la façon dont Pierre considérait l’Ancien Testament et la loi de Dieu ? Bien que le sujet du maintien de l’observance des lois ne soit nulle part directement mentionné dans ses épîtres, ce qu’il écrivit rend sa pensée limpide.

Il répète le commandement de Dieu de Lévitique 11:44 qui nous dit : « vous aussi soyez saints dans toute votre conduite, selon qu’il est écrit [dans l’Ancien Testament] : Vous serez saints, car je suis saint. » (1 Pierre 1:15-16). Citant Ésaïe 40:8, il nous rappelle que « la parole du Seigneur demeure éternellement » (1 Pierre 1:25).

Il compare l’Église à un nouveau temple construit pour Dieu (1 Pierre 2:5) et il décrit les membres de l’Église comme étant un nouveau sacerdoce dévoué au service de Dieu (1 Pierre 1:5 ; 1 Pierre 1:9). Il se réfère à Sarah, à Abraham et à Noé (1 Pierre 3:6 ; 1 Pierre 3:20) pour illustrer différents points de sa lettre. Dans sa première épître, plus d’une douzaine de fois, il cite l’Ancien Testament comme étant l’autorité sur laquelle il base ses paroles.

Dans sa deuxième épître écrite peu avant sa mort (2 Pierre 1:14-15 ; comparez avec Jean 21:18-19), Pierre nous rappelle que les prophètes de l’Ancien Testament ont parlé (et écrit) sous l’inspiration du Saint-Esprit divin (2 Pierre 1:20-21).

Il parle du terrible jugement que Dieu porte sur l’humanité pour ses péchés. Il utilise l’exemple du peuple pécheur de l’époque de Noé et celui des villes dégénérées de Sodome et Gomorrhe que Dieu extermina, « les donnant comme exemple aux impies à venir. » (2 Pierre 2:5-6)

Il cite également l’exemple de la désobéissance du prophète Balaam aux commandements de Dieu, qui mena à sa condamnation (2 Pierre 2:15). Il nous rappelle la nécessité de se souvenir « des choses annoncées d’avance par les saints prophètes » dans l’Ancien Testament, ainsi que des paroles des apôtres (2 Pierre 3:1-2).

Jean enseigne l’obéissance aux commandements de Dieu

Jean, « le disciple que Jésus aimait » (Jean 21:7 ; Jean 21:20 ; Jean 21:24), parle à plusieurs reprises de la nécessité de garder les commandements de Dieu dans ses épîtres, manifestement écrites entre 85 et 95 après. J.-C. alors qu’il était le dernier des 12 apôtres encore vivants. Ses déclarations percutantes parlent d’elles-mêmes :

« Si nous gardons ses commandements, nous savons par cela que nous l’avons connu. Celui qui dit : Je l’ai connu, et qui ne garde pas ses commandements, est un menteur, et la vérité n’est point en lui. » (1 Jean 2:3-4)

« Quiconque pratique le péché transgresse la loi, et le péché est la transgression de la loi. » (1 Jean 3:4)

« Quoi que ce soit que nous demandions, nous le recevons de lui, parce que nous gardons ses commandements et que nous faisons ce qui lui est agréable. » (1 Jean 3:22)

« Nous connaissons que nous aimons les enfants de Dieu, lorsque nous aimons Dieu, et que nous pratiquons ses commandements. Car l’amour de Dieu consiste à garder ses commandements. Et ses commandements ne sont pas pénibles. » (1 Jean 5:2-3)

« Et l’amour consiste à marcher selon ses commandements. » (2 Jean 1:6)

Jude et l’Ancien Testament

Jude, tout comme Jacques, était aussi un demi-frère de Jésus-Christ (Matthieu 13:55). Il connaissait Christ depuis l’enfance. Bien que sa courte épître ne contienne que 25 versets, il parvient à y inclure de nombreuses références à l’Ancien Testament, y compris celles traitant du séjour d’Israël dans le désert, de Sodome et Gomorrhe, de Moïse, Caïn, Balaam, Koré et Énoch.

Les récits de ces hommes qui furent enseignés directement et personnellement par Jésus-Christ sont clairs. Ils respectent l’Ancien Testament en tant que révélation divine inspirée pour l’humanité de tous les temps. Ils affirment que l’observance des commandements de Dieu demeure une exigence pour les chrétiens aujourd’hui.

De quelles manières les enseignements de Paul furent-ils tordus ?

Paul écrivit à l’évangéliste Timothée : « Toute Écriture est inspirée de Dieu, et utile pour enseigner, pour convaincre, pour corriger, pour instruire dans la justice, afin que l’homme de Dieu soit accompli et propre à toute bonne œuvre. » (2 Timothée 3:16-17)

Dans le verset précédent, Paul parle des « saintes écritures » à Timothée, celles qu’il connaissait depuis son « plus jeune âge ». Paul ne peut donc que se référer à l’Ancien Testament, car le Nouveau Testament n’avait pas encore été écrit et consigné. Par conséquent, il est clair que Paul considère que les Écritures de l’Ancien Testament sont nécessaires pour la compréhension et la vie des chrétiens.

Pourtant, aujourd’hui, la plupart des théologiens et des prédicateurs pensent que Paul considérait l’Ancien Testament comme obsolète. Ils voient en lui la première personne qui enseigna que ces Écritures n’étaient plus nécessaires et qu’elles ne représentaient plus le livre de référence faisant autorité pour les chrétiens.

Pour parvenir à cette conclusion, ils déforment certaines paroles de Paul difficiles à comprendre pour appuyer leurs affirmations selon lesquelles Jésus-Christ, en mourant sur la croix, abolit la loi de l’Ancien Testament.

En concluant ainsi, ils ignorent la mise en garde de Pierre concernant Paul : « […] comme notre bien-aimé frère Paul vous l’a aussi écrit, selon la sagesse qui lui a été donnée. C’est ce qu’il fait dans toutes les lettres, où il parle de ces choses, dans lesquelles il y a des points difficiles à comprendre, dont les personnes ignorantes et mal affermies tordent le sens, comme celui des autres Écritures, pour leur propre ruine. » (2 Pierre 3:15-16)

Lorsque nous examinons de plus près les écrits de Paul, nous voyons qu’il utilise l’autorité de certaines écritures, et qu’il serait donc absurde de présumer qu’il les aurait soi-disant rejetées. Il en appelle toujours aux Écritures de l’Ancien Testament qui constituent la référence de ses enseignements !

Paul défend sa fidélité envers les Écritures

Les premières fausses accusations concernant Paul et son prétendu mépris de la loi de Dieu sont venues de Juifs qui s’opposaient vigoureusement à sa prédication auprès des Gentils disant que ces derniers pouvaient être sauvés sans avoir à se soumettre au rite de la circoncision.

Ils l’accusaient faussement d’abandonner la loi de Dieu et son héritage juif. Paul nia vigoureusement cette accusation et présenta clairement les Écritures comme l’autorité sur laquelle il fonde ses enseignements et sa conduite. Pour prouver que toutes les allégations affirmant son rejet de la loi de Dieu étaient fausses, des chrétiens de Jérusalem lui demandèrent d’accompagner quatre Juifs chrétiens dans l’exercice des rites de purification du temple selon la loi biblique (Actes 21:17-26).

Paul profita de l’occasion, désireux de faire cesser les critiques à son sujet et de pouvoir confirmer publiquement sa fidélité aux Écritures.

Toutefois, « la fin des sept jours, les Juifs d’Asie (ses opposants), ayant vu Paul dans le temple, soulevèrent toute la foule, et mirent la main sur lui, en criant : Hommes Israélites, au secours ! Voici l’homme qui prêche partout et à tout le monde contre le peuple, contre la loi et contre ce lieu ; il a même introduit des Grecs dans le temple, et a profané ce saint lieu. » (Actes 21:27-28)

Ils mentaient. Néanmoins, une émeute éclata et le commandant romain dut sauver Paul de la foule juive hostile qui voulait le tuer.

Paul demanda la permission de plaider sa cause face à la foule. La permission lui fut accordée (Actes 21:40) et il put s’exprimer. Il fut ensuite mené devant le Sanhédrin, Haut Conseil des Juifs, et de là, transféré dans la ville de Césarée, sur la côte méditerranéenne, afin de comparaître devant le gouverneur romain Félix.

Le commandant de la garnison romaine de Jérusalem, dans une lettre à Félix, ajoute cette explication :

« Je suis intervenu avec mes troupes pour sauver cet homme, que les Juifs voulaient tuer, sachant qu’il était Romain (Paul était citoyen Romain).

Voulant connaître le motif pour lequel ils l’accusaient, je l’emmenai devant leur Conseil (le Sanhédrin). J’ai su qu’on l’accusait sur des questions relatives à leur loi, mais qu’il n’avait commis aucun crime qui mérite la mort ou la prison. » (Actes 23:27-29)

Remarquez la manière dont Paul nie les accusations portées à son insu :

« Après que le gouverneur lui eut fait signe de parler, Paul répondit : Sachant que, depuis plusieurs années, tu es juge de cette nation, c’est avec confiance que je prends la parole pour défendre ma cause. Il n’y a pas plus de douze jours, tu peux t’en assurer, que je suis monté à Jérusalem pour adorer. On ne m’a trouvé ni dans le temple, ni dans les synagogues, ni dans la ville, discutant avec quelqu’un, ou provoquant un rassemblement séditieux de la foule. Et ils ne sauraient prouver ce dont ils m’accusent maintenant. Je t’avoue bien que je sers le Dieu de mes pères selon la voie qu’ils appellent une secte, croyant tout ce qui est écrit dans la loi et dans les prophètes, et ayant en Dieu cette espérance, comme ils l’ont eux-mêmes, qu’il y aura une résurrection des justes et des injustes. C’est pourquoi je m’efforce d’avoir constamment une conscience sans reproche devant Dieu et devant les hommes. » (Actes 24:10-16)

Quelle affirmation sans équivoque ! Des années après sa conversion, Paul dit croire encore et toujours à « tout ce qui est écrit dans la loi et dans les prophètes » – terme juif employé pour parler de l’Ancien Testament dans son entièreté. Cette affirmation de Paul, écarte tout doute possible sur sa position vis-à-vis de la loi de Dieu.

Paul défend ses enseignements devant la Cour pour la deuxième fois

Deux ans plus tard, Paul fut à nouveau convoqué devant la Cour et le nouveau gouverneur romain, Porcius Festus (Actes 24:27). « Quand il fut arrivé, les Juifs qui étaient venus de Jérusalem l’entourèrent, et portèrent contre lui de nombreuses et graves accusations, qu’ils n’étaient pas en état de prouver. Paul entreprit sa défense, en disant : je n’ai rien fait de coupable, ni contre la loi des Juifs, ni contre le temple, ni contre César. » (Actes 25:7-8)

Ces parutions officielles devant la Cour sont importantes. Elles constituaient, d’après Paul, la preuve de son ferme engagement non seulement à croire mais également à observer toutes les lois de Dieu – ces mêmes lois auxquelles les Juifs prétendaient obéir. Aucun de ses accusateurs ne put produire la moindre preuve du contraire. Toutes les allégations portées contre lui étaient fausses – tout comme le sont les allégations contemporaines qui affirment que Paul prêchait contre les lois de l’Ancien Testament !

Cependant, ces rumeurs inexactes et diffamatoires, prononcées à l’égard de Paul il y a si longtemps, circulent encore aujourd’hui. Elles forment la base de ce qui est communément appelé de nos jours « la théologie paulinienne ».

Cette philosophie théologique présente toujours Paul comme un homme qui se serait dédié à séparer le christianisme de ses racines juives. Elle le dépeint comme celui qui rejeta son héritage biblique et amorça des changements en enseignant la répudiation de toutes les lois de l'Ancien Testament.

Mais, comme cela fut expliqué ci-dessus, ceci est bien loin de ce que Paul fit, cru et enseigna. Tout au long de sa vie, Paul défendit les Écritures de l’Ancien Testament comme étant non seulement inspirées, mais aussi utiles « pour instruire dans la justice » pour tous les chrétiens (à nouveau, reportez-vous à 2 Timothée 3:15-17).

Ces Écritures contiennent la loi de Dieu, qui fait une distinction entre la justice et le péché. Il n’est donc pas étonnant que Paul déclare : « Mais je n’ai connu le péché que par la loi. » (Romains 7:7)