Le Nouveau Testament a-t-il aboli la distinction entre les animaux ?
La plupart des théologiens supposent que le respect des lois de Dieu concernant les aliments purs et impurs n’est plus nécessaire depuis la crucifixion du Christ. Ils pensent que, pour les chrétiens, la Nouvelle Alliance supprime la nécessité d’observer de telles lois. Mais est-ce bien ce que dit la Bible ?
Le changement administratif passant du sacerdoce lévitique au ministère de Jésus-Christ n’a pas annulé les attentes de Dieu quant à l’obéissance de Son peuple à Sa loi sur les aliments purs et impurs (ou toute autre loi) dans le cadre de leur sanctification, ou de leur mise à l’écart, en tant que peuple de Dieu (voir Lévitique 11:44-47 ; 19:2 ; 20:7-26 ; 21:8). Pierre et Paul parlent tous les deux de la continuité et de la nécessité pour le peuple de Dieu d’être saint (Éphésiens 1:4 ; 1 Pierre 1:14-16).
Certains spécialistes de la Bible reconnaissent que les membres de l’Église originelle continuaient à faire la distinction entre les aliments purs et impurs. Cependant, en raison de l’idée erronée selon laquelle la Nouvelle Alliance abolit une grande partie de la loi de Dieu, beaucoup supposent que ces exigences alimentaires étaient simplement des pratiques culturelles juives qui ont perduré jusqu’à ce que l’Église soit composée de plus de Gentils. De telles idées préconçues influencèrent les interprétations de nombreux passages du Nouveau Testament. Dans les cercles théologiques, on appelle cela l’eisegesès, c’est-à-dire l’interprétation des Écritures selon ses idées personnelles.
Examinons les passages du Nouveau Testament traitant de la nourriture. En faisant cela, nous pratiquons l’exégèse – en cherchant à découvrir la signification d’un passage grâce à une étude approfondie des Écritures et du contexte de ce passage pour le mettre en application.
La vision de Pierre : Dieu a-t-Il purifié tous les aliments ?
Une partie de la Bible souvent mal comprise concerne la vision de Pierre dans laquelle « Il vit le ciel ouvert, et un objet semblable à une grande nappe attachée par les quatre coins, qui descendait et s’abaissait vers la terre, et où se trouvaient tous les quadrupèdes et les reptiles de la terre et les oiseaux du ciel. Et une voix lui dit : Lève-toi, Pierre, tue et mange. » (Actes 10:11-13)
Pensant au premier abord que la vision signifiait que Pierre pouvait manger des animaux impurs, celui-ci répondit spontanément : « Non, Seigneur, car je n’ai jamais rien mangé de souillé ni d’impur » (verset 14). La même vision est apparue trois fois de suite à Pierre (verset 16).
À ce stade, de nombreux lecteurs pensent connaître la signification de la vision alors qu’ils n’ont pas lu tout le récit – ils pensent que Dieu dit à Pierre que nous sommes maintenant libres de manger ce que nous désirons, c’est-à-dire toute sorte de chair animale. Cependant, dans le contexte, ces Écritures montrent que ce n’est pas du tout la conclusion de Pierre. Au contraire, même après avoir vu la vision à trois reprises, « Pierre ne savait en lui-même que penser du sens de la vision qu’il avait eue » (Actes 10:17).
Plus tard, Pierre découvrit la signification de la révélation. Il réalisa que Dieu lui apprit « à ne regarder aucun homme comme souillé et impur. » (Verset 28) Reconnaissant l’intention réelle de la vision, Pierre baptisa les premiers Gentils (non-Israélites) appelés par Dieu dans l’Église et qui, initialement, n’étaient pas des prosélytes juifs (versets 45-48).
L’objet de cette révélation divine que nous lisons plus loin dans le récit, n’était pas du tout la nourriture. Elle concernait les êtres humains. Les chefs religieux juifs à l’époque du Christ considéraient, à tort, que les Gentils étaient impurs. Cette importante vision permit de corriger cette fausse idée mais néanmoins répandue qui commençait à affecter Pierre et les membres de l’Église. Elle démontrait que Dieu commençait à offrir le salut aux membres de toute ethnie. Les Gentils appelés par Dieu étaient maintenant accueillis dans l’Église.
Loin d’abolir les instructions de Dieu sur la consommation des mets impurs, ces versets montrent qu’environ une décennie après la mort du Christ, Pierre n’avait « jamais rien mangé de souillé ni d’impur ».
Il est évident que Pierre n’en avait pas déduit que Dieu abrogeait Ses propres lois sur les aliments ou bien que la mort et la résurrection du Christ les rendaient obsolètes. Selon les propres paroles de Pierre, nous voyons qu’il continua à obéir fidèlement à ces lois.
Nous ne trouvons pas non plus de preuve qu’il ait mangé des animaux impurs après cette expérience. Manifestement, il continua à obéir aux lois de Dieu définissant les animaux qui pouvaient ou pas, être consommés et ne voyait aucune raison de changer cette pratique. Pierre réalisa que cette vision déroutante ne pouvait pas abroger les instructions divines, c’est pourquoi il « réfléchissait à la vision » jusqu’à ce qu’il en comprenne la signification (versets 17-19, 28) – les Gentils pouvaient aussi devenir membres de l’Église à l’aide de la repentance et de la foi (versets 34-35, 45-48).
Controverse sur les aliments dans l’Église
En lisant le Nouveau Testament, nous trouvons des références à une controverse dans l’Église primitive au sujet de la nourriture. Cependant, un examen des Écritures révèle que la question est bien différente de ce que beaucoup prennent pour acquis.
Dans 1 Corinthiens 8, l’apôtre Paul parle de « manger des viandes sacrifiées aux idoles » (verset 4). Pourquoi cette question ?
« La viande était souvent sacrifiée sur des autels païens et dédiée à des dieux au temps de Paul. Plus tard, cette viande était mise en vente sur les marchés publics. Certains chrétiens se demandaient s’il était moralement juste que les chrétiens mangent de telles viandes sacrifiées auparavant à des dieux païens ». (Nelson’s New Illustrated Bible Dictionary, 1995, “Meat”).
Il est intéressant, bien que non concluant, de noter qu’Actes 14:13 est le seul passage dans lequel le type d’animal sacrifié aux idoles est mentionné. Il s’agissait de bœufs – donc des animaux purs – sur le point d’être offerts.
Cette controverse ne portait pas sur le type de viande à consommer. Les Juifs pratiquants de l’époque, conformément aux instructions divines, ne considéraient pas les animaux impurs comme une source possible de nourriture. Au lieu de cela, le problème portait sur la conscience de chacun quant à la consommation de viande – viande pure – qui avait peut-être été sacrifiée aux idoles.
Paul expliqua « qu’une idole n’est rien dans le monde » (1 Corinthiens 8:4, version Segond 21), précisant qu’il n’était pas intrinsèquement dangereux de manger des viandes qui avaient été sacrifiées à une idole. Qu’un animal ait été sacrifié à un dieu païen n’avait aucune incidence sur le fait qu’il soit ou non propre à l’alimentation humaine.
Paul poursuivit : « Mais tous n’ont pas cette connaissance. Quelques-uns, marqués par la manière dont ils perçoivent encore les idoles, mangent de ces viandes comme leur étant sacrifiées, et leur conscience, qui est faible, en est souillée. Or ce n’est pas un aliment qui nous rapproche de Dieu : si nous en mangeons, nous n’avons rien de plus ; si nous n’en mangeons pas, nous n’avons rien de moins. » (1 Corinthiens 8:7-8, version Segond 21)
Lorsqu’un croyant achetait de la viande au marché ou était invité à un repas où de la viande était servie, il n’était pas nécessaire de déterminer si elle avait été offerte à une idole, disait Paul (1 Corinthiens 10:25-27). Son souci était que les frères soient attentifs à ceux qui avaient des croyances différentes. Il enseigna que dans de tels cas, il était préférable pour eux de ne pas manger de viande plutôt que d’offenser qui que ce soit (1 Corinthiens 8:13 ; 10:28).
Cette question est à la base de nombreuses discussions de Paul au sujet de la liberté et de la conscience chrétiennes. Contrairement à la loi de Dieu sur les aliments purs et impurs directement consignée dans l’Ancien Testament, les Écritures hébraïques ne sont pas explicites sur le sujet des viandes offertes aux idoles. Mais, à l’époque du premier siècle du Nouveau Testament, cette question varia en importance et en signification pour les membres selon leur conscience et leur compréhension.
Le contexte des épîtres de Paul
La relation chronologique entre les épîtres de Paul aux membres de Corinthe et sa correspondance avec ceux de Rome est un autre élément d’information contextuel que les gens négligent souvent.
Beaucoup croient que Romains 14 soutient l’idée que les chrétiens sont libérés de toutes les anciennes restrictions concernant les aliments pouvant être consommés. Paul écrit au verset 14 : « Je sais et je suis persuadé par le Seigneur Jésus que rien n’est impur en soi, et qu’une chose n’est impure que pour celui qui la croit impure ». Ce verset est souvent cité comme preuve pour affirmer cela.
Cependant, cette approche ne tient pas compte de la perspective de Paul et du contexte de son épître à l’Église de Rome. De nombreuses sources bibliques s’accordent à dire que Paul écrivit 1 Corinthiens vers l’an 55 apr. J.C. et son épître aux Romains depuis Corinthe en 56 ou 57. Comme cela a été démontré ci-dessus, la controverse alimentaire à Corinthe portait sur les viandes sacrifiées aux idoles. Lorsque Paul écrivait aux Romains depuis Corinthe, où cette question était importante, le sujet était encore frais dans l’esprit de Paul et constitue la base logique de ses commentaires soutenus par la Bible dans Romains 14.
Comprendre l’intention de Paul
Ceux qui pensent que le sujet dans Romains 14 est une abrogation de la loi concernant les aliments purs et impurs doivent forcer cette interprétation dans le texte parce qu’il n’existe aucun fondement biblique à cet égard. La base historique de la discussion semble, d’après les éléments du chapitre lui-même, concerner la viande sacrifiée aux idoles.
Romains 14:2 oppose celui qui « ne mange que des légumes » à celui qui « croit pouvoir manger de tout » – de la viande comme les légumes. Le verset 6 parle de manger ou de ne pas manger, et est interprété de diverses manières comme faisant référence au jeûne (ne pas manger ni boire), au végétarisme (ne consommer que des légumes) ou de manger ou non des viandes sacrifiées aux idoles.
Romains 14:21 montre que la viande offerte aux idoles était la question dominante de ce chapitre : « Il est bien de ne pas manger de viande, de ne pas boire de vin, et de s’abstenir de ce qui peut être pour ton frère une occasion de chute, [de scandale ou de faiblesse]. » Les Romains de l’époque offraient couramment de la viande et du vin aux idoles, et une partie de leurs offrandes étaient ensuite vendues sur le marché.
« Life Application Bible » commente Romains 14:2 : « Le système ancien de sacrifice était au centre de la vie religieuse, sociale et domestique du monde romain. Après qu’un sacrifice eut été présenté à un dieu dans un temple, seule une partie était brûlée. Le reste était souvent envoyé au marché pour la vente. Ainsi, un chrétien pourrait facilement – même sans le savoir – acheter cette viande au marché ou la manger chez un ami.
« Un chrétien doit-il s’interroger sur la provenance de sa viande ? Certains pensaient qu’il n’y avait rien de mal à manger de la viande qui avait été offerte aux idoles, car celles-ci n’existaient pas, et n’avaient aucune valeur réelle. D’autres vérifiaient soigneusement l’origine de leur viande ou renonçaient à en manger pour ne pas heurter leur conscience. Le problème était particulièrement criant pour les chrétiens qui avaient été autrefois des adorateurs d’idoles. Pour eux, un rappel aussi fort de cette période païenne pourrait affaiblir leur nouvelle foi. Paul traite aussi de ce problème dans 1 Corinthiens 8. »
Quel est l’intérêt de l’enseignement de Paul dans Romains 14 ? Selon leur conscience, les premiers croyants avaient plusieurs choix lorsqu’ils voyageaient ou résidaient dans leur communauté. S’ils ne voulaient pas manger d’une viande qui avait peut-être été sacrifiée aux idoles, ils pouvaient choisir de jeûner ou de ne manger que des légumes pour s’assurer de ne pas consommer aucune viande d’origine suspecte susceptible de leur donner mauvaise conscience. Si leur conscience n’était pas heurtée par la consommation de viande sacrifiée aux idoles, ils pouvaient aussi choisir cette option. Dans ce contexte, Paul dit « Que chacun ait en son esprit une pleine conviction. » (Verset 5) et que « tout ce qui n’est pas le produit d’une conviction est péché. » (Verset 23)
Romains 14 est, en partie, un chapitre sur la liberté chrétienne – agissant selon sa conscience dans le cadre des lois de Dieu telles qu’elles s’appliquent à la viande sacrifiée aux idoles. Compris dans son contexte, Romains 14 ne donne pasle droit de manger du porc ou de tout autre aliment impur. Lorsque l’on comprend que la controverse alimentaire de l’époque du Nouveau Testament portait sur les viandes sacrifiées aux idoles et non sur celles qui étaient pures, d’autres Écritures deviennent plus claires.
Débat sur la purification cérémonielle
Un autre passage souvent mal compris concerne celui de Marc 7:18-19. Ici, Jésus dit : « Vous aussi, êtes-vous donc sans intelligence ? Ne comprenez-vous pas que rien de ce qui du dehors entre dans l’homme ne peut le souiller ? » Il est rendu évident par les versets 2 à 5 de Marc 7, qu’il est question dans ce contexte du fait de prendre un repas avec des mains « non lavées », et par conséquent le sujet n’est pas celui de savoir quelles viandes pouvaient être consommées. La mention des « lieux secrets, qui purifient tous les aliments » se réfère à la manière dont le processus digestif du corps élimine les impuretés, y compris celles qui pourraient être présentes en mangeant avec des mains non lavées.
Les pharisiens, de même que Jésus et Ses disciples, ne mangeaient que les viandes que les Écritures spécifiaient comme étant pures. Ils s’y sont cependant opposés lorsque Jésus et Ses disciples ne suivirent pas le rituel habituel des pharisiens consistant à se laver les mains avant de manger.
Jésus, dont les mains étaient suffisamment propres pour manger, même si elles ne l’étaient pas assez pour répondre aux normes humainement conçues par les pharisiens – explique que le corps humain a été conçu pour traiter les petites particules de poussière ou de saleté qui pourraient y pénétrer en raison de la manipulation d’aliments avec des mains qui n’auraient pas été lavés rituellement. Il a en outre suggéré que, si les pharisiens voulaient sérieusement obéir à Dieu, ils devaient revoir leurs priorités. Nettoyer ses pensées, dit-Il, est éminemment plus spirituellement important que de se laver les mains (versets 20-23).
Interprétations douteuses
Les versions bibliques du Semeur et de Segond 21 rendent la dernière partie du verset 19 ainsi : « Il déclarait ainsi que tous les aliments sont purs. » Ces traductions contrastent fortement avec les versions Synodale et Louis Segond Nouvelle Édition de Genève 1979 qui indiquent que c’est le processus digestif corporel qui purifie la nourriture, par opposition à la déclaration de Jésus qui donne les lois de Dieu sur les viandes à manger. Quelle interprétation est correcte ?
Les versions Synodale et Louis Segond Nouvelle Édition de Genève 1979 sont celles qui s’adaptent le mieux au contexte concernant le fait de manger avec des mains non lavées de façon cérémonieuse plutôt que de décider quel type de viande est appropriée pour être consommée. Elles conviennent également le mieux à la culture du Nouveau Testament où Juifs et chrétiens ne mangeaient que des viandes pures.
Remarquez que dans les versions anglaises telles que la NIV (New International Version) et la NASB (New American Standard Bible), la dernière partie de Marc 7:19 est entre parenthèses, comme si Marc expliquait les paroles du Christ. Il s’agit évidemment d’une interprétation de la formulation originale de l’Évangile de Marc. Dans le grec original, les mots « – Il déclarait par là même – (Bible du Semeur) et « Il déclarait ainsi que […] » (Segond 21 (SG2) ne sont pas présents ; les traducteurs les ont ajoutés pour expliquer, selon eux ce que pensait Marc, plaçant ainsi leurs propres interprétations préconçues et erronées sur les paroles de Jésus.
La compilation de toutes les Écritures sur le sujet nous aide à bien saisir la perspective biblique. Dans un passage tel que celui d’Actes 10, dont il fut question plus haut, nous lisons que Pierre déclare, presque une décennie après la mort du Christ, n’avoir jamais consommé de viande impure. Il devient évident que les apôtres ne croyaient pas que Christ avait aboli les commandements concernant la consommation de viandes impures. Une telle opinion ne peut tout simplement pas être validée à la lumière des simples Écritures qui prouvent le contraire.
Aucun passage du Nouveau Testament ne décrit des chrétiens mangeant des viandes considérées comme impures ; une telle vision est manifestement absente de la Bible. Mais par contre, nous trouvons de nombreux passages bibliques dans lesquels l’apôtre Paul affirmait vigoureusement et de manière répétée, son respect envers les lois divines (Actes 24:14 ; 25:8 ; Romains 3:31 ; 7:12-22), tout comme Jacques, le demi-frère du Christ (Jacques 2:8-12 ; 4:11), et Jean (1 Jean 3:4). Transgresser les lois divines concernant la consommation des aliments purs et impurs aurait été absolument impensable à leurs yeux.
Une controverse clarifiée à Colosse
Lorsque Paul écrivit qu’un chrétien ne devrait pas être jugé « au sujet du manger ou du boire, ou au sujet d’une fête, d’une nouvelle lune, ou des sabbats » (Colossiens 2:16), certains supposent que les croyants auxquels il s’adressait mangeaient de la viande de porc ainsi que d’autres viandes auparavant considérées comme impures. Là encore, nulle part la Bible ne soutient cette hypothèse.
En réalité, la question des viandes pures et impures n’est abordée nulle part dans ce passage. Paul ne parle pas des aliments que les Colossiens consommaient ; le mot grec brosis, traduit par « du manger et du boire », ne se réfère pas à la nourriture elle-même mais plutôt à « l’acte de manger ». (Vine’s Complete Expository Dictionary of Old and New Testament Words, 1985, p. 245. C’est nous qui soulignons).
D’autres traductions le montrent clairement. La version anglaise Twentieth Century New Testament, par exemple, traduit ainsi par « Ne permettez donc à personne de vous mettre à l’épreuve sur les questions du manger et du boire. »
Bien que beaucoup pensent que les critiques de Paul s’adressent aux enseignants qui prônaient les pratiques de l’Ancien Testament (comme le respect de la loi et la coutume de la circoncision), aucune preuve biblique ne vient étayer ce point de vue. Cependant, nous devrions reconnaître que les perversions de la pratique biblique appropriée abondaient à l’époque, autant dans le judaïsme que dans l’Église originelle naissante. Comme l’explique The International Standard Bible Encyclopaedia : « Il y a plus que du judaïsme dans ce faux enseignement. Ses enseignants se tournent vers des esprits intermédiaires, des anges qu’ils adorent, et insistent sur un ascétisme très strict. » (Édition 1939, « Epistle to the Colossians », Épître aux Colossiens)
Le faux enseignement que Paul condamnait contenait de nombreux éléments de l’ascétisme – éviter tout ce qui est agréable – qui visait soi-disant à rendre ses adeptes plus spirituels. Notez ses instructions écrites aux Colossiens : « Si vous êtes morts avec Christ aux principes élémentaires du monde, pourquoi, comme si vous viviez dans le monde, vous impose-t-on ces préceptes : Ne prends pas ! ne goûte pas ! ne touche pas ! préceptes qui tous deviennent pernicieux par l’abus, et qui ne sont fondés que sur les ordonnances et les doctrines des hommes ? Ils ont, en vérité, une apparence de sagesse, en ce qu’ils indiquent un culte volontaire, de l’humilité, et le mépris du corps, mais cela est sans valeur réelle et ne sert qu’à satisfaire la chair. » (Colossiens 2:20-23)
Nous y voyons la nature ascétique de l’erreur que Paul combattait. La tentative illusoire des faux enseignants pour atteindre une plus grande spiritualité comprenait le « mépris du corps » (verset 23). Paul décrit leurs mauvaises règles telles que « Ne prends pas ! ne goûte pas ! ne touche pas ! » (Verset 21) Leurs efforts ne créaient qu’une « apparence de sagesse » (verset 23) et étaient destinés à échouer parce qu’ils n’étaient « fondés que sur les ordonnances et les doctrines des hommes » (verset 22) plutôt que sur les instructions de Dieu.
Paul exhorte l’Église de Colosse à ne pas écouter les ascètes. Plutôt que d’abroger les lois de Dieu concernant les viandes impures – que certaines personnes ont mal lues – Paul donne des instructions aux Colossiens en leur disant de ne pas se préoccuper des enseignants ascétiques qui critiquaient la manière dont ils célébraient les fêtes et les sabbats en agréable communion avec de la nourriture et de la boisson. Un tel plaisir, bien que condamné par ces faux enseignants, est parfaitement acceptable pour Dieu. (Pour une meilleure compréhension, veuillez demander nos deux brochures gratuites intitulées « Les Fêtes divines : La promesse que l’humanité peut espérer » et « Le Repos du sabbat de Dieu »).
Dans cette section du livre aux Colossiens, Paul encourage l’Église à rester ferme à ses enseignements et à sa bonne compréhension ; il ne s’agit pas d’un traité au sujet des aliments bons à manger ou des jours consacrés à adorer Dieu. Nous devons faire attention à ne pas lire des notions préconçues dans ces passages ou dans tout autre.
Une mauvaise interprétation des instructions à Timothée
Une autre partie des écrits de Paul souvent mal comprise concerne 1 Timothée 4:3-5. Il parle des faux docteurs qui « prescrivent de ne pas se marier et de s’abstenir d’aliments que Dieu a créés pour qu’ils soient pris avec actions de grâces par ceux qui sont fidèles et qui ont connu la vérité. Car tout ce que Dieu a créé est bon, et rien ne doit être rejeté, pourvu qu’on le prenne avec actions de grâces, parce que tout est sanctifié par la parole de Dieu et par la prière. »
Quelle était la motivation de ces faux enseignants ? Paul a-t-il mit Timothée en garde contre les enseignants qui prônent le respect des lois bibliques concernant les viandes pures et impures ? Ou bien s’agissait-il de quelque chose d’autre ?
Nous savons que Paul dit à Timothée que Dieu avait inspiré les Écritures de l’Ancien Testament pour qu’elles soient « utiles pour enseigner, pour convaincre, pour corriger, pour instruire dans la justice » (2 Timothée 3:16). Donc la notion selon laquelle Paul mettrait en garde Timothée contre le respect des instructions trouvées dans ces mêmes Écritures n’est pas crédible.
D’autre part, les paroles de Paul nous montrent le vrai problème : ces enseignants exigeaient que les gens suivent des ordres qui ne se trouvent pas dans la Bible. Ils « prescrivent de ne pas se marier », mais le mariage est encouragé, et non découragé dans les Écritures. Ils disent également « de s’abstenir d’aliments que Dieu a créés pour qu’ils soient pris avec actions de grâces par ceux qui sont fidèles et qui ont connu la vérité. »
The Life Application Bible nous aide à comprendre le contexte du problème que Paul abordait ici : « Le danger auquel Timothée dut faire face à Éphèse semble provenir de certains individus dans l’Église, partisans de certains philosophes grecs enseignant que le corps était mauvais et que seule l’âme comptait. Les faux professeurs refusaient de croire que le Dieu de la création était bon, car Son contact même avec le monde l’aurait souillé [...] [Ils] donnèrent des règles strictes (comme l’interdiction de se marier ou de manger certains aliments). Cela leur donnait une apparence d’autodiscipline, de justice et de droiture. »
Paul discute de la véritable source de ces enseignements hérétiques dans 1 Timothée 4:1 ; Plutôt que d’être fondés sur la Bible, ces enseignements émanent d’ « esprits séducteurs » et à « des doctrines de démons ». Ainsi, nous voyons que le problème de 1 Timothée 4 concernait un ascétisme mondain perverti, et non l’obéissance aux lois de Dieu qui définissent les viandes pures et impures.
Paul part du principe que « ceux qui sont fidèles et qui ont connu la vérité » (verset 3) sont familiers avec les Écritures qui identifient quelles viandes étaient spécifiquement « sanctifié[es] [mise à part] par la parole de Dieu et par la prière » (verset 5) pour notre plaisir. Il encouragea Timothée à leur rappeler de se laisser guider par les Écritures et non par ces enseignants ascétiques.
Comme dans la situation décrite par Paul dans sa lettre aux Colossiens, les problèmes abordés avec Timothy était l’ascétisme, et non l’adhésion aux lois alimentaires de Dieu.
Une vision plus large de l’Histoire
Comme nous l’avons vu, il n’existe aucune preuve dans les Écritures attestant que les membres de l’Église originelle changèrent leurs pratiques relatives aux instructions concernant les aliments purs et impurs. Au lieu de cela, nous voyons la parole d’un des apôtres qui montre que, même une décennie après la mort et la résurrection du Christ, il n’avait « jamais rien mangé de souillé ni d’impur ».
La Bible nous donne-t-elle d’autres indications concernant le moment et le temps pendant lesquelles ces lois resteront en vigueur ? Laissons le présent de côté et avançons dans l’histoire de l’humanité jusqu’au prochain retour du Christ sur Terre pour établir le Royaume de Dieu. Une image bien définie de Sa volonté pour l’avenir fournit une compréhension supplémentaire pour nous aider à nous orienter dans le présent.
En décrivant les événements de la fin des temps précédant le retour du Christ, le livre de l’Apocalypse utilise l’expression « un repaire de tout oiseau impur et odieux ! » (Apocalypse 18:2). Si les mentions pures et impures n’existent plus depuis longtemps, pourquoi Jésus a-t-Il inspiré cette image à Jean ? Dieu est cohérent et immuable (Jacques 1:17 ; Malachie 3:6 ; 4:4 ; Hébreux 13:8 ; Matthieu 5:17-19). Les animaux déterminés comme impurs depuis des milliers d’années resteront impurs à l’avenir.
Apocalypse 18:2 peut se référer figurativement à des démons appelés « esprits impurs » dans le Nouveau Testament. Malgré cela, une telle métaphore n’aurait pas de sens si la distinction entre les oiseaux impurs n’existait plus. Notez également que les esprits impurs sont comparés à des grenouilles dans Apocalypse 16:13. Encore une fois, ce n’est que lorsque nous comprenons que les grenouilles sont toujours impures que cette comparaison a du sens.
Un autre passage qui fait référence au moment du retour de Jésus sur Terre présente cette image : « Car voici, l’Éternel arrive dans un feu, et ses chars sont comme un tourbillon ; il convertit sa colère en un brasier, et ses menaces en flammes de feu. C’est par le feu que l’Éternel exerce ses jugements, c’est par son glaive qu’il châtie toute chair ; et ceux que tuera l’Éternel seront en grand nombre. Ceux qui se sanctifient et se purifient dans les jardins, au milieu desquels ils vont un à un, qui mangent de la chair de porc, des choses abominables et des souris, tous ceux-là périront, dit l’Éternel. » (Ésaïe 66:15-17). Nous voyons ici que, lors du retour du Christ, manger des choses impures sera condamnable et ceux qui le feront seront punis.
La position biblique est claire. La distinction entre les viandes pures et impures existait bien avant la rédaction du Nouveau Testament ; elle a été observée par les dirigeants et les autres membres de l’Église originelle ; et elle s’appliquera encore au moment du retour du Christ dans le futur, lorsqu’Il la fera appliquer. Il est donc clair qu’elle doit être observée aujourd’hui également par les membres de l’Église moderne, « ceux qui gardent les commandements de Dieu et qui retiennent le témoignage de Jésus. » (Apocalypse 12:17)
Même si les chrétiens du premier siècle eurent des problèmes de conscience au sujet des viandes sacrifiées aux idoles, la Bible indique qu’ils vivaient en harmonie avec les instructions divines concernant les viandes pures et impures. Ne devrions-nous pas vivre en harmonie avec ces lois également ?
Dieu a conçu et donné Ses lois pour notre bénéfice. Comme le dit l’apôtre Paul : « Exerce-toi à la piété ; car l’exercice corporel est utile à peu de chose, tandis que la piété est utile à tout : elle a la promesse de la vie présente et de celle qui est à venir. » (1 Timothée 4:8).