Commentaire biblique
Juges 8
Diplomatie, justification, humilité et folie de Gédéon
Bien que la petite troupe de Gédéon ait complètement mis en déroute les Madianites et leurs alliés, il demanda aux hommes d’Ephraïm de venir l’aider à achever la victoire (Juges 7:24). Les Ephraïmites s’empressent de prendre le territoire indiqué par Gédéon, de capturer et d’exécuter deux des principaux princes madianites, Oreb et Zeeb, dont ils apportent fièrement les têtes à Gédéon (versets 24-25). Mais la rencontre avec Gédéon n’est pas tout à fait agréable. Les hommes d’Ephraïm reprochent vivement à Gédéon son refus de les appeler à l’engagement initial, estimant qu’ils ont été privés du rôle qui leur revenait dans une grande bataille (Juges 8:1). La réponse de Gédéon fait judicieusement appel à la vanité des hommes d’Ephraïm. « Bien que vous ayez été appelés à participer aux opérations de nettoyage, vous avez fait beaucoup mieux que moi, leur dit-il en substance, car vous avez pris et tué deux princes madianites, et comment ma petite escarmouche pourrait-elle être comparée à cela ? » (voir versets 2-3). La colère des Ephraïmites est ainsi apaisée.
Gédéon et ses hommes revinrent en terre d’Israël, épuisés et fatigués par la faim. Ils arrivèrent à Succoth et demandèrent aux anciens de la ville des provisions pour continuer à poursuivre d’autres chefs madianites. Les anciens de Succoth refusèrent, disant qu’il leur semblait que Gédéon n’avait capturé personne. Les hommes de Penuel, à la même demande, firent une réponse similaire. Dans les deux cas, Gédéon promet de revenir et de punir les villes pour leur impertinence. Selon la culture de l’époque, Gédéon avait tout à fait le droit de faire cette demande, car il était un compatriote en guerre contre les ennemis d’Israël. Les actions des Succothiens et des Penueliens témoignent de leur déloyauté et de leur lâcheté. Après avoir capturé les deux rois madianites, Gédéon retourna à Succoth et à Penuel et mit ses menaces à exécution : il fouetta les anciens de Succoth avec des épines et démolit une tour de défense à Penuel. La victoire de Gédéon est si éclatante que les hommes d’Israël veulent le faire roi. Gédéon refusa : Dieu était le roi d’Israël, et Gédéon s’assura de bien faire comprendre cela aux hommes d’Israël. Gédéon a cependant reçu une récompense, qui lui était due selon les normes de l’époque. Mais Gédéon s’est comporté de manière insensée, car il a pris sa récompense en or et s’en est fait un éphod – un vêtement religieux de cérémonie. Ce vêtement devint un objet de vénération pour les Israélites et, malheureusement, s’avéra même un piège pour Gédéon et sa famille (verset 27). À la mort de Gédéon, le peuple est retombé dans l’idolâtrie totale, construisant même un temple à Baal (versets 33-35 ; Juges 9:4).
L’histoire de Gédéon présente les premiers signes d’une aspiration à la royauté en Israël. Comme nous l’avons déjà dit, la majeure partie du pouvoir gouvernemental réel en Israël à l’époque était entre les mains des anciens des différentes tribus, et les tribus avaient tendance à se préoccuper de leurs propres intérêts, même lorsque la fortune ou l’honneur de la nation était en jeu. Le cycle répété de la servitude et de la délivrance a commencé à exposer la faiblesse de la confédération tribale telle qu’elle existait à l’époque et à éveiller le désir d’un gouvernement central plus puissant. Malheureusement, le cycle répété de servitude et de délivrance n’a pas fait comprendre aux Israélites la nécessité d’être fidèles à Dieu et à l’alliance. C’est la leçon qu’ils auraient dû apprendre. Mais les hommes blâment rarement leur mauvais cœur, préférant blâmer « le système ».