Le Brexit de Babylone : L’avenir de l’État-nation démocratique

Le Brexit de Babylone

L’avenir de l’État-nation démocratique

Deux des principales puissances mondiales, soit la Grande-Bretagne et les États-Unis, traversent une période de bouleversement politique et culturel qui risque d’entacher leur réputation sur la scène internationale, voire d’entraîner un virage fondamental qui ébranlera leur domination dans le monde. Des événements tels que la sortie de la Grande-Bretagne de l’Union européenne (UE) et l’élection présidentielle américaine de 2020 influeront énormément sur l’avenir de ces deux pays.  

La Grande-Bretagne a quitté l’UE en janvier, plus de trois ans après que la majorité des électeurs ont déclaré qu’ils désiraient couper les liens avec l’union continentale à laquelle appartenait leur pays depuis 1973. Cette décision a entraîné la démission du premier ministre, David Cameron, qui avait demandé de procéder au vote. Son successeur, Theresa May, n’a pas réussi à parvenir à une entente que son Parlement pouvait approuver et a dû démissionner en 2019.

Le troisième premier ministre qui a dû prendre cette décision en main, Boris Johnson, a finalement réussi à faire sortir la Grande-Bretagne de l’UE, mais il a retardé les négociations ardues jusqu’au 31 décembre 2020. Les retombées du retrait de la Grande-Bretagne ne font que commencer. 

Une élection américaine cruciale

Entre-temps, le gouvernement américain est empêtré dans une crise constitutionnelle qui aura probablement des conséquences indésirables dans ses relations avec les autres pays, tant amis qu’ennemis.

La Chambre des représentants a entamé une procédure de destitution contre le président Trump en décembre 2019, mais il a fini par être acquitté par le Sénat en février 2020. Au dire de certains, celui-ci lui a donné le feu vert pour continuer d’appliquer des politiques et des pratiques qui ont grandement contrarié le Parti démocrate de l’opposition. Ce qui est clair, c’est qu’un nouveau schisme politique et culturel profond divise la nation. La lutte pour son avenir n’avait pas été si brutale et si crue sur le plan du langage et de ses implications depuis la sanglante Guerre civile, il y a de cela plus de 150 ans.  

Déclenchée à un moment critique, alors que le monde assiste à un virage dans l’alignement des puissances mondiales, la crise qui secoue ces deux pays devrait nous pousser à nous poser la question suivante : En quoi est-ce important ?

Dans quelle mesure le retrait de la Grande-Bretagne de l’UE influe-t-il sur les affaires mondiales ? Que signifie la crise politique et culturelle entourant le président des États-Unis, au-delà des émotions viscérales suscitées par sa personnalité et sa vision du monde ?  

Cela revêt de l’importance, parce que ces deux pays jouent un rôle essentiel dans l’histoire de la prédication de l’Évangile de Dieu !

Les promesses que Dieu fit à Abraham, patriarche d’un peuple connu sous le nom d’Israël, constituent un élément central du véritable Évangile. Ces promesses spirituelles et matérielles sont encore pertinentes de nos jours, et elles renferment la clé requise pour comprendre les événements qui se déroulent actuellement en Grande-Bretagne et aux États-Unis.  

Le fait que ces deux pays ont largement contribué à façonner le monde au cours des 250 dernières années et que les États-Unis continuent de dominer la scène mondiale est loin d’être une coïncidence. Le Dieu qui dit à Abraham « je te ferai devenir une grande nation  » (Genèse 46:3) guide la destinée des pays modernes. C’est par Sa volonté que le rôle des peuples anglophones a eu plus d’effets positifs sur le monde moderne que toute autre nation au cours de l’Histoire. Ce qui survient dans ces deux pays revêt une importance capitale dans notre monde d’aujourd’hui.

Le Brexit : qu’en est-il et pourquoi ?

Le désir de la Grande-Bretagne de se dissocier de l’UE est motivé par plusieurs facteurs.  

Premièrement, plus de la moitié des électeurs ont exprimé le désir de quitter une union politique et économique englobant 27 autres pays européens. La Grande-Bretagne représentant l’une des trois économies les plus prospères de cette union, son départ est d’autant plus important. Le sentiment général chez les Britanniques est de préserver la souveraineté nationale.

L’UE est devenue une puissance supranationale en voie d’expansion. Ses politiques et ses lois supplantent celles de ses pays membres. Ceux-ci se voient dicter par la bureaucratie centralisée de l’UE de plus en plus puissante,  des lois sur l’immigration, la fiscalité et la réglementation économique.  

L’objectif de l’UE visant à effacer les frontières nationales a facilité le déplacement des populations et des marchandises entre les États membres. De nombreux autres pays européens se sont montrés plus ouverts à cet égard, mais les Britanniques ont commencé à riposter face à cette tendance, du fait qu’ils considèrent que leur culture et leur identité distinctes sont en train de s’estomper et d’être remodelées par l’immigration massive de citoyens d’autres pays de l’UE — alors que la population britannique n’a pas son mot à dire dans cette affaire.

De nombreux législateurs et électeurs ont exprimé leur opinion à cet égard, à savoir que ces tendances avaient dépassé la limite. Selon eux, la Grande-Bretagne représente quelque chose de spécial dans le monde, et sa souveraineté nationale doit être préservée au lieu d’être cédée progressivement à l’Europe. 

La Grande-Bretagne et les États-Unis traversent une période de bouleversement politique et culturel qui entache leur réputation sur la scène internationale.

Cette conviction fait partie intégrante du tissu historique d’une culture britannique distincte qui s’est développée au fil de plus d’un millénaire parmi les habitants des îles Britanniques. La culture politique, économique, voire religieuse de ces îles différait de celle qui s’est développée sur le continent européen pendant cette même période et représente une autre facette de cette histoire.

Dans un nouveau livre sur l’histoire des États-Unis intitulé Land of Hope: An Invitation to the Great American Story, l’historien Wilfred McClay décrit ce que l’Angleterre créa : « L’Angleterre proprement dite, nation insulaire qui se développa de façon isolée comparativement aux autres pays, conçut des établissements et des coutumes très différentes de celles du continent européen. Sa tradition féodale était beaucoup moins ancrée que celle de ses rivaux continentaux, et son engagement à l’égard des droits de propriété était beaucoup plus profond. Tant du point de vue religieux que du point de vue politique et sociétal, la façon de faire des Anglais leur était propre.

« Les premières monarchies de la France et de l’Espagne moderne ont accueilli l’absolutisme à bras ouverts, ce qui signifiait une centralisation accrue du pouvoir entre les mains d’un seul souverain dont les prérogatives royales étaient fondées sur le droit divin. Or, les Anglais empruntèrent une voie très différente en créant un système dans lequel le dirigeant était limité par des forces qui divisaient et restreignaient son pouvoir. » (2019, p. 22)

Ce système restreignant le pouvoir des dirigeants fut adopté en 1215, alors que les nobles anglais obligèrent le roi Jean sans Terre à signer la Grande Charte (ou Magna Carta), soit une entente limitant le pouvoir du roi et le partageant avec l’aristocratie.

En plus de partager son pouvoir, le roi avait un contrôle limité du gouvernement au niveau local — cette tâche étant l’apanage de fonctionnaires moins importants. Le Parlement, qui était élu par le peuple, contrôlait la politique fiscale et était autorisé à percevoir des impôts.  

McClay explique que le pouvoir du roi était « limité par une conviction générale selon laquelle le peuple possédait certains droits fondamentaux qu’aucun monarque ne pouvait remettre en question ou violer. Ces droits étaient considérés comme étant fondés sur quelque chose de plus permanent que les désirs des dirigeants. Ils étaient enracinés dans l’unique tradition anglaise de la common law, approche qui reposait sur la jurisprudence accumulée depuis de nombreuses années par des générations de juges. Les droits tels que le droit à un procès devant jury ou le droit d’être protégé contre des perquisitions et des saisies sans mandat étaient inviolables parce qu’ils étaient inscrits dans la loi et les coutumes ; il s’agissait de libertés ancrées dans la trame du développement historique anglais. » 

Cette culture anglaise distincte contraste énormément avec le modèle continental européen qui s’est développé pendant cette même période. L’Europe élabora un système juridique fondé sur le droit civil romano-germanique codifié au VIe siècle par l’empereur Justinien. Ce droit civil plaça le pouvoir de l’État entre les mains du monarque, le César (le tzar ou le Kaiser) ou le roi.

L’Union européenne moderne est devenue un vaste « super-État » bureaucratique formé d’États indissociables et ancré dans le modèle romain. C’est, en quelque sorte, une renaissance moderne du système impérial romain mis en place par César Auguste il y a 2000 ans. La Grande-Bretagne a décidé de s’extirper de ce système et, fait intéressant, ce n’est pas la première fois.  

En 410 apr. J.-C., l’Empire romain occidental croulait sous le poids de sa propre corruption et des pressions exercées par les tribus germaniques qui l’envahissaient. Une révolte déclenchée en Grande-Bretagne, qui faisait partie de l’Empire depuis environ quatre siècles, isola le pays du régime continental romain. Diverses opinions religieuses, politiques et culturelles distinctes convergèrent, un peu comme ce qui est arrivé récemment avec le Brexit.

Selon les prophéties bibliques, le monde se dirige vers une superpuissance des temps de la fin qui l’abasourdira avec sa richesse et son influence, et qui exclura les États-Unis et la Grande-Bretagne.

En 410, il restait une faction pro-européenne désireuse de demeurer sous la domination romaine. On adopta un compromis selon lequel on adressa une pétition à l’empereur Honorius pour lui demander de séparer légalement la colonie du pouvoir administratif de Rome. Et c’est ainsi que les Britanniques furent autorisés à se séparer de Rome. Rien de semblable ne s’était jamais produit. Le 25 juin 2016, lorsque la Grande-Bretagne vota en faveur de son retrait de l’UE, ce même processus se reproduisit. Le Royaume-Uni cherche de nouveau à se séparer d’un pouvoir continental qui ressemble de plus en plus à l’ancien système romain.

Apocalypse 17 et 18 décrivent, en termes prophétiques imagés, une puissance mondiale appelée « un mystère : Babylone la grande » — une union politique, économique et religieuse remontant à la Rome antique et au Saint Empire romain du Moyen Âge et, ultimement, à la ville de Babylone. Cette puissance réprime impitoyablement toute opposition. Comme par le passé, elle est « ivre du sang des saints et du sang des témoins de Jésus ». C’est une puissance qui « a la royauté sur les rois de la terre » (Apocalypse 17:6 ; Apocalypse 17:18).

Compte tenu de l’Histoire et des prophéties bibliques, il y a tout lieu de croire que la puissance économique de l’Europe moderne engendrera la dernière renaissance de Babylone et de Rome qui, selon les prophéties, formeront une puissance mondiale transnationale dominante aux temps de la fin. Alors que nous suivons le déroulement du Brexit en lisant les manchettes, nous observons l’un des principaux pays du monde qui tente de s’extirper d’un système pseudo-babylonien, et ce, à grand-peine. En fait, le Brexit n’est pas un événement insignifiant survenu dans le cadre des événements mondiaux. Il a des implications prophétiques !

Et les États-Unis ?

Depuis l’élection de Donald Trump en tant que président des États-Unis, ceux-ci se trouvent dans un état de crise permanent. Sous le slogan « Make America Great Again » (Rendre à l’Amérique sa grandeur), le président Trump cherche à introduire des changements radicaux.

Il s’est employé à renégocier des traités commerciaux qui, dit-on, étaient économiquement avantageux pour certains pays, au détriment des Américains.

Le président Trump a critiqué les pays membres de l’OTAN parce qu’ils ne contribuaient pas assez au fardeau financier et militaire pour la défense de l’Europe, et il a ajouté que les États-Unis n’assumeront plus la majorité des coûts alors que leurs partenaires de l’OTAN ne paient pas les portions qu’ils avaient convenu de payer. 

Il a retiré les troupes américaines du Moyen-Orient, ce qui a créé un nouvel équilibre des pouvoirs dans la région, à tel point que même les alliés comme l’État d’Israël se demandent dans quelle mesure ils peuvent compter sur l’appui des États-Unis pour contrer l’ennemi.

Sa politique visant à construire un mur sur la frontière américaine sud en vue de mettre fin à l’immigration illégale exaspère les décideurs progressistes des États-Unis et d’autres capitales mondiales.

En essayant de limiter l’immigration en provenance de pays qui sont des refuges pour les terroristes islamiques, le président Trump a réussi à s’aliéner non seulement l’establishment au pouvoir et ses adversaires politiques à Washington, mais aussi un grand nombre des décideurs internationaux de divers ordres gouvernementaux et culturels.

Les lecteurs de Pour l’Avenir devraient comprendre les motifs à l’origine d’une telle opposition contre pratiquement tout ce que le président Trump essaie de faire. Ce n’est pas une simple question de politique partisane ou de personnalités difficiles.

Un agrégé supérieur de recherches du Hudson Institute, John Fonte, présente d’autres motifs pour expliquer cet antagonisme dans un article publié en août 2019 sur le site Web American Greatness et intitulé Who Makes the Rules in a ‘Rules-Based’ Liberal Global Order? (Qui établit les règles dans un ordre mondial libéral fondé sur les règles ?). Fonte décrit le globalisme transnational dans une idéologie utopique qui découle du désir de longue date de voir le monde régi par un seul pouvoir, sans pays souverains distincts.

Selon cette perspective mondialiste, explique-t-il, la paix mondiale, la justice sociale et l’équité économique ne peuvent exister que par la gouvernance bienveillante de tous les peuples par une puissance mondiale qui s’élèverait au-dessus de toutes les frontières nationales, diversités ethniques et  appartenances religieuses.

Il s’agit d’un rêve qui émane de la pensée d’Aristote et de Platon, à savoir qui devrait régner et pour quelle raison. Mais, en fait, ce rêve remonte à bien plus loin que l’ère des philosophes grecs. Genèse 11 traite de ce point de mire dans le monde post-diluvien, alors que les êtres humains se réunirent à Babel pour former le premier « ordre mondial transnational ». Dieu fit échouer leur plan. Pour ce faire, Il dispersa le peuple en donnant à tous un langage différent.

Fonte avance que, depuis plusieurs décennies, les dirigeants et décideurs américains visent de plus en plus un nouvel ordre mondial. Il fait remarquer que les hauts dirigeants tant démocrates que républicains du Département d’État ont déclaré que « la gouvernance mondiale signifie que les pays céderont leur souveraineté à des établissements supranationaux dans l’éventualité où des problèmes mondiaux requerraient des solutions mondiales » et qu’il « était temps de “redéfinir” la souveraineté [nationale] » parce que « la souveraineté est non seulement en train de s’affaiblir dans la réalité, mais qu’elle doit effectivement s’affaiblir. » (C’est nous qui mettons l’accent sur certains passages.)

Cette façon de penser s’infiltre dans presque tous les établissements multinationaux. Les dirigeants et le personnel de la Banque mondiale, des Nations Unies, de la Cour internationale de Justice, de l’Organisation mondiale du commerce et du Fonds monétaire international adhèrent tous corps et âme à cette idéologie.  

Au dire de Fonte, « la base sociale comprend certainement les leaders de l’Union européenne (qui sert de modèle de gouvernance supranationale) et ses administrateurs de la Commission européenne, les juges de la Cour de justice et d’autres dirigeants de l’UE. » L’idéologie mondiale transnationale est la force motrice des leaders du Forum économique mondial qui se réunissent chaque hiver à Davos, en Suisse.

S’appuyant sur la fin de la Deuxième Guerre mondiale en guise de référence, les politiques américaines tendent inexorablement vers cet ordre mondial. En raison des Nations Unies, pour commencer, puis des traités internationaux et d’une position dominante uniquement à cause de leur immense pouvoir économique et militaire, les États-Unis sont devenus des alliés du monde globalisé en voie de développement.  

L’analyse de Fonte inclut la réaction de la Grande-Bretagne à l’égard de l’UE et la considère comme la clé nécessaire pour comprendre ce qu’on appelle « l’état de chaos » dans lequel se trouvent les deux pays anglo-saxons.

Fonte conclut son article comme suit : « Sur ces deux fronts, tant externe qu’interne, nous sommes maintenant aux prises avec un conflit qui déterminera non seulement l’orientation de la politique, mais aussi l’existence de l’État-nation démocratique aux États-Unis, en Grande-Bretagne, dans l’Ouest et partout dans le monde. »

Résurgence nationale ou déclin constant ?

Que laissent présager le Brexit et les politiques actuelles de l’administration Trump ?

Comme nous l’avons mentionné précédemment, les implications du Brexit sont encore à l’état embryonnaire et nous ne pouvons prédire le résultat de l’élection présidentielle américaine de 2020. Bon nombre de gens supposent que la Grande-Bretagne cherchera à resserrer ses liens avec les États-Unis et les autres principaux pays anglophones. Les implications pourraient avoir d’importantes répercussions sur l’Europe.

Il reste encore à déterminer ce que cela pourrait représenter en termes d’événements prophétiques. Les auteurs de Pour l’Avenir traitent constamment du rôle important que jouent les pays anglophones dans notre monde moderne. La richesse de ces pays est une bénédiction du Dieu d’Abraham. Celui-ci maintiendra cette bénédiction selon Son dessein et Sa volonté, mais les prophéties bibliques révèlent qu’elle ne durera pas et que le monde se dirige vers une superpuissance des temps de la fin qui l’abasourdira avec sa richesse et son influence. Basée en Europe, cette superpuissance sera la dernière renaissance de Rome et de Babylone dont nous avons parlé précédemment.

Tous les pays « adoreront » cette superpuissance, car elle promettra d’instaurer un ordre mondial utopique de paix, de prospérité et de justice inclusive pour tous. Or, sous une façade religieuse, elle cachera une terrible méchanceté qui sera meurtrièrement opposée au véritable christianisme biblique.  

Nous ne sommes pas encore arrivés à ce point. Le message divin de l’Évangile du salut et de Son Royaume à venir peut encore être proclamé. Il vous est encore possible de comprendre le monde actuel et le véritable Évangile de Dieu, et d’agir en conséquence !