« Nous sommes venus en paix, au nom de toute l’humanité. »
Je conduisais la vieille Oldsmobile 98 de 1959 de mon père le plus rapidement possible sur les routes du Sud-Est du Missouri afin de rentrer à temps pour regarder l’événement télévisé le plus important du siècle. C’était le 20 juillet 1969 et deux hommes venaient d’alunir dans le cadre de la mission Apollo 11 de la NASA. En fin d’après-midi, ce dimanche-là, Neil Armstrong et Buzz Aldrin débarquèrent de leur module lunaire sur la surface de la lune, devenant ainsi les premiers êtres humains à mettre pied dans un autre monde.
J’avais passé le week-end chez des amis et j’étais déterminé à regarder ce reportage à la télévision. Sa télédiffusion allant commencer dans quelques minutes à peine, j’ai garé la voiture dans notre entrée et me suis précipité vers notre téléviseur en noir et blanc, en espérant qu’il n’allait pas tomber en panne, comme il le faisait souvent.
Au bout de quelques minutes, nous avons pu voir la surface de la Lune et un homme sortir seul du module lunaire. Armstrong mit le pied sur la Lune et, ce faisant, marqua l’Histoire !
De nos jours, il semble presque miraculeux de constater que les États-Unis ont, à l’époque, non seulement réussi à atteindre cet objectif monumental, mais aussi à téléviser cet événement afin que des millions de personnes puissent en être témoins en temps réel. Ce jour-là, nous ne tenions pas pour acquis le fait étonnant que ces images et ces sons aient pu parcourir une si grande distance pour être transmis dans nos foyers. Une nouvelle ère de prouesses technologiques venait de s’ouvrir sous mes yeux, dans le petit salon de notre modeste demeure de Cape Girardeau, dans l’État du Missouri.
Les astronautes de la mission Apollo 11 laissèrent sur la Lune une plaque portant leurs noms respectifs et celui du président des États-Unis à l’époque, Richard Nixon, ainsi que le message suivant : « Ici, des hommes de la planète Terre ont pour la première fois mis le pied sur la Lune, en 1969. Nous sommes venus en paix, au nom de toute l’humanité. »
Les mots « Nous sommes venus en paix » traduisent fidèlement l’intention de l’initiative américaine visant à faire des États-Unis le premier pays à mettre des hommes sur la Lune. Certes, les progrès technologiques engendrés par le programme spatial furent bénéfiques sous tous les aspects de la vie quotidienne, mais les applications militaires profitèrent également de ce programme émergent. Or, il convient de noter que ce n’était pas dans le but de faire la guerre que les États-Unis firent ce « pas de géant » pour l’humanité. Ce fut plutôt dans le but de faire avancer le savoir humain et l’exploration.
Cet objectif était celui d’hier. Aujourd’hui, les choses ont bien changé.
La nouvelle réalité de la guerre spatiale et de la guerre cybernétique
En mai 2014, des membres du personnel des forces aériennes américaines surveillèrent un lancement spatial russe. Au cours des jours suivants, ils observèrent ce qu’ils appellent une manœuvre de « satellite kamikaze » autour de débris spatiaux. Il était évident que le satellite utilisait des propulseurs de moteur pour simuler une attaque sur un autre satellite, et il ne faisait nul doute que la Russie était désormais en mesure d’éliminer les satellites d’un autre pays, ce qui laissait présager un événement plus menaçant.
Quelques mois plus tard, la Chine lança un satellite muni d’un grand bras capable d’atteindre un autre satellite, de l’expulser de son orbite et de le neutraliser. Une telle arme pourrait servir en orbite basse à éliminer les satellites GPS utilisés pour le guidage directionnel de missiles et d’autres dispositifs de communication militaires.
Les États-Unis comptent sur ce genre de technologie spatiale pour la détection précoce des missiles nucléaires des régimes ennemis. De tels lancements par la Chine et la Russie mettent en évidence la perspective grandissante d’une guerre spatiale. Le président des États-Unis, Donald Trump, a réclamé la mise sur pied de « forces spatiales » américaines en affirmant que l’ère spatiale constitue « la prochaine étape et qu’il faut se préparer en conséquence ».
L’éventualité d’une guerre spatiale est plus qu’une simple intrigue pour un film de science-fiction. Elle est réelle et elle risque de se concrétiser rapidement. Un pays doté de forces militaires inférieures pourrait facilement aplanir les inégalités par rapport à un pays plus puissant en coordonnant soigneusement quelques cyberattaques mortelles. À quoi ressembleraient une guerre spatiale et une guerre cybernétique contre une puissance politique moderne évoluée comme les États-Unis, la Grande-Bretagne ou l’Union européenne ?
Elles commenceraient insidieusement et sans préavis. Au début, elles pourraient même sembler être un simple « contretemps informatique ». Les téléviseurs s’éteindraient. Les connexions informatiques deviendraient difficiles à établir. Les guichets automatiques fonctionneraient mal.
Toutefois, la situation serait beaucoup plus inquiétante dans son ensemble. Les satellites de communication indispensables seraient neutralisés au moyen de technologies laser au sol ou par des « satellites kamikazes ». La capacité de surveiller les lancements de missiles ou de contre-attaquer de manière coordonnée serait vite anéantie.
Par ailleurs, les activités de la vie moderne prendraient soudainement fin. Internet tomberait en panne. Les transactions financières cesseraient, quelle que soit leur importance, tant sur Wall Street que dans les guichets automatiques. Les feux de circulation ne fonctionneraient plus. Les trains, les usines de filtration d’eau et les réseaux électriques seraient paralysés. Les vols seraient tous annulés. Les satellites météorologiques cesseraient de fournir les renseignements recherchés.
Outre la vulnérabilité accrue face aux attaques directes, le tissu social de la vie quotidienne commencerait vite à s’effilocher, à mesure que les aliments disparaîtraient des épiceries et que les robinets cesseraient de couler. La vie moderne serait paralysée à bien des points de vue.
L’espace, que l’homme avait visité en paix, deviendrait un champ de bataille.
Se préparer en prévision d’un avenir dangereux
Les nobles efforts déployés dans le cadre du premier programme spatial américain, qui avait pour but « la paix pour toute l’humanité », ont pris une tournure inévitable. Il a été dit que toute arme conçue par l’esprit humain finit par être utilisée lors d’une guerre. Il en est de même avec la militarisation de l’espace.
Les États-Unis continuent de dominer l’espace, mais leur avance s’amenuise rapidement. En effet, l’an dernier, Beijing a mis 38 satellites en orbite, contre 34 pour les États-Unis. Cinquante ans se sont écoulés depuis que des astronautes américains ont marché sur la Lune. Cette année, la Chine a réussi à déposer le premier engin spatial sur la face cachée de la Lune.
Récemment, le secrétaire de la Défense intérimaire des États-Unis, Patrick Shanahan, s’exprimait au sujet de la nécessité de créer des forces spatiales américaines. Celles-ci auraient pour but de coordonner la riposte américaine aux avancées de la Russie, de la Chine et d’autres pays en matière de technologie spatiale, dont les efforts visent pour la plupart à affaiblir le leadership américain dans l’espace.
Du point de vue stratégique américain, il semble que l’espace soit devenu un « champ de bataille ». « Nous préférerions que l’espace demeure libre de conflit. Il y a 50 ans, les États-Unis ont mené l’humanité à la Lune. Comme l’indique la plaque déposée sur la surface lunaire par l’équipe d’Apollo 11, “Nous sommes venus en paix, au nom de toute l’humanité.” La Chine et la Russie ne font pas valoir une telle prétention. D’ici à ce qu’elles s’engagent dans cette voie de façon crédible, nous devons nous assurer que notre armée nationale demeure la plus avancée de la planète Terre, et plus encore », de déclarer Shanahan. (« It’s Time to Create an American Space Force », The Wall Street Journal, 30 avril 2019)
Et si la quête était pacifique
La militarisation de l’espace par la Russie, la Chine, les États-Unis et toute autre puissance politique met davantage en péril l’avenir de l’humanité. Ironiquement, cette course visant à faire de l’espace un champ de bataille se déroule à un moment où d’autres voix réclament que les États-Unis se tournent de nouveau vers l’exploration spatiale pour le bien de l’humanité.
Le vice-président des États-Unis, Mike Pence, a déclaré que les États-Unis retourneront sur la Lune. La réclamation d’une base lunaire permanente est liée à ce retour. L’ex-astronaute de la mission Apollo 11, Buzz Aldrin, a récemment déclaré dans un article que la conquête de la planète Mars devrait représenter le prochain grand pas en avant pour l’humanité.
« La planète Mars attend d’être découverte, non pas par des robots et des astromobiles intelligents, même si je suis en faveur des missions sans équipage de la NASA, mais bien par des hommes et des femmes vivants, qui respirent, qui marchent, qui parlent, qui sont bienveillants et qui osent. Pour que cela devienne réalité, les membres du Congrès, l’administration Trump et le peuple américain doivent insister suffisamment pour que l’on fasse des missions d’exploration humaine de Mars une priorité nationale. » (« It’s Time to Focus on the Great Migration of Humankind to Mars », The Washington Post, 1er mai 2019)
Les États-Unis sont probablement le seul pays à posséder la technologie et les ressources nécessaires pour se poser sur Mars et pour y établir une base. Toutefois, la requête qu’Aldrin adopte revêt une gravité dont il faut tenir compte. Comme le dit le titre de son article, il réclame une « grande migration vers Mars ». Il parle de s’y établir en permanence, ce qui relève davantage de la science-fiction et de la cinématographie d’Hollywood ! Le simple fait d’envoyer une seule personne sur Mars, abstraction faite de l’établissement d’une colonie humaine, dépasse largement les défis d’une mission lunaire avec équipage.
Aldrin poursuit ainsi son article : « Du point de vue de la mécanique orbitale, les missions de la Terre vers Mars à des fins de migration sont complexes. Cela étant dit, la nature humaine — voire la survie ultime de nos espèces — exige que l’on poursuive notre découverte de l’Univers. Certains appelleront cela de la curiosité ou du calcul et d’autres, de la planification stratégique ou le destin. Autrement dit, ou bien nous explorons, ou bien nous expirons. C’est pourquoi nous devons aller de l’avant. »
Selon Aldrin et bien d’autres encore qui se penchent sur les voyages spatiaux et l’avenir de l’humanité, une telle mission vers Mars est une question de « survie de nos espèces ». Que ce soit en raison de la menace d’une guerre nucléaire ou de la destruction catastrophique de l’environnement par l’Homme ou par des causes naturelles, de nombreux futuristes considèrent la migration vers une autre planète comme le seul espoir de survie pour la race humaine.
Des scénarios sombres pour un pays profondément divisé
Nous sommes en présence de deux perspectives de l’avenir de l’espace. Certains perçoivent l’espace comme le théâtre éventuel de la prochaine guerre mondiale, provoquée éventuellement par une attaque furtive sur les satellites, ce qui éteindrait les lumières sur Terre en guise de prélude à une attaque nucléaire. D’autres le perçoivent comme un lieu où l’humanité doit migrer pour établir des colonies — des avant-postes de survie au cas où l’écosphère terrestre serait détruite. Quel scénario se concrétisera ?
Le coût économique de l’un ou l’autre de ces scénarios est impressionnant. Il ne fait nul doute qu’avec le temps et avec les fonds nécessaires, la technologie humaine pourrait parvenir à créer des armes intelligentes capables de contrer les cyberattaques. Il est même concevable que les immenses obstacles techniques liés à une migration vers Mars pourraient être surmontés. Cependant, quiconque tentera de le faire devra convaincre le public que cela en vaut la peine. En ce moment, il serait très difficile de convaincre les Américains à cet égard.
Les problèmes humains immédiats que sont les soins de santé, la sécurité économique, la dette nationale, l’immigration et la guerre exigent davantage de fonds et de ressources. Le public a-t-il vraiment envie de dépenser des milliards pour explorer davantage l’espace ?
Aux États-Unis, dans les années 1960, d’importants besoins sociaux exigeant beaucoup de fonds et de temps ont failli provoquer l’annulation du programme spatial à plusieurs reprises. Mais à l’époque, la population était en faveur de la conquête de la Lune. Aujourd’hui, les temps ont bien changé, de même que l’humeur nationale. Les divisions au sein de la culture américaine pourraient être assez profondes pour dissuader la population d’appuyer le grand objectif que représente la poursuite de l’exploration spatiale.
Une prophétie qui remonte au temps de Moïse évoque une époque où la volonté d’un pays d’exercer son pouvoir et d’accomplir des choses sera brisée en raison du péché et des fractures profondes qui en résultent dans la vie nationale. Dieu dit : « Je briserai l’orgueil de votre force, je rendrai votre ciel comme du fer, et votre terre comme de l’airain. Votre force s’épuisera inutilement […] » (Lévitique 26:19-20)
En ce moment, la fierté des Américains à l’égard de leur identité est attaquée et ébranlée. Les événements des 50 dernières années ont semé les graines de la mort de la culture et de la spiritualité. Les dernières décennies ont engendré un cancer qui est en train de se répandre dans « l’organisme » et qui se métastase rapidement de la tête aux pieds. La catastrophe culturelle qui éclate aux États-Unis constitue un contrepoint triste et poignant au jour où, il y a de cela 50 ans, des hommes mirent pied sur la Lune pour la première fois. En 50 ans, l’espace est devenu une scène de guerre plutôt qu’un hâvre de paix.
Les États-Unis d’aujourd’hui ne sont plus ce qu’ils étaient à l’époque où Apollo 11 atterrit sur la Lune.
À l’heure actuelle, des voix s’élèvent pour reprocher au pays ses péchés du passé. Et, effectivement, de nombreux péchés ont été commis, dont certains, comme le faisait remarquer le président des États-Unis au XIXe siècle, Abraham Lincoln, ont été payés avec du sang « versé par l’épée ».
Or, ce pays a posé de grands gestes indispensables pour le bien de l’humanité. Pourquoi ? En réalité, les prouesses technologiques visant à concevoir et à bâtir une navette spatiale pour mener des hommes sur la Lune et pour les ramener sur Terre sains et saufs font partie de l’histoire des promesses que Dieu fit à un autre homme nommé Abraham. C’est une histoire remarquable que vous devriez connaître. Ce qui est important en cette période de commémoration, c’est de bien comprendre et d’apprécier ce que Dieu nous donne par Sa grâce et Sa fidélité !