CHAPITRE 3 : Le sabbat a-t-il été changé dans le Nouveau Testament ?
Nous avons vu que Jésus-Christ n’a pas changé le jour du sabbat de Dieu. Au contraire, tout au long de son ministère, il a précisé le but et l’intention véritables du sabbat. Il a souvent montré, particulièrement par ses enseignements et ses actions lors de ce jour, que le sabbat préfigure l’âge messianique à venir qui sera une époque de guérison, de liberté et de restauration pour toute l’humanité.
Jésus observait le sabbat. Manifestement, au moment de sa mort, ses plus proches disciples l’observaient aussi, car ils attendirent la fin du sabbat pour préparer le corps de Jésus (Matthieu 28:1 ; Marc 16:1-2 ; Luc 23:56 ; Luc 24:1). Cinquante jours après la résurrection du Christ, nombreux furent les disciples qui s’assemblèrent le jour de la Pentecôte, l’un des sept sabbats annuels (ou fêtes) observés tout comme le sabbat hebdomadaire (Lévitique 23:1-44). Ce jour-là, l’Église du Nouveau Testament fut instituée par la venue du Saint-Esprit (Actes 2:1-4). Nous ne voyons la preuve d’aucun changement au moment de la mort et de la résurrection du Christ ; au contraire, nous constatons que ses disciples continuèrent d’observer les sabbats tout comme lui-même l’avait fait.
Si le sabbat, ou toute autre partie de la loi de Dieu, avait été aboli ou modifié dans l’Église primitive, nous trouverions des preuves évidentes dans les écrits du Nouveau Testament. Après tout, les livres du Nouveau Testament ont été rédigés sur plusieurs décennies au premier siècle de notre ère, jusqu’aux années 90, plus de soixante ans après la mort et la résurrection de Jésus.
Paul a-t-il aboli le sabbat ?
Beaucoup de ceux qui soutiennent que le sabbat a été aboli dans le Nouveau Testament fondent leur opinion sur les écrits de l’apôtre Paul. Mais est-ce correct ? Trois passages sont communément cités pour prouver cette affirmation : Romains 14:5-6 ; Colossiens 2:16-17 ; Galates 4:9-10.
Un principe essentiel à la compréhension de la Bible est de considérer chaque verset dans son contexte : dans le contexte immédiat de ce qui est examiné, et aussi dans le contexte social et historique plus général, qui influença l’auteur et son audience au moment de la rédaction. Examinons chacun de ces versets dans leur contexte et voyons si Paul a vraiment annulé ou aboli l’observance du sabbat.
Considérons d’abord les déclarations de Paul lui-même à propos de la loi de Dieu. Plus de vingt-cinq ans après la mort de Jésus-Christ, il a écrit dans Romains 7:12 : « La loi donc est sainte, et le commandement est saint, juste et bon. » Dans Romains 2:13, il a déclaré : « Ce ne sont pas, en effet, ceux qui écoutent la loi qui sont justes devant Dieu, mais ce sont ceux qui la mettent en pratique qui seront justifiés. » Dans Romains 7:22, il a dit : « Car je prends plaisir à la loi de Dieu, selon l’homme intérieur. »
Beaucoup supposent qu’à partir du moment où on a la foi en Jésus-Christ, il n’est plus nécessaire d’observer la loi. Paul a lui-même abordé ce concept dans Romains 3:31 : « Annulons-nous (grec katargeo, signifiant “détruire” ou “abolir”) donc la loi par la foi ? Loin de là ! Au contraire, nous confirmons (grec histemi, signifiant “ériger” ou “dresser”) la loi. » Paul a déclaré que la foi n’abolit pas la loi ; au contraire, elle l’établit et la soutient.
Actes 24 rapporte la défense de Paul devant le gouverneur romain Félix. Aux dirigeants religieux juifs qui l’accusaient de dissension et de sédition, Paul a répondu qu’il servait « le Dieu de mes pères […], croyant tout ce qui est écrit dans la loi et dans les prophètes » (Actes 24:14).
Deux ans plus tard, il s’est à nouveau défendu contre de telles récriminations, mais cette fois devant un autre gouverneur romain, Festus. « Je n’ai rien fait de coupable, ni contre la loi des Juifs, ni contre le temple, ni contre César », a-t-il répondu à toutes les accusations portées contre lui (Actes 25:8).
Ici, quelque vingt à trente années après la mort de Jésus-Christ, Paul a déclaré qu’il croyait « tout ce qui est écrit dans la loi et dans les prophètes » (termes utilisés pour désigner l’Ancien Testament) et qu’il n’avait rien fait contre la loi.
À la lumière de ces déclarations précises, on devrait pouvoir s’attendre à trouver des instructions tout aussi précises concernant l’abolition du sabbat, si telles étaient la compréhension et l’intention de Paul. Mais est-ce le cas ?
Tous les jours d’adoration sont-ils semblables ? (Romains 14:5-6)
Dans Romains 14:5-6, Paul a écrit : « Tel fait une distinction entre les jours; tel autre les estime tous égaux. Que chacun ait en son esprit une pleine conviction. Celui qui distingue entre les jours agit ainsi pour le Seigneur. Celui qui mange, c’est pour le Seigneur qu’il mange, car il rend grâces à Dieu; celui qui ne mange pas, c’est pour le Seigneur qu’il ne mange pas, et il rend grâces à Dieu. »
Certaines personnes pourraient déduire de cette déclaration que Paul est en train de dire que le jour choisi pour se reposer et adorer importe peu, du moment que l’on a « en son esprit une pleine conviction » et que l’on « agit ainsi pour le Seigneur ». Cela veut-il dire que le sabbat n’est pas différent des autres jours, ou que nous sommes libres de choisir le jour que nous voulons observer ?
Pour en arriver à une telle conclusion, il faudrait lire dans le verset ce qu’il ne dit pas, car le sabbat n’est mentionné nulle part ici. En fait, on ne trouve aucune mention du mot sabbat, ni aucune indication précise quant à son observance dans toute l’épître. Dans ce verset, il est simplement fait référence à des « jours », et non au sabbat ou à d’autres jours de repos et d’adoration commandés par Dieu.
Souvenons-nous que Paul a déjà dit dans cette épître : « La loi est sainte, et le commandement est saint, juste et bon » (Romains 7:12) ; « Ce sont ceux qui la mettent en pratique qui seront justifiés » (Romains 2:13) ; et « Je prends plaisir à la loi de Dieu » (Romains 7:22). S’il voulait dire ici que l’observance du sabbat n’a plus d’importance, une telle affirmation serait en totale contradiction avec les autres déclarations de cette même lettre.
De quels jours Paul parlait-il ?
Quels sont les jours dont Paul parlait ? Pour le découvrir, il faut tenir compte du contexte.
Paul écrivait à l’Église de Rome qui était composée à la fois de croyants juifs et de croyants gentils. Dans les versets 2 et 3, Paul parle du végétarisme (« Tel autre, qui est faible, ne mange que des légumes »), et il continue sur ce sujet au verset 6 (« Celui qui mange […] celui qui ne mange pas ») (Romains 14:2-3 ; Romains 14:6).
Le passage en question qui traite des jours se trouve aux versets 5 et 6, entre les références à la consommation de viande et au végétarisme des versets 2, 3 et 6 (Romains 14:2-3 ; Romains 14:5-6). Il n’y a aucun lien biblique entre l’observance du sabbat et le végétarisme. Présumer que Paul se réfère ici au sabbat nécessite donc de sortir ces versets de leur contexte.
« L’étroite relation du contexte avec le fait de manger suggère que Paul pense à un jour spécial mis à part pour festoyer ou pour jeûner. » (Everett F. Harrison, The Expositor’s Bible Commentary, Vol. 10, p.146) Il est évident que Paul parlait de jours romains ou d’autres jours spéciaux lors desquels la coutume était de festoyer, de jeûner ou de s’abstenir de certaines nourritures.
Le contexte nous montre que certains membres de la congrégation mangeaient de la viande, et que d’autres n’en mangeaient pas. Les végétariens étaient probablement des membres qui « craignaient de manger (sans le savoir) de la viande sacrifiée aux idoles, ou impure d’une manière ou d’une autre selon le cérémonial d’usage (ce qui pouvait facilement arriver dans une ville telle que Rome), et qui s’abstenaient donc complètement de manger de la viande » (W. J. Conybeare et J. S. Howson, The Life and Epistles of St. Paul, p. 530).
Dans 1 Corinthiens 8, Paul aborde le sujet de la consommation de viande qui avait peut-être été sacrifiée aux idoles et qui pouvait donc être jugée impropre à la consommation par certains membres. Dans ce chapitre, il démontre que toute association de nourriture à des activités idolâtres n’avait aucun rapport avec le fait que cette nourriture soit propre ou non à la consommation.
Il semble probable que Paul aborde le même problème dans les deux congrégations, c’est-à-dire de savoir si oui ou non les membres devaient éviter les viandes qui auraient pu être associées à des pratiques idolâtres. Une indication de cela peut être vue dans Romains 14:14 où Paul fait référence à des viandes « impures ». Plutôt que d’utiliser le mot grec désignant les nourritures impures ou interdites mentionnées dans l’Ancien Testament, il se sert d’un mot voulant dire souillé, ce qui con viendrait à la description d’une viande sacrifiée aux idoles. Les conseils de Paul dans 1 Corinthiens 8 sont les mêmes que sa conclusion de Romains 14:15. Il faut faire très attention de ne pas offenser un autre membre, et le faire ainsi trébucher ou perdre la foi à cause du problème des viandes. Ce qui est clair, c’est que la raison pour laquelle les membres à Rome ne mangeaient pas de viande avait un rapport direct avec les jours qu’ils observaient.
Cela n’était lié en aucune façon à l’observance du sabbat, car le sabbat de Dieu est un jour de « fête » (Lévitique 23:1-3), et non un jour pendant lequel on ne doit pas manger de viande. Le sabbat n’est mentionné nulle part dans la lettre de Paul aux Romains ; là n’était tout simplement pas la question. Les jours mentionnés ici sont manifestement liés à l’abstinence de viande. Cela montre que ce sont des jours romains ou d’autres observances, mais certainement pas des jours d’adoration commandés par Dieu.
Le sabbat est-il un esclavage ? (Galates 4:9-10)
Galates 4:9-10 est un autre passage extrait des épîtres de Paul qui, d’après certains, condamne l’observance du sabbat. Dans ces versets, Paul écrit : « Mais à présent que vous avez connu Dieu, ou plutôt que vous avez été connus de Dieu, comment retournez-vous à ces faibles et pauvres principes élémentaires auxquels vous voulez vous asservir encore ? Vous observez les jours, les mois, les temps et les années ! »
Ceux qui argumentent contre l’observance du sabbat estiment que la référence de Paul aux « jours », « mois », « temps » et « années » est une évocation du sabbat, des fêtes, des années sabbatiques et du jubilé donnés dans l’Ancien Testament (Lévitique 23, 25). Ils considèrent ces observances ordonnées par Dieu comme de « faibles et pauvres principes élémentaires », vers lesquels les Galates retournaient et auxquels ils s’asservissaient (Galates 4:9).
Est-ce bien là ce que Paul veut dire ? Le fait de penser que ces versets critiquent le sabbat pose un problème évident. Comme dans Romains 14, le sabbat n’est même pas mentionné ici. Les termes « sabbat », « sabbats » ou tout autre mot y faisant référence n’apparaissent nulle part dans cette épître.
Pour argumenter contre l’observance du sabbat, certains supposent que les « années » mentionnées dans Galates 4:10 sont l’année sabbatique et l’année du jubilé, décrites dans Lévitique 25. L’année du jubilé n’était cependant observée nulle part au temps de Paul. Et l’année sabbatique n’était pas observée en-dehors de la Palestine (« Sabbatical Year and Jubilee », Encyclopedia Judaica, Vol. 14, p. 582, et Jewish Encyclopedia, p. 666). Il n’est donc pas logique de conclure que Paul aurait pu faire allusion ici à l’année sabbatique et à celle du jubilé, puisque la Galatie était en Asie Mineure, loin de la Palestine.
Les mots grecs que Paul utilise pour désigner « les jours, les mois, les temps et les années » sont aussi utilisés dans tout le Nouveau Testament pour décrire des périodes normales et civiles. Ils sont totalement différents des termes précis dont Paul se sert dans Colossiens 2:16 pour mentionner les fêtes, les nouvelles lunes et les sabbats donnés dans la Bible. Il utilise une terminologie précise pour parler des observances bibliques dans Colossiens, alors qu’il se sert de mots grecs très différents dans Galates. Cela indique clairement qu’il parle de sujets totalement différents.
Pour comprendre ce que Paul veut dire, il faut examiner le contexte historique et le contexte immédiat de ces versets. Les Églises de Galatie étaient composées de membres ayant pour la plupart des origines gentilles, et non juives. Paul nous fait comprendre qu’ils n’étaient pas physiquement circoncis (Galates 5:2 ; Galates 6:12-13). Ils ne pouvaient donc pas être juifs.
Ils ne pouvaient pas revenir à ce qu’ils n’avaient jamais observé
Cette toile de fond est importante pour comprendre ce passage controversé. Dans Galates 4:9-10, Paul dit que les Galates retournaient « à ces faibles et pauvres principes élémentaires », incluant « les jours, les mois, les temps et les années ». Puisque les lecteurs de Paul venaient d’un milieu gentil, il est difficile de voir comment « les jours, les mois, les temps et les années » auxquels ils retournaient pouvaient être le sabbat et les autres fêtes de la Bible. En effet, ils ne pouvaient retourner à ce qu’ils n’avaient jamais observé.
Le contexte immédiat rend cela encore plus clair. Au verset 8, Paul dit : « Autrefois, ne connaissant pas Dieu, vous serviez des dieux qui ne le sont pas de leur nature. » Paul fait manifestement allusion « aux idoles du paganisme qu’il appela “dieux qui ne le sont pas”, selon l’idiome juif typique » (James Montgomery Boice, The Expositor’s Bible Commentary, Vol. 10, p. 475) (Galates 4:8).
Pas une seule référence à des pratiques bibliques
Est-il possible que ces « faibles et pauvres principes élémentaires » auxquels ils retournaient (Galates 4:9) soient les lois, les sabbats et les fêtes de Dieu ? Le mot grec traduit ici par « principes » est stoicheia, le même qu’au verset 3, où Paul dit que ses lecteurs ont été « sous l’esclavage des principes élémentaires du monde ». Pour que le verset 9 se réfère à la loi de Dieu, il faut aussi que ce soit le cas au verset 3, puisque le même mot est utilisé (Galates 4:3).
Il est impossible de soutenir que le verset 3 fasse allusion à la loi biblique, parce que « dans ce cas, deux difficultés supplémentaires surgissent : (1) Les Gentils ne semblent pas concernés, car leur difficulté n’est pas d’avoir été sous la loi dans le passé […], et (2) cela n’explique pas pourquoi, ou comment, Paul pouvait ajouter la locution “du monde” au terme stoicheia. La pensée juive mettait l’accent sur le fait que la loi n’est pas de ce monde, à cause de son origine divine » (Boice, p. 472).
« Il semblerait qu’aux temps de Paul cette opinion extrêmement ancienne et primitive ait été élargie au point que stoicheia se rapportait également au soleil, à la lune, aux étoiles et aux planètes. Tous ces éléments étaient associés à des dieux ou des déesses, ainsi qu’aux grandes fêtes païennes honorant les dieux, car ils régulaient la progression du calendrier. Pour Paul, ces dieux étaient des démons. Il pensait donc à un esclavage démoniaque dans lequel les Galates étaient retenus avant la proclamation de l’Évangile.
« […] Dans les versets qui suivent, Paul continue de parler successivement de trois sujets cruciaux : (1) “des dieux qui ne le sont pas de leur nature”, sans doute des faux dieux ou des démons ; (2) “ces faibles et pauvres principes élémentaires”, stoicheia de nouveau ; et (3) “les jours, les mois, les temps et les années” (versets 8 à 10). Il ne fait pas de doute que Paul pensait à ces démons d’une façon totalement différente de l’ancienne façon de penser des Galates […] Le problème dans son entier prend ainsi une prodigieuse dimension spirituelle. Le contraste extrême avec la liberté en Christ est le fait d’être esclaves de Satan et des esprits malins. » (Boice, p. 472)
L’observance superstitieuse des jours et des temps
C’est dans ce contexte que les Galates observaient certains « jours », « mois », « temps » et « années ». Le mot grec ici traduit par « observer » est paratereo, qui signifie « surveiller de près, [ou] observer strictement » (W.E. Vine, « Observe », Vine’s Expository Dictionary of New Testament Words).
Ce mot « semble avoir le sens d’une “observance soucieuse et scrupuleuse par une personne bien informée, dans son propre intérêt”, ce qui […] va avec la considération de périodes ou de moments précis, qui sont évalués positivement ou négativement d’après le calendrier ou l’astrologie » (Gerhard Kittel, Theological Dictionary of the New Testament, Vol. 3, p. 148).
Quels que soient « les jours, les mois, les temps et les années » que les Galates observaient, ils les observaient apparemment d’une façon superstitieuse, de la même manière qu’ils avaient observé les jours et les temps avant leur conversion.
Le contexte nous montre qu’il n’est pas logique de conclure que Paul critique l’observance du sabbat et des fêtes bibliques, puisqu’il ne les mentionne même pas. Il s’attaque plutôt aux efforts malavisés des Galates qui cherchaient à obtenir le salut par des observances superstitieuses inutiles.
Le sabbat est-il obsolète ? (Colossiens 2:16-17)
Un troisième passage tiré des écrits de Paul, Colossiens 2:16-17, est également utilisé pour corroborer l’affirmation selon laquelle l’observance du sabbat n’est plus nécessaire. « Que personne donc ne vous juge au sujet du manger ou du boire, ou au sujet d’une fête, d’une nouvelle lune, ou des sabbats: c’était l’ombre des choses à venir, mais le corps est en Christ », écrit-il.
Examinons à nouveau le contexte et le cadre historique de ces versets pour voir s’ils confirment cette opinion.
L’intention de Paul est-elle de signifier l’abolition du sabbat ? Si tel est le cas, cette interprétation pose des problèmes immédiats. En acceptant cette position, il est difficile d’expliquer comment Paul peut laisser la question aussi confuse en ne déclarant pas ces pratiques in utiles, alors qu’en fait ces versets indiquent que les Colossiens les observaient. Après tout, l’Église de Colosses était essentiellement composée de Gentils (Colossiens 1:27 ; Colossiens 2:13). Paul aurait donc pu profiter de cette épître pour faire comprendre clairement que les Gentils ou les autres chrétiens n’étaient plus liés par ces pratiques.
Mais Paul ne dit cela nulle part. Concernant l’observance des fêtes, des nouvelles lunes et des sabbats, il dit seulement « que personne donc ne vous juge », ce qui est loin d’être la même chose que d’affirmer que ces pratiques sont inutiles ou obsolètes.
Pas de remise en cause des pratiques bibliques
En premier lieu, il convient de voir si les pratiques de l’Ancien Testament sont au centre du sujet que Paul aborde ici. Examine-t-il la question de savoir si oui ou non les chrétiens doivent observer les lois concernant les viandes pures et impures, les fêtes divines, le sabbat hebdomadaire, ou toute autre loi de l’Ancien Testament ?
Beaucoup de gens supposent que l’acte qui a été cloué à la croix (Colossiens 2:14) est la loi de Dieu, ainsi que les ordonnances qu’il donna dans l’Ancien Testament. Mais ce n’est pas ce que Paul veut dire. Le mot grec traduit par « acte » est cheirographon, et c’est le seul endroit de la Bible où il est utilisé. Il signifie un registre manuscrit de dettes, ou ce que nous appellerions aujourd’hui une reconnaissance de dettes. Dans la littérature apocalyptique de l’époque, ce mot était utilisé pour désigner un « registre des péchés », ce qui correspond à un compte rendu écrit des péchés de quelqu’un.
Paul ne dit pas que la loi de Dieu a été clouée à la croix. Selon lui, ce qui a été cloué, c’est le registre de nos péchés. Comme la loi de Dieu exige la peine de mort pour le péché (Romains 6:23), ce registre est ce qui nous condamnait et ce qui subsistait contre nous (Colossiens 2:14), et non la loi elle-même. The New Testament in Modern English de J. B. Phillips rend cela clair en traduisant les versets 13 et 14 par : « Il nous a pardonné tous nos péchés: Christ a totalement effacé la preuve accablante de nos transgressions des lois et des commandements, preuve qui planait constamment au-dessus de notre tête; il l’a complètement annulée en la reprenant à son compte pour la clouer à la croix. » (Colossiens 2:13-14) C’est la preuve de nos transgressions, et non la loi elle-même, qui a été clouée à la croix, nous permettant ainsi d’être pardonnés.
Cela devient clair à la lecture du reste du chapitre. Il est évident que d’autres problèmes, qui n’avaient rien à voir avec les lois de Dieu données dans l’Ancien Testament, étaient impliqués, entre autres : « les dominations et les autorités » (Colossiens 2:15), « une apparence d’humilité » et « un culte des anges » (Colossiens 2:18), l’interdiction de prendre, de goûter et de toucher (Colossiens 2:21) et « le mépris du corps » (Colossiens 2:23).
De plus, Paul fait allusion aux fausses doctrines de Colosses comme ayant leur origine dans « des discours séduisants » (Colossiens 2:4), « la philosophie », « une vaine tromperie » et « la tradition des hommes » (Colossiens 2:8). Il fait aussi allusion à la soumission aux « principes élémentaires du monde » (Colossiens 2:20) et aux « ordonnances » et « doctrines des hommes » (Colossiens 2:22).
Est-il possible que Paul, qui dans Romains 7:12 dit que la loi est sainte, juste et bonne, se réfère ici à cette même loi, ou bien aborde-t-il une question différente ?
Infiltration gnostique
Quand on tient compte du contexte historique, la réponse devient évidente. Au premier siècle, alors que l’Église grandissait et se développait, elle devait faire face à une infiltration progressive de gnosticisme. Dans le Nouveau Testament, l’influence de cette pensée et de cette pratique est particulièrement manifeste dans les écrits de Paul, de Pierre et de Jean.
Le gnosticisme « était essentiellement une attitude philosophique et religieuse, et non pas un système bien défini » (Curtis Vaughan, The Expositor’s Bible Commentary, Vol. 11, p.166). Il ne représentait pas une religion reconnue en tant que telle, mais plutôt une approche de croyances déjà existantes. Le thème principal du gnosticisme était qu’une connaissance secrète (gnosis est le mot grec voulant dire « connaissance », d’où le terme gnosticisme) pouvait améliorer une religion.
« Son enseignement principal était que l’esprit est entièrement bon, et que la matière est entièrement mauvaise. De nombreuses erreurs […] sont nées de ce dualisme contraire à la Bible. » (Introduction à 1 Jean, The New International Version Study Bible) Parmi ces erreurs, on trouve les croyances selon lesquelles « le corps de l’homme, qui est matière, est mauvais, à la différence de Dieu, qui est entièrement esprit et donc bon » ; le salut « correspond à une évasion du corps physique et s’obtient non par la foi en Christ, mais par une connaissance spéciale » ; et « puisque le corps est considéré comme étant mauvais, il doit être traité durement. Cette forme de gnosticisme ascétique est le contexte d’une partie de la lettre aux Colossiens ».
Outre ces croyances, « le gnosticisme, sous toutes ses formes, était caractérisé par la croyance […] en des êtres intermédiaires ». D’autre part, « la connaissance dont parlaient les gnostiques […] était une connaissance acquise à travers une expérience mystique, et non par une approche intellectuelle. C’était une connaissance occulte, imprégnée par les superstitions de l’astrologie et de la magie. C’était de plus une connaissance ésotérique, accessible seulement à ceux qui avaient été initiés aux mystères du système gnostique » (Vaughan, p. 167).
Références aux enseignements gnostiques
On estime que tous ces éléments avaient influencé la congrégation de Colosses. Il est évident que Paul combattait la prétendue connaissance spéciale soutenue par les gnostiques, en affirmant que lui-même apportait aux Colossiens la connaissance supérieure de Dieu et de Jésus-Christ, celle qui mène au salut (Colossiens 1:9 ; Colossiens 1:25-29 ; Colossiens 2:2-3).
Paul leur écrivait : « Je dis cela afin que personne ne vous trompe par des discours séduisants. » (Colossiens 2:4) Il considérait cette connaissance secrète comme rien de plus qu’une « philosophie » et une « vaine tromperie, s’appuyant sur la tradition des hommes, sur les principes élémentaires du monde, et non sur Christ » (Colossiens 2:8). Il montre que la connaissance la plus importante est celle de Dieu et de Christ, dans laquelle « sont cachés tous les trésors de la sagesse et de la connaissance » (Colossiens 2:3).
Certains partisans de l’hérésie recommandaient de rendre hommage aux anges et autres puissances spirituelles. Paul mettait en garde les Colossiens contre ceux qui prenaient plaisir au « culte des anges » (Colossiens 2:18). Il leur expliquait qu’à la lumière du sacrifice expiatoire du Christ, ces prétendues « dominations » et « autorités » étaient inutiles pour accéder à Dieu (Colossiens 2:10 et Colossiens 2:15).
Une approche ascétique stricte
En se basant sur leur croyance selon laquelle l’esprit était bon et la chair mauvaise, les gnostiques enseignaient un ascétisme strict et se refusaient tout plaisir physique. Par « le mépris du corps » (Colossiens 2:23), ils espéraient atteindre une plus grande spiritualité. Paul a ainsi décrit leurs règles : « Ne prends pas ! ne goûte pas ! ne touche pas ! » (Colossiens 2:21). Ces règlements concernaient seulement des « préceptes qui tous de viennent pernicieux par l’abus », parce qu’ils sont basés sur « les ordonnances et les doctrines des hommes » (Colossiens 2:22), et non sur les enseignements de Dieu.
À ses débuts, cet ascétisme gnostique combinait certainement des concepts gentils et des éléments du judaïsme tels que la circoncision (Colossiens 2:11). « Il est donc probable que l’hérésie colossienne était le mélange d’une forme extrême de judaïsme et de gnosticisme à ses débuts. » (Introduction aux Colossiens, The New International Version Study Bible)
Les enseignements spécifiques traités par Paul font apparaître qu’une ou plusieurs branches du judaïsme étaient influencées par le gnosticisme. Celles-ci infiltraient la congrégation de Colosses en enseignant une forme extrême de judaïsme ascétique mélangé à des croyances gnostiques. Ces faux enseignants condamnaient ceux dont les observances religieuses n’étaient pas conformes à leurs normes spirituelles ascétiques. Par conséquent, Paul avertissait les Colossiens de ne laisser personne les juger « au sujet du manger ou du boire » (Colossiens 2:16).
Jugés sur leur façon d’observer le sabbat, et non parce qu’ils l’observaient
Les Colossiens n’étaient pas jugés sur l’observance des fêtes, des nouvelles lunes et des sabbats en tant que tels, mais sur leur façon d’observer ces jours — une façon apparemment joyeuse et pleine d’entrain. Après tout, ces jours avaient été donnés par Dieu pour être des fêtes et des réjouissances. Cette approche était tout à fait contraire à l’approche gnostique, pleine d’abnégation flegmatique tellement manifeste dans ce chapitre.
Le gnosticisme s’intéressait également aux étoiles et aux planètes, auxquelles Paul fait allusion comme étant « les principes élémentaires du monde » (Colossiens 2:8). Cette perspective avait probablement influencé les gnostiques qui observaient les fêtes, les nouvelles lunes et les sabbats, puisque le calendrier régissant ces jours était fixé d’après certains mouvements des corps célestes.
En avertissant les membres colossiens de ne pas se laisser juger sur leur façon d’observer les fêtes, les nouvelles lunes et les sabbats, Paul ne met pas en doute l’observance de ces jours. Ces versets impliquent de façon évidente que, au contraire, ces chrétiens gentils observaient ces jours, et il ne leur était aucunement dit de cesser de le faire.
Le sujet abordé par Paul était plutôt que les chrétiens ne devaient pas être critiqués sur leur façon joyeuse d’observer ces jours. Paul avertissait les membres de ne pas se laisser juger, d’après ces normes ascétiques peu équilibrées, sur ce qu’ils mangeaient et buvaient ou sur leur façon d’observer les sabbats et les fêtes (Colossiens 2:16).
Le contexte général de Colossiens 2:16 est l’ascétisme issu des premiers mouvements gnostiques, et non une discussion sur les lois que les chrétiens sont tenus d’observer.
L’ombre des choses à venir
Que penser de la déclaration de Paul dans Colossiens 2:17 où il dit que le sabbat et les fêtes bibliques étaient « l’ombre des choses à venir, mais le corps est en Christ » ? Paul veut-il dire que ces jours étaient sans importance et obsolètes parce que le Christ était le « corps » de ce qu’ils préfiguraient ?
En fait, Paul déclare qu’ils étaient « l’ombre des choses à venir », indiquant ainsi qu’ils avaient un accomplissement futur. Le mot grec traduit par « à venir » est mello, signifiant « être sur le point de faire ou de subir quelque chose, être au stade de, être imminent » (Spiros Zodhiates, The Complete Word Study Dictionary New Testament, p. 956).
Mello signifie « être sur le point de [faire quelque chose], ce qui implique souvent la nécessité et donc la certitude de ce qui doit arriver » (W.E. Vine, « Come », Vine’s Expository Dictionary of New Testament Words, p. 207).
Paul utilise la même construction sémantique dans Éphésiens 1:21, en déclarant que Jésus-Christ est « au-dessus de toute domination, de toute autorité, de toute puissance, de toute dignité, et de tout nom qui peut être nommé, non seulement dans le siècle présent, mais encore dans le siècle à venir ». Il fait ressortir le contraste entre le siècle présent et celui « à venir », montrant ainsi qu’il y a bien un accomplissement futur.
Cet accomplissement futur est également rendu évident par la formulation utilisée dans l’original de Colossiens 2:17. Le mot grec esti, traduit par « était », est en fait au présent actif et signifie « être » ou « est » (Zodhiates, p. 660). C’est d’ailleurs ainsi que le rend la version Darby où nous pouvons lire : « qui sont une ombre des choses à venir ». Si Paul avait voulu dire que le sabbat et les fêtes étaient accomplis et devenus obsolètes en Jésus-Christ, il aurait fallu qu’il utilise une formulation totalement différente.
La formulation que Paul a choisie montre que le sabbat et les fêtes « sont une ombre » de choses qui ne sont pas encore venues, et non de choses déjà accomplies et rendues obsolètes en Jésus-Christ.
Les actes physiques enseignent des leçons spirituelles
Certains supposent que des actes physiques ayant trait à la pratique religieuse ont été « accomplis en Christ » dans le Nouveau Testament et sont donc obsolètes et in utiles, puisqu’ils sont des représentations ou des symboles de vérités spirituelles plus grandes. Ces personnes mettent le sabbat et les autres fêtes bibliques dans cette catégorie, à cause du commentaire de Paul disant qu’ils « sont une ombre des choses à venir ».
Mais ce raisonnement présente des failles. Le fait que quelque chose soit une ombre, une représentation ou un symbole ne veut pas dire que cette chose est moins importante pour autant. L’Ancien Testament, tout comme le Nouveau, est rempli de symboles et d’actes symboliques ordonnés par Dieu pour nous enseigner d’importantes leçons spirituelles.
Le baptême est un acte symbolique représentant une plus grande vérité spirituelle : l’ensevelissement du vieil homme et la concrétisation d’une nouvelle vie (Romains 6:3-4). Et cependant, il nous est commandé d’être baptisés (Actes 2:38). Le pain et le vin de la Pâque sont des symboles de la relation spirituelle essentielle que nous avons avec Jésus-Christ. Et il nous est clairement commandé de les prendre (1 Corinthiens 10:16).
L’imposition des mains (Hébreux 6:2), l’onction d’huile (Jacques 5:14), le lavement des pieds (Jean 13:14), la consommation de pains sans levain (1 Corinthiens 5:6-8) et d’autres actions physiques sont des observances commandées dans le Nouveau Testament, non parce que ces choses sont plus importantes que ce qu’elles symbolisent, mais parce que leur observance renforce et améliore notre compréhension spirituelle. Après tout, nous sommes des êtres physiques en quête de compréhension spirituelle. Dieu nous a donné des actes et des symboles physiques pour nous aider à mieux comprendre les leçons spirituelles.
Ces exemples montrent que les symboles et les actes symboliques ne sont pas uniquement limités à la pratique religieuse physique de l’Ancien Testament, mais qu’ils sont aussi destinés à prendre une part importante dans la pratique religieuse du Nouveau Testament. Comme Paul l’a reconnu, ils sont les rappels essentiels d’importantes vérités spirituelles (1 Corinthiens 11:23-26). C’est également vrai pour le sabbat. Jésus a montré, par ses actions et ses enseignements sur le sabbat, que le repos du sabbat est une préfiguration, un avant-goût du merveilleux âge messianique de paix, de repos, de liberté et de guérison à venir.
Dans Colossiens 2:16-17, Paul ne parle aucunement du caractère durable ou éphémère du sabbat. En fait, Paul ne cite l’Ancien Testament nulle part dans Colossiens. Il utilise le mot grec nomos, signifiant « loi », des dizaines de fois dans ses autres épîtres, mais pas une seule fois dans celle-ci. Pourquoi ? L’Ancien Testament et la loi de Dieu n’en étaient tout simplement pas le sujet.
Loin de nier l’observance du sabbat, les instructions de Paul aux Colossiens, écrites vers l’an 62 de notre ère, affirment au contraire que les chrétiens gentils observaient vraiment le sabbat plus de trente ans après la mort du Christ, et que le sabbat est un important rappel de vérités spirituelles essentielles pour nous aujourd’hui.
Récit historique dans les Actes
De tous les écrits de Paul, les trois passages qui viennent d’être examinés sont ceux qui sont communément utilisés pour essayer de prouver qu’il a aboli l’observance du sabbat. Cependant, comme nous l’avons vu, deux de ces passages ne mentionnent même pas le sabbat, et le troisième confirme qu’en réalité les Gentils convertis observaient le sabbat, puisque Paul leur a dit de ne pas se laisser juger sur leur façon de l’observer.
Mais, outre ses paroles, les actions de Paul montrent qu’il n’a jamais eu l’intention d’abolir ou de changer le sabbat et que lui-même l’observa.
Actes 13 rapporte que, dix à quinze années après sa conversion miraculeuse, Paul et ses compagnons se rendirent à Antioche en Asie Mineure, où ils entrèrent « dans la synagogue le jour du sabbat » (Actes 13:14). Après avoir été invité à parler, Paul s’adressa aux Juifs et aux prosélytes gentils (Actes 13:16), et décrivit comment la venue de Jésus-Christ avait été prédite à travers les Écritures de l’Ancien Testament.
Son message fut reçu avec tellement d’enthousiasme qu’« après qu’ils furent sortis de la synagogue des Juifs, les Gentils les prièrent de leur annoncer les mêmes choses le sabbat suivant » (Actes 13:42, version d’Ostervald). Remarquez que les Gentils présents voulaient que Paul leur parle encore de Christ le sabbat suivant. Pourquoi ? Parce que, manifestement, ces Gentils observaient déjà le sabbat avec les Juifs dans la synagogue.
Quelle fut la réponse de Paul à la requête des Gentils ? « Le sabbat suivant, presque toute la ville se rassembla pour entendre la parole de Dieu. » (Actes 13:44) Si Paul n’avait pas cru au sabbat, il aurait facilement pu leur dire de venir le jour suivant ou un autre jour pour les enseigner. Au lieu de cela, il attendit jusqu’au sabbat suivant, où « presque toute la ville », les Juifs comme les Gentils, vint écouter son message.
Les Gentils de la ville, en apprenant que Paul avait reçu la charge de leur prêcher l’Évangile, « se réjouissaient en entendant cela, ils glorifiaient la parole du Seigneur, et tous ceux qui étaient destinés à la vie éternelle crurent » (Actes 13:45-48). Le sabbat que Dieu avait ordonné était le jour habituel pour se reposer, s’assembler et être instruit dans la voie de vie divine.
Environ cinq ans plus tard, là où se situe la Grèce actuelle, Paul arriva « à Thessalonique, où les Juifs avaient une synagogue. Paul y entra, selon sa coutume. Pendant trois sabbats, il discuta avec eux, d’après les Écritures, expliquant et établissant que le Christ devait souffrir et ressusciter des morts. Et Jésus que je vous annonce, disait-il, c’est lui qui est le Christ » (Actes 17:1-3). Ici, quelque vingt années après la mort et la résurrection de Jésus, la coutume de Paul était encore de se rendre à la synagogue lors du sabbat, pour discuter des Écritures et prêcher sur Jésus-Christ.
Il continua d’enseigner les Juifs, aussi bien que les Gentils : « Quelques-uns d’entre eux furent persuadés, et se joignirent à Paul et à Silas, ainsi qu’une grande multitude de Grecs craignant Dieu, et beaucoup de femmes de qualité. » (Actes 17:4) Paul, spécialement chargé de prêcher l’Évangile aux Gentils (Actes 9:15 ; Actes 13:47), enseigna ceux-ci le jour du sabbat dans les synagogues.
Plusieurs années après, il se rendit à la ville grecque de Corinthe, où il « discourait dans la synagogue chaque sabbat, et il persuadait des Juifs et des Grecs » (Actes 18:4). Peu après, il alla à Éphèse en Asie Mineure, où il « entra dans la synagogue, où il parla librement. Pendant trois mois, il discourut sur les choses qui concernent le royaume de Dieu, s’efforçant de persuader ceux qui l’écoutaient » (Actes 19:8).
Le livre des Actes fut écrit aux environs de l’an 63 de notre ère, peu avant l’exécution de Paul à Rome, et il couvre l’histoire des trente premières années de l’Église du Nouveau Testament. Il montre que, durant de nombreuses années, Paul a enseigné à plusieurs reprises les Juifs et les Gentils pendant le sabbat. Alors qu’il était l’apôtre des Gentils, il ne leur a jamais laissé entendre que le sabbat était obsolète ou inutile.
Pour affirmer que l’apôtre Paul était partisan de l’abolition ou de l’annulation du sabbat, il faut non seulement prendre ses paroles hors de leur contexte et totalement contredire ses autres déclarations, mais il faut aussi ignorer ou déformer le compte rendu écrit de Luc, témoin oculaire de l’Église à cette époque.
Lors des procès intentés contre lui, Paul assurait à tous ceux qui l’entendaient qu’il croyait à la loi, et n’avait rien fait contre elle (Actes 24:14 ; Actes 25:8). Il déclarait que la loi de Dieu n’est ni annulée ni abolie par la foi, mais qu’« au contraire, nous confirmons la loi » (Romains 3:31).
Voici sa conclusion : « La circoncision n’est rien, et l’incirconcision n’est rien, mais l’observation des commandements de Dieu est tout. » (1 Corinthiens 7:19) Sa déclaration est sans équivoque : ce qui compte, c’est d’obéir aux commandements de Dieu. Ils sont extrêmement importants dans notre relation avec lui.
En observant le sabbat, Paul faisait seulement ce qu’il disait aux autres de faire : « Soyez mes imitateurs, comme je le suis moi-même de Christ. » (1 Corinthiens 11:1) Il observait le sabbat, tout comme son Maître l’avait fait avant lui.
Prendre plaisir à la loi de Dieu
C’est Paul qui a déclaré : « Car je prends plaisir à la loi de Dieu » (Romains 7:22), il n’a pas dit qu’il l’abolissait. Il a affirmé que « la loi est sainte, et le commandement est saint, juste et bon » (Romains 7:12).
Il ne considérait pas que le Nouveau Testament remplaçait l’Ancien. À l’époque où il vivait, les Écritures du Nouveau Testament n’existaient pas en tant que telles. Elles ne furent assemblées que plusieurs années après sa mort. Paul a cité des dizaines de fois dans ses écrits ce que nous appelons l’Ancien Testament, l’acceptant pleinement et l’utilisant comme une autorité et un guide de vie (Romains 15:4 ; 2 Timothée 3:15).
L’Église du Nouveau Testament a tout simplement perpétué les pratiques de l’Ancien Testament, y compris le sabbat, mais avec une perspective et une compréhension plus profondes de leur signification spirituelle.