CHAPITRE 4 : La montée d’un christianisme de contrefaçon
Jésus-Christ dit à Ses apôtres de faire des disciples de toutes les nations et de les baptiser en Son nom. La plupart de ceux qui sont familiers avec la Bible se rendent compte que ces apôtres se sont lancés dans cette mission avec zèle. C’est dans la ville d’Antioche que les personnes converties furent, pour la première fois, appelées des chrétiens (Actes 11:26). Au fil des siècles, un grand nombre de gens se trouvèrent à naître ou à se faire convertir dans ce qui donnera finalement naissance à des centaines de dénominations connues collectivement sous le nom de « christianisme », à tel point que ledit christianisme devint et reste encore maintenant l’une des religions les plus populaires et dominantes du monde.
Les gens supposent que tous ceux, ou presque, qui portent le nom de chrétien, suivent les croyances, les enseignements et les pratiques de Jésus-Christ. Mais la Bible nous dit que tous ceux qui acceptent le nom du Christ ne sont pas pour autant des chrétiens !
Jésus prédit que certains se réclameraient de Son nom, mais Le renieraient par leurs actes. Il ajoute : « Pourquoi m’appelez-vous Seigneur, Seigneur ! et ne faites-vous pas ce que je dis ? » (Luc 6:46)
Christ et Ses apôtres firent mention de faux prophètes, de faux apôtres et de faux frères. Ils révélèrent que deux religions opposées émergeraient, et que, toutes deux, se prétendraient chrétiennes. L’une — l’Église que Jésus a véritablement fondée — serait conduite par l’Esprit de Dieu et resterait fidèle à Ses enseignements. L’autre — guidée et influencée par un esprit différent — accepterait le nom de Christ mais tordrait Ses enseignements, afin de créer une contrefaçon convaincante de la véritable Église de Dieu.
Les deux utiliseraient le nom du Christ et se réclameraient de Son autorité. Les deux produiraient des œuvres qui, en apparence, sembleraient bonnes et convenables. Les deux prétendraient suivre les vrais enseignements du Christ. Mais une seule représenterait fidèlement son fondateur Jésus-Christ. L’autre capturerait les esprits et les cœurs de l’humanité entière en attachant le nom de Christ à des coutumes et des doctrines religieuses sans fondement biblique, que Jésus et Ses apôtres n’ont ni pratiquées ni approuvées.
Les apôtres ne cessaient d’avertir les disciples de Jésus de se méfier de ces faux enseignants qui introduiraient de fausses croyances chrétiennes. Jésus Lui-même les mettait en garde, disant : « Prenez garde que personne ne vous séduise. Car plusieurs viendront sous mon nom […] Et ils séduiront beaucoup de gens. » (Matthieu 24:4-5)
Le Nouveau Testament nous donne un bref aperçu historique des racines de ces deux religions qui se déclarent chrétiennes — l’une authentique, l’autre une contrefaçon. Les apôtres de Christ décrivent les origines de chacune, de même que leurs caractéristiques fondamentales.
Nous avons déjà examiné la description que les apôtres nous ont faite à propos de l’Église fondée par Jésus. Voyons à présent le recueil qu’ils nous ont laissé au sujet de cette autre église supposément chrétienne — une église qui avait coutume de déformer et de corrompre la vérité, mais qui allait devenir beaucoup plus puissante et influente que la petite Église dont Jésus avait prédit qu’elle ne périrait jamais.
Enseigner des traditions humaines
D’où la plupart des églises puisent-elles leurs enseignements et leurs pratiques ? La plupart de leurs membres prennent pour acquis qu’ils viennent de la Bible ou de Jésus-Christ Lui-même. Mais en est-il ainsi ?
Jésus a commandé à Ses apôtres d’enseigner aux autres exactement ce qu’Il avait enseigné. Dans Matthieu 28:20, Il avait dit : « enseignez-leur à observer tout ce que je vous ai prescrit ». Il avait condamné le fait de substituer aux commandements de Dieu les traditions et le raisonnement de l’homme.
S’adressant aux pharisiens, les chefs religieux juifs de Son époque, Il disait : « Vous abandonnez le commandement de Dieu, et vous observez la tradition des hommes […] Vous rejetez fort bien le commandement de Dieu, pour garder votre tradition. » (Marc 7:8-9)
Jésus enseignait que Son Église se devait de garder les commandements de Dieu. Ainsi, dans Matthieu 19:17, Il dit : « Si tu veux entrer dans la vie, observe les commandements ». Par ailleurs, dans Matthieu 7:22-23, Il nous met en garde, disant : « Plusieurs me diront en ce jour-là : Seigneur, Seigneur, n’avons-nous pas prophétisé par ton nom ? n’avons-nous pas chassé des démons par ton nom ? et n’avons-nous pas fait beaucoup de miracles par ton nom ? Alors je leur dirai ouvertement : Je ne vous ai jamais connus, retirez-vous de moi, vous qui commettez l’iniquité ». Il savait que de faux prophètes surgiraient, qui rejetteraient les commandements de Dieu au profit d’un évangile de contrefaçon où il ne serait plus question de loi.
À l’instar de Jésus, les apôtres ont invariablement enseigné l’obéissance à Dieu. Pierre et les autres apôtres ont risqué leur vie pour qu’il soit bien clair que « nous devons obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes » (Actes 5:29). Paul faisait état de cet engagement qu’il partageait avec les autres apôtres — à savoir de s’en tenir à une vie d’obéissance. « Par lui (Christ) nous avons reçu la grâce et l’apostolat, pour amener en son nom à l’obéissance de la foi tous les païens […] » (Romains 1:5).
Plus tard, Paul enjoint les membres de la congrégation de Colosse de s’en tenir à ce qu’il leur avait enseigné : « Ainsi donc, comme vous avez reçu le Seigneur Jésus-Christ, marchez en lui, étant enracinés et fondés en lui, et affermis par la foi, d’après les instructions qui vous ont été données […] » (Colossiens 2:6-7)
Se conformant à l’exemple de Christ, Paul avertit les Colossiens de ne pas accepter des traditions en remplacement des commandements de Dieu : « Prenez garde que personne ne fasse de vous sa proie par la philosophie et par une vaine tromperie, s’appuyant sur la tradition des hommes, sur les principes élémentaires du monde, et non sur Christ. » (Colossiens 2:8 ; comparez avec Marc 7:8-9 ; Marc 7:13)
Pourquoi Jésus-Christ et les apôtres lançaient-ils tant d’avertissements urgents pour qu’on s’écarte des traditions des hommes ?
Subversion au sein même de l’Église
Alors que les apôtres s’efforçaient d’établir davantage de congrégations de croyants parmi les nations, il se produisit un phénomène qui fut, en fin de compte, à l’origine d’une religion parallèle, d’apparence chrétienne — mais très différente de l’Église que Jésus et Ses apôtres avaient établie.
Des doctrines nouvelles et différentes furent subtilement introduites. Certains commencèrent à faire de la subversion dans l’Église en défiant et en contredisant les enseignements des apôtres du Christ. Paul lança un avertissement : « Il y a, en effet, surtout parmi les circoncis, beaucoup de gens rebelles, de vains discoureurs et de séducteurs, auxquels il faut fermer la bouche. Ils bouleversent des familles entières, enseignant pour un gain honteux ce qu’on ne doit pas enseigner. » (Tite 1:10-11)
Pour contrer cette tendance, Paul conseilla à Tite, ministre du culte comme lui, d’examiner soigneusement les antécédents, les connaissances et le caractère de toute personne susceptible d’être ordonnée : « Car il faut que l’évêque soit irréprochable, comme économe de Dieu […] qu’il soit […] attaché à la vraie parole telle qu’elle a été enseignée, afin d’être capable d’exhorter selon la saine doctrine et de réfuter les contradicteurs. » (Tite 1:7 et Tite 1:9)
De plus en plus souvent, de « faux apôtres » se mettaient à contredire et à remettre en question les enseignements des vrais apôtres du Christ. Paul mit en garde l’Église de Rome : « Je vous exhorte, frères, à prendre garde à ceux qui causent des divisions et des scandales, au préjudice de l’enseignement que vous avez reçu. Éloignez-vous d’eux. Car de tels hommes ne servent point Christ notre Seigneur, mais leur propre ventre ; et, par des paroles douces et flatteuses, ils séduisent les cœurs des simples. Pour vous, votre obéissance est connue de tous ; je me réjouis donc à votre sujet, et je désire que vous soyez sages en ce qui concerne le bien, et purs en ce qui concerne le mal. » (Romains 16:17-19)
Des chefs religieux concurrents, déguisés en ministres du Christ, commencèrent à enseigner leurs propres fausses doctrines « en opposition » à celles des apôtres du Christ et de Ses autres fidèles serviteurs. Au début, ceux-ci étaient principalement issus de milieux juifs. Mais par la suite, les faux enseignants se comptèrent également parmi des gens de l’Église issus d’autres milieux. Les doctrines subversives qui s’imposèrent finalement avec le plus de force représentaient un mélange de philosophies païennes et de philosophies juives erronées que le mysticisme populaire de l’époque avait synthétisées.
Simon le Magicien était un de ces faux enseignants dont le nom apparaît tôt dans les Écritures. Après que Philippe l’eut baptisé, Simon approcha Pierre dans le but d’acheter une position d’apôtre, espérant obtenir, lui aussi, le pouvoir d’accorder le Saint-Esprit à d’autres. Sous l’influence de son avidité de pouvoir et d’influence, il feignit la conversion et réussit à se faire baptiser pour se donner une apparence de chrétien (Actes 8:9-23). Des sources historiques subséquentes indiquent qu’il procéda à un mélange de différents éléments de paganisme et de mysticisme pour en faire une philosophie chrétienne de contrefaçon.
Une tendance dangereuse venait de voir le jour. Bientôt, les « faux apôtres », les « faux enseignants » et les « faux frères » allaient proliférer.
Un christianisme de contrefaçon était né. Et il allait croître. En faisant ses adieux aux anciens de l’Église d’Éphèse, Paul déclara : « Je sais qu’il s’introduira parmi vous, après mon départ, des loups cruels qui n’épargneront pas le troupeau, et qu’il s’élèvera du milieu de vous des hommes qui enseigneront des choses pernicieuses, pour entraîner les disciples après eux. Veillez donc, vous souvenant que, durant trois années, je n’ai cessé nuit et jour d’exhorter avec larmes chacun de vous. » (Actes 20:29-31)
Un autre évangile gagne du terrain
L’impact de ces enseignements déformés eut un effet dévastateur sur l’Église primitive. Par exemple, les chrétiens de la province romaine de Galatie se détournèrent en masses des enseignements de l’apôtre Paul pour aller vers un Évangile de contrefaçon, un Évangile corrompu et astucieusement conçu, dont ces faux apôtres faisaient la promotion.
Paul a décrit l’approche utilisée par ces faux prédicateurs et son effet sur les chrétiens de Galatie : « Je m’étonne que vous vous détourniez si promptement de celui qui vous a appelés par la grâce de Christ, pour passer à un autre évangile. Non pas qu’il y ait un autre évangile, mais il y a des gens qui vous troublent, et qui veulent renverser l’Évangile de Christ. » (Galates 1:6-7)
Les frères de cet endroit étaient entraînés vers l’une de ces nombreuses sectes qui caractérisaient la fausse chrétienté émergente. Paul devait faire face à des conflits religieux provoqués par les éléments juifs et gentils des congrégations de Galatie.
Ce n’est pas que ceux qui s’affirmaient ainsi rejetaient d’emblée l’Évangile enseigné par Paul. Leur astuce consistait en fait à ne pervertir que certains de ses aspects. Par la suite, ils réussirent à séduire les chrétiens de Galatie pour qu’ils acceptent leur Évangile — un mélange mortel de vérité et d’erreur. Celui-ci contenait suffisamment de vérité pour se donner une apparence de justice et avoir l’air chrétien, mais il comportait assez d’erreur pour empêcher quiconque l’accepterait de recevoir le salut.
Notez la critique cinglante que Paul formule à l’endroit de cet « autre » Évangile : « Mais, quand nous-mêmes, quand un ange du ciel annoncerait un autre Évangile que celui que nous vous avons prêché, qu’il soit anathème ! Nous l’avons dit précédemment, et je le répète à cette heure : si quelqu’un vous annonce un autre Évangile que celui que vous avez reçu, qu’il soit anathème ! » (Galates 1:8-9)
Un Évangile dépourvu de la loi
Jésus avait averti Ses apôtres que cela se produirait : « Plusieurs faux prophètes s’élèveront, et ils séduiront beaucoup de gens. Et, parce que l’iniquité se sera accrue, la charité du plus grand nombre se refroidira. » (Matthieu 24:11-12) Jésus avait expliqué que l’abolition de la loi, élément clé du message de ces faux ministres, rendrait leurs idées attrayantes et populaires. Le rejet des lois de Dieu deviendrait finalement la base d’un christianisme de contrefaçon, qui serait populaire et aurait beaucoup de succès.
Les faux prophètes conçurent leur message et leurs doctrines en reconnaissant verbalement que Jésus était le « Seigneur », tout en refusant de Lui obéir (Luc 6:46). Jésus mettait personnellement en garde contre leur approche rusée et trompeuse, disant dans Matthieu 7:15 : « Gardez-vous des faux prophètes. Ils viennent à vous en vêtements de brebis, mais au dedans ce sont des loups ravisseurs ».
Jésus a clairement montré que ceux qui refusent d’enseigner la loi — ceux qui extérieurement ont l’apparence de brebis innocentes et qui affichent leur dévotion en se livrant à des actes religieux — ne sont pas pour autant Ses apôtres ou disciples : « Plusieurs me diront en ce jour-là : Seigneur, Seigneur, n’avons-nous pas prophétisé par ton nom ? N’avons-nous pas chassé des démons par ton nom ? Et n’avons-nous pas fait beaucoup de miracles par ton nom ? Alors je leur dirai ouvertement : Je ne vous ai jamais connus, retirez-vous de moi, vous qui commettez l’iniquité ! » (Matthieu 7:22-23)
La loi de Dieu : un champ de bataille religieux
La controverse à propos de la loi divine a éclaté au sein de l’Église dès le jour où les premiers gentils furent convertis. Certains juifs d’entre les croyants voulaient qu’on impose aux gentils la circoncision ainsi que certaines exigences de nature physique. Ils exigeaient que les gentils convertis se fassent circoncire physiquement afin d’obtenir le salut (Actes 15:1).
Lors d’une grande conférence à Jérusalem, les apôtres et les anciens décidèrent que la circoncision physique ne devait pas être considérée comme une exigence pour le salut des gentils (Actes 15:2 ; Actes 15:5-10). Pierre faisait remarquer que Dieu avait récemment accordé le Saint-Esprit à plusieurs gentils sans pour autant exiger qu’ils ne soient circoncis, montrant ainsi quelle était Sa volonté en la matière (Actes 15:8 ; Actes 11:1-4 ; Actes 11:15-18).
Ces mêmes Juifs réclamaient également que les gentils observent les cérémonies et les rituels du temple, qui pointaient en direction de plus grandes réalités spirituelles, comme le sacrifice de Christ. Les apôtres insistaient, quant à eux, sur le fait que le sacrifice du Christ était suffisant pour obtenir le pardon des péchés par la grâce de Dieu (Hébreux 7:26-27).
Les sacrifices rituels du temple étaient seulement des pratiques temporaires instituées jusqu’à la manifestation du véritable « Agneau de Dieu » (Jean 1:29) et de Son œuvre dans la vie des croyants. Les apôtres enseignaient que ces sacrifices rituels n’étaient plus requis (Actes 15:11 ; Hébreux 9:1-15) parce qu’ « ils étaient avec les aliments, les boissons et les diverses ablutions, des ordonnances charnelles imposées seulement jusqu’à une époque de réformation » (Hébreux 9:10).
Mais les apôtres n’ont jamais considéré les lois spirituelles de Dieu, résumées par les Dix Commandements, comme étant dans la même catégorie que ces « ordonnances charnelles ». Ils ont toujours enseigné l’obéissance aux commandements de Dieu. Paul l’a clairement exprimé dans 1 Corinthiens 7:19 où il dit : « La circoncision n’est rien, et l’incirconcision n’est rien, mais l’observation des commandements de Dieu est tout ». Il conclut en disant dans Romains 3:31 : « Anéantissons-nous donc la loi par la foi ? Loin de là ! Au contraire, nous confirmons la loi ».
Une vision déformée de la grâce de Dieu
Tout comme Jésus l’avait prédit, des prédicateurs sans scrupules se jetèrent sur les enseignements de Paul et des autres apôtres pour en tordre le sens (2 Pierre 3:15-16). En déformant les paroles des apôtres, d’abord en ce qui à trait à la grâce, puis en ce qui a trait à ces « ordonnances charnelles » qui ne sont plus nécessaires, ils trouvèrent une façon d’excuser leur comportement illicite. Dans Jude 4, nous lisons : « Car il s’est glissé parmi vous certains hommes, dont la condamnation est écrite depuis longtemps, des impies, qui changent la grâce de notre Dieu en dissolution [comportement honteux] et qui renient notre seul Maître et Seigneur Jésus-Christ ». (Jude 1:4)
Selon eux, la grâce excuserait le péché — la transgression de la loi divine — et leur permettrait d’ignorer les enseignements bibliques qu’ils n’aimeraient pas. Ils en vinrent à tordre les explications de Paul, qui tentait de démontrer que nous ne pouvons gagner le salut par nos propres « œuvres », en les prenant en tant qu’excuse pour ne faire aucun effort pour obéir à Dieu.
Pierre exposa leur vrai problème. Ils « […] méprisent l’autorité. Audacieux et arrogants, ils ne craignent pas d’injurier les gloires, […] » (2 Pierre 2:10). Une caractéristique dominante de ces imposteurs était leur empressement à attaquer verbalement et à saper l’autorité des apôtres et des anciens qui étaient les véritables pasteurs du troupeau de Dieu.
En conséquence, dit Pierre, ils ont « quitté le droit chemin, ils se sont égarés […] Avec des discours enflés de vanité, ils amorcent par les convoitises de la chair, par les dérèglements, ceux qui viennent à peine d’échapper aux hommes qui vivent dans l’égarement ; ils leur promettent la liberté, quand ils sont eux-mêmes esclaves de la corruption, car chacun est esclave de ce qui a triomphé de lui. » (2 Pierre 2:15 ; 2 Pierre 2:18-19)
Cela dit, un problème encore plus insidieux apparut parmi les congrégations dispersées du peuple de Dieu. De faux docteurs, au lieu d’essayer d’imposer davantage de lois aux païens, commencèrent à exploiter la miséricorde de Dieu — la grâce de Dieu — en répandant l’idée que les chrétiens étaient maintenant libérés de la loi et n’étaient donc plus tenus de l’observer. Dieu dit cependant que la transgression de Sa loi constitue un péché (1 Jean 3:4).
Ces enseignants donnèrent une fausse représentation de la loi divine en la présentant comme un fardeau inutile. Dans 1 Jean 5:3, Jean réplique : « Car l’amour de Dieu consiste à garder ses commandements. Et ses commandements ne sont pas pénibles ».
Contrairement à l’idée d’être libéré de la loi, Jacques appelle les commandements de Dieu une « loi royale » et une « loi de liberté » (Jacques 2:8-12).
Dieu conçut Sa loi pour qu’elle soit une garantie de liberté face aux conséquences de maux tels que l’adultère, le meurtre, le vol, la fraude et la convoitise.
C’est le péché qui nous asservit, et non la loi de Dieu (Romains 6:6). Nous sommes libérés de l’esclavage du péché en obéissant à Dieu (Romains 6:17). Paul explique qu’obéissance et justice sont inséparables. Romains 2:13 dit : « Ce ne sont pas, en effet, ceux qui écoutent la loi qui sont justes devant Dieu, mais ce sont ceux qui la mettent en pratique qui seront justifiés. »
Satan le diable : le maître séducteur
Les Écritures révèlent que ceux qui ont fait la promotion de ces principes anarchiques étaient influencés par une puissance spirituelle invisible, celle de Satan le diable. Paul a dit : « Ces hommes-là sont de faux apôtres, des ouvriers trompeurs, déguisés en apôtres de Christ. Et cela n’est pas étonnant, puisque Satan lui-même se déguise en ange de lumière. Il n’est donc pas étrange que ses ministres aussi se déguisent en ministres de justice. Leur fin sera selon leurs œuvres. » (2 Corinthiens 11:13-15)
Satan hait la loi de Dieu. C’est un maître séducteur. Il va de soi qu’il ne ménagera aucun effort pour infiltrer l’Église que le Christ a fondée.
Pour accomplir son dessein, Satan utilise certaines personnes pour en égarer d’autres. Il lui est facile d’influencer des êtres humains qui, poussés par leur ambition personnelle, ont le désir d’enseigner à d’autres. Cela est particulièrement vrai s’ils n’ont pas une solide compréhension des Écritures. Satan tire tout simplement avantage de leur désir d’être des prédicateurs en matière de religion. Il séduit des individus influençables de manière à ce qu’ils servent Christ en paroles, tout en créant pour leur part un nouvel ensemble de croyances, alors même qu’ils ignorent ou désobéissent à des portions de la loi divine.
Paul exhorte Timothée en lui disant de « recommander à certaines personnes de ne pas enseigner d’autres doctrines […] de manifester un amour venant d’un cœur pur, d’une bonne conscience, et d’une foi sincère. Quelques-uns, s’étant détournés de ces choses, se sont égarés dans de vains discours ; ils veulent être docteurs de la loi, et ils ne comprennent ni ce qu’ils disent, ni ce qu’ils affirment. » (1 Timothée 1:3 ; 1 Timothée 1:6-7)
Il peut arriver à des chefs religieux sincères, quoique séduits, d’accepter des doctrines qui, à leurs yeux, leur donnent le droit de violer certains des commandements de Dieu.
Par la suite, ils persuadent d’autres gens à croire la même chose. Il est triste de constater que, sous l’influence du diable, ils en soient venus à se persuader que leurs concepts erronés sont justes — que Dieu est content d’eux. Ils croient en ces fausses doctrines qu’ils enseignent. Bien que sincères, ils sont néanmoins sincèrement dans l’erreur.
Dans 2 Thessaloniciens 2:9-11, Paul dit : « L’apparition de cet impie [un prédicateur à venir qui défendra des doctrines contraires aux lois divines] se fera, par la puissance de Satan […] avec toutes les séductions de l’iniquité pour ceux qui périssent parce qu’ils n’ont pas reçu l’amour de la vérité pour être sauvés. Aussi Dieu leur envoie une puissance d’égarement, pour qu’ils croient au mensonge […] » Il est probable qu’aucun de ces ministres égarés ne soit conscient du fait qu’en réalité, il fait la promotion des idées de Satan.
Cependant, en créant une fausse religion chrétienne — une religion qui ne diffère pas totalement de la véritable Église, mais qui rejette certains des enseignements bibliques essentiels qui mènent à la vie éternelle — Satan essaie de déjouer le plan que Dieu a conçu pour assurer le salut de l’humanité. Rappelez-vous ces paroles de Jésus : « Si tu veux entrer dans la vie, observe les commandements. » (Matthieu 19:17) C’est exactement ce que le diable veut empêcher. Il fait la promotion d’un christianisme dépourvu de lois qui enseigne que nous pouvons observer de façon sélective — ou même ignorer — les commandements de Dieu.
Le rejet de la loi, à différents degrés, est la pièce maîtresse de Satan dans l’échafaudage de ses doctrines de contrefaçon. Son but est de convaincre les gens qu’ils servent Christ, alors qu’il les prive du salut en voilant leur compréhension à propos de ce qu’est le péché, ce qui a pour conséquence qu’ils continuent de pécher — se rendant ainsi coupables d’au moins une certaine forme d’iniquité.
Pour accomplir son dessein, Satan exploite la nature humaine. Il influence les gens afin qu’ils croient à ses mensonges (1 Jean 5:19 ; Apocalypse 12:9). Satan conserve juste assez de vérité dans ses doctrines pour que les gens restent persuadés qu’ils suivent Jésus-Christ. Mais il introduit suffisamment d’erreur pour les empêcher de vivre selon la voie que Dieu exige en tant que condition pour hériter la vie éternelle.
Pourquoi la désobéissance est-elle attrayante pour la nature humaine ?
Il y a une bonne raison pour laquelle Satan réussit à tromper l’humanité. L’apôtre Paul explique que l’esprit naturel de l’homme — l’esprit qui n’est pas guidé par l’Esprit de Dieu — ne peut pas toujours discerner l’intention qui motive les lois de Dieu. 1 Corinthiens 2:14 dit à ce propos : « Mais l’homme animal ne reçoit pas les choses de l’Esprit de Dieu, car elles sont une folie pour lui, et il ne peut les connaître, parce que c’est spirituellement qu’on en juge. »
La plupart des gens ne sont pas délibérément hostiles à beaucoup des lois de Dieu. Ils reconnaissent généralement que des délits tels que le meurtre et le vol sont une mauvaise chose. Cependant, ils sont hostiles — peut-être sans être conscients de cette hostilité qui les habite — envers des lois qui lancent un défi à leur façon personnelle de penser, à ce qui leur vient naturellement. En ce sens, l’absence de loi est un concept attrayant pour les gens.
Paul explique pourquoi la désobéissance peut satisfaire nos instincts les plus bas. Romains 8:7 l’exprime ainsi : « car l’affection de la chair est inimitié contre Dieu, parce qu’elle ne se soumet pas à la loi de Dieu, et qu’elle ne le peut même pas. » L’esprit humain, charnel, ne manque pas seulement de discernement spirituel, il se rebiffe contre l’autorité de Dieu telle qu’exprimée dans Ses lois. La Holman Christian Standard Bible traduit ce verset de la façon suivante : « La disposition d’esprit de la chair est hostile à l’égard de Dieu, car elle ne se soumet pas à la loi de Dieu, et au fond elle en est incapable. »
Nous qualifions cette tendance pécheresse de « nature humaine » — une combinaison de faiblesses humaines et d’attitudes acquises par suite de l’influence de Satan. Satan exploite la nature humaine. Il utilise ses faux ministres pour convaincre d’autres personnes qu’elles sont « libérées » des lois de Dieu, excusant ainsi leur tendance à être hostiles à ces lois. Alors, plutôt que d’abandonner une vie de désordre, ceux qui sont égarés par une telle supercherie continuent dans le péché. Pensant que leurs actes de désobéissance sont acceptables aux yeux de Dieu, ils ne parviennent pas à reconnaître la gravité de leurs actes répréhensibles, du moins en ce qui a trait à un certain nombre de leurs croyances et comportements.
Mais l’apôtre Jacques montre clairement qu’une telle approche, une pareille attitude envers la loi royale de Dieu, est totalement erronée. Jacques 2:10 dit en substance : « Car quiconque observe toute la loi, mais pèche contre un seul commandement, devient coupable de tous. » Le contexte nous montre que Jacques parle ici des Dix Commandements (Jacques 2:8-9 ; Jacques 2:11). La loi fondamentale de Dieu est composée de 10 points, et Il exige que nous les observions tous — selon la lettre et selon l’esprit.
On commence à s’éloigner de la vérité
Christ complimenta les membres de l’Église d’Éphèse pour avoir refusé de suivre les faux apôtres qui avaient tenté de tirer profit de leur nature humaine et de les séduire : « Je connais tes œuvres, ton travail, et ta persévérance. Je sais que tu ne peux supporter les méchants ; que tu as éprouvé ceux qui se disent apôtres et qui ne le sont pas, et que tu les as trouvés menteurs. » (Apocalypse 2:2)
Mais ce n’est pas tout le monde, dans toutes les assemblées, qui a suivi l’exemple de l’Église d’Éphèse. Beaucoup acceptèrent les enseignements des faux apôtres et retombèrent dans le péché. C’est pourquoi Pierre a écrit : « En effet, si, après s’être retirés des souillures du monde, par la connaissance du Seigneur et Sauveur Jésus-Christ, ils s’y engagent de nouveau et sont vaincus, leur dernière condition est pire que la première. Car mieux valait pour eux n’avoir pas connu la voie de la justice, que de se détourner, après l’avoir connue, du saint commandement qui leur avait été donné. » (2 Pierre 2:20-21)
Les gens commencèrent à se détourner des enseignements des vrais apôtres de Christ. Ils acceptèrent les philosophies de faux prédicateurs. Pierre les avait explicitement mis en garde contre une telle éventualité. Il avait dit : « […] et il y aura de même parmi vous de faux docteurs, qui introduiront sournoisement des sectes pernicieuses, et qui, reniant le maître qui les a rachetés, attireront sur eux une ruine soudaine. Plusieurs les suivront dans leurs dérèglements, et la voie de la vérité sera calomniée à cause d’eux. » (2 Pierre 2:1-2)
Pierre prévoyait que ce ne serait pas qu’un petit nombre, mais un grand nombre de chrétiens qui se détourneraient de la vérité pour suivre des doctrines plus attrayantes pour l’esprit charnel. Plus tard, Jean confirme que c’est effectivement ce qui s’est produit. Dans 1 Jean 2:19, il dit : « Ils sont sortis du milieu de nous, mais ils n’étaient pas des nôtres ; car s’ils avaient été des nôtres, ils seraient demeurés avec nous, mais cela est arrivé afin qu’il soit manifeste que tous ne sont pas des nôtres. »
Paul et Barnabas rencontrèrent un faux prophète qui était déterminé à détourner les gens de la vérité. Dans Actes 13:6-8, nous lisons : « Ayant ensuite traversé toute l’île jusqu’à Paphos, ils trouvèrent un certain magicien, faux prophète juif, nommé Bar-Jésus, qui était avec le proconsul Sergius Paulus […] Mais Elymas, le magicien, — car c’est ce que signifie son nom, — leur faisait opposition, cherchant à détourner de la foi le proconsul. »
En d’autres occasions, le problème venait de faux frères (Galates 2:4). Dans 2 Corinthiens 11:26, Paul mentionne les épreuves qu’il dut affronter : « […] j’ai été en péril sur les fleuves, en péril de la part des brigands, en péril de la part de ceux de ma nation, en péril de la part des païens, en péril dans les villes, en péril dans les déserts, en péril sur la mer, en péril parmi les faux frères. »
Ces faux chrétiens n’étaient pas simplement une véritable menace pour la sécurité et l’efficacité du travail de Paul, mais ils étaient également devenus une partie non négligeable de la communauté chrétienne visible. Peut-être qu’en définitive certains d’entre eux ont quitté le groupe des saints de Dieu, tout en continuant à se faire appeler chrétiens. D’autres sont devenus membres de nouvelles sectes, prétendument libérées, qui conservèrent le nom de chrétien. D’autres encore sont probablement restés dans la communauté des véritables croyants où, petit à petit, leurs activités subversives finirent par imposer leurs propres enseignements hérétiques à ces mêmes congrégations.
Une fausse chrétienté commençait à s’implanter solidement.
Les vrais chrétiens sont chassés des congrégations
À mesure que les enseignements des faux ministres gagnaient en popularité, ceux qui leur étaient fidèles devinrent graduellement majoritaires dans certaines congrégations. L’apôtre Jean décrit un de ces exemples tragiques dans 3 Jean 9-10 : « J’ai écrit quelques mots à l’Église ; mais Diotrèphe, qui aime à être le premier parmi eux, ne nous reçoit point. C’est pourquoi, si je vais, je rappellerai les actes qu’il commet, en tenant contre nous de méchants propos ; non content de cela, il ne reçoit pas les frères, et ceux qui voudraient le faire, il les en empêche et les chasse de l’Église. »
Aussi incroyable que cela puisse paraître, ceux qui étaient fidèles à l’enseignement des apôtres furent expulsés de cette congrégation ! Ils étaient devenus minoritaires. La majorité avait choisi de suivre Diotrèphe, lequel, dans sa soif personnelle de pouvoir et d’influence, avait faussement accusé l’apôtre Jean. Satan était parvenu à mettre son ministre en charge de cette assemblée, et à en expulser les fidèles serviteurs de Jésus-Christ.
Rappelez-vous, Jésus avait déjà prévenu Ses vrais serviteurs que cela se produirait. Dans Matthieu 7:13-15, il avait dit : « Entrez par la porte étroite. Car large est la porte, spacieux le chemin qui mènent à la perdition, et il y en a beaucoup qui entrent par là. Mais étroite est la porte, resserré le chemin qui mènent à la vie, et il y en a peu qui les trouvent. Gardez-vous des faux prophètes. Ils viennent à vous en vêtement de brebis, mais au-dedans ce sont des loups ravisseurs. »
Il dit aussi, tel que cité précédemment : « […] Hypocrites, Ésaïe a bien prophétisé sur vous, ainsi qu’il est écrit : Ce peuple m’honore des lèvres, mais son cœur est éloigné de moi. C’est en vain qu’ils m’honorent, en donnant des préceptes qui sont des commandements d’hommes. Vous abandonnez le commandement de Dieu, et vous observez la tradition des hommes. » (Marc 7:6-8)
Maintenant, nous pouvons comprendre pourquoi Paul expliquait aux chrétiens de Rome quelle réaction adopter vis à vis de ceux qui provoquaient des divisions au sein de l’Église : « Je vous exhorte, frères, à prendre garde à ceux qui causent des divisions et des scandales, au préjudice de l’enseignement que vous avez reçu. Éloignez-vous d’eux. » (Romains 16:17)
Le christianisme de contrefaçon devenu dominant
À la fin du IIIème siècle les vrais serviteurs de Dieu étaient devenus une minorité distincte parmi ceux qui se disaient chrétiens. Le christianisme de contrefaçon était devenu majoritaire.
Les faux prédicateurs avaient réussi à s’entourer d’un bien plus grand nombre d’adeptes que les fidèles ministres de Dieu. Cependant, l’histoire montre que les sectes qui résultèrent de ces contrefaçons n’étaient pas unies dans leurs croyances. Beaucoup de factions existaient parmi elles. Néanmoins, en dépit de ses divisions et du manque de conversion de ses membres, ce nouveau type de christianisme augmenta rapidement son cercle d’adeptes pour finalement devenir l’Église chrétienne visible. Tout en prétendant offrir le salut, mais sans l’exigence d’un véritable repentir, ce christianisme retenait juste assez de vérité pour plaire aux foules.
En dépit de ses défauts, il semblait offrir un espoir inégalé par aucune religion païenne de l’époque. En effet, aucune religion païenne n’offrait aux gens un moyen crédible de se faire pardonner leurs péchés et d’obtenir la vie éternelle.
Cette nouvelle religion semblait précisément offrir tout cela. Ses adeptes étaient loin de se douter qu’en l’absence d’un repentir réel de leur part toutes ces promesses qu’elle leur faisait étaient vaines.
À la fin du IIIème siècle, ce christianisme de contrefaçon était devenu une religion marquée par des querelles et des divisions profondes. Mais au début du IVème siècle, deux évènements se produisirent qui vinrent brutalement changer le cours de l’histoire chrétienne. Tout d’abord, l’empereur romain Dioclétien intensifia la politique de persécution des chrétiens qui avaient déjà été poursuivie par beaucoup d’empereurs romains précédents, et il ordonna que tous les manuscrits chrétiens soient brûlés. Ceci eut pour conséquence de raviver considérablement un climat de peur au sein de toute la communauté chrétienne.
Dix ans plus tard, un autre empereur — Constantin — accéda au pouvoir. Pour prendre la place de Dioclétien en tant qu’empereur, il avait vaincu un autre concurrent puissant, mais il avait encore de nombreux ennemis, et son statut politique restait précaire. Dans tout l’empire, seuls les chrétiens n’avaient pas d’affiliation politique. Constantin y vit immédiatement une occasion d’utiliser ce groupe religieux — qui était auparavant persécuté et étranger à la vie politique — pour renforcer son emprise sur l’empire.
En premier lieu, il accorda au christianisme un statut légal. Ensuite, seulement deux ans plus tard, il rassembla tous ces groupes divisés, lesquels se réclamaient tous du christianisme, pour forger avec eux un système unifié de croyances. Il voulait un corps religieux uni qui le soutiendrait politiquement.
Pour y parvenir, Constantin présida les délibérations doctrinales et dicta les croyances fondamentales, chaque fois que les désaccords ne pouvaient pas être résolus à l’amiable. Il ne tarda pas à agir sur ces groupes querelleurs de prétendus chrétiens, qui étaient prêts à accepter le contrôle de l’état, pour qu’ils deviennent un vassal puissant et unifié de l’Empire romain.
Williston Walker, ancien professeur d’histoire ecclésiastique à l’Université de Yale, nous raconte qu’en l’an 323 « Constantin était finalement devenu l’unique maître du monde romain. L’église n’était plus persécutée nulle part […] Mais, tout en étant libérée de ses ennemis, elle était désormais en grande partie sous le contrôle de l’occupant du trône impérial à Rome. L’union fatidique entre l’église et l’État avait commencé. » (A History of the Christian Church, 1946, p. 111)
Une religion transformée par le syncrétisme
Alors que cette nouvelle religion — maintenant soutenue par les empereurs romains — grandissait en puissance et en influence, elle chercha à devenir une église universelle. Dans son ambition d’ajouter plus de membres, elle adopta beaucoup de nouveaux convertis et beaucoup de nouvelles pratiques.
Charles Guignebert, professeur d’histoire du Christianisme à l’Université de Paris, a décrit ce processus de la manière suivante : « Au début du Vème siècle, les ignorants et les pseudo chrétiens se pressaient dans l’église en grand nombre […] Ils n’avaient oublié aucune de leurs coutumes païennes […] Les évêques de cette époque durent se contenter de réparer, du mieux qu’ils purent, et de manière expérimentale, les déformations choquantes de la foi chrétienne qu’ils percevaient autour d’eux […] »
[Donner une instruction convenable aux convertis] était hors de question ; ils durent se contenter de n’enseigner que quelques aspects symboliques liés au baptême pour ensuite procéder à des baptêmes en masse, tout en reportant à une date ultérieure la tâche d’éliminer leurs superstitions, qu’ils conservèrent intactes […] « Cette date ultérieure » n’arriva jamais, et c’est l’église elle-même qui s’est adaptée de son mieux à eux, à leurs coutumes et à leurs croyances. Pour leur part, ils se montraient satisfaits de pouvoir revêtir leur paganisme d’un manteau chrétien. » (The Early History of Christianity, 1927, pp. 208-210)
Quel en fut le résultat ? Ce christianisme dominé par l’État devint une synthèse bizarre de croyances, de pratiques et de coutumes provenant de nombreuses sources.
Comme l’explique le professeur Guignebert : « Il est parfois très difficile de dire exactement de quel rite païen dérive un rite chrétien particulier, mais il demeure certain que l’esprit du ritualisme païen laissa sa marque dans le christianisme, à tel point que, finalement, la totalité de ce ritualisme pouvait se retrouver distribué dans ses cérémonies. » (p. 121)
Dans les premiers siècles, ce christianisme de contrefaçon que les apôtres de Jésus-Christ avaient tant combattu pour en limiter l’expansion se mit à croître en importance et en popularité.
Au cours des siècles suivants, cette religion allait se diviser fréquemment, résultant en la formation de nombreuses dénominations concurrentes.
Il est tragique, cependant, qu’aucune ne soit complètement revenue aux pratiques et aux enseignements d’origine de Jésus-Christ et des apôtres. Ce fait est reconnu par de nombreux érudits bibliques modernes. (Voir l'article « Revirement du point de vue des érudits chrétiens à propos de la loi divine »)
Simultanément, il y a ceux qui, à travers ces nombreux siècles, ont continué fidèlement à consacrer leur vie à Dieu en obéissant sincèrement à Ses lois ; ceux-là ne sont toujours, comparativement, qu’un « petit troupeau » au milieu d’un monde confus.