L’emplacement de Sodome : que dit la Bible ?
La ville de Sodome a-t-elle vraiment existé ? Le récit biblique de sa destruction par les flammes en raison de sa méchanceté semble une fantaisie pour de nombreuses personnes, ce qui explique pourquoi il est souvent considéré comme une simple fable. Or, disposons-nous de preuves tangibles de l’existence de Sodome et de sa destruction ? L’article principal de notre tout dernier numéro intitulé « Et si on avait découvert Sodome ? » traitait de données scientifiques probantes concernant un événement destructeur de proportions cataclysmiques qui survint dans la basse vallée du Jourdain et qui anéantit de nombreuses villes.
Toutefois, Sodome fut-elle l’une de ces villes détruites dans le cadre de cet événement ? Si elle a vraiment existé, où était-elle située ? Les données probantes bibliques indiquent-elles un lieu précis ?
Première mention de Sodome dans la Bible
Sodome apparaît assez tôt dans la Bible. On lit d’abord dans Genèse 10:19 qu’elle est située sur la frontière de Canaan, puis on en fait mention dans Genèse 13 en lien avec le patriarche Abraham. Ce dernier était un homme « très riche en troupeaux, en argent et en or » (Genèse 13:2). Il voyageait avec son neveu Lot qui « avait aussi des brebis, des bœufs et des tentes » (Genèse 13:5). De nos jours, nous les appellerions des Bédouins, soit des membres de grandes familles élargies qui vivaient dans des tentes et qui, accompagnées de leurs serviteurs et de leurs familles respectives, voyageaient ici et là à la recherche de pâturages en quantités suffisantes pour nourrir leurs troupeaux de moutons, de chèvres et de chameaux.
Nous entrons dans le récit biblique lorsqu’Abraham, qui portait alors le nom d’Abram, et Lot se trouvaient « entre Béthel et Aï » (Genèse 13:3), deux villes situées dans les montagnes à quelques kilomètres au nord de la ville de Jérusalem d’aujourd’hui. Ces deux hommes durent faire face à un problème : « Et la contrée était insuffisante pour qu’ils demeurent ensemble, car leurs biens étaient si considérables qu’ils ne pouvaient demeurer ensemble. Il y eut querelle entre les bergers des troupeaux d’Abram et les bergers des troupeaux de Lot. » (Genèse 13:6-7)
Il n’y avait tout simplement pas assez de pâturages pour nourrir tous leurs animaux. Dans sa grande générosité, Abraham proposa donc une solution à Lot :
« Qu’il n’y ait point, je te prie, de dispute entre moi et toi, ni entre mes bergers et tes bergers ; car nous sommes frères [parents]. Tout le pays n’est-il pas devant toi ? Sépare-toi donc de moi : si tu vas à gauche, j’irai à droite ; si tu vas à droite, j’irai à gauche.
« Lot leva les yeux, et vit toute la plaine du Jourdain, qui était entièrement arrosée. Avant que l’Éternel ait détruit Sodome et Gomorrhe, c’était, jusqu’à Tsoar, comme un jardin de l’Éternel, comme le pays d’Égypte. Lot choisit pour lui toute la plaine du Jourdain, et il s’avança vers l’orient. C’est ainsi qu’ils se séparèrent l’un de l’autre. Abram habita dans le pays de Canaan ; et Lot habita dans les villes de la plaine, et dressa ses tentes jusqu’à Sodome. » (Genèse 13:8-13)
La Bible ajoute cette sinistre remarque : « Les gens de Sodome étaient méchants, et de grands pécheurs contre l’Éternel. »
Les indices nous orientent vers Sodome
Examinons ce que la Bible nous révèle à propos de l’emplacement de Sodome, à partir de certains indices. Nous sommes reconnaissants envers M. Steven Collins, Ph. D. et doyen du College of Archaeology and Biblical History de la Trinity Southwest University d’Albuquerque, au Nouveau-Mexique, pour sa mise en évidence de ces indices et pour sa recherche approfondie sur le sujet. (Nos lecteurs peuvent se renseigner davantage à cet égard en visitant le site Web: www.tallelhammam.com.)
Comme on peut le constater sur la carte géographique ci-contre, les villes de Béthel et d’Aï sont rapprochées l’une de l’autre, au nord de Jérusalem. Elles sont situées sur la chaîne montagneuse qui s’étend du nord au sud, plus ou moins au centre du territoire d’Israël. De là, « Lot leva les yeux, et vit toute la plaine du Jourdain [la vallée du Jourdain], qui était entièrement arrosée », comme un jardin de l’Éternel et l’Égypte, dont la végétation était luxuriante grâce au Nil (Genèse 13:10).
Depuis ces montagnes qui surplombaient la vallée du Jourdain, Lot choisit cette région luxuriante et « s’avança vers l’orient […] et Lot habita dans les villes de la plaine, et dressa ses tentes jusqu’à Sodome. » (Genèse 13:12) Ce passage nous révèle dans quelle direction Lot se dirigeait, soit vers l’est, et le lieu où il s’établit, soit Sodome. La ville de Sodome était donc située quelque part à l’est de Béthel et d’Aï, dans la vallée du Jourdain, au nord de la mer Morte.
Nous pouvons préciser l’emplacement de Sodome lorsque nous examinons le mot hébreu kikkar, traduit par « plaine » dans les versets 10, 11 et 12. Le Complete Word Study Dictionary: Old Testament explique que ce mot signifie « quelque chose de rond, comme une pièce de monnaie (un talent) ; un district ; un pain [c’est-à-dire un pain plat et rond ou un pain pita]. Ce mot désigne quelque chose de rond, en forme de disque, circulaire […] ». Il signifie quelque chose de plat, comme le mot français « plaine », mais, plus particulièrement, quelque chose de plat et rond ou circulaire – en forme de disque, comme les objets mentionnés.
Si vous vous reportez de nouveau à la carte géographique ci-contre, vous remarquerez la plaine circulaire importante qui est située juste au nord de la mer Morte et qui correspond parfaitement à cette description. J’ai visité cette plaine et j’ai constaté qu’il est remarquable de voir comment la chaîne de montagnes mentionnée ci-dessus est recourbée au nord et au sud pour former cette région importante en forme de disque. Le Jourdain divise cette plaine ronde, et un certain nombre de cours d’eau, certains éphémères, coulent depuis les montagnes vers l’est et vers l’ouest, ces cours d’eau ayant sûrement fait de cette région, il y a plusieurs siècles, une région « entièrement arrosée », comme le décrit la Bible.
Fait intéressant, huit mots hébreux distincts sont traduits par « plaine » dans la Bible, lorsqu’ils se rapportent à une région plane, à une vallée, à un pré ou à une basse terre. Le mot kikkar est rendu par « plaine » uniquement en lien avec cette région, soit la « plaine » circulaire de la vallée du Jourdain. Ce mot semble donc décrire uniquement cette caractéristique géographique ou géologique de la vallée du Jourdain, laquelle serait mieux rendue par « le disque du Jourdain ».
Et sur le bord oriental de ce disque, directement à l’est de Béthel et d’Aï, se trouve une immense ville enfouie dans un lieu qui porte aujourd’hui le nom arabe de Tall el-Hammam. M. Collins et son équipe d’archéologues ont fouillé ce site pendant 15 saisons et y ont découvert des indices éloquents qui nous orientent vers Sodome comme étant fort probablement l’ancienne ville enfouie à Tall el-Haman.
Problèmes liés à l’emplacement de Sodome au sud de la mer Morte
Ces indices géographiques et directionnels de la Bible présentent un problème majeur pour les adeptes de l’hypothèse selon laquelle Sodome et les autres villes de la plaine étaient situées près ou au sud de ce qui constitue aujourd’hui l’extrémité sud de la mer Morte, comme l’indiquent de nombreux tableaux et cartes bibliques.
Cette hypothèse est devenue populaire lors des fouilles réalisées dans certains peuplements de cette région il y a très longtemps. Cependant, la recherche a démontré que ces peuplements furent abandonnés beaucoup plus tôt que toute date raisonnable correspondant au récit biblique sur Sodome. Il n’existe aucune preuve physique permettant de situer Sodome et les villes de cette plaine dans cette région.
La description de la Bible selon laquelle Sodome était située dans la plaine « entièrement arrosée » du Jourdain ne correspond pas à une région de l’extrémité sud de la mer Morte, car le Jourdain débouche sur l’extrémité nord de la mer Morte, mais aucun fleuve ne débouche ni ne prend naissance dans l’extrémité sud. Et on ne trouve pas de source ni de cours d’eau importants dans cette région.
Cette hypothèse est également problématique du fait que l’extrémité sud de la mer Morte est très éloignée de Béthel et d’Aï, d’où Abraham et Lot jetèrent un regard sur la plaine et se séparèrent, Lot ayant choisi de voyager vers l’Est jusqu’à Sodome. L’extrémité sud de la mer Morte n’est même pas visible de l’endroit où Abraham et Lot se trouvaient lorsqu’ils conclurent cette entente, car la vue est obstruée par les montagnes. Seule l’extrémité nord de la mer Morte est visible depuis la région où se trouvaient Abraham et Lot.
Certains présentent la possiblité que, au départ, Lot se serait rendu simplement au côté est de la vallée du Jourdain, mais que, beaucoup plus tard, il se serait éloigné jusque vers Sodome, qui selon eux aurait été située au sud. Or, cette hypothèse ne concorde pas avec Genèse 13:12, qui situe Sodome parmi les villes de kikkar (à comparer avec Genèse 19:25 ; Genèse 19:29).
Sodome et les villes de la plaine
La Bible nous donne d’autres indices concernant l’emplacement de Sodome et des environs. Dans Genèse 14:1-17, on peut lire qu’une brève guerre éclata entre les villes-États. Les rois de Babylone et des pays avoisinants vinrent de la Mésopotamie accompagnés de leurs armées respectives. Les rois de Sodome, Gomorrhe, Adma, Tseboïm et Béla qui est Tsoar, qui avaient été soumis aux Mésopotamiens, formèrent une autre alliance locale et se rebellèrent au moment où le premier groupe revenait d’une campagne militaire dans le sud.
Ils luttèrent dans la « vallée de Siddim », ce qui fait référence à la région entourant la mer Morte (Genèse 14:3 et Genèse 14:10). Le roi de Sodome fut vaincu, de même que ses alliés, et les vainqueurs se dirigèrent vers le nord avec les richesses qu’ils avaient confisquées, et ils enlevèrent Lot, le neveu d’Abraham, ainsi que d’autres. Abraham les poursuivit avec sa propre armée de petite taille, les subjugua et délivra son neveu.
Ce récit nous en apprend davantage à propos de Sodome. Il s’agissait d’une alliance avec quatre autres villes qui « s’assemblèrent » dans cette région, ce qui prouve qu’elles étaient situées à proximité les unes des autres (Genèse 14:3). Par ailleurs, lorsque la Bible associe deux villes à maintes reprises, comme c’est le cas pour « Sodome et Gomorrhe » dans ce chapitre et pour plus d’une douzaine d’autres lieux mentionnés dans la Bible, cela indique que ces deux villes étaient très rapprochées, étant habituellement situées au plus à deux ou trois kilomètres à peine l’une de l’autre.
Depuis le site archéologique de Tall el-Hammam, qu’un nombre croissant d’érudits reconnaissent comme étant l’emplacement de l’ancienne ville de Sodome, on peut apercevoir plusieurs monticules dans lesquels les vestiges d’autres villes de l’Antiquité sont enfouis ; l’une de ces villes est notamment située au nord, à environ un kilomètre et demi, et pourrait être Gomorrhe. D’autres villes avoisinantes pourraient très bien constituer certaines des autres « villes de la plaine ». Les données archéologiques montrent que ces villes, ainsi que des douzaines de plus petites villes et de peuplements de la région, furent soudainement laissés à l’abandon en même temps et ne furent pas repeuplés pendant une période de 300 à 600 ans.
Bien que ces données ne soient pas concluantes, elles viennent certainement étayer la probabilité que Tall el-Hammam constitue effectivement l’emplacement de l’ancienne ville de Sodome.
D’autres preuves bibliques
La Bible donne d’autres indices qui appuient l’hypothèse vraisemblable selon laquelle il s’agirait de l’emplacement de Sodome.
Genèse 19 décrit la soudaine destruction de Sodome : « Alors l’Éternel fit pleuvoir du ciel sur Sodome et sur Gomorrhe du soufre et du feu, de par l’Éternel. Il détruisit ces villes, toute la plaine et tous les habitants des villes, et les plantes de la terre. » (Genèse 19:24-25)
Encore une fois, les données probantes archéologiques montrent que toute la région entourant Tall el-Hammam fut laissée à l’abandon pendant les trois à six siècles suivants. La majeure partie du sol était si saturée de sel qu’il fut impossible de cultiver quoi que ce soit et, par le fait même, d’y habiter, pendant plusieurs siècles.
L’explication possible de cette teneur élevée en sel, décrite dans notre tout dernier numéro dans l’article intitulé « Et si on avait découvert Sodome ? », est qu’une comète ou un météore ayant explosé près de l’extrémité nord de la mer Morte vaporisa des milliers de tonnes d’eau salée de la mer Morte, qui retombèrent ensuite du ciel sous forme de pluie et empoisonnèrent la terre sur des kilomètres à la ronde.
La Bible nous dit également qu’à la suite de cette destruction par les flammes descendues du ciel, Abraham, qui habitait alors près de Hébron, « porta ses regards du côté de Sodome et de Gomorrhe, et sur tout le territoire de la plaine ; et voici, il vit s’élever de la terre une fumée, comme la fumée d’une fournaise. » (Genèse 19:28) Abraham habitait dans les montagnes, à l’ouest de la mer Morte. De là, il pouvait facilement apercevoir la fumée d’une destruction aussi vaste et, s’il s’était rendu au sommet d’une montagne située tout près, il aurait pu apercevoir l’extrémité nord de la mer Morte et voir de ses propres yeux le panorama dévasté.
Nous découvrons un autre indice plusieurs siècles plus tard, lorsque les Israélites se préparaient à entrer dans la Terre promise depuis ce qu’on appelle aujourd’hui le Royaume hachémite de Jordanie. Nombres 21 raconte une partie de leur périple, notamment leur halte au sommet du Pisga, qui se trouve très près du mont Nébo – une halte touristique populaire de nos jours et l’endroit d’où Moïse regarda la Terre promise de l’autre côté de la vallée du Jourdain, avant sa mort. L’expression clé à retenir ici se trouve au verset 20, lorsqu’on mentionne « la vallée qui est dans le territoire de Moab, au sommet du Pisga, en regard du désert », autrement dit, la vallée du Jourdain qui s’étendait au pied de ce mont.
En soi, cela ne semble pas très révélateur, mais il convient de se rappeler que, plusieurs siècles auparavant, Abraham et Lot avaient regardé la même vallée de l’autre côté (ouest) et l’avaient décrite comme étant « entièrement arrosée » (Genèse 13:10) et comme un jardin de l’Éternel. Or maintenant, ce lieu est décrit comme un « désert ». La vallée luxuriante et entièrement arrosée qui avait tant attiré Lot était devenue, quelques siècles plus tard, un terrain désertique et abandonné !
Qu’est-il survenu entre ces deux événements ? La Bible nous le révèle. Dieu envoya une destruction par les flammes sur Sodome et Gomorrhe et sur les villes et villages avoisinants, et les réduisit en cendres. La vallée devint un désert et elle l’était toujours quelques siècles plus tard.
Que nous dit donc la Bible au sujet de l’emplacement de Sodome ? En réalité, elle en dit long. Les données probantes montrent qu’il est fort probable que Tall el-Hammam soit l’emplacement de l’ancienne ville de Sodome. Elle est située au bon endroit, à la bonne époque, et les données scientifiques qui y sont associées indiquent la survenue d’une destruction soudaine par les flammes ! Les études de recherche et les fouilles se poursuivront et on fera sans doute d’autres découvertes.
Entre-temps, ce qui est important, c’est que nous tenions compte de la mise en garde de l’apôtre Pierre dans 2 Pierre 2:6 : Dieu « a condamné à la destruction et réduit en cendres les villes de Sodome et de Gomorrhe, les donnant comme exemple aux impies à venir […]. » Nous prions pour que vous et que tous ceux qui ont des oreilles, entendiez !